Edmond Borocco — Wikipédia

Edmond Borocco
Fonctions
Député français

(14 ans, 3 mois et 23 jours)
Élection 30 novembre 1958
Réélection 25 novembre 1962
12 mars 1967
30 juin 1968
Circonscription 1re du Haut-Rhin
Législature Ire, IIe, IIIe et IVe (Cinquième République)
Groupe politique UNR (1958-1962)
UNR-UDT (1962-1967)
UD-Ve (1967-1968)
UDR (1968-1976)
RPR (1976-1973)
Prédécesseur Circonscription créée
Successeur Justin Hausherr
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Colmar (Haut-Rhin)
Date de décès (à 78 ans)
Lieu de décès Colmar (Haut-Rhin)
Parti politique UDR

Joseph Nicolas Edmond Borocco est un homme politique français, né à Colmar (Haut-Rhin) le et mort dans la même ville le .

Toujours dans cette même ville, il épouse le 11 juillet 1941 Andrée Alice Jess (résistante). Ils sont domiciliés 29 rue de Rouffach à l'imprimerie familiale dont il est le directeur[1].

Il est résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il dirige avec Joseph Rey des réseaux de résistants colmariens. Il est en liaison étroite avec les organisations similaires, dirigées à Mulhouse par Maître Lucien Braun, Achille Bey, Auguste Riegel et celle de Louis Bellini à Bollwiller[2].

Étant très généreux, on disait de lui que c'était le seul homme qui prêtait de l'argent alors qu'il n'en avait pas.

Il est le frère de Robert Borocco lui-même résistant[3].

Seconde Guerre Mondiale[modifier | modifier le code]

1939[modifier | modifier le code]

Il rejoint le corps expéditionnaire des chasseurs alpins en Norvège et participera à la bataille de Narvik[3],[4].

Résistance[modifier | modifier le code]

Réseau d'évasion[modifier | modifier le code]

Démobilisé, il reprend son poste de directeur de l'imprimerie Jess à Colmar. Avec l'aide de sa femme, il fabrique des faux papiers pour les prisonniers évadés et les Alsaciens réfractaires[5]. Son équipe loge les fugitifs entre autres à Zimmerbach (Haut-Rhin) où officie l'abbé Paul Vuillemin. C'est Léon Acker, marchand de bières, qui profite de ses déplacements pour les convoyer vers les Trois-Épis, Labaroche ou les Basse-Huttes (Orbey/Haut-Rhin). Ils y sont pris en charge par les passeurs Marcel Maire, Paul Batôt et Paul Deparis qui les exfiltrent de l'autre coté de la frontière[4].

Réseau d'espionnage[modifier | modifier le code]

Il abandonne son action en faveur des évasions. Il s'engage dans le réseau de renseignements Uranus-Kléber des Forces Françaises Combattantes (FFC) sous la responsabilité de son frère Robert Borocco qui dirige le secteur de Colmar (Bas-Rhin). Son poste d'industriel lui permet de glaner de précieux renseignements sur l'économie et l'administration nazie en Alsace[4].

Détention[modifier | modifier le code]

Dans le cadre du démantèlement du réseau Uranus-Kléber, il est arrêté le 29 décembre 1942 à Colmar. Il est détenu à la prison du tribunal d'Offenburg (Allemagne)[1]. Il est jugé par le Volksgerichtshof (le tribunal du peuple) le 3 novembre 1943 à Strasbourg après que le tribunal militaire ait refusé le dossier le 5 avril 1943[1]. Il est condamné par le juge Freisler à neuf mois de prison pour atteinte à la sureté de l’État. Il fait sa peine à Offenburg[4].

Pour atténuer les peines, Joseph Rossé (autonomiste) serait intervenu en faveur d'Edmond et Robert Borocco (inculpé en même temps que son frère) auprès des autorités allemandes et vichystes comme le laisse supposer la lettre de remerciement d'Antoine Borocco du 29 décembre 1943[6].

Évasion[modifier | modifier le code]

Prévenu d'une nouvelle arrestation, Edmond Borocco se cache à Wittenheim (Haut-Rhin) grâce à Betty Acker[1]. Avec l'aide de Jeanne Jenny, de Paul Winter, d'Auguste Riegel et par l'intermédiaire de la filière de Hagenthal (Haut-Rhin)[4] il s'évade en Suisse en se cachant sous un train de charbon[1].

La libération[modifier | modifier le code]

Il s'engage dans le Groupe mobile d'Alsace (GMA) Suisse. Il a le grade d'Aspirant. Il est intégré à la 1re compagnie du 1er B.C.P. commandée par le Lieutenant Seither. Le 1er B.C.P. est engagé en soutien du 152e R.I. du côté de la centrale électrique de Seppois-le-Bas.

L'aspirant Edmond Borocco s'illustre lors des combats du 26 au 27 novembre 1944. De sa propre initiative, il prend la tête d'une patrouille de chasseurs pour récupérer les blessés du 152e Régiment d'Infanterie (152 RI) dans une zone stratégique située à proximité du transformateur électrique près de la route nationale Seppois - Courtelevant (Haut-Rhin). Il ramènera plusieurs blessés[4]. À ce titre, il sera décoré, ainsi que 11 de ses compagnons, de la croix de guerre.

Citations[modifier | modifier le code]

Pour son action du 27 novembre, Edmond Borocco et 11 de ses compagnons reçoivent la citation suivante :

« Dans l’après-midi du 27 novembre 1944 ont organisé volontairement une patrouille pour chercher des blessés d’un bataillon voisin qui avaient dû être abandonnés dans la zone occupée par l’ennemi (secteur transformateur électrique, route N463 de Seppois à Courtlevant). Alors qu’une patrouille envoyée dans le même but par une unité voisine avait dû se replier sous le feu de l’ennemi et subissant des pertes sans avoir pu accomplir sa mission, l’Aspirant Borocco et ses chasseurs n’hésitèrent pas à pénétrer profondément dans la zone dangereuse et réussirent à remplir la mission qu’ils s’étaient eux-mêmes donnée. Ont aussi fait preuve d’initiative et de courage et d’un esprit de camaraderie exemplaire. » Capitaine Baumeister, Chef de bataillon

Il est cité à l'ordre de la division le 1er octobre 1949 :

« Ancien chasseur alpin, plein de dynamisme et de bravoure, ne connaissant que son devoir de patriote français, a réalisé dès 1940 une filière de passage pour prisonniers de guerre français évadés des camps d'Allemagne. Membre du réseau Kléber comme chargé de mission de 3e classe, a fait personnellement de nombreux passages de prisonniers français ou de réfractaires alsaciens. Après une détention de onze mois dans les geôles nazies, s'est évadé par la Suisse d'où il a rejoint les Forces Françaises de la 1re Armée avec laquelle il a pris part aux combats de la libération du territoire. A toujours fait preuve d'une aptitude exceptionnelle au commandement, d'un enthousiasme et d'un dévouement sans limites. »

Cette citation comporte l'attribution de la croix de guerre 1939-1945 avec étoile d'argent[4].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Il est reconnu « Déporté résistant »[7],[8].

Vie politique[modifier | modifier le code]

En résumé[modifier | modifier le code]

Edmond Borocco fut député gaulliste de la Première circonscription du Haut-Rhin sous la Ve République, de 1958 à 1973. En 1972, il fit passer un projet de loi imposant la mise en bouteille obligatoire dans la région. Cette loi contribua beaucoup à faire du vin alsacien, un vin de renom. En 1973, Edmond Borocco subit de plein fouet le reflux gaulliste et la montée démocrate-chrétienne, étant battu par le candidat Réformateur - Centre Démocrate Justin Hausherr, proche de J.Rey[2]. Il ne l'emportait alors qu'à Lapoutroie et Ste-Marie-aux-Mines.

Mandat municipal[modifier | modifier le code]

Entré au conseil municipal de Colmar en septembre 1945 (R.P.F.), il fut réélu en 1947 et devint 1er adjoint au maire jusqu’en 1953. Conseiller (U.N.R.) de 1953 à 1965, fut ensuite 5e adjoint de 1965 à 1971. À nouveau membre (R.P.R.) du conseil municipal en 1977[3].

Mandats à l'assemblée nationale[modifier | modifier le code]

Député au Parlement européen[modifier | modifier le code]

Il obtint en 1966 un mandat de député au Parlement européen, où il fut vice-président de la commission des Finances puis de la commission agricole[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Auguste GERHARDS, Tribunal de guerre du IIIe Reich (ISBN 978-2-7491-2067-6, lire en ligne)
  2. a et b Charles Béné, L'Alsace dans les griffes nazies, Fetzer, (lire en ligne)
  3. a b c et d Jean-Marie Schmitt, « Les notices NetDBA », sur www.alsace-histoire.org (consulté le )
  4. a b c d e f et g Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), La Résistance des Alsaciens, Paris, Fondation de la Résistance, Département AERI, cop. 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2915742324, OCLC 959964698, lire en ligne)
  5. Broissia, Pierre Aymar de, 1965-, Jagora, Nicolas. et Neuville, Aurore de., Résistance, 1940-1944 : témoignages, dossiers, chronologie : édition Alsace, Little big man, (ISBN 2-915347-20-4 et 978-2-915347-20-3, OCLC 57250485, lire en ligne)
  6. Gabriel Andres, Joseph Rossé: Itinéraire d'un Alsacien ou le droit à la différence, J. Do Bentzinger, (ISBN 978-2-84629-071-5, lire en ligne)
  7. « Titres, homologations et services pour faits de résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  8. a et b « Base des déportés-résistants - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  9. Ordre de la Libération, « Base Médaillés de la Résistance française - fiche Edmond Joseph Nicolas BOROCCO » (consulté le )
  10. Lachaise, Bernard, 1955- ..., Résistance et politique sous la IVe République, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, , 171 p. (ISBN 2-86781-335-2 et 9782867813351, OCLC 419688067, lire en ligne)
  11. « Edmond Borocco », sur assemblee-nationale.fr (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Marie Schmitt, « Joseph Nicolas Edmond Borocco », dans Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 4, p. 305
  • Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Edmond Borocco », dans La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9) DVD pédagogique.
  • Gabriel Braueuner et Francis Lichtlé, « Borocco (Edmond) », dans Dictionnaire historique de Colmar, Colmar, Association pour la restauration des édifices historiques de Colmar, , 302 p. (ISBN 978-2-9528302-0-1), p. 42

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]