Etorki — Wikipédia

Etorki (« origine, lignée, héritage » en basque) est une marque commerciale de fromage industriel français fabriqué au pays basque français dans l'ancienne province de la Soule (Mauléon-Licharre dans les Pyrénées-Atlantiques) par la fromagerie des Chaumes filiale du groupe Savencia Fromage & Dairy.

Description[modifier | modifier le code]

C'est un fromage au lait de brebis pasteurisé[1], à croûte morgée et à pâte pressée non cuite. Il a une forme cylindrique avec environ 25 cm de diamètre et 11 cm de hauteur.

Affiné pendant six mois, sa croûte est brun-rouge et son intérieur est jaune. Il est ferme mais souple, avec des trous disséminés. Il est disponible à la vente toute l'année[2].

Composition[modifier | modifier le code]

Marque[modifier | modifier le code]

À l'origine, ce fromage est mis au point par le groupe Bongrain afin de produire un fromage local dans les Pyrénées-Atlantiques, contrairement à ses fromages ubiquistes comme la marque Chaumes[3].

Etorki permet de transformer la production locale de lait de brebis ainsi que les surplus de l'industrie laitière de Roquefort[1],[3],[4]. En effet, ce choix de créer une marque d'entreprise permet d'écouler de gros volumes plus aisément que dans le cas d'une AOP comme Ossau-Iraty, fromage local[5]. D'autre part, il s'agit d'une stratégie globale de ce groupe, renommé ensuite Savencia, qui permet de dissocier les destinées des différentes marques comme Cœur de Lion, Caprice des Dieux, P'tit Louisetc.[6], dont certaines imitent des AOP, comme Saint Agur, qui rappelle le Roquefort[7],[8].

Pour Etorki, le lien avec le terroir, créé de toutes pièces, est souligné par le choix d'un nom qui sonne comme un nom local[3], une référence régionale[9], accentué par le slogan qui nourrit le cliché : « Un fromage de caractère, la fierté de ses hommes »[10]. Ce nom de marque, Etorki, qui signifie « origine » en basque, a été pensé pour amener une métonymie, le consommateur identifiant le fromage au Pays basque[11].

La marque construit l'image positive d'un fromage fabriqué avec du lait de brebis élevées dans un environnement naturel par des bergers pratiquant la transhumance, et élaboré selon des savoir-faire traditionnels[12]. Etorki bénéficie ainsi d'une valorisation favorisée par sa cohabitation dans les rayons des magasins avec l'AOP locale, Ossau-Iraty, sans subir les mêmes contraintes de production[13] et entre en concurrence avec elle[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Roberta Muir, 500 cheeses : the only cheese compendium you'll ever need, Londres, Apple, , 291 p. (ISBN 978-1-84543-338-3, lire en ligne), p. 245.
  2. (en) Judy Ridgway, The Carr's connoisseur's cheese guide, Cambridge, Simon & Schuster, , 168 p. (ISBN 978-0-85941-600-9, lire en ligne), p. 86-87.
  3. a b et c Claire Delfosse, La France fromagère (1850-1990), Paris, Boutique de l'Histoire, coll. « Mondes ruraux contemporains », , 270 p. (ISBN 9782910828431), p. 121, 150.
  4. Juliet Harbutt, The World Encyclopedia of Cheese, Anness Publishing Ltd, (lire en ligne), p. 27.
  5. Daniel Ricard et Laurent Rieutort, « Filières agro-alimentaires et moyennes montagnes françaises / Agri-business and the mid-altitude mountain areas of France », Revue de géographie alpine, vol. 83, no 3,‎ , p. 101–114 (DOI 10.3406/rga.1995.3820, lire en ligne, consulté le ).
  6. Philip Kotler et Kevin Lane Keller, Marketing Management 15e, Montreuil, Pearson France, , 901 p. (ISBN 978-2-3260-5405-9, lire en ligne), p. 353.
  7. a et b Grégoire Souchay, « Roquefort, une épine dans l’AOP », Libération,‎ (lire en ligne).
  8. Sylvie Santini, « La France du fromage cherche ses marques », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Olivier Londeix, « L’évolution du marché aquitain des biens de consommation depuis le milieu du XIXe siècle », Annales du Midi, vol. 123, no 273,‎ , p. 103–127 (DOI 10.3406/anami.2011.7353, lire en ligne, consulté le )
  10. Adélaïde Daraspe, « Manger basque au Pays basque : la complexité d'une identité alimentaire partagée entre discours politiques et pratiques touristiques », dans Jean-Yves Andrieux, Patrick Harismendy (dir.), L'assiette du touriste : Le goût de l'authentique, Tours-Rennes, Presses universitaires François-Rabelais-Presses universitaires de Rennes, coll. « Table des hommes », , 334 p. (ISBN 978-2-7535-2852-9, lire en ligne), p. 289-297.
  11. Ruggero Druetta, « Les noms de marque et de produit comme marqueurs identitaires: », Éla. Études de linguistique appliquée, vol. n° 150, no 2,‎ , p. 157–175 (ISSN 0071-190X, DOI 10.3917/ela.150.0157, lire en ligne, consulté le ).
  12. Marion Charbonneau, Gaëlle Deletraz et Julien Rebotier, « Par-delà le changement climatique, les représentations du changement environnemental : le poids de la tension entre filière et territoire dans les secteurs pastoral et viticole en Aquitaine », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, vol. 16, no 3,‎ (ISSN 1492-8442, DOI 10.4000/vertigo.18110, lire en ligne, consulté le ).
  13. Morgane Millet, Hommes, milieux, brebis et laits à la croisée des fromages : L'ancrage territorial des ovins laitiers en Corse et en Pyrénées-Atlantiques depuis la fin du XIXe siècle (synthèse de la thèse de doctorat (2013-2017)), Corte, INRA, 24 p. (lire en ligne), p. 10.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]