Daniel Pearl — Wikipédia

Daniel Pearl
Image illustrative de l’article Daniel Pearl
Passeport de Daniel Pearl

Naissance
Princeton, Drapeau des États-Unis États-Unis
Décès (à 38 ans)
Karachi, Drapeau du Pakistan Pakistan
Historique
Presse écrite The Wall Street Journal

Daniel Pearl, né le à Princeton dans le New Jersey et mort le à Karachi, est un journaliste américain pris en otage et assassiné par des membres d'Al-Qaïda.

Au moment de son enlèvement, Pearl travaille pour le Wall Street Journal en tant que responsable du bureau de l’Asie du Sud basé à Bombay en Inde. Il est allé au Pakistan pour enquêter sur les liens supposés entre Richard Reid (surnommé le "shoe bomber") et Al-Qaïda. Il est décapité par ses ravisseurs[1],[2] après des demandes successives d'argent d'Al-Qaïda au gouvernement américain.

En , Ahmed Omar Saïd Cheikh, un Anglais d’origine pakistanaise, est condamné à mort pour l’enlèvement et l'assassinat de Pearl[3],[4]. Le , la Haute Cour de la province de Sindh ramène sa condamnation à sept ans de prison et donc ordonne de le libérer ainsi que trois de ses complices. Dès le lendemain, le gouvernement pakistanais annonce son intention de faire appel de cette décision et les quatre sont à nouveau arrêtés[5].

En , lors d’une audience militaire à huis clos au centre de détention de Guantanamo Bay à Cuba, Khalid Cheikh Mohammed déclare qu’il a lui-même décapité Daniel Pearl[6] mais cela n'est pas confirmé.

Biographie[modifier | modifier le code]

Pearl est né à Princeton dans le New Jersey et a grandi à Encino, dans le sud de la Californie. Son père, Judea Pearl, est professeur à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA). Daniel obtient une licence en communication de l’université Stanford en 1985. Après avoir travaillé pour divers journaux, il entre en 1990[7] au The Wall Street Journal et y travaille jusqu’à sa mort. Il devient correspondant à l’étranger en 1996, rencontre sa femme Mariane van Neyenhoff à Paris en 1998, avec laquelle il a un fils né quatre mois après sa mort[8]. Il est le chef du bureau pour l’Asie du Sud, basé à Mumbai en Inde lorsqu’il est enlevé.

Son enquête la plus notable couvre la guerre ethnique dans les Balkans, où il découvre que les accusations de génocide présumé commis au Kosovo ne sont pas fondées[9].

Assassinat[modifier | modifier le code]

Il se rend le au Pakistan pour mener une enquête sur Richard Reid, pour un séjour qui ne doit pas durer une semaine. Ce dernier a été arrêté puis condamné, pour avoir voulu faire sauter un avion avec une bombe dissimulée dans ses chaussures[10].

Le , alors qu’il doit interviewer le cheikh Mubarak Ali Gilani (en), un chef terroriste d'une secte islamique avec laquelle Reid était en relation, Pearl est enlevé près de l'hôtel Métropole, à Karachi, par des activistes du Mouvement national pour la restauration de la souveraineté pakistanaise, dirigé par le djihadiste Omar Sheikh. Ce groupe, qui entretient des contacts à la fois avec Al-Qaïda et avec l’ISI, prétend que Pearl est un espion et présente aux États-Unis plusieurs demandes dont la libération de plusieurs détenus pakistanais (emprisonnés dans le cadre de la Guerre contre le terrorisme), une rançon et la reprise de la vente de F-16 au gouvernement pakistanais[11].

Six jours plus tard, Pearl est égorgé puis décapité. Sur la vidéo de sa mort filmée par les ravisseurs et partiellement diffusée par CBS, on entend Daniel Pearl déclarer : « Mon père est juif. Ma mère est juive. Je suis juif. »[12]

Son corps est retrouvé le dans les environs de Karachi.

Suites judiciaires[modifier | modifier le code]

Le , Ahmed Omar Saeed Sheikh et trois autres suspects sont mis en examen pour meurtre dans l'affaire du kidnapping et du meurtre. Sheikh est condamné à mort le , trois autres inculpés sont emprisonnés. Le , Sheikh est absous de sa condamnation pour meurtre et la sentence est réduite à 7 ans de prison (déjà effectués)[13],[14]. Les trois autres condamnés devraient aussi être libérés. Toutefois, à la suite de l'appel par le gouvernement pakistanais, les quatre hommes sont maintenus en prison[5].

Le , un tribunal pakistanais ordonne la libération immédiate des quatre hommes accusés d'avoir orchestré l'enlèvement et le meurtre du journaliste américain Daniel Pearl en 2002, dont le principal suspect Ahmed Omar Saeed Sheikh, condamné à mort en première instance et dont la peine avait été commuée en . Le gouvernement pakistanais et les parents de Daniel Pearl font appel[15]. Le , la Cour suprême confirme l'acquittement des personnes accusées et ordonne leur libération[16]. Toutefois, le , la Cour suprême demande qu'Omar Sheikh soit placé en résidence surveillée 24 heures sur 24 dans un logement gouvernemental (rest house) qu'il ne sera pas autorisé à quitter mais où il pourra recevoir son épouse et ses enfants[17],[18]. Omar Sheikh est transféré en de Karachi à une rest-house située dans une prison de Lahore[19], où il restera au moins jusqu'au procès en appel[20].

Le Pearl Project[modifier | modifier le code]

De 2007 à 2011, Asra Nomani fonde et codirige avec Barbara Feinman Todd le Pearl Project, séminaire à destination des étudiants de la Georgetown University School of Continuing Studies (en) et la Walsh School of Foreign Service (en) de l'université de Georgetown, ayant pour thème l'enlèvement et le meurtre par décapitation de son ami Daniel Pearl par des islamistes pakistanais, alors qu'il était envoyé par le Wall Street Journal, en 2002, et de façon plus générale, le cas de personnes décédées sur le front du journalisme, les relations entre le monde musulman et la presse. Les différents travaux ont abouti à un rapport remis au Center for Public Integrity en 2011, qui a donné la création du prix Daniel Pearl[21],[22],[23],[24],[25],[26],[27],[28],[29],[30].

Hommages, postérité[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Musique[modifier | modifier le code]

Plusieurs œuvres musicales rendent hommage à Daniel Pearl :

  • Steve Reich, le compositeur américain de musique minimaliste a composé en 2006 une œuvre intitulée Daniel Variations.
  • Charles Aznavour rend hommage au journaliste dans sa chanson Un mort vivant (délit d’opinion)
  • Le compositeur américain Jonathan Berger a composé Eli Eli (in memory of Daniel Pearl) ; cette œuvre a été interprétée pour la première fois en 2002, à Stanford, lors du tout premier concert des Daniel Pearl Music Days.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • En , Mariane Pearl publie A Mighty Heart: the Brave Life and Death of My Husband Danny Pearl, traduit en français Un cœur invaincu : La vie et la mort courageuses de mon mari Daniel Pearl aux éditions Plon (ISBN 225919947X).
  • En , Bernard-Henri Lévy publie Qui a tué Daniel Pearl ? aux éditions Grasset. « C’est un best-seller », selon Le Parisien[31]. Le livre, sous le nom de « romanquête », mélange l'enquête et le roman (c'est-à-dire le journalisme et la littérature, au sens où l'entend son auteur), ce qui lui a valu d'être critiqué par des journalistes[32]. Cependant Ruth et Judea Pearl, les parents de Daniel Pearl, écrivent dans une réponse au Los Angeles Times, parue en octobre 2003, à propos de Bernard-Henri Lévy : « nous applaudissons son courage, sa sincérité et les risques personnels qu’il a pris en retraçant les pas et en produisant le premier livre d’investigation sur le meurtre de notre fils[33] ». Par ailleurs, la Fondation Daniel Pearl, créée par sa famille, a attribué en mai 2023 le prix Daniel-Pearl à Bernard-Henri Lévy, « pour son courage et son intégrité dans le journalisme[34] ».

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. On the Trail of Daniel Pearl
  2. Who killed Daniel Pearl?
  3. (en) « Profile: Omar Saeed Sheikh », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Online NewsHour Update: Pakistan Convicts Four Men in Pearl Murder - July 15, 2002
  5. a et b Salman Masood, « Pakistan Rearrests 4 Men in Daniel Pearl Case », sur The New York Times,
  6. (en) Mike Mount, « Khalid Sheikh Mohammed: I beheaded American reporter », sur CNN,
  7. (en) « Daniel Pearl Bio », sur Fondation Daniel Pearl
  8. (en) « Pearl Family Welcomes Newborn Son », sur Fondation Daniel Pearl,
  9. Daniel Pearl et Robert Block, « Despite Tales, the War in Kosovo Was Savage, but Wasn't Genocide », sur wsj.com,
  10. (en) Preston G. Smith, Encyclopedia of World Terrorism, M.E. Sharpe, , p. 594
  11. (en) K. Jaishankar, Natti Ronel, Global Criminology, CRC Press, , p. 27
  12. « Polémique sur la vidéo de Daniel Pearl », sur Libération,
  13. (en) Salman Masood, « Pakistani Court Overturns Conviction in 2002 Killing of Daniel Pearl », sur The New York Times,
  14. (en) Saeed Shah, « Pakistani court overturns murder conviction in killing of Wall Street Journal Reporter », sur Wall Street Journal,
  15. Agence Reuters, « Le Pakistan ordonne la libération des auteurs du meurtre de Daniel Pearl », sur Challenges,
  16. (en) « Pakistan frees man convicted of US journalist Daniel Pearl murder », sur Aljazeera,
  17. « Le principal suspect acquitté du meurtre de D. Pearl restera sous surveillance », sur The Times of Israel,
  18. (en) Haseeb Bhatti, « SC directs authorities to move Omar Sheikh from death cell to rest house », sur The Dawn,
  19. (en) « British-Pakistani terrorist Omar Sheikh shifted from Karachi to Lahore jail », sur The Indian Tmes,
  20. Aaron Reuch, « On This Day: Jewish journalist Daniel Pearl beheaded 20 years ago », sur The Jerusalem Post,
  21. (en-US) John Solomon, « Pearl Project analyzed network behind crime with software developed for intelligence agencies » Accès libre, sur Center for Public Integrity, (consulté le )
  22. (en-US) The Center for Public Integrity, « New details on kidnapping and murder of reporter Daniel Pearl » Accès libre, sur Center for Public Integrity, (consulté le )
  23. « GU Class to Investigate Murder of WSJ Reporter » [archive du ], Georgetown University (consulté le )
  24. (en-US) « Promoting mutual respect & understanding among diverse cultures through journalism, music, and dialogue » Accès libre, sur Daniel Pearl Foundation (consulté le )
  25. (en-US) Abigail Pesta, « The Women Who Chase Terrorists » Accès libre, sur Marie Claire Magazine (US), (consulté le )
  26. (en-US) « Project Pearl: The Bravest Class in Town » Accès libre, sur Marie Claire Magazine (US), Marie Claire, (consulté le )
  27. (en-US) « Daniel Pearl Awards winners announced », sur Center for Public Integrity (consulté le )
  28. (en-US) « Daniel Pearl Awards » Accès libre, sur The International Consortium of Investigative Journalists
  29. (en-US) « Daniel Pearl Award for Courage and Integrity in Journalism » Accès libre, sur Los Angeles Press Club (consulté le )
  30. (en-US) Augustine Anthony, « Study ties new al Qaeda chief to murder of journalist Pearl » Accès libre, sur Reuters, (consulté le )
  31. Le Parisien, Christophe Dubois, 27 octobre 2004, « L’affaire Pearl »[1]
  32. « Murder in Karachi »,
  33. Los Angeles Times, October, 2003, Pearl’s reply[2]
  34. Los Angeles Press Club, May 26, 2023 : « Bernard-Henri Lévy is the 2023 LA Press Club Daniel Pearl Awardee »[3]