Cunnilingus — Wikipédia

Femme pratiquant un cunnilingus sur une autre femme.

Le cunnilingus (ou cunnilinctus) est une pratique sexuelle orale qui consiste à stimuler les différentes parties de la vulve à l'aide de la langue, des lèvres ou du nez. Il est utilisé soit comme préliminaire, soit comme acte sexuel à part entière. Dans les deux cas il peut mener jusqu'à l'orgasme.

Étymologie et terminologie[modifier | modifier le code]

Le terme provient du latin cunnilinctus (de cunnus « vulve » et lingere « lécher »). Alors que le mot cunnilingus désigne en latin la personne qui se livre à l'opération, dans les langues modernes il désigne l'opération elle-même. Cette pratique est aussi désignée familièrement par les locutions suivantes : tarte au poil, faire minette, léchouille, broute-minou, brouter la pelouse, brouter le gazon[note 1], bouffer ou brouter la chatte ou la motte, brouter une moule, pratiquer une tyrolienne, descendre au barbu, descendre à la cave, gamahucher ou encore gougnotter[1].

Manger et se faire manger sont des expressions souvent utilisées au Québec et au Nouveau-Brunswick[2]. Les Haïtiens utilisent le terme ti-bœuf.

Description[modifier | modifier le code]

Cunnilingus sur une fresque d'un lupanar à Pompéi (IVe siècle av. J.-C.).

Le cunnilingus est une caresse bucco-génitale pouvant offrir à qui la reçoit une large gamme de sensations et pouvant mener jusqu'à l'orgasme, la sensibilité du clitoris, notamment, étant très importante[3]. L’utilisation de la salive ou de lubrifiant est courante et permet une stimulation douce et fluide[4].

« La femme a avantage à guider son partenaire pour ce qui est des mouvements, des pressions et du rythme qu'elle préfère[5]. »

Selon une étude réalisée[Où ?] en 2006 (enquête CSF[Quoi ?]), 85 % des hommes et des femmes ont déjà expérimenté le cunnilingus[6].

Pratiques et variantes[modifier | modifier le code]

Le cunnilingus se pratique dans différentes positions sexuelles ; que ce soit debout, couché, assis, de dos, de face, de côtés, ou encore en position 69[7]. L'autocunnilingus [8] requiert un degré élevé de flexibilité que seuls les contorsionnistes peuvent atteindre [9],[10],[11],[12]. L'autocunnilingus n'a pas été documenté de façon fiable en recherche[13]. Cependant, cette pratique a été rapportée comme étant un fantasme auto-destructif[14].

Risques[modifier | modifier le code]

Un carré de latex.

Bien que la fellation soit une pratique sexuelle plus à risque que le cunnilingus, celui-ci n'est pas sans danger, principalement pour la personne qui l'administre[15]. Cette pratique peut transmettre la plupart des maladies sexuellement transmissibles, comme l'herpès ou la verrue génitale. Le risque de transmission du sida est en revanche très faible[16],[17], pouvant survenir, par exemple, en cas de saignements chez les deux partenaires. Il est possible contre les risques de MST d'utiliser un carré de latex, comme la digue dentaire ou une protection fabriquée à partir d'un préservatif masculin[18],[19],[20]. Il est aussi possible de trouver des produits spécialement destinés au cunnilingus. Il est recommandé d’appliquer un lubrifiant à base d’eau sur la vulve avant d’y poser le carré en latex.

Cette pratique semble également favoriser le cancer buccopharyngé à cause de la transmission des HPV et particulièrement du HPV-16[21].

Signification culturelle[modifier | modifier le code]

Illustration de Paul Avril.

Depuis l’origine de la sexologie et jusqu’à la révolution sexuelle, le cunnilingus était considéré comme une perversion de l’instinct sexuel, « instinct » qui « normalement » ne devait produire que des activités sexuelles permettant la reproduction. En 1952, le cunnilingus — avec la masturbation et la fellation — faisait partie des comportements pathologiques dans la première édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux[5].

En Occident, sous l'Empire romain, le cunnilingus était déprécié car il était considéré comme une soumission de l'homme envers la femme[22]. Preuve de cette condamnation morale, Suétone impute cette pratique aux empereurs Tibère et Néron dans l'inventaire des turpitudes sexuelles qu'il leur attribue[23],[24].

Bien que tabou dans la société occidentale jusque récemment, le cunnilingus a une place importante dans le taoïsme chinois. Ainsi, celui-ci considère que les fluides corporels sont des fluides vitaux, que les perdre engendre un amoindrissement de la vitalité et que, a contrario, les ingérer permet de recouvrer de cette vitalité, du qi. Cette facette du taoïsme est parfois nommée cyprinologie. Il est compliqué de tracer toutefois l'origine du terme.

« La Grande Médecine des Trois Sommets se trouve dans le corps féminin et se compose de trois sucs ou essences : l’un qui vient de la bouche de la femme, un autre de ses seins et le troisième, le plus puissant, de la Grotte du Tigre Blanc, qui se trouve au pied du Sommet du Champignon Pourpre (le mont de Vénus). »

— Octavio Paz, Conjonctions et disjonctions[25]

Selon Philip Rawson, ces métaphores mi-poétiques mi-médicinales expliquent la popularité du cunnilingus chez les Chinois :

« La pratique était une excellente méthode pour boire le fluide féminin précieux[25]. »

Mais, idéalement, dans le taoïsme, l’homme n’est pas le seul à tirer profit de cette pratique, la femme bénéficiant également de l’échange de fluides. En mélangeant les liquides mâles et femelles, le taoïste vise à réconcilier les opposés et à renouer avec le temps mythique qui existait avant la séparation des sexes, c'est-à-dire la période primordiale du qi initial. Pour le sinologue Kristofer Schipper, les textes taoïstes sur l'« art de la chambre à coucher » décrivent une « sorte de vampirisme amélioré ». On prétend que l'impératrice Wu Zetian (VIIe siècle) imposait cette pratique aux visiteurs étrangers qui se présentaient à sa cour.

L’historien des religions Mircea Eliade parle d'un désir semblable de dépasser la vieillesse et la mort, et accéder à un état de Nirvâna, dans la pratique hindoue du yoga tantrique.

Dans les lettres de Napoléon Bonaparte à sa femme, Joséphine de Beauharnais, des passages font allusion au cunnilingus :

« Un baiser plus bas, plus bas que le sein. […] Tu sais bien que je n'oublie pas les petites visites ; tu sais bien, la petite forêt noire. Je lui donne mille baisers et j'attends avec impatience le moment d'y être[26]. »

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Musique[modifier | modifier le code]

Plusieurs chansons font plus ou moins directement référence à cette pratique sexuelle :

Cinéma[modifier | modifier le code]

Dans les films[modifier | modifier le code]

Les acteurs cités forment le couple de la scène sexuelle.

Affiches de films[modifier | modifier le code]

Plusieurs affiches de films font explicitement référence au cunnilingus :

Jeux[modifier | modifier le code]

Dans le code couleur du jeu des bracelets du sexe, le rose clair correspond au cunnilingus que le garçon doit pratiquer.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Présent dans le film Gazon maudit, 1995.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Gougnotter (se -), gougnioter (se -) ou gougniotter (se -) : relation sexuelle entre deux femmes ; se dit de deux lesbiennes qui font l'amour (d'après Le Dictionnaire d'argot et du français familier de languefrançaise.net.)
  2. CATIE. Le sexe oral. En ligne
  3. (en) MASTERS William, JOHNSON Virginia. Human sexual response, Bantam Books 1980.
  4. « Cunnilingus: comment se pratique ?? », sur pathol08.com
  5. a et b (fr) Langis P., Germain B., La Sexualité humaine, De Boeck, 2010.
  6. Enquête sur le « Contexte de la sexualité en France ».
  7. The Cosmopolitan. “20 Oral Sex Positions You Need in Your Life: Your oral upgrade is right this way”. by THE EDITORS and JILL HAMILTON. APR 16, 2019 En ligne.
  8. "autocunnilingus", The Complete Dictionary of Sexology, expanded ed., ed. Robert T. Francoeur et al., New York: Continuum, 1995 (ISBN 9780826406729), p. 49.
  9. "Schlangenfrau gesucht" - "Sought: snake-woman", Mario Günther-Bruns, Sexgott: 1.000 Tabubrüche, Diana 60223, Munich: Heyne, 2013 (ISBN 9783453602236), n.p.
  10. Eva Christina, The Book of Kink: Sex Beyond the Missionary, New York: Perigee, 2011 (ISBN 978-0-399-53694-6) (OCLC 706018293), n. p.
  11. Jesse Bering, "So Close, and Yet So Far Away: The Contorted History of Autofellatio", in Why Is the Penis Shaped Like That?: And Other Reflections on Being Human, New York: Scientific American / Farrar, Straus, Giroux, 2012 (ISBN 9780374532925), pp. 11–16, p. 16.
  12. Drawing, Art of Love: Nearly 100 Sex Positions and Wealth of Illustrated Material from Foreplay to Anatomy, e-book, Mobilereference.com, 2007 (ISBN 9781605011172), n.p.
  13. William Guy and Michael H. P. Finn, "A Review of Autofellatio: A Psychological Study of Two New Cases", Psychoanalytic Review 41 (1954) 354–58.
  14. Fear of Being Fat: The Treatment of Anorexia Nervosa and Bulimia, ed. C. Philip Wilson with Charles C. Hogan and Ira L. Mintz, Classical psychoanalysis and its applications, New York: Aronson, 1983 (ISBN 9780876684801), p. 145.
  15. La Presse. Les risques du sexe oral, 02 juin 2016, par Alexandre Vigneault En ligne
  16. « Rapports oraux-génitaux », sur sidaweb.com
  17. « Transmission du VIH : cunilingus, anulingus, etc. », sur sida-info-service.org, .
  18. « Cunnilingus et SIDA : y a-t-il un risque ? », sur futura-sciences.com, .
  19. « Quels risques pour quel rapport sexuel ? Le cunnilingus », sur pils.mu.
  20. « Se protéger des IST grâce aux digues dentaires (carrés de latex) », sur lecrips.net.
  21. « Prevalence of Oral HPV Infection in the United States », 2009-2010, Maura L. Gillison et al.
  22. France 5 : Les maternelles - Histoire (Les premiers pas de la sexualité, de la Préhistoire à l'Antiquité)
  23. « NÉRON, XXIX, 1 », sur bcs.fltr.ucl.ac.be (consulté le )
  24. Suétone, Vie de Tibère, 45.
  25. a et b Octavio Paz (trad. de l'espagnol par Robert Marrast), Conjonctions et disjonctions, Paris, Gallimard, coll. « Les Essais », , 173 p. (ISBN 2-07-028015-2), « L’Ordre et l’Accident », p. 111.
  26. Napoléon Bonaparte : Lettres de Napoléon à Joséphine

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]