Diane Arbus — Wikipédia

Diane Arbus
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Diane NemerovVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Nemerov, DianeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Formation
Ethical Culture Fieldston School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Fratrie
Conjoint
Allan Arbus (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Genres artistiques
Distinction
Œuvres principales

Diane Arbus, née Diane Nemerov le à New York et morte le à Greenwich Village (New York), est une photographe américaine.

Elle reste célèbre pour ses portraits de rue effectués au reflex 6×6 bi-objectifs équipé d’une torche à lampes flash au magnésium de forte puissance, notamment sa photographie des Jumelles identiques et celle de l’Enfant à la grenade dans Central Park.

Elle a aussi réalisé un projet sur une communauté de personnes handicapées mentales.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issue d’une famille de commerçants aisés juifs new-yorkaise d’origine russe, Diane Nemerov rencontre à 14 ans son futur mari Allan Arbus. Ils se marient en avril 1941[1]. Elle a 18 ans.

Allan Arbus a appris la photographie au cours de son service militaire. Ils ouvrent ensemble un studio de photo de mode après la Seconde Guerre mondiale. Allan prend les photos, Diane tient le rôle de styliste et démarche auprès des agences. Leur premier client est Russeks Fifth Avenue, un grand magasin de luxe, fondé par la famille Nemerov. Ils collaborent avec les magazines les plus célèbres, Seventeen, Vogue, Esquire[2]. En 1951, Diane quitte le studio, dont Allan continue seul de s’occuper.

Une photo créditée « Diane & Allan Arbus » est exposée en 1955 dans « The Family of Man » au Museum of Modern Art.

Diplômée depuis 1940 par la Fieldston School (en) dans le Bronx, Diane Arbus suit des cours de photographie à The New School for Social Research à New York avec Berenice Abbott en 1941 et Alexey Brodovitch en 1955[1]. Elle se lie d’amitié avec Marvin Israel et Richard Avedon, puis suit un cours de Lisette Model à Greenwich Village en 1956[1]. Ses premières photos personnelles, prises dans les rues de New York, à Coney Island et dans Little Italy, datent de 1956[1], année au cours de laquelle elle cesse de travailler avec son mari.

Diane Arbus s’inscrit dans un courant photographique qu’a inauguré un autre grand photographe américain, Walker Evans, qui a imposé un style documentaire et urbain dans les années 1930. Mais c’est après 1962 qu’elle impose son style propre, quand elle abandonne le format rectangulaire du 24x36 pour le format carré du 6x6, avec un Mamiya bi-objectif grand angle[1] équipé d’une torche à lampes au magnésium de forte puissance, fixée à demeure et utilisée systématiquement, y compris en plein jour[2].

En 1963 et en 1966, elle obtient une bourse de la fondation Solomon R. Guggenheim[2] qui lui permet de réaliser un travail remarquable intitulé « American Rites, Manners and Customs » (les rites de la société américaine), vaste galerie de portraits d’Américains, pour la plupart inconnus, qui met en exergue les rites sociaux de cette société.

Elle concentre son activité à New York et ses alentours, photographiant des inconnus dans la rue. Fascinée par les personnages hors-normes, elle photographie également des travestis, des personnes transgenres, des handicapés mentaux, des jumeaux, des personnes de petite taille, etc.[3] En 1966, elle contracte une hépatite[2].

En mélangeant le familier avec le marginal, Diane Arbus brosse un portrait troublant de l’Amérique des années 1960. Elle s’attache pourtant à montrer que ces personnages étranges et atypiques, d’habitude considérés comme des « phénomènes de foire », sont avant tout des êtres réels, avec des habitudes et un train-train quotidien. Sa méthode de travail vise à créer une relation intime et de confiance avec ses modèles, ce qui l’amène aussi à les photographier à nouveau quelques années plus tard.

Graffiti détournant la photographie Jumelles identiques à València en Espagne (2014).

Par ses photos, Diane Arbus révèle combien l’étrange peut surgir de n’importe où. La très célèbre photographie Jumelles identiques (Roselle, New Jersey, 1967) met en scène deux fillettes habillées de la même manière (robe en velours à large col blanc), qui regardent le centre de l'objectif en souriant légèrement, mettant ainsi mal à l’aise le spectateur, car c’est le concept de l’identité, et plus précisément de l’unicité des êtres humains, qui est remis en question.

En 1967, elle participe à l’exposition « New Documents » qui se tient au Museum of Modern Art avec des portraits qui côtoient les vues urbaines de Lee Friedlander et Garry Winogrand[4]. Là encore, son travail apparaît comme un événement qui contribue à imposer la photographie documentaire comme un genre artistique propre, se distinguant du reportage.

À la fin des années 1960, elle enseigne la photographie à la Parsons School of Design, à la Rhode Island School of Design et à la Cooper Union, tout en continuant à photographier[5].

Dépressive, Diane Arbus se donne la mort à 48 ans le à Greenwich Village en avalant une quantité importante de barbituriques puis en s’ouvrant les veines dans sa baignoire[2].

Famille[modifier | modifier le code]

Diane Arbus est mariée avec Allan Arbus en 1941. Elle est la mère de la journaliste et écrivaine Doon Arbus (née en 1945) et de la photojournaliste Amy Arbus (née en 1954). Le couple s’est séparé en 1959 et a divorcé en 1969. En 1959, Diane Arbus commence une relation avec Marvin Israel[6].

Elle est la sœur du poète Howard Nemerov et la tante du professeur d’histoire de l’art Alexander Nemerov[7],[8].

Photographies célèbres[modifier | modifier le code]

  • Identical Twins, Roselle, New Jersey, 1967 (Jumelles identiques)
  • Child with Toy Hand Grenade in Central Park, N.Y.C. 1962 (Enfant avec une grenade à main jouet à Central Park)
  • A Jewish Giant at Home with His Parents in The Bronx, N.Y. 1970 (Un géant juif chez lui avec ses parents dans le Bronx)

Expositions[modifier | modifier le code]

Liste non exhaustive.

  • En 2003, le MoMA de San Francisco accueille l’exposition « Diane Arbus Revelations » qui voyage à travers l’Europe (Essen, Londres et Barcelone) courant 2006. Avec plus de 200 photographies dont certaines jamais exposées, cette rétrospective est la plus complète qui ait jamais été consacrée à Diane Arbus.
    Le catalogue de l'exposition, extrêmement précis, est disponible en version américaine, édité sous la direction de Doon Arbus, fille aînée de la photographe[9]. L'ensemble des photographies y sont reproduites et commentées par Sandra S. Phillips.
  • Du 6 décembre 2008 au 7 février 2009, Pierre Leguillon propose une exposition intitulée « Diane Arbus: rétrospective imprimée, 1960-1971 » à la Kadist Art Foundation de Paris.
  • Du 18 octobre 2011 au 5 février 2012, la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris présente une exposition de plus de 200 clichés sur le site Concorde[3].
  • Du 22 juin au , le Martin-Gropius-Bau de Berlin propose une série de plus de 200 clichés, en collaboration avec le Jeu de Paume, Paris, et The Estate of Diane Arbus LLC, New York, ainsi que le Fotomuseum Winterthur and Foam Photography Museum, Amsterdam.
  • Du 12 juillet au 27 novembre 2016 : « Diane Arbus - In the beginning 1956–1962 », Metropolitan Museum of Art
  • Du 21 janvier au 30 avril 2017 : « Diane Arbus - In the beginning 1956–1962 », San Francisco Museum of Modern Art[10]
  • Du au , « The New York School Show – Les photographes de l’École de New York 1935-1965 », Pavillon populaire, Montpellier
  • Depuis le 26 mai 2023, le centre culturel LUMA Arles expose sous la forme d'une installation immersive, plus de 450 images de Diane Arbus réalisées par Neil Selkrik, l'un de ses étudiants.

Publications[modifier | modifier le code]

Liste non exhaustive.

  • (en) Diane Arbus: An Aperture Monograph (1972)
  • (en) Diane Arbus: Magazine Work (1984)
  • (en) Untitled: Diane Arbus (1995)
  • (en) Doon Arbus, Diane Arbus: Revelations, Random House, 2003, 352 p. (ISBN 978-0375506208)
  • Elisabeth Sussman, Doon Arbus, Diane Arbus. Une chronologie : 1923-1971, La Martinière, 2011
  • (en) Doon Arbus, Richard Avedon, Diane Arbus: Untitled, Aperture, 2011, 12 p. (ISBN 978-1597111904)
  • (en) Diane Arbus - In the beginning, 1956-1962, New York, The Metropolitan Museum of Art - Yale University Press, , 269 p. (ISBN 978-1588395955)

Postérité[modifier | modifier le code]

Fond Diane Arbus[modifier | modifier le code]

En 2007, le Metropolitan Museum of Art a obtenu des filles de Diane Arbus le don et la promesse de don des archives de l'artiste. La collection comprend des centaines de photographies anciennes et uniques d'Arbus, des négatifs et des tirages contact de 7 500 rouleaux de film, des pochettes cristal annotées par l'artiste, ainsi que sa collection de photographies, sa bibliothèque et ses papiers personnels, notamment des carnets de rendez-vous, des cahiers, de la correspondance, écrits, etc.[1]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

  • La romancière française Laurence Tardieu rend hommage à Diane Arbus dans son livre Une vie à soi aux éditions Flammarion.
  • Fabrice Melquiot lui rend également hommage dans une pièce de théâtre, Diane (L’Arche ; 2020).
  • Sandrine Roudeix publie en 2015 au Mercure de France un roman dédié à Diane Arbus, intitulé Diane dans le miroir.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Jeff L. Rosenheim, Diane Arbus - In the beginning, New York, The Metropolitan Museum of Art - Yale University Press, , 269 p. (ISBN 978-1588395955).
  2. a b c d et e Corinne Thorillon, « Diane Arbus, une gloire impossible », sur Paris Match, (consulté le ).
  3. a et b Aurélie Raya, « Diane Arbus, conte de la photo pas ordinaire », sur Paris Match, (consulté le ).
  4. (en-US) Jo Ann Lewis, « Diane Arbus' Disturbing World », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le ).
  5. Elisabeth Sussman, Doon Arbus, Diane Arbus. Une chronologie : 1923-1971, La Martinière, 2011.
  6. (en-US) Arthur Lubow, « Arbus, Untitled and Unearthly », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Julia Zorthian, « Nemerov Confirms Move to Stanford », Yale Daily News, (consulté le ).
  8. (en) « New building, new faculty demonstrate ambitious growth plans for Stanford's Department of Art and Art History », Stanford Report,‎ (lire en ligne).
  9. Philip Charrier, « On Diane Arbus: Establishing a Revisionist Framework of Analysis », History of Photography, vol. 36, no 4 (novembre 2012): 422-38.
  10. Au sujet de l'exposition au San Francisco Museum of Modern Art.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Patrick Roegiers, Diane Arbus ou le rêve du naufrage, éditions du Chêne, 1985, réédition Perrin, 2006
  • Patricia Bosworth, Diane Arbus. Une biographie (1985), éditions du Seuil, 2007
  • Jean Kempf et Morgan Riou, « Fur : un portrait imaginaire de Diane Arbus », dans : Transatlantica, 1 | 2007
  • Violaine Binet, Diane Arbus, Grasset, 2009

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]