Danse du chevalet — Wikipédia

La danse du chevalet, appelée aussi jeu du chevalet[1] ou le Chevalet est une danse essentiellement carnavalesque qui peut revêtir des tailles et des formes différentes selon les lieux où elle se pratique[2]. Née au Moyen Âge à Montpellier semble-t-il, elle est un élément important de la tradition héraultaise, mais se décline plus largement autour de ce département. Elle est partie intégrante du patrimoine immatériel du Languedoc[3],[4].

La Danse du Chevaler à Cournonterral.

Origine[modifier | modifier le code]

L'origine de la danse est incertaine. La légende affirme que les consuls de Montpellier, lassés de voir Pierre II d'Aragon (dit le Catholique) se désintéresser de Marie de Montpellier, réussirent par une belle nuit de 1208 à réintroduire subrepticement la conjointe dans le lit conjugal. Pierre d’Aragon ramena alors sur son cheval Marie de Montpellier et l’enfant né de cette union, Jacques d’Aragon, de Mireval jusqu'à la ville Montpellier. Arrivés en ville, les habitants, rassurés de cette réconciliation, fêtèrent autant les époux et leur enfant que le cheval[5],[6],[7],[8].

Les Montpelliérains obtinrent du roi le droit de garder le cheval devenu précieux et symbolique[9]. L’animal vécut vingt ans, et, chaque année, il devenait le centre d’intérêt de grandes fêtes. On dansait autour de lui, on festoyait en mémoire de la naissance de Jacques 1er[5],[10],[11].

La danse du chevalet dans la culture[modifier | modifier le code]

Le roi Louis XV fit danser le chevalet durant sa maladie en 1721[12].

Figures[modifier | modifier le code]

La danse du chevalet nécessite un porteur du cheval postiche, un donneur d’avoine, et un maréchal-ferrant (le cheval aurait perdu un fer en rentrant dans la localité de Saint-Jean-de-Védas). Certainement plus tard, quelques recréations dotent le trio de deux latéraux portants fouets et moscals (chasse-mouche).

Le jeu consiste à ce que le donneur d’avoine présente toujours, au cours des différentes figures, cette civada (avoine en occitan) à un chevalet qui se doit de la refuser et de ruer[13].

Les figures incontournables sont :

  • Premier câlinage : Présentation de l’avoine.
    La tentation: Branle latéral et Branle circulaire ;
  • Second câlinage : Domestication.
    L’avoine et la ferrade: Branle frontal et Branle tombé ;
  • Troisième câlinage : Rébellion de l’animal.
    Petit galop couché: Branle couché et Branle des Ruades ;
  • Quatrième Câlinage : Dressage.
    La grâce en « Ressa » : Branle en scie et Branle en valse ;
  • Dernier Câlinage : Osmose.

Variantes locales[modifier | modifier le code]

Dans quelques villages de l'Hérault, comme à Vias, le chevalet prend les traits d'une petite chèvre, la cabreta, portée alors par un seul homme.

Odonyme[modifier | modifier le code]

Une voie publique à Montpellier est nommée : rue de la Danse-du-Chevalet (43° 36′ 12,29″ N, 3° 51′ 29,38″ E).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Maurice Louis Alexis Louis, Danses populaires et ballets d'opéra, Maisonneuve et Larose, (lire en ligne).
  2. Folklore de France, Confédération nationale des Groupes folkloriques français, (lire en ligne).
  3. Pierre Laurence, « Variations sur un même instrument : Le hautbois en Bas-Languedoc du XVIIIe au XXe siècle », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, vol. 21, no 1,‎ , p. 85–126 (DOI 10.3406/mar.1993.1505, lire en ligne, consulté le ).
  4. Luc Charles-Dominique, « Christian Poché : Dictionnaire des musiques et des danses traditionnelles de la Méditerranée », Cahiers d’ethnomusicologie. Anciennement Cahiers de musiques traditionnelles, Paris, Fayard, no 19,‎ , p. 262–265 (ISSN 1662-372X, lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b « La danse du chevalet », sur lauragais-patrimoine.fr (consulté le ).
  6. « Histoire de France : Danse du chevalet pour éviter un divorce (Magazine no 38) », sur Le Blog La France pittoresque (consulté le ).
  7. Jean-Pierre Etienvre, La Leyenda : antropología, historia, literatura : actas del coloquio celebrado en la Casa de Velázquez, 10/11-XI-1986, Casa de Velázquez, , 305 p. (ISBN 978-84-86839-12-3, lire en ligne).
  8. Garonne, Histoire de la ville de Montpellier sous la domination de ses premiers seigneurs, sous celle des rois d'Aragon et des rois de Mayorque, (lire en ligne).
  9. Mosaïque du midi, (lire en ligne).
  10. « Mèze : 209e fête de Mèze, la danse du chevalet », sur herault-tribune.com, (consulté le ).
  11. Eugène Thomas (Archiviste du Département de l'Hérault), Montpellier : Tableau historique et descriptif pour servir de guide à l'étranger dans cette ville et dans ses environs, (lire en ligne).
  12. Jean Baumel, Les danses Populaires, les Farandoles les Rondes, les jeux chorégraphiques et les Ballets du Languedoc Méditerranéen, p. 124.
  13. « Le Noble Jeu du Chevalet », sur Farandole Biterroise (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dansez la France, Monique Decitre, Dumas, Lyon, 1957.
  • Le Masque-Cheval et quelques autres animaux fantastiques, Jean Baumel, I.E.O- La grande revue, Paris, 1958.
  • Danse et Société, actes du colloque de Toulouse du 29 octobre 1988, Conservatoire Occitan, Toulouse, 1992.
  • Traditions en Pays de Montpellier, Serge Houiste, Sauramps éditions, Montpellier, 1989.
  • Le Cheval-jupon, cahiers d’ethnographie, Arnold Van Gennep, IEO, Toulouse, 1945.
  • Le noble jeu du Chevalet, Serge Boyer, in Totem d’Oc, musée du Biterrois, Béziers 2010.
  • Méthode de la danse, E. Giraudet, Paris, nd.
  • Dansar au Pais, Luciana Porte-Marrour, IEO, Avignon, 1983.
  • Les Danses populaires, les farandoles, les rondes, les jeux chorégraphiques et les ballets du Languedoc Méditerranéen, Jean Baumel, IEO, Paris, 1958.
  • Le folklore et la danse, Maurice Louis Alexis Louis, Editions D'Aujourd'hui, 1963, 405 pages.
  • Le grand atlas Traditions et artisanat de nos régions, collectif, Editions Atlas, 2002, 360 pages.
  • Dictionnaire des musiques et des danses traditionnelles de la Méditerranée, Christian Poché, Fayard, 2005, 409 pages.
  • La danse du chevalet, Jules Troubat, 1875.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]