Emmanuel Carrère — Wikipédia

Emmanuel Carrère
Emmanuel Carrère en 2014 au Livre sur la place.
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activités
Père
Louis Carrère d'Encausse (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Fratrie
Nathalie Carrère (d)
Marina Carrère d'EncausseVoir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Hélène Devynck (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Genre artistique
Distinctions
Prix Princesse des Asturies de littérature ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Liste détaillée
Grand prix de l'Imaginaire ()
Prix Kléber-Haedens (d) ()
Prix Femina ()
Prix Renaudot ()
Prix de la langue française ()
Europese Literatuurprijs (en) ()
Premio Hemingway for Literature (d) ()
Prix Princesse des Asturies de littérature ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales

Emmanuel Carrère, né le 9 décembre [Notes 1] à Paris 16e, est un écrivain, scénariste et réalisateur français[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et formation[modifier | modifier le code]

Emmanuel Carrère est le fils de Louis Carrère et de la soviétologue et académicienne Hélène Carrère d'Encausse[2], le frère de Nathalie Carrère et de Marina Carrère d'Encausse, et le cousin du philosophe François Zourabichvili. Son grand-père maternel est un immigré géorgien[3].

Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris (promotion 1979, section Service public)[4],[5], de 1980 à 1982, il passe deux ans à Surabaya (Indonésie) pour son service national en coopération, essentiellement à enseigner le français.

Carrière[modifier | modifier le code]

Il débute comme critique de cinéma pour Positif[6] et Télérama. Son premier livre, Werner Herzog, paraît en 1982.

Il publie son premier roman L'Amie du jaguar en 1983 chez Flammarion. Le suivant, Bravoure, sort un an après chez P.O.L, éditeur à qui il confiera tous ses autres ouvrages par la suite. Il publie en 1986 La Moustache, roman dont il réalisera lui-même l'adaptation cinématographique en 2005[7]. « En moins de 150 pages, il vous met K.-O. », écrit John Updike à propos de La Moustache, concluant par ces mots la critique parue dans The New Yorker au moment de la traduction du livre en anglais, en 1988.

En janvier 1993, Carrère entreprend l'écriture d'un livre autour de l'affaire Jean-Claude Romand. Cela n'aboutira que sept ans plus tard avec la publication de L'Adversaire qui marque un tournant dans la production littéraire de Carrère qui, depuis, n'a pas écrit d'œuvres fictionnelles. L'Adversaire présente aussi le travail de l'écrivain, la lente gestation de l'œuvre[8]. Cette œuvre reste essentielle dans la production de l'écrivain, le succès critique et populaire ne s'est jamais démenti.

Il entame dans les années 1990 une carrière de scénariste avec l’adaptation de ses propres romans comme L'Adversaire et La Classe de neige, avant de se lancer dans la réalisation avec Retour à Kotelnitch et La Moustache[9].

Dans Un roman russe, publié en 2007, Carrère combine trois récits : l'enquête historique sur son grand-père maternel ; l'enquête sur un Hongrois interné pendant cinquante-six ans en Russie puis rapatrié ; et une chronique de la vie intime de l’auteur[10].

En 2009, il publie D'autres vies que la mienne, qui recueille l'histoire de plusieurs personnes qui ont croisé sa vie et sont marquées par la maladie, le handicap ou le deuil. Le récit aborde, à travers le cheminement de l'auteur, des thèmes aussi différents que le tsunami de 2004 au Sri Lanka ou le combat judiciaire contre le surendettement. Ici, alors qu'il avait, dans plusieurs de ses autres œuvres, parlé surtout de lui (Un roman russe, et plus tard même dans Limonov), il se fait le modeste scribe de « vies minuscules » (pour reprendre l'expression de Pierre Michon), décryptant dans l'ensemble du récit les étapes de l'ouverture à l'autre[11]. Le livre sera très librement adapté au cinéma, sous le titre Toutes nos envies, réalisé par Philippe Lioret, avec comme acteurs principaux Vincent Lindon et Marie Gillain.

En 2010, il est membre du jury de la compétition officielle du festival de Cannes, présidé par Tim Burton.

En 2011, il reçoit le prix Renaudot pour sa biographie romancée de l'écrivain, dissident et homme politique russe Édouard Limonov, avec lequel il a vécu pendant trois semaines à Moscou pendant la préparation du livre. Il est difficile de définir si le livre est un roman, une biographie ou un essai, car, si Limonov est bien le héros du livre, Carrère attache une très grande place à l'analyse de la littérature russe, ainsi que de l'histoire de l'URSS et de la Russie post-soviétique. C'est un des succès commerciaux de la rentrée littéraire 2011[12].

En 2014, il publie Le Royaume, récit qui retrace la naissance du christianisme, en s'intéressant tout particulièrement aux parcours des apôtres Paul et Luc. Comme souvent dans ses livres, il mêle à l'intrigue principale l'évocation de son propre parcours, et il y développe notamment l'évolution de son rapport à la foi chrétienne. Le livre connaît une large couverture médiatique et une des meilleures réceptions critiques de la rentrée littéraire 2014[13].

En février 2016, il publie Il est avantageux d'avoir où aller, anthologie réunissant vingt-cinq années d’articles en tous genres[14]. Une édition anglaise, 97,196 Words, est publiée en 2019 avec l'addition d'un article sur Emmanuel Macron écrit pour The Guardian en 2017[15].

En 2017, il est lauréat de la Villa Kujoyama à Kyoto.

En août 2020, il publie Yoga. Ce récit autobiographique est celui de la pratique du yoga par l'auteur, et de sa dépression qui l'a conduit en 2015 à une hospitalisation durant quatre mois à l'hôpital Sainte-Anne. Là-bas, il est diagnostiqué bipolaire et traité par kétamine et électrochocs. Le livre le plus remarqué de la rentrée littéraire, Yoga déclenche une controverse quand l'ex-épouse de l'auteur, la journaliste Hélène Devynck, lui reproche de ne pas avoir respecté le contrat établissant qu'elle ne devait pas figurer dans son roman après leur séparation. Elle l'accuse de « transformer une contrainte juridique en auto-glorification » en introduisant des éléments de fiction dans le livre[16]. Les ventes de Yoga dépassent les 170 000 exemplaires en moins d'un mois. Le livre est parmi les quinze livres présélectionnés par le prix Goncourt, mais n'a pas passé le second tour[17]. En juin 2021, Carrère reçoit le prix Princesse des Asturies de littérature 2021. Le président du jury dit que l'auteur dresse un portrait « incisif de la société actuelle » et a exercé « une influence notable sur la littérature de notre époque »[18].

Son film Ouistreham, sorti en 2021, est une libre adaptation du livre de Florence Aubenas publié en octobre 2010 (Le quai de Ouistreham)[19].

Pendant dix mois, de septembre 2021 à juin 2022, Carrère suit le procès des attentats du 13 novembre 2015 au Palais de justice de Paris. Ses chroniques sont publiées chaque semaine dans L'Obs en France, El País en Espagne, La Repubblica en Italie et Le Temps en Suisse[20]. En septembre 2022 ces chroniques judiciaires avec des passages supplémentaires sont publiées sous forme de livre chez les Éditions P.O.L. Le titre du livre V13 est le nom de code du procès des attentats du vendredi 13 novembre 2015[21].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il a été marié deux fois et a deux fils issus de son premier mariage et une fille du deuxième[22].

Positions politiques[modifier | modifier le code]

Dans un entretien pour la revue Charles en 2016, Carrère dit qu'il a voté pour la première fois en 2007. Il dit qu'il a voté pour la candidate socialiste Ségolène Royal en 2007 et pour François Hollande en 2012[23].

En 2000, Carrère soutient l'auteur d'extrême droite Renaud Camus lors de l'« affaire Camus »[24],[25]. En 2012, il écrit une lettre à Renaud Camus afin de prendre ses distances avec ce dernier. Il y condamne fermement les idées de Camus[26] tout en écrivant qu’il le considère malgré tout comme un ami[27]. La lettre est publiée par Camus dans le premier numéro de la revue du parti de l'In-nocence[28].

Critiques[modifier | modifier le code]

En 2007, Mario Touzin, étudiant à l'Université du Québec, à Montréal, présente un mémoire de maîtrise en études littéraires sur l'œuvre de Carrère. Il écrit : « L'œuvre entière d'Emmanuel Carrère est fondée, dans une large mesure, sur trois principes que sont la dichotomie, la mythomanie et l'uchronie… l'ensemble des textes de Carrère convergent vers une même figure : celle de la bifurcation »[29].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Œuvre d'Emmanuel Carrère.

Nouvelles[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

Récits[modifier | modifier le code]

Essais, recueils d'articles[modifier | modifier le code]

Livres de photos[modifier | modifier le code]

Préfaces ou avant-propos[modifier | modifier le code]

Traduction[modifier | modifier le code]

  • « D'après Marc » (avec Hugues Cousin) dans La Bible, Paris, Bayard, 2001.

Prix littéraires[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Scénariste[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le 7 janvier suivant la Notice de personne du catalogue général de la BnF ou en décembre (cf Wikidata) et l'auteur lui-même.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Emmanuel Carrère : biographie, bibliographie, filmographie | fnac », sur fnac.com (consulté le ).
  2. (fr) Nelly Kaprièlian, « Entretien avec Emmanuel Carrère : la vie des autres », Les Inrockuptibles, .
  3. « Emmanuel Carrère Ecrivain, scénariste et réalisateur français », sur evene.fr (consulté le ).
  4. Voir sur sciences-po.asso.fr.
  5. Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN 978-2-7246-3915-5)
  6. Emmanuel Carrère, « Rencontres », Positif, no 652,‎ , p. 70-72 (ISSN 0048-4911)
  7. « "La Moustache", d'Emmanuel Carrère : le couple et l'identité sur le fil du rasoir », sur Le monde.
  8. Voir à ce sujet l'article de Dimitri Portal, « Dans l'ombre de Capote : genèse de L'Adversaire » in dossier Littéraires no 220.
  9. « Emmanuel Carrère », sur Cinefil.
  10. « Emmanuel Carrère : "J'avais l'impression d'être enfermé" », sur Le Monde, .
  11. Télérama no 3087, 14 mars 2009, Nathalie Crom, critique de D'autres vies que la mienne.
  12. « Limonov par Carrère », Le Nouvel Observateur, .
  13. « Le Royaume de Carrère est-il le chef-d'œuvre de la rentrée littéraire? », sur tempsreel.nouvelobs.com, .
  14. « Il est avantageux de lire Carrère », sur Zone Critique, .
  15. (en-GB) Emmanuel Carrère, « Orbiting Jupiter: my week with Emmanuel Macron », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  16. « Droit de réponse : Hélène Devynck, l'ex-compagne d'Emmanuel Carrère, répond à la polémique autour de « Yoga » », sur Vanity Fair, .
  17. « «Yoga» d’Emmanuel Carrère sorti du Goncourt », sur Le Parisien, .
  18. « Emmanuel Carrère reçoit le prestigieux prix espagnol Princesse des Asturies de Littérature », sur Le Figaro, .
  19. « "Ouistreham" d'Emmanuel Carrère, d'après le livre de Florence Aubenas : un film social pour "rendre visibles les invisibles" », sur franceinfo, .
  20. « Emmanuel Carrère va publier ses chroniques judiciaires sur le procès des attentats du 13 novembre », sur franceinfo, .
  21. « Carrère sort le premier livre sur le procès des jihadistes », sur lematin.ch, .
  22. (en) « Emmanuel Carrère writes his way through a breakdown », sur The New Yorker, .
  23. « Pour qui votez-vous, Emmanuel Carrère », sur Charles, .
  24. « Pétition de soutien à Renaud Camus. », sur Libération (consulté le ).
  25. « carrere.html », sur renaud-camus.net (consulté le ).
  26. « "Autant j'aime Renaud Camus, autant je suis mal à l'aise avec le parti de l'In-nocence" », sur L'Express, (consulté le ).
  27. « Lettre d'Emmanuel Carrère à Renaud Camus: c'est quoi, l'amitié? - Les Inrocks », sur lesinrocks.com (consulté le ).
  28. « Carrère à Camus : « Je suis mal à l'aise avec le parti de l'In-nocence » », sur ActuaLitté, .
  29. « L'art de la bifurcation: dichotomie, mythomanie et uchronie dans l'œuvre d'Emmanuel Carrère », sur Université du Québec à Montréal, .
  30. Voir sur le site de la fondation.
  31. Mylène Moulin, « Emmanuel Carrère lauréat du prix FIL de littérature », Livres Hebdo, 5 septembre 2017.
  32. « Emmanuel Carrère, lauréat 2018 du prix BnF », AtuaLitté,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  33. Le prix BnF récompense chaque année un auteur francophone pour l'ensemble de son œuvre. Primé pour sa capacité à pratiquer tous les styles d'écriture, Emmanuel Carrère est le dixième lauréat figurant au palmarès du prix BnF.
  34. « Emmanuel Carrère reçoit le prestigieux prix espagnol Princesse des Asturies de Littérature », sur LEFIGARO (consulté le ).
  35. (es) « Emmanuel Carrère, Premio Princesa de Asturias de las Letras », sur RTVE.es, (consulté le ).
  36. « Emmanuel Carrère remporte le Premio Napoli 2021 », ActuaLitté,‎ (lire en ligne)
  37. « Emmanuel Carrère, lauréat du prix Aujourd’hui 2022 », sur Le Point,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Emmanuel Carrère : entretien avec Angie David, Paris, éditions Léo Scheer, coll. « Écrivains d'aujourd'hui », , 145 p. (ISBN 978-2-7561-0093-7)
  • Louise Lourdou, « La place de l'auteur dans Un roman russe d'Emmanuel Carrère : entre autobiographe et enquêteur », université Toulouse 2 Le Mirail, 2011
  • Louise Lourdou, « Les avatars de l'auteur dans l'œuvre d'Emmanuel Carrère : visions tragiques du réel », université Toulouse 2 Le Mirail, 2012
  • Dimitri Portal, « L'Adversaire : du fait divers à l'œuvre littéraire », université Lyon 3, septembre 2013
  • Christophe Reig, Alain Romestaing et Alain Schaffner (dir.), Emmanuel Carrère : le point de vue de l'adversaire, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2016, 170 p. (ISBN 978-2-87854-690-3)
  • Pierre Vinclair, « Le Cycle des Hélène : une épopée de l'amour », in Revue Critique de Fixxion Française Contemporaine, nº 14
  • (en) Wyatt Mason, « How Emmanuel Carrère Reinvented Nonfiction », sur The New York Times,
  • Laurent Demanze et Dominique Rabaté, « Emmanuel Carrère, faire effraction dans le réel », POL 2018

Liens externes[modifier | modifier le code]