Eudes d'Aquitaine — Wikipédia

Eudes d'Aquitaine
Fonctions
Duc de Vasconie
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Duc d'Aquitaine
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Titre de noblesse
Duc
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
EudesVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Père
Fratrie
Enfants

Eudes[1] (Eudon, Eudo, Oto et Odo), est duc d’Aquitaine et de Vasconie vers 681[2] jusqu'à sa mort en 735[3].

Fils de Loup Ier, d’origine vasconne[4], à son accession au titre de duc, le duché allié aux Vascons et ennemi des Francs, s'étend de la Loire jusqu'au-delà Pyrénées, avec Toulouse comme capitale, ainsi que la Vasconie ultérieure.

Biographie[modifier | modifier le code]

Duchés d'Aquitaine et de Vasconie (710-740).
Gaule à l'avènement de Charles Martel (714). Paul Vidal de La Blache, Atlas général d'histoire et de géographie (1912).

Il enlève aux rois de Neustrie et d'Austrasie les pays nommés depuis Nivernais, Vivarais et Provence arlésienne (687-715).[réf. nécessaire]

Le royaume de Neustrie du roi Chilpéric II se voit aidé par le maire du palais Rainfroy, que les Austrasiens accusent de prétendre au trône avec le qualificatif de « tyrannus ». Charles Martel bat Rainfroy à Vinchy le [5],[6], malgré son alliance avec les Frisons païens. Rainfroy se rabat sur les Vascons qui forment la majeure partie des troupes d’Eudes. « C’est pourquoi Chilpéric et Rainfroy envoient une ambassade auprès d’Eudes pour obtenir son alliance contre Charles Martel. Ils lui offrent le royaume et des dons[5] ». Eudes est donc reconnu officiellement roi d’Aquitaine par le roi de Neustrie[7]. Cependant, la force militaire manque au Gallo-Romain du Sud-Est, ce qui permettra à Charles Martel de supprimer son indépendance très rapidement[8].

À la manière de Dagobert Ier, vice-roi d'Austrasie, Judicaël, duc ou roi des Bretons, de Chramn et de Caribert II, nommés tous deux rois d’Aquitaine, il y a une tradition franque du vice-royaume (Unterköningtum[9]). Lorsque Chilpéric II et Rainfroy accordent un « royaume et des dons » à Eudes, ils ne livrent pas le royaume de Neustrie à Eudes mais paient une alliance par la reconnaissance du vice-royaume d’Aquitaine et la scellent par un échange de dons[10] selon un cérémonial rigoureusement identique à celui qui régla la rencontre entre Judicaël et Dagobert Ier[11]. Ils la donnent contre une reconnaissance de son indépendance et le titre de roi[12]. Eudes se reconnaît soumis à Chilpéric II puisqu'il n’entre pas en relation avec le roi d’Austrasie et refuse d’obéir au maire du palais austrasien. Juridiquement, le vice-roi d’Aquitaine est légitimement reconnu comme seigneur-roi « domnus princeps »[13].

Une alliance étant faite et une armée commandée par Chilpéric II, Rainfroy et Eudes part en découdre contre Charles Martel mais leur inflige une défaite le entre Senlis et Néry près de Soissons[14]. Eudes réussit à s'enfuir avec une partie de ses hommes et passe au sud de la Loire. Il accueille ensuite Chilpéric à Toulouse, mais refuse de reprendre la lutte contre les Francs. Il livre d’ailleurs Chilpéric en 720 à Charles Martel contre un traité de paix.

Eudes a besoin de cette paix pour pouvoir affronter les Arabes, qui conquièrent l’Espagne depuis 711 et ont pris Narbonne en 720. Il triomphe de l'émir Al-Samh ibn Malik al-Khawlani entre Toulouse et Carcassonne en 721 (bataille de Toulouse), et met aussi deux fois en déroute l'émir Anbasa ibn Suhaym Al-Kalbi, 725 et 726. Les Sarrasins ont néanmoins pris Nîmes et Carcassonne (725)[12].

En 731, Charles, l'accusant d'avoir violé le traité de paix de 720, passe la Loire à deux reprises et prend Bourges[12].

Il marie sa fille Lampégie[15] avec Uthman ibn Naissa aussi nommé Munuza, gouverneur dissident de Cerdagne. Mais en 732, Munuza, en révolte contre le wali d'Espagne Abd-er-Rahman, est tué par les troupes de Gehdi ben Zeyan.

Les Omeyyades d’Espagne lancent alors deux offensives simultanées, une qui remonte la vallée du Rhône jusqu'à Sens, et l'autre conduite par Abd-er-Rahman qui franchit les Pyrénées, ravage l’Aquitaine, prend Bordeaux et défait les troupes d’Eudes dans une bataille sanglante au passage de la Dordogne ou de la Garonne.

Le duc d'Aquitaine s'enfuit et demande de l'aide à Charles Martel, son ancien ennemi. Celui-ci réunit une armée, la rencontre a lieu en octobre 732 près de Poitiers, donnant la victoire aux Francs.

Après avoir perdu Bordeaux, Eudes accepte la suzeraineté de Charles Martel et meurt en 735.

Ses fils Hunald Ier et Hatton d'Aquitaine lui succèdent. La Chronique de Frédégaire mentionne Remistan[16] comme un fils d'Eudes d'Aquitaine, oncle de Waifre à qui le roi Pépin Ier d'Aquitaine, fils de Louis le Pieux, confie un fief dans le Berry.

Issus de son mariage avec Adèle de Pfalzel fille de Dagobert II : Sa fille Gerlinde de Pfazel qui a épousé le Duc Adalbert d'Alsace. Son fils Albéric (?-714/721) qui est le père de saint Grégoire d'Utrecht. Et Haderich (?-après 699).

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

  • Le groupe de folk métal gascon Boisson Divine a écrit une chanson traitant d'Eudes d'Aquitaine (et plus précisément de la bataille de Toulouse), nommée Caussada deus Martirs (« chaussée des Martyrs » en gascon) dans leur album Volentat (2015).

Sources[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Blade, Eudes, duc d’Aquitaine, Paris, 1892.
  • Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781 : naissance d'une région, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, Jean Touzot, 1979 (ISBN 978-2-7132-0685-6).
  • Michel Dillange, Les Comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine : 778-1204, Mougon, Geste éd., coll. « Histoire », , 303 p., ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm (ISBN 2-910919-09-9, ISSN 1269-9454, BNF 35804152).
  • Frédégaire (trad. par O. Devilliers et J. Meyers), Chronique des Temps mérovingiens, édition Brepols, 2001 (ISBN 2503511511).
  • Chroniques des derniers rois Mérovingiens (trad. F. Guizot et R. Fougères), coll. « Sources de l'histoire de France », éditions Paleo, 156 p. (ISBN 2-913944-39-6).

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Généalogie et descendance d'Eudes d'Aquitaine sur le site Medieval Lands.
  2. Claude Charles Fauriel, Histoire de la Gaule méridionale sous la domination des conquérants germains, éditeur Paulin, 1836, p. 36.
  3. Jean de Jaurgain, La Vasconie : étude historique et critique sur les origines du royaume de Navarre, du duché de Gascogne, des comtés de Comminges, d'Aragon, de Foix, de Bigorre, d'Alava & de Biscaye, de la vicomté de Béarn et des grands fiefs du duché de Gascogne, t. 1, PyréMonde (Ed.Régionalismes), , 447 p. (ISBN 2846181446 et 9782846181846, OCLC 492934726, lire en ligne).
  4. Michel Dillange, Les Comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine : 778-1204, Mougon, Geste éd., coll. « Histoire », , 303 p., ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm (ISBN 2-910919-09-9, ISSN 1269-9454, BNF 35804152), p. 15.
  5. a et b Chronique de Frédégaire, 10.
  6. Liber Historia Francorum, 53.
  7. Rouche (1979), p. 108.
  8. Rouche (1979), p. 109.
  9. G. Eiten, Das unterköningtum in reiche der Merovinger und Karolinger, Heidelberg, 1907, pp. 9-11.
  10. Rouche (1979), p. 678, no 317, p. 447.
  11. Chronique de Frédégaire, 78.
  12. a b et c Michel Dillange, Les comtes de Poitiers…, op. cit..
  13. Rouche (1979), p. 379.
  14. Société de l'École des Chartes, Recueil de travaux N°5 - Victoire de Charles Martel contre les Musulmans, Librairie Droz, 1973, p. 105.
  15. « Lampégie d’Aquitaine, fille du duc Eudes », Histoire islamique, .
  16. Généalogie de Remistan sur le site Medieval Lands.

Articles connexes[modifier | modifier le code]