Eulipotyphla — Wikipédia

Les Eulipotyphla, Eulipotyphles en français, sont un ordre de mammifères suggéré par des méthodes moléculaires de reconstruction phylogénétique, et comprend les membres laurasiathériens de l'ordre désormais polyphylétique et invalide des Lipotyphla, mais pas les membres afrotherien (tenrecs, taupes dorées et musaraignes, maintenant dans leur propre ordre Afrosoricida). L'ordre Lipotyphla lui-même a été formé en supprimant certains groupes de l'ordre des Insectivores, le taxon poubelle précédemment utilisé, notamment les Dermoptera, Scandentia et Macroscelidea.

Les desmans et les taupes, de la famille des Talpidae, les musaraignes de la famille des Soricidae, et les hérissons de la famille des Erinaceidae (anciennement de l'ordre des Erinaceomorpha) font partie de ce groupe. Les Talpidae, les Soricidae et les solénodons étaient à leur tour réunies dans l'ordre des Soricomorpha, qui s'est avéré par la suite paraphylétique puisque les Erinaceidae sont le groupe frère des musaraignes, et ils sont plus étroitement liés au clade des Scrotifera, avec qui ils forment Laurasiatheria[1],[2],[3].

Classification[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

Les Eulipotyphla rassemble la grande majorité des espèces qui étaient classées dans l'ordre historique des Insectivores.

Phylogénie[modifier | modifier le code]

Cladogramme au niveau familial des relations modernes des eulipotyphles, d'après Roca et al. and Brace et al.[2],[4] :

   Eulipotyphla   


Nesophontidae



Solenodontidae





Talpidae




Soricidae



Erinaceidae





Les sous-clades basales supérieure et inférieure de l'arbre sont respectivement les sous-ordres Solenodonta et Erinaceota[4]. On estime que ces deux branches se sont séparées il y a environ 72 à 74 millions d'années[4],[5],[6]. Les Nesophontidae et les Solenodontidae se seraient séparés il y a environ 57 Ma[4]. Les temps intermédiaires pour les talpidés vs soricidés plus erinaceidés, et pour soricidés vs. erinaceidés, ont été respectivement estimés à environ 69 Ma et 64 Ma[7].

Phylogénie des ordres actuels de laurasiathériens, d'après Zhou et al., 2011[8] :

  Boreoeutheria  

  Euarchontoglires
  (primates, dermoptères, toupayes, rongeurs, lapins)  


  Laurasiatheria  

  Eulipotyphla
  (hérissons, musaraignes, taupes, solénodontes)  


  Scrotifera  

  Chiroptera
  (chauves-souris)  


  Fereuungulata  
  Ferae  
         

  Pholidota
  (pangolins)  



  Carnivora
  (chats, hyènes, chiens, ours, phoques, etc.)  



  Ungulata  
         

  Perissodactyla
  (chevaux, tapirs, rhinocéros, etc.)



  Cetartiodactyla
  (chameaux, porcs, ruminants, hippopotames, baleines, etc.)  







Liste des familles, sous-familles, tribus et genres[modifier | modifier le code]

Selon la Mammal Diversity Database (15 janvier 2024)[9] :

Ordre Eulipotyphla (= 'Lipotyphla' - Afrosoricida = 'Erinaceomorpha' + 'Soricomorpha')

Familles actuelles et fossiles, et genres non-classés selon The Hesperomys Project (15 janvier 2024)[10] :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. C. J. Douady, P. I. Chatelier, O. Madsen, W. W. de Jong, F. Catzeflis, M. S. Springer et M. J. Stanhope, « Molecular phylogenetic evidence confirming the Eulipotyphla concept and in support of hedgehogs as the sister group to shrews », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 25, no 1,‎ , p. 200–209 (PMID 12383761, DOI 10.1016/S1055-7903(02)00232-4)
  2. a et b A. L. Roca, G. K. Bar-Gal, E. Eizirik, K. M. Helgen, R. Maria, M. S. Springer, S. J. O'Brien et W. J. Murphy, « Mesozoic origin for West Indian insectivores », Nature, vol. 429, no 6992,‎ , p. 649–651 (PMID 15190349, DOI 10.1038/nature02597, Bibcode 2004Natur.429..649R, S2CID 915633)
  3. O. R. P. Bininda-Emonds, M. Cardillo, K. E. Jones, R. D. E. MacPhee, R. M. D. Beck, R. Grenyer, S. A. Price, R. A. Vos, J. L. Gittleman et A. Purvis, « The delayed rise of present-day mammals », Nature, vol. 446, no 7135,‎ , p. 507–512 (PMID 17392779, DOI 10.1038/nature05634, Bibcode 2007Natur.446..507B, S2CID 4314965)
  4. a b c et d S. Brace, J. A. Thomas, L. Dalén, J. Burger, R. D. E. MacPhee, I. Barnes et S. T. Turvey, « Evolutionary History of the Nesophontidae, the Last Unplaced Recent Mammal Family », Molecular Biology and Evolution, vol. 33, no 12,‎ , p. 3095–3103 (PMID 27624716, DOI 10.1093/molbev/msw186 Accès libre)
  5. Enrico de Lazaro, « Solenodon Genome Sequenced », sur Sci-News.com, (consulté le )
  6. K. Grigorev, S. Kliver, P. Dobrynin, A. Komissarov, W. Wolfsberger, K. Krasheninnikova, Y. M. Afanador-Hernández, A. L. Brandt, L. A. Paulino, R. Carreras, L. E. Rodríguez, A. Núñez, J. R. Brandt, F. Silva, J. D. Hernández-Martich, A. J. Majeske, A. Antunes, A. L. Roca, S. J. O'Brien, J. C. Martínez-Cruzado et T. K. Oleksyk, « Innovative assembly strategy contributes to understanding the evolution and conservation genetics of the endangered Solenodon paradoxus from the island of Hispaniola », GigaScience, vol. 7, no 6,‎ , giy025 (PMID 29718205, PMCID 6009670, DOI 10.1093/gigascience/giy025)
  7. M. S. Springer, W. J. Murphy et A. L. Roca, « Appropriate fossil calibrations and tree constraints uphold the Mesozoic divergence of solenodons from other extant mammals », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 121,‎ , p. 158–165 (PMID 29331683, DOI 10.1016/j.ympev.2018.01.007)
  8. (en) Xuming Zhou, Shixia Xu, Junxiao Xu, Bingyao Chen, Zhou Kaiya et Guang Yang, « Phylogenomic Analysis Resolves the Interordinal Relationships and Rapid Diversification of the Laurasiatherian Mammals », Systematic Biology, vol. 61, no 1,‎ , p. 150–164 (PMID 21900649, PMCID 3243735, DOI 10.1093/sysbio/syr089)
  9. ASM Mammal Diversity Database, consulté le 15 janvier 2024
  10. Zijlstra, J.S. 2024. Hesperomys Project (Version 24.1.0) [Data set]. Zenodo. doi:10.5281/zenodo.10481655, consulté le 15 janvier 2024

Liens externes[modifier | modifier le code]

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