Conseil de coordination — Wikipédia

Conseil de coordination
Logo du Conseil de coordination.
Logo du Conseil.
Situation
Région Biélorussie
Création
Type Organisation politique
Langue Russe, biélorusse
Organisation
Membres 600
Dirigeant Svetlana Tikhanovskaïa
Personnes clés Svetlana Aleksievitch
Sergueï Dylevski
Pavel Latouchko
Maria Kolesnikova
Olga Kovalkova
Lilia Vlassova
Maxim Znak

Site web https://rada.vision/

Le Conseil de coordination (en biélorusse : Каардынацыйная рада, Kaardynatsynaïa rada ; en russe : Координационный совет, Koordinatsionny soviet[1]) est une structure biélorusse de 600 membres, avec à sa tête un présidium de sept membres[2], créée par la candidate à la présidence Svetlana Tikhanovskaïa lors des manifestations de 2020 en Biélorussie[3] qui ont suivi l'élection présidentielle contestée de 2020.

Formation[modifier | modifier le code]

La formation du Conseil de coordination est annoncée dans une vidéo diffusée par Svetlana Tikhanovskaïa le dans laquelle elle affirme également avoir obtenu entre 60 et 70 % des voix lors de l'élection présidentielle du et appelle la communauté internationale à la reconnaître en tant que gagnante de cette élection[4]. Tikhanovskaïa déclare que les objectifs du conseil sont de coordonner un transfert pacifique et ordonné du pouvoir du président sortant Alexandre Loukachenko[5],[6] et de tenir une nouvelle élection présidentielle libre et juste dès que possible. Le , Tikhanovskaïa publie une vidéo dans laquelle elle se déclare prête à diriger un gouvernement de transition[7]. La première réunion du Conseil a eu lieu le suivant[8] : il s'accompagne de sa première conférence de presse, au cours de laquelle Olga Kovalkova, Maxim Znak, Maria Kolesnikova, Pavel Latouchko et Sergueï Dylevski répondent aux questions des journalistes[9]. Tikhanovskaïa enregistre en anglais un appel aux dirigeants de l'Union européenne le , les exhortant à ne pas reconnaître les résultats de l'élection présidentielle biélorusse lors d'une réunion des chefs de gouvernement de l'UE prévue plus tard ce jour-là[10].

Buts, objectifs et positions politiques[modifier | modifier le code]

Buts et objectifs[modifier | modifier le code]

Le conseil se fixe comme principaux objectifs[11] :

  • la fin à la persécution politique des citoyens et la traduction en justice de ses responsables ;
  • la libération de tous les prisonniers politiques en Biélorussie ;
  • l'annulation de l'élection présidentielle du et la tenue de nouvelles élections respectueuses des normes internationales, organisées par une commission électorale centrale reconstituée.

Politique étrangère[modifier | modifier le code]

Pavel Latouchko, membre du présidium du Conseil, affirme que celui-ci n'entend pas changer radicalement l'orientation de la politique étrangère biélorusse, ajoutant qu'il souhaite maintenir des relations « amicales et profondes » avec la Russie, ainsi que de bonnes relations de travail avec l'Union européenne et servir de pont entre l’Est et l’Ouest[12].

Structure[modifier | modifier le code]

Tikhanovskaïa déclare que les candidatures au Conseil sont ouvertes aux citoyens biélorusses considérant les résultats officiels des élections comme falsifiés et ayant reçu la confiance des organisations sociales. Les candidatures sont sollicitées auprès de personnes représentant des groupes de travailleurs, des partis politiques, des syndicats et d'autres organisations de la société civile, ainsi que de personnalités faisant autorité telles que des médecins, des enseignants, des chefs d'entreprise, des auteurs ou des sportifs[13]. Olga Kovalkova et l'avocat Maxim Znak sont chargés de traiter et d'approuver les demandes d'adhésion[14].

Présidium[modifier | modifier le code]

Cinq personnes installées à une longue table blanche font face à des journalistes.
Première conférence de presse des membres du présidium le (de gauche à droite : Pavel Latouchka, Maria Kolesnikova, Olga Kovalkova, Maxim Znak et Sergueï Dylevski)

Le , le conseil élit un présidium de sept membres, chargés de nommer un président parmi eux[15]. Les membres du présidium sont[2],[16] :

Membres[modifier | modifier le code]

Une liste initiale de membres, regroupant 35 noms, est distribuée le et étendue à 51 membres le [18],[19]. Parmi eux, on trouve la lauréate du prix Nobel de littérature Svetlana Aleksievitch, l'athlète Nadzeya Astapchuk, le cinéaste Iouri Khachtchavatski, le leader civique Alès Bialiatski, l'homme politique Ioury Houbarévitch, le physicien Alexandre Dabravolski, l'homme politique Andreï Egorov, Mikalaï Kazlov du Parti civil uni de Biélorussie, Andreï Koureïtchik, l'homme politique Vital Rymachewski, le peintre Vladimir Tsesler, la représentante de l'état-major conjoint de l'opposition Maria Kolesnikova et l'ancien ministre de la Culture Pavel Latouchko. Kovalkova et Znak sont également membres du conseil. Au , le conseil est composé de 600 membres[20].

Réactions[modifier | modifier le code]

En Biélorussie[modifier | modifier le code]

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko déclare que la formation par l'opposition d'un conseil de coordination est « une tentative de prendre le pouvoir avec toutes les conséquences qui en découlent ». Loukachenko déclare aussi à propos des membres du conseil de coordination :

« Certains d'entre eux étaient autrefois proches du pouvoir. Ils ont été expulsés et gardent rancune. D'autres sont carrément nazis. Jetez un œil à leurs noms[21],[22]. »

Dans l'opposition, l'ancien candidat à la présidentielle Valéri Tsepkalo fait part de son incompréhension quant aux critères de sélection et aux tâches du nouveau conseil, se plaignant de ne pas y avoir été invité[23].

Enquête criminelle[modifier | modifier le code]

Le , Alexandre Koniouk, procureur général de Biélorussie, engage des poursuites pénales contre les membres du Conseil de coordination en vertu de l'article 361 du Code pénal biélorusse, les accusant de tenter de s'emparer du pouvoir de l'État et de menacer la sécurité nationale[24],[25]. Le même jour, les membres du conseil Sergueï Dylevsky et Maxim Znak sont convoqués à un interrogatoire de police[26], tandis que la maison de Pavel Latouchko est enduite de peinture rouge. L'interrogatoire de Znak et Dylevski, qui débute le matin du , se solde par leur remise en liberté[27].

Le , Sergueï Dylevski et Olga Kovalkova sont arrêtés par des officiers de l'OMON alors qu'ils tentent de soutenir les grévistes de l'usine de production d'engins agricoles Minski Traktorny Zavod[28]. Lilia Vlassova, Pavel Latouchko et Svetlana Alexievitch sont également convoqués pour interrogatoire[29]. Kovalkova et Dylevski sont tous deux condamnés à dix jours d'emprisonnement le lendemain[30].

Dans le monde[modifier | modifier le code]

Décembre 2020, des membres du Conseil de coordination - dont Svetlana Tikhanovskaïa - reçoivent le Prix Sakharov au nom de l'opposition démocratique biélorusse.

Tikhanovskaïa a demandé à la communauté internationale de soutenir les efforts du Conseil de coordination[31].

Lien avec l'Administration nationale anti-crise[modifier | modifier le code]

Le , Svetlana Tikhanovskaïa et le Conseil approuvent la création de l'Administration nationale anti-crise dont Pavel Latouchka, membre du Conseil, assure la présidence. L'objectif est de fédérer des spécialistes pour œuvrer à une transition démocratique pacifique en Biélorussie. Pour y parvenir, deux options sont explorées : une option constitutionnelle (via des négociations) et une option qui s'appuie sur une souveraineté juridique (via le droit)[38],[39],[40].

À la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en et du rôle joué par la Biélorussie dans cette invasion, Svetlana Tikhanovskaïa déclare : « À partir d’aujourd’hui, j’assume la responsabilité de représenter le peuple et la république de Biélorussie, afin de défendre l’indépendance et l’intérêt national de mon pays[41]. »

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Штаб Тихановской набирает участников в координационный совет по передаче власти », znak,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a et b (ru) « Президиум » [« Presidium »] [archive du ], sur Coordination Council (Belarus),‎ (consulté le )
  3. « Thousands flood Belarus capital as election protests grow », AP NEWS, (consulté le )
  4. « Belarus opposition candidate declares victory », NHK WORLD-JAPAN News,
  5. polishnews, « Belarus. Swiatłana Cichanouska creates the Coordination Council for the "transfer of power" in the country », Polish News, (consulté le )
  6. admin, « Belarus: opposition candidate forms Coordination Council for transfer of power | MbS News » (consulté le )
  7. « NEXTA Live Translated to English », Telegram
  8. « В организованном Тихановской координационном совете по передаче власти назвали дату первой встречи », tvrain,‎ (lire en ligne)
  9. « Создание Координационного Совета: итоги пресс-конференции », rada.vision,‎
  10. Belarus opposition leader calls on EU not to recognise 'fraudulent' elections. YouTube (19 August 2020). Retrieved on 2020-08-26.
  11. « Итоги первого заседания Координационного Совета », rada.vision,‎
  12. « Belarusian opposition ready for contacts with Russia », TASS,
  13. (pl) Nikita Grekowicz, « Łukaszence został już tylko Putin, Cichanouska wzywa do lokalnego przejmowania władzy » [« Lukashenko only has Putin left, Tsikhanovskaya calls for local taking over of power »], OKO.press,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  14. « Tikhanovskaya initiates creation of coordination council to transfer power in Belarus », sur TASS (consulté le )
  15. « Структура Координационного Совета », rada.vision
  16. « В Беларуси Координационный совет оппозиции сформировал президиум », Deutsche Welle,‎
  17. (pl) Sebastian Klauziński et Maciek Piasecki, « Powrót terroru? OMON i milicja na ulicach, Łukaszenka nie chce więcej 'zamieszek' » [« Terror again? OMON and the police on the streets, Lukashenko doesn't want 'clashes' »], OKO.press,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  18. « Члены Координационного Совета », rada.vision
  19. « Вольга Кавалькова », Facebook
  20. (pl) « Do Rady Koordynacyjnej białoruskiej opozycji weszło już 600 osób » [« 600 people have already been included in the Belarusian opposition Coordination Council »], Polish Press Agency,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  21. « Opposition's coordinating council described as attempt to seize power in Belarus », eng.belta.by, (consulté le )
  22. Kuznetsova, Asya, « Лукашенко назвал создание Координационного совета попыткой переворота », Komsomolskaya Pravda,‎ (consulté le )
  23. (ru) « Цепкало пожаловался, что его не пригласили в координационный совет Белоруссии », www.mk.ru,‎ (consulté le )
  24. « МАЯ КРАІНА БЕЛАРУСЬ », Telegram
  25. « Belarus Opens Criminal Probe Against Oppositions Coordination Council- Prosecutor General », UrduPoint
  26. « Координационный совет », Facebook
  27. « Belarus Coordination Council member arrives for Investigative Committee meeting », AFP via MSN
  28. Nilsson, Roland (24 August 2020) Sergei Dylevsky and Olga Kovalkova of the Coordination Council detained by police outside MTZ, Minsk. Twitter
  29. « Сьвятлану Алексіевіч выклікалі ў Сьледчы камітэт у справе аб закліках да «захопу ўлады» », Радыё Свабода
  30. Makhovsky, Andrei (25 August 2020) Belarus jails two opposition leaders; teachers head rally of thousands. Reuters
  31. « Тихановская готовится объявить себя победительницей выборов в Беларуси – пресс-секретарь », gordonua.com
  32. « EU Calls on Belarus to Drop Criminal Case Against Opposition Body », News18
  33. « Lithuanian president supports Belarus opposition plan for power transition council | Politics », Devdiscourse (consulté le )
  34. « Baltic States Urge New Election In Belarus, Call For EU Sanctions », RadioFreeEurope/RadioLiberty
  35. « Tweet of Linas Linkevicius (@LinkeviciusL) », Twitter (consulté le )
  36. « Saulius Skvernelis », facebook.com
  37. Песков оценил заявление белорусской оппозиции о сотрудничестве с Россией :: Политика :: РБК. Rbc.ru (22 December 2016). Retrieved on 2020-08-26.
  38. « National Anti-Crisis Management: Two power transition options have been developed » [archive du ], sur National Anti-crisis Management, (consulté le )
  39. « Pavel Latushko Announces Establishment Of People's Anti-Crisis Administration », Belarus Feed,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  40. Maryia Sadouskaya–Komlach, « An Exiled Belarusian Opposition Faces A Credibility Test » [archive du ], sur Center for European Policy Analysis, (consulté le )
  41. « Guerre en Ukraine : l’opposition biélorusse annonce la formation d’un gouvernement en exil », sur Le Monde.fr, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]