Entrevue d'Erfurt — Wikipédia

Convention d'Erfurt
Description de cette image, également commentée ci-après
Napoléon reçoit à Erfurt l’ambassadeur d’Autriche [1], Nicolas Gosse (17871878) (musée national du château de Versailles et des Trianons).
Signé
Erfurt
Parties
Parties Drapeau de l'Empire français Empire français Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Signataires Napoléon Ier Alexandre Ier de Russie

L'entrevue d'Erfurt ou congrès d'Erfurt réunit l'empereur Napoléon Ier et le tsar de Russie Alexandre Ier. Voulue par Napoléon, elle se tient en Saxe à Erfurt, du au , dans le but de renforcer l'alliance franco-russe conclue l'année précédente lors du traité de Tilsit, signé à la suite de la guerre menée par la Quatrième Coalition.

Ce congrès sera un échec pour Napoléon, car le Tsar Alexandre 1er, aidé en sous-main par Talleyrand, ne cède en rien aux exigences de Napoléon.

Le contexte[modifier | modifier le code]

Les armées françaises jusque-là au faîte de leur gloire, ont connu leur premier important revers en Espagne avec la capitulation du général Dupont à Bailén battu par les troupes espagnoles en . Napoléon veut régler lui-même le problème espagnol en emmenant une partie de la grande armée en Espagne, mais craint d’être attaqué à l’Est par l’Autriche qui renforce ses armées. Il souhaite donc que l’empereur de Russie s’implique fortement contre le réarmement et la politique de l’empire autrichien.

Alexandre qui a subi le traité de Tilsit, vient à Erfurt avec l’intention de s’engager le moins possible. Il déclare à l’impératrice mère qui pense que l’entrevue est un piège pour la Russie « Ayons l’air d’affermir l’alliance pour endormir l’allié. Gagnons du temps et préparons-nous. »[2]

Le lieu[modifier | modifier le code]

Alexandre ayant paru désirer pour lieu de rendez-vous Weimar ou Erfurt, Napoléon choisit cette dernière ville, qui était encore tout entière à sa disposition, et il ordonna tous les préparatifs nécessaires pour que cette entrevue fût entourée de tout l’éclat possible.

Les principaux intervenants[modifier | modifier le code]

Pour les Français[modifier | modifier le code]

Pour le conseiller, Napoléon a appelé Talleyrand bien que celui-ci n’occupe plus de poste officiel, et soit en disgrâce. Le ministre des Relations extérieures est Jean-Baptiste de Nompère de Champagny et l’ambassadeur de France en Russie Armand de Caulaincourt. Fait unique dans les annales de la diplomatie, Talleyrand, par sa duplicité active, participe des deux côtés, russe comme français, le rôle de Champagny restant insignifiant[3].

Pour les Russes[modifier | modifier le code]

Alexandre part de Saint-Pétersbourg accompagné de son frère et de Romanzov, son ministre des affaires étrangères.

Pour l’Autriche[modifier | modifier le code]

Nicolas-Charles de Vincent, envoyé par Metternich est présent en tant qu'observateur, mais ne participe pas aux discussions.

Le déroulement de la conférence[modifier | modifier le code]

Les fêtes[modifier | modifier le code]

Napoléon souhaite éblouir son invité en organisant de somptueuses fêtes. Les meilleurs acteurs français tel Talma sont conviés et interprètent des chefs-d’œuvre du théâtre français comme Cinna. Bals et soupers se succèdent et une chasse est organisée sur le lieu même de la bataille d'Iéna.

Les discussions politiques[modifier | modifier le code]

Napoléon cherche à obtenir rapidement des résultats et propose d'entrée au tsar de lui laisser les mains libres dans les provinces danubiennes qu’il convoite, et l’assure de son engagement à ne pas rétablir le royaume de Pologne[4]. Son but est de faire une solide alliance avec la Russie, ce qui permettrait aux deux pays de dominer le continent européen. Pour cela, l'empereur veut donc engager la Russie à déclarer la guerre à l’Autriche si celle-ci intervient contre la France.

Ce qu’ignore Napoléon est que Talleyrand qui s'est rapproché des diplomates étrangers joue double jeu et informe Alexandre des intentions de l'empereur et lui donne les moyens de le contrer. Talleyrand, selon les mémoires de Metternich, aurait ainsi déclaré à Alexandre : « Sire, que venez-vous faire ici ? c’est à vous de sauver l’Europe et vous n’y parviendrez qu’en tenant tête à Napoléon »[5]. Talleyrand, pro-autrichien, incite également Alexandre à rencontrer le diplomate autrichien le baron de Vincent pour le rassurer quant aux intentions de la Russie vis-à-vis de l'Autriche.

Préparant son divorce avec l'impératrice Joséphine qui ne peut avoir d’enfant, Napoléon souhaite épouser une sœur du tsar, la grande duchesse Catherine, et demande à Talleyrand de sonder Alexandre sur le sujet, mais celui-ci reste évasif et ne donne pas de réponse.

Signature du protocole[modifier | modifier le code]

Le protocole secret signé le par les deux empereurs est un échec pour Napoléon. L’alliance réalisée à Tilsit est confirmée, mais Alexandre évite de s’engager fermement auprès de Napoléon dans un éventuel conflit contre l’Autriche.

Conclusion[modifier | modifier le code]

Le rôle joué par Talleyrand montre aux adversaires de Napoléon que l'Empire commence à se fissurer et que Napoléon n'a pas le soutien de tous les Français. Metternich écrit peu après : « nous sommes enfin arrivés à une époque où des alliés semblent s'offrir à nous à l'intérieur du Grand Empire »[6]. Dans ses mémoires, Eugène François d'Arnauld, baron de Vitrolles n'en reviendra pas de ce « chef d’œuvre de perfidie »[7] en parlant de la duplicité de Talleyrand, qui a fait échouer la conférence en trahissant la confiance de Napoléon. Ce n’est qu’à Sainte-Hélène que Napoléon comprendra le rôle joué par Talleyrand[7].


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. On voit derrière la table Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, à droite du tableau Alexandre Ier de Russie.
  2. Henri Troyat, La grande histoire des tsars, édition omnibus, p. 267
  3. Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand : Le Prince immobile, Fayard, , p. 391
  4. Louis Madelin, Talleyrand, éditions Perrin, p. 275
  5. Louis Madelin, Talleyrand, éditions Perrin, p. 277
  6. Louis Madelin, Talleyrand, éditions Perrin, p. 280
  7. a et b Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand : Le Prince immobile, Fayard, , p. 396

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