Droit des usagers dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux — Wikipédia

Le droit des usagers dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux est, en droit français, l’ensemble des règles destinées à garantir le respect des droits de la personnalité aux personnes accueillies ou accompagnées dans un établissement médico-social ou un service social (ESSMS). Relevant à la fois du droit civil, du droit pénal et du droit des institutions sociales et médico-sociales, il repose sur la réception, dans une acception juridique, de la notion de dignité de la personne humaine et sur son application aux situations pratiques d’accueil et d’accompagnement.

La loi du 2 janvier 2002 : l’usager acteur de son accueil ou de son accompagnement[modifier | modifier le code]

Le droit des usagers est issu des dispositions des articles L. 311-3 et suivants, issus de la promulgation de la loi no 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale[1].

La loi instaure un droit de la participation des usagers. L'article 10 de la loi prévoit la modification de l'article L. 311-6 du code de l'action sociale et des familles en vue d'associer les personnes bénéficiaires au fonctionnement de l'établissement via un conseil de la vie sociale (CVS) ou d'autres formes de participation[2]. Le fonctionnement de la participation est ensuite décrit dans un décret d'application[3].

La production de cette loi est due à une conjonction de plusieurs facteurs juridiques et culturels :

Logique[modifier | modifier le code]

Le législateur de 2001-2002 a conçu le droit des usagers comme le moyen de prévenir et de lutter contre la maltraitance, comme l'atteste l'article L. 311-4 du Code de l'action sociale et des familles (CASF).

L’ensemble du dispositif repose donc, au départ, sur la connaissance et la compréhension de la maltraitance, entendue aussi bien dans un sens pénal très restrictif que dans celui, plus large, que retiennent les recommandations de bonnes pratiques professionnelles de l’Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) puis de la Haute autorité de santé (HAS).

À partir de ce concept polysémique de maltraitance, le législateur et l’autorité règlementaire ont décliné, dans les situations pratiques que connaissent les personnes accueillies ou accompagnées, les attributs juridiques classiquement reconnus à la personne, tels les droits à la dignité, à l’intégrité, à la sécurité, à la liberté de circuler, à la liberté de conscience, à l’intimité de la vie privée[9]. Cette acception a été renforcée avec l'insertion, en 2022, de l'article L. 119-1 du CASF relatif à la définition de la maltraitance.

Dispositifs[modifier | modifier le code]

Le droit des usagers est mis en œuvre par les professionnels grâce aux « outils de la loi no 2002-2 » que sont le projet d’établissement, le règlement de fonctionnement, le livret d’accueil, le contrat de séjour ou le document individuel de prise en charge (DIPC), la personne qualifiée, la personne qualifiée de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), la personne de confiance sociale et médico-sociale, le conseil de la vie sociale (CVS) et les autres formes de participation.

Le droit des usagers est décliné dans la charte des droits et libertés de la personne accueillie instituée par un arrêté du pris pour l’application de l’article L. 311-4 du Code de l’action sociale et des familles. Cette charte garantit le respect des principes et droits suivants :

  • principe de non-discrimination
  • droit à une prise en charge ou à un accompagnement adapté
  • droit à l'information
  • principe du libre choix, du consentement éclairé et de la participation de la personne
  • droit à la renonciation
  • droit au respect des liens familiaux
  • droit à la protection
  • droit à l'autonomie
  • principe de prévention et de soutien
  • droit à l'exercice des droits civiques attribués à la personne accueillie
  • droit à la pratique religieuse
  • droit au respect de la dignité de la personne et de son intimité

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Marc Lhuillier, Le droit des usagers dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux, Rennes, Presses de l’EHESP, coll. « Références Santé Social », , 5e éd., 284 p. (ISBN 9782810903627, lire en ligne Accès payant) - accessible gratuitement par la bibliothèque Wikipedia
  • Olivier Poinsot, Le droit des personnes accueillies ou accompagnées, les usagers dans l’action sociale et médico-sociale, coll. Ouvrages généraux, LEH Édition 2016, 410 p., (ISBN 978-2-84874-647-0)
  • Michel Borgetto, « La loi du 2 janvier 2002 : vingt ans après », dans Revue de droit sanitaire et social, Dalloz, (ISSN 0245-9469, présentation en ligne)
  • Roland Janvier et Yves Matho, Le droit des usagers, Paris, Dunod, coll. « Aide-mémoire », , 176 p. (ISBN 9782100600366, présentation en ligne)
  • Olivier Poinsot, "Que sont les droits des usagers devenus ?", RDSS n° 2022/1, p. 5-12.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale », sur Legifrance, (consulté le )
  2. Article 10 de la Loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002
  3. « Droits des usagers : une nouvelle règlementation de la participation à la vie des ESSMS », sur Blog du cabinet Accens Avocats Conseils, (consulté le )
  4. Muriel Fabre-Magnan, « La dignité en Droit : un axiome », Revue interdisciplinaire d'études juridiques 2007/1,‎ , p. 1-30 (lire en ligne)
  5. « Politiques sociales : pourquoi parler du New public management ? » Inscription nécessaire, sur Blog du cabinet Accens Avocats Conseils,
  6. Olivier Poinsot, « Action sociale et médico-sociale et nouvelle gestion publique », sur blogavocat.fr,
  7. Matthieu Merlin, « Foucault, le pouvoir et le problème du corps social », Idées économiques et sociales 2009/1,‎ , p. 51-59 (lire en ligne)
  8. Jean-Marc Lhuillier 2015, p. 73.
  9. Article L. 311-3 du CASF ; charte des droits et libertés de la personne accueillie annexée à l’arrêté du 8 septembre 2003 (JO no 234 du 9 octobre 2003, p. 17250).