Culture de la Moldavie — Wikipédia

La culture de la Moldavie, pays enclavé d'Europe du Sud-Est, désigne d'abord les pratiques culturelles observables de ses habitants (3 500 000, estimation 2017). Dans l'État de la République de Moldavie, se croisent, entre autres, la culture latine de Moldavie et la culture slave en Moldavie. Pour la culture de la Moldavie roumaine, voir l'article Culture de la Roumanie.

Costumes traditionnels moldaves à Chișinău.

De jure, si les Moldaves (quelle que soit leur appartenance linguistique et culturelle) s'en tenaient à une stricte interprétation de l'article 13 de la constitution de leur république, la « culture moldave » ne devrait concerner que les autochtones de la Bessarabie et de l'actuelle république, à l'exclusion de tout autre. Mais, les législateurs le savent, la culture est un phénomène difficile à encadrer juridiquement, elle ne cesse d'échanger, d'innover, de se réinventer.

Ainsi, de facto, la culture moldave inclut :

Tradition est-européenne pré-chrétienne, le Mărțișor s'offre aux dames le 1er mars (début traditionnel du printemps) ou le 8 mars (jour des droits de la femme).

Histoire[modifier | modifier le code]

La culture traditionnelle moldave puise à trois racines principales[1] :

  • les racines latines qui sont présentes dans la langue romane et dans la construction identitaire de la nation moldave ;
  • les racines rurales et pastorales, héritées des ancêtres Daces latinisés, toujours très présentes dans la société actuelle et qui ont longtemps été magnifiées par la culture savante, sous tous les régimes, même soviétique ;
  • les racines orientales, partagées les cultures voisines roumaine et ukrainienne, qui se manifestent par la religion chrétienne orthodoxe, l'héritage byzantin et slave présent dans l'architecture ancienne et l'écriture médiévale, la cuisine, de nombreuses coutumes, les rythmes de vie, la structure sociale.

À cette culture traditionnelle se sont ajoutées, à partir du début du XIXe siècle, trois importantes influences :

  • la russe, venue à partir de 1812 lorsque le pays a été annexé par l'empire des Tzars, et qui s'est manifestée de deux manières : l'une perçue par les Moldaves comme positive avec les échanges littéraires, musicaux ou philosophiques, et l'autre de manière très négative, avec la russification (la langue locale étant interdite dans l'administration en 1828, dans les écoles en 1866 et dans les cultes en 1871[2]) ;
  • l'attraction et finalement la fascination de la culture savante occidentale, influence liée à l'essor de la littérature, des arts, des sciences et des techniques des deux derniers siècles, et fascination que le demi-siècle de dictatures se succédant durant la seconde moitié du XXe siècle n'a fait qu'exacerber, en tentant de la juguler ;
  • la soviétique qui tout en tolérant l'usage et l'enseignement de la langue autochtone au niveau local, a repris et amplifié la russification (notamment de l'écriture, de la toponymie, de la littérature et de l'histoire officielle) tout en y ajoutant les modèles et les obligations du régime communiste (culte du prolétariat, style du « réalisme socialiste », hymnes et odes emphatiques…).

Aujourd'hui, la culture traditionnelle et la culture savante sont toujours là, mais à côté se développent plusieurs formes nouvelles de culture populaire, comme dans d'autres pays, certaines puisant aux racines anciennes, d'autres d'inspiration complètement différente (par exemple, les Roms développent des styles architecturaux et musicaux propres qui puisent tant du côté de leurs propres traditions que du côté de Bollywood, du rap, du hip-hop et du raï, et ces styles diffusent largement au-delà de leur communauté).

Enfin, alors que durant un demi-siècle de dictatures et de pénurie les Moldaves n'ont eu le droit de se plaindre de rien et ont dû afficher une unanime camaraderie, depuis l'indépendance ils ne cessent, à travers le média, de se plaindre de tout, et cette liberté fait désormais partie inhérente de la culture moldave.

Langues, peuples, cultures[modifier | modifier le code]

Langues[modifier | modifier le code]

L'exception linguistique[modifier | modifier le code]

La latinité des Moldaves était un cas unique dans l'ancienne Union soviétique. Sa tradition viticole aussi. Cela formait aux yeux des Soviétique l'image originale d'un « pays un peu italien » au sein de l'Union, qui elle, était à dominante slave. Quoi qu'il en soit, la Moldavie se situe bien au carrefour de l'Europe orientale à laquelle elle appartient par sa situation géographique, de l'Europe centrale à laquelle elle appartient par l'influence hongroise médiévale (Chişinău signifie « petite source » : Kis-Jenő en magyar, Orhei « ville fortifiée » : Várhély), et surtout des Balkans, c'est-à-dire de l'Europe méridionale, à laquelle elle appartient par sa langue romane, sa cuisine, son folklore, son histoire et ses traditions. Par ailleurs, depuis l'époque des "Lumières", la Moldavie a subi une très forte influence occidentale et notamment française, combattue, à l'époque où le pays fut une partie de l'Empire russe (1812-1917) par les partisans de l'« autochtonisme orthodoxe » et du panslavisme. À peu près 8 % de la population roumanophone comprend et parle le français, et le pays fait partie de l'Organisation internationale de la francophonie. Avant 1989, à peu près tous les Moldaves ayant dépassé l'école primaire, comprenaient et parlaient le français, en partie grâce à l'héritage latin commun aux deux langues, mais surtout grâce à la francophilie héritée de l'influence des Lumières au XVIIIe siècle, qui entretenait en Moldavie l'image d'une France idéalisée et tutélaire.

Après leur indépendance en 1991, les Moldaves découvrent la France réelle, qui ignore souvent jusqu'à leur existence et aux yeux de laquelle leur pays, lorsqu'il est connu, n'est plus une « petite sœur des Balkans », mais une sorte de Syldavie[3] quelque peu sordide (le conflit avec la Russie de 1992 et l'expatriation des jeunes femmes Moldaves trompées par des délinquants sans scrupules occupent l'espace médiatique). Une Syldavie suspecte, qui plus est de fascisme, de xénophobie et d'antisémitisme atavique[4]. Mortifiés par cette image de leur pays en France, de nombreux Moldaves se tournent vers d'autres horizons culturels, et le français est depuis lors en perte de vitesse. De plus, auprès de jeunes, l'omniprésence de l'anglais, notamment dans le monde économique, et l'absence des productions en français à la télévision jouent un rôle tout aussi important.

Malgré tout, les médias français conservent des antennes en Moldavie, comme l'Alliance française de Chișinău[5].

Peuples[modifier | modifier le code]

Traditions[modifier | modifier le code]

Religion[modifier | modifier le code]

Monastère orthodoxe de Căpriana.

Près de 98 % des habitants de la Moldavie, toutes origines confondues, se disent de tradition orthodoxe, et 1 % juive. Mais la pratique est faible, sauf pour les fêtes traditionnelles. Deux Églises, la roumaine et la russe, quadrillent le territoire : les évêques et les popes peuvent être dans l'obédience de l'une ou de l'autre (et certains changent parfois d'obédience). La tradition orthodoxe moldave, comme la grecque, a une forte composante monastique. De grands monastères, ruinés à l'époque soviétique et aujourd'hui restaurés, ont été avant 1940 à la fois de riches propriétaires terriens, des grands crus vinicoles, des bibliothèques et des écoles, notamment ceux de Butuceni, Căpriana ou Rudi. Comme dans les pays voisins, l'Église orthodoxe a fait un retour en force depuis la chute du communisme, avec des émissions à la radio et la télévision, des cours de religion à l'école publique et des tarifs fort élevés pour les baptêmes, les mariages et les funérailles religieuses. C'est pourquoi le clergé est l'objet de nombreux sarcasmes (l'une des blagues les plus en vogue est que les trois principales qualités pour être pope sont « d'avoir une belle voix, de savoir bien compter et de ne pas craindre Dieu »). Un mouvement religieux orthodoxe alternatif s'est développé en retour : celui de pravoslavnici (ou « croyants sincères »).

Symboles[modifier | modifier le code]

Folklore et Mythologie[modifier | modifier le code]

Fêtes[modifier | modifier le code]

Exemples d'œufs de Pâques peints et décorés.
Jour de l'indépendance, 2016.
Date Nom français Nom local Remarques
1er janvier Jour de l'An Anul Nou
8 mars Journée internationale des droits de la Femme Ziua internatională a femeii
20 mars31 mars Journées de la francophonie en Moldavie Zilele francofoniei în Republica Moldova
Pâques Pastele En conformité avec calendrier orthodoxe
1er mai Fête du travail Ziua internatională a muncii
9 mai Victoire 1945 Ziua victoriei Fin de la Seconde Guerre mondiale
27 août Jour de l'indépendance 1991 Ziua independenței Fête nationale
31 août Jour de notre langue Sărbătoarea « Limba noastră » Restauration de l'alphabet latin, 1989
13 octobre et 14 octobre Journée de la ville Hramul oraşului Chişinău
25 décembre et 7 janvier Noël orthodoxe Crăciun

Société[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

  • Genre
  • Femmes
  • Naissance
  • Noms
  • Enfance
  • Jeunesse
  • Sexualité
  • Union maritale
  • Emploi
  • Vieillesse
  • Mort
  • Funérailles

Éducation[modifier | modifier le code]

État[modifier | modifier le code]

Droit[modifier | modifier le code]


Divers[modifier | modifier le code]

Arts de la table[modifier | modifier le code]

Plat moldave populaire Sarmale (rouleaux de chou farci), avec sauerkraut et mămăligă
Mămăligă

Cuisine(s)[modifier | modifier le code]

Boisson(s)[modifier | modifier le code]

Santé[modifier | modifier le code]

Sports[modifier | modifier le code]

Arts martiaux[modifier | modifier le code]

  • Arts martiaux en Moldavie

Littérature[modifier | modifier le code]

Mihai Eminescu

Artisanats[modifier | modifier le code]

Design[modifier | modifier le code]

Textiles, cuir, papier[modifier | modifier le code]

Poterie, céramique, faïence[modifier | modifier le code]

Média[modifier | modifier le code]

Presse écrite[modifier | modifier le code]

Radio[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Internet (.md)[modifier | modifier le code]

Arts visuels[modifier | modifier le code]

Dessin[modifier | modifier le code]

Peinture[modifier | modifier le code]

Sculpture[modifier | modifier le code]

Architecture[modifier | modifier le code]

Photographie[modifier | modifier le code]

Graphisme[modifier | modifier le code]

Arts du spectacle[modifier | modifier le code]

Musique(s)[modifier | modifier le code]

Cristina Scarlat au Concours Eurovision de la chanson 2014

La musique moldave est une douce et agréable alchimie entre les différentes cultures qui l'ont influencée. Ainsi la musique grecque, hongroise, slave, turque et occidentale se retrouvent dans les chansons, que celles-ci soient anciennes ou récentes. Inversement, la musique moldave a influencé celle des maîtres du pays, et on la retrouve chez des compositeurs russes comme Tchaïkovski.

La musique traditionnelle, encore très présente en Moldavie, comporte deux styles :

  • la musique populaire, dite folklorique, faite de chansons, de danses, de musiques festives ;
  • les colinde, à thème religieux ou historique, invocations, souhaits, prières, mais qui restent laïques, et très différentes de la musique religieuse, savante et byzantine.

Danse(s)[modifier | modifier le code]

Le capitale comporte une troupe de ballet[8], mais il existe aussi des troupes pratiquant les danses populaires comme l'« Alunel » ou la « Hora »…

Théâtre[modifier | modifier le code]

Autres scènes : marionnettes, mime, pantomime, prestidigitation[modifier | modifier le code]

Les arts mineurs de scène, arts de la rue, arts forains, cirque, théâtre de rue, spectacles de rue, arts pluridisciplinaires, performances manquent encore de documentation pour le pays…

Pour le domaine de la marionnette, la référence est : Arts de la marionnette en Moldavie, sur le site de l'Union internationale de la marionnette UNIMA).

Cinéma[modifier | modifier le code]

Principaux metteurs en scène moldaves[modifier | modifier le code]

  • Vadim Derbenev (1934) : Voyage en avril (1962), Le Dernier Mois de l'automne (1965), Les Chevaliers des rêves (1968), La Ballerine (1969), Spartacus (1974), Ivan le Terrible (1977)
  • Valeriu Gagiu (1938-2010) : Grains amers (1966), Dix hivers en un seul été (1969), L'Explosion à retardement (1970), Le Dernier Haïdouk (1972), La Longueur du jour (1974), Sur la trace du loup (1976), Un homme à vos côtés (1977), Où es-tu l'amour ? (1980)
  • Alexandre Gordon (1931-) : La Dernière Nuit au paradis (1964), Sergueï Lazo (1967)
  • Mikhaïl Kalik (1927) : L'Ataman Kodr (1958), Berceuse (1960), Le garçon va vers le soleil (1961), Au revoir les garçons (1965), Aimer (1968)
  • Emil Loteanu (1936-2003) : Attendez-nous à l'aube (1963), Les Clairières rouges (1965), Cet instant-là (1968), Les Leoutars (1971), Les Tsiganes montent au ciel (1976), Un accident de chasse (1978)
  • Vadim Lyssenko (1933) : Derrière la ville (1960), L'Envol des cigognes (1964), Grains amers (1966), La dernière année de l'aigle (1977)
  • Vasile Pascaru (1937) : Marianna (1967), Cette nuit-là.... (1969), Le Risque (1970), La Tempête rouge (1971), Les Ponts (1972), Les hommes grisonnent vite (1974), Personne à ta place (1976), La Grande Petite Guerre (1980)

Autres[modifier | modifier le code]

Tourisme[modifier | modifier le code]

Patrimoine[modifier | modifier le code]

Monuments historiques[modifier | modifier le code]

Musées[modifier | modifier le code]

Liste du Patrimoine mondial[modifier | modifier le code]

Le programme Patrimoine mondial (UNESCO, 1971) a inscrit :

Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité[modifier | modifier le code]

Le programme Patrimoine culturel immatériel (UNESCO, 2003) a inscrit dans sa liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

  • le Colindă de groupe d’hommes, rituel de Noël (Moldavie)[9],
  • 2016 : l’artisanat traditionnel du tapis mural en Roumanie et en République de Moldova[10],
  • 2017 : les pratiques culturelles associées au 1er mars[11], (Bulgarie, ex-République yougoslave de Macédoine, République de Moldova et Roumanie).

Registre international Mémoire du monde[modifier | modifier le code]

Le programme Mémoire du monde (UNESCO, 1992) a inscrit dans son registre international Mémoire du monde (au 10/01/2016) : aucun document.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Andrei Brezianu et Vlad Spânu, The A to Z of Moldova, Scarecrow Press, Lanham, Md, 2010, 498 p. (ISBN 9780810872110)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  • (en) Moldova (Countries and their Cultures)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sources du paragraphe Histoire: Culture et civilisation ancienne en Moldavie, Andrei Eșanu, Culture et civilisation ancienne en Moldavie, éd. ARC, Chișinău, 1996, (ISBN 9975-928-06-4) et Cuisine traditionnelle et artisanat des terroirs moldaves, site du club de randonnée AETMA
  2. Heitmann, K.: Moldauisch, in Holtus, G., Metzeltin, M. et Schmitt, C. (eds), Lexicon der Romanschinen Linguistik, Tübingen, 1989, vol. 3. 508-21.
  3. Hergé, Le Sceptre d'Ottokar, série Tintin, Casterman
  4. Par exemple à la suite de la publication en Moldavie par Paul Goma de la Semaine rouge (dernière édition : « Museum », Chișinău, 2003) et des critiques suscitées par l'ouvrage - sur : Paul Goma et Norman Manea : le témoignage littéraire dans l'engrenage de la concurrence mémorielle, par Nicolas Trifon.
  5. Voir sur [1] et sur [2].
  6. Arkady Joukovsky, « Relations culturelles entre l'Ukraine et la Moldavie au XVIIe siècle », Revue des études slaves, no 49,‎ , p. 217-230 (lire en ligne, consulté le ).
  7. https://archive.wikiwix.com/cache/20180517140702/http://www.bulac.fr/les-collections-en-ligne/selection-par-aire-geolinguistique/europe-balkanique-centrale-et-orientale/.
  8. Teatrul National de Opera si Balet « Maria Bieşu » sur
  9. « UNESCO - Le colindat de groupe d’hommes, rituel de Noël », sur unesco.org (consulté le ).
  10. « UNESCO - L’artisanat traditionnel du tapis mural en Roumanie et en République de Moldova », sur unesco.org (consulté le ).
  11. « UNESCO - Les pratiques culturelles associées au 1er Mars », sur unesco.org (consulté le ).