Extrême gauche en France — Wikipédia

Affiche du NPA à Besançon en faveur de la révolution tunisienne de 2010-2011.
La CNT représente depuis 1946 les courants anarcho-syndicalistes et syndicalistes-révolutionnaires.
La ZAD de Notre-Dame-des-Landes (2012).

L'extrême gauche en France désigne les organisations et les sensibilités politiques françaises considérées comme les plus à gauche du spectre politique[1],[2]. Historiquement, l'extrême gauche rassemble la gauche révolutionnaire, par opposition à la gauche réformiste représentée par le PCF et la SFIO[3]. Les révolutionnaires luttent pour l'abolition du capitalisme et l'instauration d'une société égalitaire. L'extrême gauche en France rassemble aujourd'hui principalement des communistes (dont des trotskistes, des marxistes-léninistes, des maoïstes ou des hoxhaïstes), des anarchistes (dont des communistes libertaires ou des autonomes), des antifascistes, ainsi que des militants écologistes et altermondialistes. Les courants politiques désignés comme d'extrême gauche rejettent parfois cette appellation. En effet, le terme se réfère à l'origine à l'emplacement des partis dans les assemblées alors que certains courants révolutionnaires rejettent le parlementarisme.

Histoire[modifier | modifier le code]

Prise de la Bastille le 14 juillet 1789 par Hoüel.

Origines[modifier | modifier le code]

Les origines de l'extrême gauche française remontent à la Révolution française[4], et plus particulièrement à Gracchus Babeuf, un révolutionnaire français qui pensa à une société sans classe et créa la « Conjuration des Égaux » en 1796, une tentative pour renverser le Directoire dans le but d'établir une « parfaite égalité ». Les idées de cette Conjuration sont présentées dans un texte de Sylvain Maréchal et de Babeuf intitulé Manifeste des Égaux.

XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Au début du XIXe siècle, les révolutionnaires sont d'abord des républicains opposés à Napoléon Ier puis à la restauration monarchiste. C'est au sein de ces milieux républicains qu'apparaissent progressivement les idées socialistes et communistes à partir des années 1830 et surtout dans les années 1840. Le « babouvisme », cette doctrine créée par Babeuf, va inspirer dans les années 1830 et 1840 une poignée de révolutionnaires qui seront nommés les « néo-babouvistes »[5],[6]. Le babouvisme est une genèse pour le communisme, ce dernier étant théorisé entre autres par Friedrich Engels, Karl Marx[7], puis plus tard Rosa Luxemburg, qui déclare que Babeuf est le premier précurseur des soulèvements révolutionnaires contre le capitalisme[8]. Les idées de Karl Marx, de Joseph Proudhon, et d'Auguste Blanqui se diffusent dans le prolongement de la révolution de 1848, jusqu'à l'insurrection de la Commune de Paris en 1871. Deux conceptions de la révolution émergent sous la IIIe République : la conception marxiste, et la conception anarchiste. À partir de 1895, l'anarchisme évolue sous la forme de l'anarcho-syndicalisme et du syndicalisme-révolutionnaire. Les anarchistes rejoignent la CGT.

De 1900 à 1945[modifier | modifier le code]

Marceau Pivert, fondateur du Parti Socialiste Ouvrier et Paysan (1938-1940).

Le , une majorité des militants de la SFIO réunis en congrès à Tours décident de s'affilier à l’Internationale communiste (également connue sous l’appellation « Komintern »), fondée en 1919 par Lénine à la suite de la révolution russe. Le Parti communiste français, qu'on appelle alors Section française de l'Internationale communiste (SFIC), qui est ainsi créé accepte par conséquent de se soumettre aux conditions explicitement formulées par l'IC. Il s'engage à construire un parti révolutionnaire, qui peut utiliser des moyens légaux, mais qui aussi doit se doter d'un appareil clandestin et ne doit pas exclure l'action illégale afin d'atteindre l'objectif d'une révolution prolétarienne en France et dans le monde. Le parti constitué doit être discipliné, suivant les règles du centralisme démocratique : les minoritaires doivent suivre la ligne décidée majoritairement. Comme les communistes reprochent aux partis de la Deuxième Internationale, dont la SFIO, de laisser aux élus une trop grande marge d'autonomie vis-à-vis de la direction partisane, seule une minorité des élus socialistes rejoint le nouveau parti. Enfin, la SFIC, comme son nom l'indique (Section française de l'Internationale communiste) est un parti internationaliste ; un parti national, comme le Parti communiste français (PCF) est d'abord une section de la Troisième Internationale. Ces principes de base vont sous-tendre toute la vie du PCF jusqu'à la dissolution officielle de l'IC en 1943, et même bien au-delà.

Certains fondateurs ou anciens dirigeants du Parti communiste s'opposent au stalinisme (appelé « marxisme-léninisme » par la propagande officielle), et animent des courants d'extrême gauche dans l'entre-deux-guerres, comme Boris Souvarine, Pierre Monatte et Fernand Loriot. Tous trois écrivent par exemple dans la revue La Révolution prolétarienne.

Des courants d'extrême gauche ont parfois fait partie des grands partis de gauche, notamment de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO, l'ancêtre du Parti socialiste), en particulier dans les années 1930 avec la tendance Gauche révolutionnaire (Marceau Pivert). Une partie de ces mouvements a donné lieu, dans les années 1950-1960-1970, à la création de la Deuxième Gauche, qui s'incarna notamment au Parti socialiste unifié (PSU).

Après la prise du pouvoir par Hitler et les événements de 1934 en France, l’Internationale communiste recommande une nouvelle ligne, moins sectaire. La lutte pour la direction du parti entre Jacques Doriot et Maurice Thorez aboutit en 1934 à l'éviction du premier qui crée son propre parti (le Parti populaire français). Maurice Thorez a alors les mains libres pour mettre en œuvre cette nouvelle ligne. Thorez est entouré d'une équipe constituée de Jacques Duclos, Benoît Frachon et du délégué du Komintern, Eugen Fried. L'équipe Thorez-Duclos-Frachon connaîtra une longévité exceptionnelle et dirigera pratiquement le parti communiste français pendant une trentaine d'années.

À la suite de la manifestation du 6 février 1934, interprété par la gauche française comme un coup d'État fasciste manqué, une union antifasciste de la SFIO et du PC se réalise progressivement. Elle aboutit le 10 janvier 1936 par un programme commun aux socialistes, communistes et radicaux pour les élections législatives. Au printemps, le Front populaire gagne les élections et le PC remporte 72 sièges avec 15 % des voix. Le PC soutient le gouvernement Blum sans y participer. Début juin 1936, la direction du PC appelle à l’arrêt de la grève générale spontanée qui s’est déclenchée peu avant, et qui permet l’obtention des congés payés et d'autres mesures sociales qui ne figuraient pas dans le programme de Front populaire. Sur le plan syndical, la CGTU, communiste, et la CGT dont elle avait fait scission après le congrès de Tours, fusionnent à nouveau.

Les instances dirigeantes sont totalement subordonnées à l'Internationale Communiste, elle-même complètement dominée par Staline et les autres dirigeants de l’État soviétique, mais cette subordination pose peu de problèmes à l'intérieur du parti communiste français, tant est grand le prestige de l'URSS, et du fait que le libre débat y est empêché. Toute opposition à cette orientation entraîne l’exclusion (c’est le cas d’André Ferrat, ancien rédacteur en chef de L'Humanité qui rejoint la SFIO).

Les anarcho-syndicalistes de leur côté en 1921 quittent la CGT (socialiste) et adhèrent à la CGTU (communiste) avant de fonder la CGT-SR en 1926. Dans les années 1930, certains courants d'extrême-gauche font encore partie de la SFIO. C'est le cas de la Gauche révolutionnaire (1935-1938) de Marceau Pivert. En 1935, les trotskystes sont exclus de la SFIO. Ces militants créent en 1936 le Parti ouvrier internationaliste (POI). Le groupe de Barta adhère en 1936 au POI. En 1938, la Gauche révolutionnaire est à son tour exclue de la SFIO et devient le Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP). Tout en restant membres du POI, le groupe de Barta pratique également (sur l'indication de Trotsky) l'entrisme au sein du PSOP. Le POI adhère en 1938 à la IVe Internationale mais la direction du POI s'oppose à la stratégie d'entrisme prôné par Trotsky. À la suite de ce conflit, la IVe Internationale prononce en 1939 la dissolution du POI. La IVe Internationale est alors représentée en France par le "Comité pour la IVe Internationale", qui forme une tendance à l'intérieur du PSOP. En 1942, le Groupe Barta prend le nom de Groupe communiste. En 1943, le Comité pour la IVe Internationale reprend le nom de "Parti ouvrier internationaliste" (POI). En 1944, le Groupe communiste devient l' "Union communiste". Le POI fusionne avec le Groupe Octobre et le Comité Communiste Internationaliste pour donner naissance au Parti communiste internationaliste (PCI) [9].

De 1936 à 1939, le soutien aux républicains espagnols représente une composante majeure du Parti communiste français, tant par l'envoi de volontaires dans les Brigades internationales que par la mise sur pied de puissants moyens matériels. Le contingent français organisé par le PCF est le plus nombreux dans les rangs des Brigades internationales. De même pour l'aide logistique aux républicains espagnols, hormis le PCUS, c'est le PCF qui organise l'aide partidaire la plus importante.

David Korner, alias Barta, jeune militant trotskiste roumain qui, avec trois autres camarades, rallie en 1936 les trotskistes français exclus de la SFIO qui viennent de constituer le Parti ouvrier internationaliste. Autour de lui le groupe s’élargit sensiblement lorsqu'avec d’autres il entre sur l’indication de Trotsky au PSOP de Marceau Pivert (c’est l'« entrisme »). Indisposé par l’état d’esprit « petit-bourgeois » qui règne dans la IVe internationale au moment de l’éclatement de la seconde guerre mondiale, Barta se retire à la suite d'un banal malentendu et, avec son groupe composé alors d’une dizaine de militants, il constitue l’Union communiste (UC) avec l’intention d’établir « un contact réel et étendu avec la classe ouvrière ». L'UC se consacre à la propagande contre la guerre impérialiste mondiale[10].

De 1945 aux années 1950[modifier | modifier le code]

À la mort de Staline, le Secrétaire Général du PCF Maurice Thorez déclare l'attachement des communistes français à son égard en ces termes : « Stalinien est un titre d'honneur et de gloire que nous nous efforçons de mériter[11]. » L'extrême gauche se réjouit au contraire de la mort du « tsar Staline », comme l'écrit la revue La Révolution prolétarienne par exemple.

Après la Seconde Guerre mondiale, le Parti communiste français est stalinien. Le culte de la personnalité du PCF glorifie Staline notamment comme « génial continuateur de Marx, Engels et Lénine », ou comme « grandiose bâtisseur du communisme[11] ».

L'annonce de sa maladie, dans la nuit du 3 au 4 mars 1953, puis de sa mort, le 5 mars, causent une émotion immense et sincère dans les rangs communistes. L'historien français Michel Winock estime que l'adoration dont Staline faisait alors l'objet, si elle était forte de son vivant, l'était bien plus encore juste après sa mort. Il écrit notamment que « le communisme se vi[vai]t comme un espérance religieuse dont les promesses ne sont pas renvoyées dans le monde surnaturel mais dans le monde sublunaire des hommes de chair et de sang [Staline][12] ».

À la Libération, le Parti se décrit comme le « Parti des 75 000 fusillés », chiffre exagéré puisque les historiens estiment à 25 000 le nombre de fusillés, déportés en France, toutes tendances politiques confondues[13]. Environ 4 520 personnes furent fusillées en France à l'issue d'une condamnation par un tribunal allemand ou une juridiction française, dont 80 % à 90 % de communistes[14][source insuffisante]. Néanmoins nombreux furent ceux exécutés sans procès, en particulier à partir de mai 1944 et qui moururent de la torture.

Le PCF s'implante très fortement dans le monde ouvrier, dans le monde rural et dans le monde intellectuel. Si la revendication du PCF d'être devenu le « parti de l'intelligence » est exagérée, il n'en exerce pas moins un magistère considérable dans les milieux intellectuels, s'implantant notamment dans les écoles normales supérieures. Les communistes acquièrent de nombreux « compagnons de route » parmi les intellectuels, par exemple l'existentialiste Jean-Paul Sartre. Le poids des communistes français dans la vie intellectuelle est particulièrement fort et lorsque le livre du transfuge soviétique Victor Kravtchenko, J'ai choisi la liberté, paraît en France, il fait l'objet d'une violente campagne de dénigrement : Kravtchenko finit par attaquer en diffamation le journal communiste Les Lettres françaises et gagne son procès en 1949[15].

La Fédération anarchiste (FA) est fondée en 1945 dans un contexte où le PCF est encore un parti stalinien. Sous l'influence de la CNT espagnole, les anarcho-syndicalistes créent en 1946 la CNT française. Les trotskystes du PCI pratiquent l'entrisme à l'intérieur du PCF. En 1948, le groupe Socialisme ou barbarie (1946-1967) quitte le PCI pour se rapprocher progressivement des positions conseillistes. En 1947, l'Union communiste compte toujours une dizaine de militants. Elle participe activement à la grève chez Renault. Pierre Bois en est le dirigeant pratique, Barta le dirigeant politique, mais une attaque de tuberculose empêche Robert Barcia d'y participer. À la suite de la grève, le groupe organise le « Syndicat démocratique Renault » qui compte jusqu’à 406 syndiqués. Cependant, des tensions apparaissent : Pierre Bois et Barta s’opposent sur l’orientation du groupe, et à la suite d'un conflit au sujet de la rédaction d'un tract, la crise éclate. La lassitude s’empare de la plupart des militants qui cessent peu à peu toute activité. La rupture entre Pierre Bois et Barta est consommée en 1949, et l’Union communiste disparaît en 1950. Robert Barcia, démissionnaire à l'été 1948, réapparaît en 1950, et, en compagnie de Pierre Bois, toujours actif chez Renault, tente de recoller les morceaux. Pendant cinq ans, le groupe tente de se reconstituer. Au PCI, les lambertistes s'opposent à l'entrisme à l'intérieur du PCF. Ils sont exclus du PCI en 1952. En 1953, une scission[réf. nécessaire] de la Fédération Anarchiste aboutit à la création de la Fédération communiste libertaire. En 1956, le groupe Barta se reforme sous le nom de "Voix ouvrière". Barta participe en écrivant des articles dans le journal du groupe mais ne reprend pas sa place de dirigeant. Voix ouvrière circule sous la forme d’un petit journal d’entreprise [16]. En 1957, la Fédération communiste libertaire s'autodissout. Guy Debord fonde l'Internationale Situationniste. Les situationnistes développent des théories à la fois conseillistes et libertaires, axées sur l'hédonisme et la révolution de la vie quotidienne. Si Socialisme ou barbarie s'est rapproché des positions conseillistes en élaborant une critique du léninisme, le groupe n'a cependant pas totalement rompu avec la volonté de construire un parti. En 1958, la tendance antipartidaire quitte Socialisme ou barbarie pour créer Informations et liaisons ouvrières (ILO).

Années 1960[modifier | modifier le code]

Le Parti socialiste unifié (PSU) est fondé en 1960. Ce parti défend une conception autogestionnaire du socialisme. Il se situe à la frontière entre courants réformistes et courants révolutionnaires, et comprend en son sein des tendances trotskystes ou maoïstes [17]. ILO devient Informations et correspondances ouvrières (1960-1973). Socialisme ou barbarie s'éloigne progressivement du marxisme. La rupture est consommée en 1963 : la tendance marxiste quitte l'organisation et crée Pouvoir ouvrier (1963-1969). Pouvoir Ouvrier cherche alors à construire un parti conseilliste. La version bimensuelle du journal trotskyste Voix ouvrière commence à être diffusé à partir de 1963 d’abord sur quatre pages, puis sur huit. En 1965, les trotskystes sont exclus de la Jeunesse communiste et forment l'année suivante la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR). Les lambertistes créent l'Organisation communiste internationaliste (OCI). Les années 1960 voient également l'émergence des groupes maoïstes et marxistes-léninistes anti-révisionnistes. Ils dénoncent la politique de déstalinisation menée en URSS par Nikita Khrouchtchev et voient dans la Chine et dans l'Albanie de nouveaux modèles révolutionnaires. En 1966, les maoïstes exclus de l'Union des étudiants communistes (UEC) créent l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJCML). En 1967, Jacques Jurquet fonde le Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF)[18]. En 1967, Le journal trotskyste Voix Ouvrière devient hebdomadaire.

En 1968, Daniel Cohn-Bendit devient le porte-parole du Mouvement du 22 Mars. Après la révolte étudiante et la grève générale du mois de mai, la plupart des groupes révolutionnaires sont interdits par le décret du 12 juin (en application de la loi contre les groupes de combat). Voix ouvrière devient Lutte ouvrière (LO) et se renforce en multipliant les bulletins d’entreprise. Mai 68 modifie les données de l'ensemble de l'échiquier politique. L'UJCML s'autodissout. Certains des militants qui en sont issus fondent la Gauche prolétarienne sur des positions « mao-spontex » (maoïstes et spontanéistes). D'autres créent avec des dissidents du PCMLF un autre groupe mao-spontex, Vive le communisme, qui devient en 1969 Vive la révolution (VLR). Ce groupe tente une synthèse entre anarchisme et maoïsme. Le Parti communiste internationaliste trotskyste fusionne avec la JCR pour donner naissance à la Ligue communiste. Aux élections présidentielles de 1969, la Ligue Communiste décide de présenter Alain Krivine, qui, après avoir été libéré de prison après l'été 1968, est en train de faire son service militaire [19]. Soutenu par Lutte ouvrière et les maoïstes de VLC, il obtient près de 240 000 voix (1,06 %). La même année, l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) quitte la Fédération anarchiste[20].

La Cause du peuple est le journal de la Gauche prolétarienne (1968-1974).

Années 1970[modifier | modifier le code]

En 1971, au congrès d'Épinay, François Mitterrand s'allie au CERES de Jean-Pierre Chevènement pour proposer ce qu'ils appellent un « Front de classe » à savoir une alliance entre le Parti communiste, le Parti socialiste et le Parti radical de gauche à travers un programme commun qui contient la rupture avec le capitalisme, les nationalisations de certains secteurs industriels et le droit de veto des comités d'entreprise. La Ligue communiste considère que ce programme est « vidé de sa substance », le jugeant comme un programme radical, anticapitaliste mais pas sur la question centrale : l'État. Elle considère également qu'il s'agit d'un programme de « collaboration de classe ». Elle soutient cependant l'initiative sans soutenir le programme, dans le cadre d'une stratégie dite « unité, action, débordement ». Une minorité se constituera progressivement autour de Gérard Filoche (Matti) et Daniel Gluckstein, puis de Dominique Losay (Letourneau), pour aller vers un « Front unique ouvrier ».

C'est également en 1971 qu'est organisée la première fête de Lutte ouvrière, dans un champ, sur la commune de Presles dans le Val-d'Oise. La Gauche prolétarienne et la Ligue communiste sont interdites en 1973 mais la Ligue communiste se reforme clandestinement sous le nom de "Front communiste révolutionnaire", avant de devenir en 1974 la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Lutte ouvrière est le premier groupe politique à présenter une femme à l’élection présidentielle de 1974, en choisissant pour porte-parole et candidate nationale Arlette Laguiller [21]. En 1975, les anciens militants d'Informations et correspondances ouvrières (ICO) créent le réseau conseilliste Échanges et mouvement. En 1976, l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) se sépare en deux groupes : l'Organisation communiste libertaire (OCL) et l'Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL). Alors que l'UTCL s'engage dans le syndicalisme, les militants de l'OCL rejoignent le mouvement autonome. En effet, à partir de 1977, la décomposition des groupes maoïstes entraîne la création de groupes autonomes qui s'installent dans des squats et multiplient les actions émeutières dans les manifestations. Ces groupes s'inspirent de l'expérience de l'extrême-gauche italienne pour organiser des pillages de supermarchés et tenter de déborder les syndicats. Marge et Camarades font partie de ces groupes autonomes. En 1978, des militants proches de l'anarchisme individualiste quittent la Fédération anarchiste pour créer l'année suivante l'Union des anarchistes (UA). En 1979, certains autonomes s'engagent dans le groupe de lutte armée Action directe [22]. En 1979, le Parti communiste des ouvriers de France, qui se proclame marxiste-léniniste anti-révisionniste, en suivant le courant pro-albanais, est créé.

Action directe mène la lutte armée de 1979 à 1987.

Le tournant des années 1980[modifier | modifier le code]

Les années 1980 sont un tournant pour beaucoup de militants de l'extrême gauche qui abandonnent les mouvements groupusculaires pour pratiquer un large entrisme dans la vie politique classique, ce notamment par l'intermédiaire des associations luttant contre le racisme comme SOS Racisme, pour intégrer rapidement le Parti socialiste. Typiques sont en cela sont les parcours de Lionel Jospin, Julien Dray, et Jean-Christophe Cambadélis [23]. Beaucoup font une carrière dans les médias tels Michel Field, Serge July, ou Edwy Plenel [24]. Avec la disparition des organisations maoïstes, les partis trotskystes deviennent la principale force de l'extrême-gauche. En 1981, l'Organisation communiste internationaliste (OCI, lambertistes) devient le Parti communiste internationaliste (PCI). Les lambertistes prennent le contrôle du syndicat étudiant UNEF-ID [25]. L'essor des radios libres permet à Lutte Ouvrière de créer Radio La Bulle (sur fond de Boléro de Ravel) mais l’expérience ne dure que quelques mois. La Fédération anarchiste est plus heureuse : Radio libertaire se maintient dans les années ultérieures. La radio des autonomes, Radio Mouvance, créée en 1983, est saisie par les autorités en 1986. Le PSU rompt avec l'extrême-gauche en 1983 à la suite de la nomination d'Huguette Bouchardeau au secrétariat d'État à l'environnement. En 1985, le PCI lambertiste devient le Mouvement pour un parti des travailleurs (MPPT). Action directe revendique deux assassinats : celui de l'ingénieur général Audran en 1985, puis celui du PDG de Renault Georges Besse en 1986. Le groupe est démantelé en 1987 après l'arrestation de Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani [22].

Années 1990[modifier | modifier le code]

En 1991, l'effondrement de l'URSS oblige à se rénover : le MPPT devient le Parti des travailleurs (PT), l'Union des travailleurs communistes libertaires devient Alternative libertaire. Avec la désaffection idéologique pour le communisme et l'effondrement du bloc de l'Est, une partie des militants se reconvertit dans la lutte contre le Front national, au nom de la lutte contre le « fascisme », terme utilisé à de multiples reprises par le PCF durant son histoire pour lutter contre ses opposants politiques, en créant de multiples associations comme Ras l'front[26] ou le SCALP, dans la lutte pour soutenir les mal-logés (Droit au logement)[27],[28] ou enfin dans le mouvement des sans-papiers. L'extrême-gauche s'investit également dans des organisations altermondialistes dont ATTAC est la plus représentative [29]. À partir de 1994, à la suite du mouvement anti-CIP, on assiste à une réémergence de l'anarcho-syndicalisme incarné par la CNT [30].

XXIe siècle[modifier | modifier le code]

Lutte ouvrière connaît un certain succès médiatique et politique. En 2002, Arlette Laguiller obtient 5,72 % des voix à l’élection présidentielle.

En 2004 est fondé le Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), un mouvement politique communiste d'obédience marxiste-léniniste, regroupant des militants issus du Parti communiste français (PCF), mais qui regrettent ce qu'ils appellent la « collaboration de classe » de celui-ci depuis les années 1990.

À l'issue de l'élection présidentielle de 2007Olivier Besancenot a réuni sur son nom 1 498 581 voix, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) annonce la volonté de créer « un nouveau parti anticapitaliste » implanté dans la jeunesse, les entreprises, les services publics, les quartiers populaires. Elle propose ainsi à tous les « anticapitalistes » de se rassembler pour construire les mobilisations qui, pour elle, doivent préparer un changement radical, révolutionnaire, de la société. En 2008, le Parti des travailleurs lambertiste devient le Parti ouvrier indépendant (POI). En février 2009, la LCR devient le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Son candidat Philippe Poutou recueille 1,15 % des voix à l'élection présidentielle française de 2012, tandis que la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud recueille 0,56 % des suffrages. Lors de l'élection présidentielle de 2017, les deux mêmes candidats se représentent et réalisent respectivement 1,1 % et 0,6 %. L'action de ces partis se manifeste alors surtout dans la rue lors de manifestations. Le mouvement autonome prend de l'ampleur à partir de 2006 à la suite du mouvement anti-CPE[31]. En 2008, l'affaire de Tarnac révèle l'influence de Tiqqun sur le mouvement étudiant[32]. La montée du mouvement autonome se poursuit dans les années 2010 avec l'installation de plusieurs centaines de squatteurs sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes[33].

Le Parti communiste maoïste (PCm), d'obédience marxiste-léniniste-maoïste, est fondé en 2015, à partir du PCmF. Il sera renforcé en 2018 par les Jeunes révolutionnaires (JR) et s'exprime à travers La Cause du peuple. En 2019, après de longues discussions, Alternative libertaire et la Coordination des groupes anarchistes fusionnent pour former l'Union communiste libertaire (UCL), une organisation qui prend place dans les luttes écologistes, antiracistes et féministes[34]. Du côté trotskiste, le NPA, en crise depuis de nombreuses années, éclate à son congrès de décembre 2022 en deux organisations indépendantes — qui partagent le même nom. Une première, qui se revendique trotskiste, formée par les tendances L'Étincelle et Anticapitalisme et Révolution ; une seconde, davantage écosocialiste, formée par la « majo » représentée par Poutou et Besancenot. L'année précédente, il connaissait la scission de la tendance médiatique Révolution permanente, qui tente de présenter Anasse Kazib à l'élection présidentielle qui suit.

La France insoumise : gauche radicale ou extrême gauche ?[modifier | modifier le code]

Courants politiques[modifier | modifier le code]

Trotskisme[modifier | modifier le code]

Pierre Boussel dit « Lambert » (à gauche) en 1988.

Le mouvement trotskiste en France se distingue par une présence visible dans la vie politique française et les luttes sociales. Deux figures sont particulièrement populaires en raison de leurs fréquentes apparitions télévisées et de leur score électoraux élevés à l’échelle de l’extrême gauche mondiale : Olivier Besancenot et Arlette Laguiller.

Ce courant se caractérise par la stabilité de trois courants majeurs depuis les années 1953-1956, malgré les changements de noms : la Ligue communiste révolutionnaire (section française de la IVe Internationale), Lutte ouvrière (ou Union communiste (trotskyste), membre de l'UCI (Union communiste internationaliste)), et le Courant communiste internationaliste (CCI), courant majoritaire du Parti des travailleurs, qui se réclame du trotskisme. Ces trois organisations disposent d’une présence effective dans les luttes sociales, d’une bonne implantation syndicale et associative, de quelques élus locaux, et bénéficient de financements publics en raison de leurs scores électoraux.

Par son fonctionnement propice aux discussions internes, la Ligue communiste révolutionnaire a attiré de nombreuses petites organisations trotskistes, qui estiment qu’il est plus intéressant de militer en son sein que de poursuivre une existence autonome. C’est le cas notamment de l’Alliance marxiste révolutionnaire, Voix des travailleurs, Pouvoir ouvrier, Socialisme international, Socialisme par en bas et d’une partie de la Gauche révolutionnaire. Le groupe subsistant de la Gauche révolutionnaire et le Groupe communiste révolutionnaire internationaliste ont fait de même en intégrant le Nouveau Parti anticapitaliste, initié par la LCR.

À l’inverse, les nombreuses scissions des organisations trotskistes ont entraîné la création d’un nombre considérable de groupes d’influence limitée, même s’ils disposent le plus souvent de quelques cadres syndicaux bien implantés localement. C’est le courant lambertiste (nom donné au courant trotskiste à l'intérieur du Parti des Travailleurs, par référence à son fondateur, Pierre Lambert) qui a le plus de branches, avec le Groupe La Commune, Toute la vérité, Carré rouge, et les rameaux issus de la scission de Stéphane Just, dont proviennent le Comité communiste internationaliste (trotskiste), le Comité pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire, l’Abeille rouge, etc. Il reste peu de scissions subsistantes de la Ligue communiste révolutionnaire, les plus notables étant la Ligue trotskiste de France et sa propre scission, le Groupe internationaliste.

Olivier Besancenot en meeting à Toulouse.

Enfin, plusieurs courants trotskistes internationaux essaient de s’implanter en France en suscitant des organisations sœurs. Outre celles qui militent au sein de la Ligue communiste révolutionnaire, on peut citer La Riposte, qui a la particularité de militer dans le Parti communiste français, mais aussi des groupes plus restreints comme Le Militant, issu de la tendance trotskiste internationale Militant de Ted Grant, Stratégie internationale d'origine Argentine, ou encore le Parti communiste révolutionnaire trotskiste (PCR/T) affilié à la Quatrième internationale posadiste et issu des thèses de Juan Posadas.

Anarchisme[modifier | modifier le code]

Banderole de la Fédération anarchiste lors d'une manifestation à Lyon contre l'EPR (17 mars 2007).

Voir aussi le mouvement autonome.

Maoïsme[modifier | modifier le code]

Le courant maoïste est apparu en France dans les années 1960. Complexe en raison de son usage fait de la révolution culturelle de Mao, on peut le distinguer en deux groupes principaux :

Ce second courant a très fortement décliné au cours des années 1975-1985. Aujourd'hui l'influence politique des maoïstes, qui se réclament du marxisme-léninisme-maoïsme pensé par le président Gonzalo, est faible mais se relance depuis les années 2010.

Le Parti communiste maoïste (PCm) la marche pour la justice et la dignité, à Paris en 2017.
  • Organisation communiste marxiste-léniniste Voie prolétarienne (VP) : elle demeure aujourd'hui une petite organisation maoïste, issue en 1976 de Voix prolétarienne.
  • Éditions Prolétariennes : ces éditions se réclament de la république populaire de Chine, y compris après la mort de Mao Zedong et jusqu'au XXIe siècle. Elles se consacrent principalement à l'archivage des documents du « marxisme-léninisme », et en particulier des journaux.
  • Union des communistes de France - marxiste-léniniste (UCFML) : ce groupe dirigé par le philosophe Alain Badiou est devenu l'Organisation politique puis a pris le nom de "Rassemblement".
  • Parti communiste français (marxiste-léniniste-maoïste) (PCF(mlm))
  • Organisation communiste - Front rouge (OC-FR)
  • Parti communiste maoïste (PCm) : Ce parti est né en 2015 du regroupement du Bloc rouge (Parti communiste maoïste de France) avec d'autres militants marxistes-léninistes-maoïstes. Il est représenté par les Jeunes révolutionnaires (JR), La Cause du peuple et la Ligue de la jeunesse révolutionnaire (LJR). Il est membre fondateur de la Ligue communiste internationale avec le Parti communiste du Pérou.
  • Ligue de la jeunesse révolutionnaire (LJR), scission des JR de 2021, organe Nouvelle Époque.
  • Union prolétarienne marxiste-léniniste (UPML) et Unité communiste (UC), toutes deux issues de VP en 2016 et membres de l'ICOR.

Hoxhaïsme[modifier | modifier le code]

Autonomie[modifier | modifier le code]

Issus de l'opéraïsme, les autonomes se distinguent depuis les années 1970 par le refus du travail ainsi que par des pratiques illégalistes : squats, ZAD, actions émeutières. Dans les années 1970, le mouvement est notamment porté par Yann Moulier-Boutang, qui édite aujourd'hui la revue Multitudes, proche des idées du philosophe italien Toni Negri. Depuis les années 2000, les actions émeutières des autonomes se sont perfectionnées sous la forme des Black Block [37]. Le mouvement autonome regroupe plusieurs tendances : les communisateurs, les tiqquniens, les anti-industriels, les négristes, les anarchistes, et les féministes [38]. Les autonomes défendent l'idée d'un communisme immédiat, sans État et sans phase de transition socialiste. Pour certains, le communisme passe par la lutte de classe : par le revenu garanti pour les négristes, ou par l'abolition des rapports marchands pour les communisateurs. À l'opposé, les tiqquniens considèrent que les classes sociales n'existent plus et s'inspirent de la pensée de Michel Foucault pour concevoir la révolution comme une lutte opposant le biopouvoir et la vie elle-même [39]. On retrouve cette idée de lutte pour la vie dans le slogan zadiste "Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend" [40]. À travers les luttes anticarcérales, les autonomes mettent notamment en avant la figure du délinquant et du prisonnier comme modèles révolutionnaires. Les autonomes sont également très présents dans les luttes de sans-papiers (réseau No Border), ainsi que dans le mouvement des chômeurs et des précaires (CIP-IDF) [41].

Antifascisme[modifier | modifier le code]

Le mouvement « antifa » (abréviation de « antifasciste ») se développe en France à partir des années 1980 en réaction à la montée du Front national. Il est intimement lié au mouvement des redskins (skinheads communistes).

Le réseau No Pasaran fédère à partir de 1992 les différents groupes du SCALP (Section carrément anti-Le Pen). Apparu en 1984, le SCALP rassemble des libertaires, des marxistes, et des réformistes. Ce mouvement est à la mode à la fin des années 1980.

Dans les années 2010, le mouvement antifa est principalement représenté par l'Action antifasciste Paris-Banlieue. En juin 2013, l'affaire Clément Méric place le groupe sur le devant de la scène[42]. Avec une trentaine de membres, plutôt jeunes, qui se définissent comme des « antifas radicaux », il s'organise en structure horizontale et par un système de parrainage[43]. Sur son site internet, le groupe pose les bases de son fonctionnement : des groupes « autonomes », cooptés de l'intérieur, cherchant à lutter contre la « culture fasciste »[44].

Écologie radicale[modifier | modifier le code]

Ultra-gauche[modifier | modifier le code]

Cette catégorie regroupe des courants dit « communistes de gauche » : conseillistes, luxemburgistes, situationnistes, ou communisateurs. Ces courants n'ont rien à voir avec l'utilisation erronée que de nombreux médias font du terme « ultra-gauche »[45]. L'ultra-gauche rassemble des courants marxistes antiléninistes qui considèrent que le prolétariat doit s'organiser en dehors des partis et des syndicats. Pour l'ultra-gauche, l'antifascisme et les luttes de libération nationales sont des luttes bourgeoises qu'il faut rejeter. L'ultra-gauche rejette également les formes de lutte armée minoritaire telles qu'elles ont été pratiquées en France par Action directe. L'ultra-gauche ne participe pas aux actions émeutières des autonomes et s'intéresse essentiellement aux luttes se déroulant dans le monde du travail, c'est-à-dire donc principalement aux mouvements de grève[46].

Luxemburgisme[modifier | modifier le code]

Ce courant se réclamant de Rosa Luxemburg est représenté par le groupe Démocratie Communiste.

Conseillisme[modifier | modifier le code]

Les conseillistes se réfèrent à la démocratie directe des conseils ouvriers.

  • Échanges et mouvement : réseau publiant le bulletin Dans le monde une classe en lutte.
  • Mouvement Communiste.
  • Union Pour le Communisme.

Communisation[modifier | modifier le code]

Les communisateurs prétendent dépasser les conseils ouvriers pour réaliser immédiatement le communisme sans phase de transition socialiste. La « communisation » est ainsi théorisée comme un communisme sans État qui abolirait l'argent et les rapports marchands pour instaurer une économie fondée sur la gratuité généralisée.

  • Théorie Communiste : revue publiée depuis 1977 par Roland Simon (éditions Senonevero).
  • Association Documentation-Edition-Liaison (ADEL, 1997).
  • Trop Loin : Groupe animé par Gilles Dauvé et Karl Nesic.

Situationnisme[modifier | modifier le code]

Le situationnisme est un courant conseilliste qui défend une conception hédoniste et libertaire de l'autogestion et entend supprimer la séparation entre travail et loisirs. Pour les situationnistes, l'autogestion passe par une révolution culturelle s'inscrivant dans la vie quotidienne. La révolution doit être à la fois politique, économique, sociale, et sexuelle. La production des biens et des services doit être débarrassée de toute contrainte et envisagée comme une activité ludique et artistique [47]. Fondée par Guy Debord en 1957, l'Internationale Situationniste s'autodissout en 1972.

Le Parti pour la Décroissance est fondé en 2006.

Décroissance[modifier | modifier le code]

Des mouvements pour la décroissance sont issus de l'écologie radicale et d'une critique du productivisme capitaliste et du productivisme d’État, qui entraînent une destruction déraisonnable des ressources non renouvelables en matières premières (minerais, énergie, etc) et amènent l'humanité à « vivre à crédit » (Jour du dépassement).

Bordiguisme[modifier | modifier le code]

Les bordiguistes se réclament d'Amadeo Bordiga. Le bordiguisme est un courant léniniste qui considère que Staline a transformé l'URSS en une forme de capitalisme d'État. À la différence des trotskystes qui critiquent le caractère bureaucratique du régime soviétique, les bordiguistes développent une critique essentiellement économique de l'URSS. Les bordiguistes considèrent pour cette raison les organisations trotskystes comme des partis bourgeois. Le bordiguisme se distingue également par son refus de l'antifascisme : pour les bordiguistes, l'antifascisme est une lutte bourgeoise [48].

Communisme-ouvrier[modifier | modifier le code]

Presse[modifier | modifier le code]

Parmi la presse d'extrême gauche française, on peut citer notamment À contretemps, Carré rouge (qui ne paraît plus), Contretemps, Convergences révolutionnaires, Lutte ouvrière, Révolutionnaires, L'Anticapitaliste, Informations ouvrières, La Tribune des travailleurs, Le Bolchévik, Critique sociale, Divergences, Inprecor, Alternative libertaire, Le Monde libertaire, Courant alternatif, La Question sociale (qui ne paraît plus), Réfractions, La Révolution prolétarienne, La Cause du peuple, Nouvelle Époque, La Forge et Révolution internationale.

Théoriciens[modifier | modifier le code]

Parmi les théoriciens de l'extrême-gauche en France, on peut citer : Yvon Bourdet, Cornelius Castoriadis, Yvan Craipeau, Guy Debord, Théodore Dézamy, Boris Fraenkel, Daniel Guérin, Paul Lafargue, Michael Löwy, Mezioud Ouldamer, Maximilien Rubel.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Selon Serge Cosseron (Dictionnaire de l'extrême gauche, p. 20), le terme sert à qualifier « tous les mouvements se situant à la gauche du Parti communiste ».
  2. Olivier Piot, L'Extrême gauche, p. 9 : L'expression « extrême gauche » désigne l'ensemble des groupes et organisations politiques qui se situent à gauche de ces deux courants de la gauche française que sont la social-démocratie (PS, Verts, PRG) et le PC. Contrairement à ces partis, mais aussi à certaines tendances de la « gauche radicale » (altermondialisme, José Bové), qui défendent une idéologie réformiste de gestion du capitalisme, les organisations d'extrême gauche prônent le renversement du capitalisme par la révolution.
  3. Roland Biard, Dictionnaire de l'extrême-gauche de 1945 à nos jours, Belfond, 1978.
  4. Christine Pina, L’extrême gauche en Europe, Paris, Les études de la Documentation française, 2005.
  5. Varda Furman et Francis Démier (dir.), Louis Blanc, un socialiste en république, Creaphis éditions, , 224 p. (lire en ligne), « Association et organisation du travail. Points de rencontre entre les néo-babouvistes français et belges et Louis Blanc », p. 197-
  6. Alain Maillard, Présence de Babeuf : lumières, révolution, communisme : actes du colloque international Babeuf, Amiens, les 7, 8 et 9 décembre 1989, Publications de la Sorbonne, , 334 p. (lire en ligne), « De Babeuf au babouvisme  : Réceptions et appropriations de Babeuf aux XIXe et XXe siècles », p. 261-280
  7. Karl Marx, Sur la Révolution française, Paris, Éditions sociales, , « La critique moralisante et la morale critique... », p. 91
  8. Michèle Ressi, L'Histoire de France en 1 000 citations : Des origines à nos jours, Éditions Eyrolles, , 519 p. (lire en ligne), p. 258.
  9. Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002.
  10. Barta, La Lutte contre la IIe Guerre Impérialiste Mondiale, publié en novembre 1940, portant en sous-titre « Collection IVe Internationale ». Texte et couverture consultables en ligne sur marxists.org.
  11. a et b Michel Winock, La Gauche en France, Perrin, 2006, p. 356
  12. Michel Winock, La Gauche en France, Perrin, 2006, p. 363
  13. Stéphane Simonnet, Atlas de la Libération de la France. Des débarquements aux villes libérées., Autrement, , p. 68.
  14. De Lénine à Castro, idées reçues sur un siècle de communisme, Romain Ducoulombier, p. 123
  15. Priestland 2009, p. 292
  16. Robert Barcia, La véritable Histoire de Lutte Ouvrière, Denoël, 2003.
  17. Roland Biard, Dictionnaire de l'extrême-gauche de 1945 à nos jours, Belfond, 1978, p. 280-309.
  18. Christophe Bourseiller, Les Maoïstes, Plon, 1996.
  19. Hervé Hamon et Patrick Rotman, Génération, t. II, 1988, p. 68 sq.
  20. Jean Maitron, Le Mouvement anarchiste en France, Gallimard, 1992.
  21. « Ina.fr : vidéo, radio, audio et publicité - Actualités, archives de la radio et de la télévision en ligne - Archives vidéo et radio Ina.fr », sur Ina.fr (consulté le ).
  22. a et b Sébastien Schifres, La Mouvance autonome en France de 1976 à 1984, Université de Nanterre, 2004.
  23. Entreprendre en politique. De l'extrême gauche au PS : la professionnalisation politique des fondateurs de SOS-Racisme, Philippe Juhem, Revue française de science politique, Année 2001, Volume 51, Numéro 1, pp. 131-153
  24. Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002, 380 p.
  25. Christophe Bourseiller, Les Ennemis du système, Laffont, 1989, p. 48-53.
  26. Christiane Chombeau, « 1995 : l'implantation », Le Monde, .
  27. François Koch, La galaxie de l'ultra-gauche, L'Express, 17 février 2000
  28. De Babeuf aux antimondialistes, thucydide.net, 1er août 2005
  29. Ras l'front: les hérauts sont fatigués, liberation.fr, 28 décembre 2000
  30. Ariane Chemin, "La brise libertaire", Le Monde, 4 février 1996.
  31. Gérard Davet, "Les RG s'inquiètent d'une résurgence de la mouvance autonome", Le Monde, 1er février 2008.
  32. Marcel Gay, Le Coup de Tarnac, Massot, 2009, p. 120-122.
  33. Guillaume Origoni, "ZAD, zones à défendre, se défendre de qui pour défendre quoi ?", Fondation Jean Jaurès, 18 décembre 2017.
  34. Abel Mestre, « À l'extrême gauche, les libertaires jouent l’union », sur Le Monde, (consulté le ).
  35. Six présidents à l'épreuve des quinze événements qui ont changé la Ve République, Jacques Raynaud, Éditions L'Harmattan, 2011 page 83 et suivantes books.google.fr
  36. a b c et d Voir à ce sujet les deux tomes d'Hervé Hamon et de Patrick Rotman, Génération, Le Seuil (tome 1, 1987 ; tome 2, 1988), qui retracent cette histoire.
  37. Sébastien Schifres, La Mouvance autonome en France de 1976 à 1984, Université de Nanterre, 2004, Introduction.
  38. Marcel Gay, Le Coup de Tarnac, Massot, 2009, p. 139.
  39. Philippe Roizès, Lutter... ici et maintenant, LCP, 2013.
  40. Bruno Latour, "Enfin les questions de territoire deviennent de grandes questions politiques", France Inter, 19 janvier 2018.
  41. Serge Cosseron, Dictionnaire de l'extrême-gauche, Larousse, 2007, p. 91-94.
  42. Action antifasciste Paris-Banlieue dans Le Monde, Le Figaro, Libération.
  43. Willy Le Devin, Quentin Girard, Skins et antifas : l’après-Méric fait bouger les lignes, Libération, 13 septembre 2013.
  44. Samuel Laurent, « Les agressions entre “skins” et “antifa”, résurgence des années 1980 », Le Monde.fr, 6 juin 2013.
  45. CQFD (no 56, mai 2008) consultable sur « Enquête » sur l’« ultragauche » : Une leçon de journalisme (CQFD) par Iffik Le Guen.
  46. Christophe Bourseiller, Histoire générale de l'ultra-gauche, Denoël, 2003.
  47. Jean-François Martos, Histoire de l'Internationale situationniste, Lebovici, 1989.
  48. Roland Biard, Dictionnaire de l'extrême-gauche de 1945 à nos jours, Belfond, 1978, p. 158-160.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Richard Gombin, Les origines du gauchisme, Éditions du Seuil, Coll. Politique, 1971, 189 p.
  • Roland Biard, Dictionnaire de l'extrême-gauche de 1945 à nos jours, Pierre Belfond, Coll. Ligne de mire (Max Chaleil/André Bercoff), 1978, 412 p.
  • Christophe Bourseiller, Histoire générale de « l'ultra-gauche », Denoël, Coll. Impacts, 2003, 546 p.
  • Philippe Raynaud, L’extrême gauche plurielle. Entre démocratie et révolution, Paris, Autrement, coll. « Frontières », 2006, 201 p.
  • Serge Cosseron, Dictionnaire de l'extrême-gauche, Larousse, 2007.
  • Olivier Piot, L'extrême gauche, Coll. Idées reçues, Édition Le Cavalier bleu, 2008, 192 p.
  • Aurélien Dubuisson, Hugo Melchior, Paolo Stuppia, L'extrême gauche en France - De l'entre-deux-guerres à nos jours, Clermont-Ferrand, PUBP, 2019.
  • (en) David Priestland, The Red Flag : Communism and the making of the modern world, New York, Allen Lane / Penguin Books, , 675 p. (ISBN 978-0-8021-4512-3) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes[modifier | modifier le code]