Consolidated PBY Catalina — Wikipédia

Consolidated PBY Catalina
Vue de l'avion.

Constructeur Consolidated Aircraft Corporation
Rôle Hydravion de patrouille, de bombardement et de sauvetage de pilotes
Statut En service comme bombardier d'eau
Premier vol
Mise en service
Date de retrait dans la réserve de l'US Navy
Coût unitaire 90 000 USd
Nombre construits 3 305 (toutes versions)
Équipage
9 (pilote, copilote, ingénieur de vol, opérateur radio, mécanicien, navigateur, 3 mitrailleurs (tourelle avant, 2 sabord)
Motorisation
Moteur Pratt & Whitney R-1830
Nombre 2
Type Moteur en étoile
Puissance unitaire 1 200 ch
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 31,70 m
Longueur 19,46 m
Hauteur 6,15 m
Surface alaire 130 m2
Masses
À vide 9 485 kg
Avec armement 16 065 kg
Performances
Vitesse maximale 314 km/h
Plafond 4 000 m
Vitesse ascensionnelle 318 m/min
Rayon d'action 4 030 km
Armement
Interne 2 mitrailleuses Browning 1919 de 7,62 mm dans le nez
1 Browning M2 de 12,7 mm à l'avant
1 Browning 1919 de 7,62 mm à l'arrière, 2 canon de 20 mm dans le nez
Externe 906 kg de bombes et 2 torpilles ou grenades anti-sous marines

Le Consolidated PBY Catalina est un hydravion militaire conçu dans les années 1930 aux États-Unis. Il est largement utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, tant par l'armée américaine que par celle d'autres pays alliés, effectuant des missions très diverses (lutte anti-sous-marine, escorte de convois, sauvetage en mer, etc.).

Très fiable et capable de parcourir de grandes distances, le Catalina a été construit à environ 4 000 exemplaires, dont une partie au Canada et en URSS. Il a été utilisé par plus de 25 pays différents, y compris comme avion de transport civil. 24 exemplaires sont encore en état de vol[Quand ?], employés comme bombardiers d'eau dans le cadre de la lutte contre les feux de forêt. D'autres ont été restaurés et sont maintenus en état de vol par diverses associations.

La désignation initiale de l'avion était simplement PBY, avec « PB » pour « Patrol Bomber » (patrouilleur, bombardier), « Y » étant la désignation de Consolidated, son constructeur. Il fut surnommé Catalina par les Britanniques[1], en référence à l'Île Santa Catalina en Californie pour respecter leur système de désignation des avions. Les avions fabriqués au Canada étaient eux désignés Canso.

Historique[modifier | modifier le code]

En 1933, l'US Navy émet un appel d'offres pour un hydravion ayant une autonomie de 4 800 km et une vitesse de croisière de 160 km/h. Deux projets sont retenus : le XP3D-1 de la firme Douglas et le XP3Y-1 de Consolidated (Model 28), qui avait déjà produit deux appareils de ce type (le Model 16 Commodore civil et le Model 22 Ranger militaire). Le premier prototype du Catalina fait son vol inaugural le [2] à Norfolk (Virginie). Lors des vols d'essais, l'avion relie Norfolk au canal de Panama puis, de là, rejoint San Francisco, démontrant ses capacités.

Le XP2Y-1 présente plusieurs innovations : une aile parasol avec deux renforts de chaque côté en faisant une aile cantilever. Les flotteurs de stabilisation se rétractent pour constituer les saumons de bout d'aile, selon un brevet de la société Saunders-Roe. La coque se compose de deux parties principales comme celle du P2Y. Mais la queue cantilever cruciforme donne de meilleures performances que la double dérive. Un grand dôme d'observation de chaque côté de l'avion facilite les patrouilles maritimes.

Un certain nombre de modifications sont apportés au XP3Y-1, notamment l'installation de moteurs plus puissants et une nouvelle dérive, l'avion modifié recevant la désignation XPBY-1. Il fait son premier vol le et, quelques mois plus tard, Consolidated commence à livrer les soixante exemplaires de cette version initiale. D'autres commandes sont reçues de l'US Navy, correspondant aux versions PBY-2, PBY-3 et PBY-4 qui diffèrent principalement du PBY-1 par une motorisation de plus en plus puissante.

Engagements[modifier | modifier le code]

Le Catalina est initialement conçu comme un patrouilleur-bombardier, un avion avec long rayon d'action capable de localiser et d'attaquer des navires de transport ennemis afin de rompre les lignes de ravitaillement ennemies. Il peut être armé de bombes, de torpilles ou de charges de profondeur pour la lutte anti-sous-marine.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Les Catalina américains, canadiens et britanniques assurent la protection anti-sous-marine des convois de bateaux traversant l'Atlantique vers la Grande-Bretagne ou vers Mourmansk en U.R.S.S. Malgré l'armement anti-aérien des sous-marins, ils en coulent à eux tout seuls une trentaine (dont le U-156, le U-164, le U-197, etc.) plus quelques autres en collaboration avec d'autres moyens anti-sous-marins[3].

Un Catalina brésilien coule le U-199 dans les eaux territoriales brésiliennes le [4].

C'est un Catalina de la Royal Air Force qui, le , retrouve le cuirassé allemand Bismarck qui s'était échappé après avoir coulé le HMS Hood, fierté de la marine britannique[5].

C'est un Catalina de l’Aviation royale canadienne qui détecte les porte-avions japonais approchant de Ceylan le et fait échouer l'attaque contre la flotte britannique de l'océan Indien.

C'est un Catalina de l'US Navy qui, le , repère la flotte japonaise s'approchant de Midway et permet ainsi de lancer la première attaque aérienne de la bataille de Midway[6].

Un Catalina et son équipage.

Pendant la guerre dans le Pacifique, les Catalina de plusieurs escadres ont été modifiés pour pouvoir opérer de nuit. Équipés de détecteurs d'anomalies magnétiques, peints en noir, ces Catalina (surnommés les Black Cats en référence à leur peinture), attaquent les convois de ravitaillement japonais la nuit. Dans ce rôle, ils coulent 112 700 tonnes de bateaux marchands, en endommagent 47 000 tonnes et endommagent 10 navires de guerre[7].

La Royal Australian Air Force (RAAF) utilise aussi des Catalina pour des raids nocturnes de mouillage de mines le dans les eaux japonaises. Et notamment dans le port de Balikpapan fournissant du pétrole au Japon. Fin 1944, ils mouillent aussi des mines dans la baie de Manille pour faciliter la reconquête des Philippines par le général Mac Arthur. Ils réalisent aussi des raids contre des ports de la côte chinoise et la base japonaise importante de Rabaul.

Les Catalina réalisent de nombreuses missions de sauvetage en mer. C'est un Catalina qui sauve 56 marins du croiseur USS Indianapolis coulé en pleine mer par un sous-marin japonais au retour de sa mission de livraison de la première bombe atomique. Quand il n'y a plus de place dans l'avion, l'équipage attache des marins sur les ailes de l'hydravion pour pouvoir les sauver.

Autres conflits[modifier | modifier le code]

À la fin de la guerre, les Catalina purement hydravions sont retirés du service, mais les versions amphibies sont conservées quelques années. Le dernier Catalina, un PBY-6A, appartenant à l'U.S. Navy de réserve, est retiré du service le [8].

Le , trois Catalina de la marine argentine participent au bombardement de la place de Mai à Buenos Aires, en prélude de la Révolution libératrice[9].

De nombreux Catalina restent en service jusque la fin des années 1960 dans de plus petites forces aériennes, notamment dans l'armée de l'air brésilienne où ils sont utilisés jusqu'à 1982 à partir de Belém pour des transports militaires le long de l'Amazone dans des régions éloignées et difficiles d'accès.

La France engage ses Catalina pendant la guerre d'Indochine[10] puis la guerre d'Algérie.

Usages civils[modifier | modifier le code]

Usages commerciaux[modifier | modifier le code]

The Double Sunrise[modifier | modifier le code]

Catalina Double Sunrise sur la base de Nedlands en Australie en 1943.
Le diplôme du "Secret Order of the Double Sunrise".

The Double Sunrise (Le double lever de soleil) (en) était un service de vols commerciaux établi du au entre l'Australie et Sri Lanka après la coupure des lignes aériennes à la suite de la prise de Singapour par les Japonais en 1942.

Du personnel de l'armée de l'air australienne fut sollicité pour piloter des Catalina pour le compte de la compagnie aérienne Qantas. Les vols partaient de Nedlands, Crawley ou Pelican Point sur le fleuve Swan à proximité de Perth sur la côte ouest de l'Australie. Ils reliaient la base de la Royal Air Force à Koggala près de Galle située tout au sud de l'île de Ceylan, maintenant Sri Lanka, sur une distance de 6 480 km. Ultérieurement, la ligne fut prolongée jusqu'à Karachi au Pakistan.

Ces vols furent les plus longs (pas en distance, mais en durée) de l'aviation commerciale : de 27 à 33 heures. De ce fait, comme les passagers pouvaient voir deux fois le soleil se lever, ces vols étaient appelés The Double Sunrise[11]. Ces vols devaient respecter le silence radio pour éviter d'attirer des avions japonais. Pour naviguer, ils ne disposaient que d'un compas et de l'observation des étoiles[12],[11].

L'horaire de départ était déterminé afin de survoler de nuit les territoires occupés par les japonais. Le trajet longeait la côte ouest de Crawley à Exmouth, puis obliquait vers les Îles Cocos ou l'île Christmas, sans cependant les apercevoir. Après le succès des premiers vols, le service devint hebdomadaire.

La charge utile était faible : 500 kg ou trois passagers avec au plus 65 kg de bagages ou de courrier[13]. Tous les équipements non essentiels, tels que ceux de dégivrage ou de chauffage avaient été démontés (alors que la température extérieure descendait à −14 °C et que l'avion est mal isolé). Cependant, le poids au décollage était de 15 900 à 16 000 kg, proche du poids maximum au décollage de 16 100 kg. Il emportait 7 500 l de carburant. 271 traversées furent réalisées, transportant 860 passagers et 4 500 kg de courrier. À l'issue du vol, les passagers recevaient le diplôme du Secret Order of the Double Sunrise.

En juillet 1945, les Catalina furent remplacés par des Consolidated B-24 Liberator plus grands et plus confortables. Malgré la difficulté de ces vols, aucun Catalina ne fut perdu.

Autres usages civils[modifier | modifier le code]

Le Catalina suédois abattu par les soviétiques en 1952.

Les Catalinas furent utilisés pendant longtemps après la guerre pour des missions de sauvetage en mer et de bombardier d'eau.

Le Commandant Cousteau utilisa un PBY-6A (N101CS) pour ravitailler ses expéditions. Son second fils, Philippe, fut tué dans un accident à bord de cet avion sur le Tage près de Lisbonne.

Le capitaine de la marine chilienne Roberto Parragué réalisa avec un Catalina le premier vol entre l'Île de Pâques et le continent, ainsi que le premier vol vers Tahiti.

L'affaire du Catalina est le nom donné à un incident pendant la guerre froide où un Catalina de l'armée de l'air suédoise fut abattu par des chasseurs soviétiques au-dessus de la mer Baltique le . L'équipage réussit à amerrir près du cargo allemand Münsterland et put être sauvé[14],[15]. Il faisait partie d'une patrouille de deux Catalina à la recherche d'un Douglas DC-3 suédois disparu trois jours plus tôt. On apprit plus tard que celui-ci avait lui-même été abattu par un chasseur soviétique pendant une mission de renseignement électronique.

Variantes[modifier | modifier le code]

  • Consolidated 28 : prototype.
  • PBY-1 : version initiale équipée de 2 moteurs R-1830-64 de 900 ch (60 exemplaires).
  • PBY-2 : version améliorée (50 exemplaires).
  • PBY-3 : version équipée de moteurs R-1830-66 de 1 000 ch (66 exemplaires).
  • PBY-4 : version équipée de moteurs R-1830-72 de 1 050 ch (33 exemplaires).
  • PBY-5 : version équipée de moteurs R-1830-82 ou -92 de 1 200 ch (683 exemplaires).
  • PBY-5A : version amphibie du PBY-5 (803 exemplaires).
  • PBY-6A : version amphibie dotée d'une meilleure aérodynamique et hydrodynamique (175 exemplaires).
  • PB2B-1 et PB2B-2 : PBY-5 construits par Boeing Canada Inc. (en) (232 exemplaires).
  • PBN-1 Nomad : PBY-5 modifiés construits par la Naval Aircraft Factory (États-Unis, 156 exemplaires); désignation OTAN : Mop.
  • PBV-1A : PBY-5A construits par Canadian Vickers (380 exemplaires)
  • GST : exemplaires construits en URSS (plusieurs centaines)

Utilisateurs[modifier | modifier le code]

Le Catalina F-BBCD de la compagnie Air France.

Culture populaire[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

  • C'est à bord d'un Catalina que le professeur Catalan s'enfuit vers l'Amazonie dans le film L'Homme de Rio avec Jean-Paul Belmondo.
  • Un Catalina dépose le commando britannique au port d'appareillage dans Les canons de Navarone.
  • C'est un Catalina qui localise les rescapés du U-571 dans le film du même nom.
  • Un Catalina apparaît plusieurs fois dans le film Always de Steven Spielberg.
  • Un Catalina apparait plusieurs fois dans le film biographique sur le commandant Cousteau "l'Odyssée"
  • Dans le film USS Indianapolis: Men of Courage, c'est l'équipage d'un Catalina qui repère et vient en aide en premier aux rescapés du naufrage.
  • Un catalina apparait avec son équipages dans le film Dauntless: the battle of Midway
  • Plusieurs Catalinas apparaissent en mission d’escorte anti sous-marine dans le film Uss Greyhound.

Télévision[modifier | modifier le code]

  • Dans la série de reportages Opération Okavango présentant l'exploration des plus beaux sites du continent Africain par Nicolas Hulot, l'expédition se déplace régulièrement en utilisant un Catalina piloté par un équipage canadien.

Bandes-dessinées[modifier | modifier le code]

Jeux vidéo[modifier | modifier le code]

  • La mission « Black Cats » du jeu vidéo Call of Duty: World at War se déroule intégralement à bord d'un Catalina Black Cat et consiste notamment en l'attaque d'un convoi de ravitaillement japonais.
  • Dans le jeu Medal of Honor : Batailles du Pacifique, à la fin de la mission "Henderson Field" à Guadalcanal, le joueur prend le contrôle d'un canon Bofors 40 mm pour protéger un Catalina Black Cat transportant des blessés.
  • Le jeu Heroes of the Pacific permet au joueur de piloter un PBY Catalina lors de plusieurs missions spécifiques, notamment axées sur la reconnaissance et le sauvetage en mer.
  • Dans le jeu War Thunder, il est possible de piloter le PBY Catalina avec ses variantes de bombes lors des parties en ligne.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Voir le 8e paragraphe de l'article Consolidated PBY-5 Catalina
  2. Certaines sources indiquent la date du .
  3. Voir le tableau final sur uboat.net - Fighting the U-boats - Aircraft - Consolidated PBY Catalina
  4. "O Brasil na WWII: ‘Arará’, o Catalina que destruiu o U-199" (en Espagnol). naval.com, 8 November 2008. Accédé le .
  5. How Our Catalina Shadowed the Bismarck
  6. Articles : événements militaires - 1942, La bataille de Midway
  7. Katrina Pescador et Mark Aldrich, San Diego Air and Space Museum, Consolidated Aircraft Corporation, Arcadia Publishing, , 127 p. (ISBN 978-0-7385-5938-4, lire en ligne), p. 64
  8. (en) Peter Fernandez et Len Cacutt, Great aircraft of the world : an illustrated history of the most famous civil and military planes, Secaucus, N.J, Marshall Cavendish, , 456 p. (ISBN 1-85435-250-4, EAN 978-1-854-35250-7, OCLC 52037796).
  9. (es) Nacho Brunt, « 1955 bombardeo en plaza de mayo », sur nocturnar.com, (consulté le ).
  10. De nombreux détails à ce sujet sont fournis dans l'Histoire de la 28F - Indochine
  11. a et b « FILM OF PERTH-CEYLON AIR SERVICE : The story of the Catalina flights across the Indian Ocean from Perth to Ceylon during the war is told in a documentary film of the famous "kangaroo" service that was screened at the Shell Theatrette yesterday. », The West Australian,‎ , p. 10 (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Joseph Catanzaro, « Heroic squadron loses last pilot », sur au.news.yahoo.com, (consulté le )
  13. (en) « The Catalinas », sur qantas.com.au (consulté le )
  14. « H2g2 - The Catalina Affair », sur bbc.co.uk (consulté le ).
  15. (sv) « Start », sur flygvapenmuseum.se (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Enzo Angelucci et Paolo Matricardi, Les avions, t. 4 : La Seconde Guerre mondiale - U.S.A., Japon, U.R.S.S., etc..., Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », (ISBN 2-8003-0277-1), p. 29.
  • Consolidated PBY-5A Catalina en France - Jean Jacques Petit - 56 pages

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]