Conrad IV de Hohenstaufen — Wikipédia

Conrad IV de Hohenstaufen
Illustration.
Couronnement de Conrad IV, miniature par Richard de Montbaston, vers 1337, BnF.
Titre
Roi de Germanie

(17 ans)
Prédécesseur Frédéric II
Successeur Guillaume de Hollande
Roi de Jérusalem

(26 ans)
Prédécesseur Isabelle II de Jérusalem
avec Frédéric II du Saint-Empire
Successeur Conradin de Hohenstaufen
Duc de Souabe

(19 ans)
Prédécesseur Henri II de Souabe
Successeur Conradin de Hohenstaufen
Roi de Sicile

(4 ans)
Prédécesseur Frédéric II du Saint-Empire
Successeur Conradin de Hohenstaufen
Biographie
Dynastie Hohenstaufen
Nom de naissance Conrad de Hohenstaufen
Date de naissance
Lieu de naissance Andria (royaume de Sicile)
Date de décès (à 26 ans)
Lieu de décès Lavello (Sicile)
Père Frédéric II du Saint-Empire
Mère Isabelle II de Jérusalem
Conjoint Élisabeth de Bavière
Enfants Conradin de Hohenstaufen

Conrad IV[1], né le à Andria en Apulie et mort le au camp militaire près de Lavello, était le dernier roi de Germanie de la dynastie des Hohenstaufen, régnant de 1237 à sa mort. Il fut également roi de Sicile (en tant que Conrad Ier) de 1250, roi de Jérusalem (en tant que Conrad II) de 1228, et duc de Souabe (en tant que Conrad III) de 1235. Son décès marqua le début du Grand Interrègne durant laquelle le trône du Saint-Empire romain fut vacant jusqu'à l'élection de Rodolphe de Habsbourg comme roi des Romains en 1273.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enluminure du roi Conrad, abbaye de Weingarten (vers 1510).

Conrad était le fils de l'empereur Frédéric II et de sa seconde épouse la reine Isabelle II de Jérusalem (Yolande), issue en lignée paternelle de la maison de Brienne et en lignée féminine des rois de Jérusalem. Sa mère est morte lors de sa naissance, probablement de la fièvre puerpérale ; de ce fait, il est destiné à la succession au trône de Jérusalem et devient titulaire du royaume, où cependant il ne se rendit jamais. Les représentants impériaux sur place parlent en son nom, en pratique suivant les ordres de Frédéric II qui se mit en route pour la sixième croisade en Terre Sainte et, après négociation avec le sultan Al-Kâmil, se fit couronner roi de Jérusalem le .

Le demi-frère aîné de Conrad, Henri II de Souabe, avait été couronné roi de Sicile par le pape Innocent III en 1212. Toutefois, sa mère Constance d'Aragon exerçait la régence sur l'insistance du pape souhaitant séparer les couronnes de Germanie et de Sicile[2]. Henri est donc élu roi des Romains (en tant que Henri VII) par les princes germaniques à Francfort en .

En conflit avec son père et le pape Grégoire IX, Henri fut destitué en 1235. À cette date, Conrad se rendit pour la première fois en Germanie. Frédéric II le nomma duc de Souabe et essaya également de le désigner successeur de son frère, mais cela échoua. Les princes, réunis en assemblée au Hoftag de Mayence, n'acceptèrent pas sa candidature. Ce n'est que deux ans plus tard que l'élection de Conrad a lieu à Vienne. Le suffrage n'est pas reconnu par la Curie Romaine et un couronnement ne fut pas possible.

Frédéric II retourna en Italie pour lutter contre les cités guelfes de Lombardie, alors que le nouveau roi Conrad dut mettre tout le poids de son autorité pour s'imposer en Germanie, soutenu par l'archevêque Siegfried III de Mayence et le roi Venceslas Ier de Bohême. Le conflit entre son père et le pape affaiblit sa position. Déjà en 1241, Siegfried de Mayence s'est insurgé contre lui. En 1245, le nouveau pape Innocent IV annonce la déposition de l'empereur au concile de Lyon et fit d'ailleurs prêcher une croisade contre lui, tandis que Conrad se voit opposer un antiroi proclamé par les princes, le landgrave de Thuringe Henri le Raspon, qui le vainc à la bataille de la Nidda près de Francfort l'année suivante, mais meurt en 1247. L'antiroi suivant fut le comte Guillaume II de Hollande[3]. Soutenu par le pape, il est élu le  ; il prit Aix-la-Chapelle et y fut couronné le .

Ni Conrad ni Guillaume n'arrivent finalement pas à dominer la Germanie. La guerre civile continua, indécise en Germanie comme en Italie. Frédéric II mourut le avant d'en avoir vu la conclusion. Il repose dans la cathédrale de Palerme auprès de ses aïeux normands de Sicile et de sa première épouse, Constance d'Aragon.

Seul fils survivant et légitime de Frédéric II, Conrad IV hérite à la mort de son père du royaume de Sicile[4], tandis que son frère illégitime, Manfred[5] est fait prince de Tarente. Toutefois, Conrad ne fut pas reconnu et, sur une situation difficile en Germanie, alors que le pape Innocent IV appelle à une croisade contre lui, dut quitter l'Allemagne en 1251. En effet, des villes des Abruzzes, de Pouille, de Campanie et de Basilicate se libèrent de l'État frédéricien en se dotant de municipalités autonomes regroupées au sein de ligues qui se placent sous la protection d'Innocent IV. Les villes de Principat et de Terre de Labour s'émancipent à leur tour entre 1254 à 1257, tout comme en Sicile, Messine et des villes peuplées de Lombards (Polizzi, Nicosia, Mistretta, Castrogiovanni, Piazza, Vizzini et Lentini). Palerme se livre au légat du pape, Rufin de Plaisance, et signe un traité d'alliance avec Caltagirone. En réponse, Conrad IV concède des exemptions aux marchands messinois à Acre et renonce à l'impôt annuel dans les Nova Capitula de Foggia en 1252, accorde des faveurs aux massari de Palerme en 1254[6]. Il reprit Naples, Capoue, Aquino et réussit à s'assurer une position ferme ; mais il meurt au milieu de ses conquêtes, en 1254.

On accusa son demi-frère Manfred, qui convoitait sa succession, de l'avoir empoisonné ; néanmoins, il souffrait déjà de la fièvre dont d'autres combattants furent également victimes.

Sceau de Conrad IV.

Mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Le à Vohburg, Conrad IV épouse Élisabeth de Bavière (1227-1273), fille du duc Othon II l'Illustre. Ils ont un fils, Conrad de Hohenstaufen, appelé Conradin (1252-1268), futur duc de Souabe. La veuve de Conrad épousa en 1259 le comte Meinhard de Goritz.

À Conrad succéda son fils Conradin, âgé de deux ans, sous la régence d'un capitaine allemand, Berthold de Hohenbourg[7]. Ce dernier vit toutefois sa régence usurpée par l'oncle de Conradin, Manfred (dont la fille Constance épouse en 1262 Pierre III d'Aragon, d'où la succession au trône de Sicile à partir de 1282). Le pape confirma ensuite Manfred comme vicaire de Conradin[8]. Conradin a été exécuté après sa défaite devant Charles d'Anjou en 1268.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Généalogie de Conrad IV sur le site Medieval Lands
  2. Ernst Kantorowicz, L'Empereur Frédéric II, Gallimard, Bibliothèque des Histoires, 1987, p. 99
  3. Généalogie de Guillaume II de Hollande sur le site Medieval Lands
  4. Émile-Guillaume Léonard, Les Angevins de Naples, p. 37
  5. Généalogie de Manfred sur le site Medieval Lands
  6. Henri Bresc, « La chute des Hohenstaufen et l’installation de Charles Ier d’Anjou », dans Les princes angevins du XIIIe au XVe siècle : Un destin européen, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-2558-0, lire en ligne), p. 61–83
  7. Émile-Guillaume Léonard, op. cit. p. 38
  8. Émile-Guillaume Léonard, op. cit. p. 39

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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