Conflit du Beagle — Wikipédia

Conflit du Beagle
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En haut à droite, les trois îles Lennox, Nueva et Picton et le canal Beagle
Informations générales
Date 1904 - 1984
Lieu Canal Beagle
Issue

Traité de Paix signé en 1984

  • Le Chili parvient à maintenir sa souveraineté.
Belligérants
Drapeau de l'Argentine Argentine Drapeau du Chili Chili

Le conflit du Beagle est une dispute territoriale entre l'Argentine et le Chili à propos des îles Lennox, Nueva et Picton, qui faillit provoquer une guerre entre les deux pays en 1978.

Ces îles se trouvent à une position stratégique au débouché oriental du canal Beagle au sud de la Terre de Feu, offrant un espace maritime et de possibles revendications sur la péninsule Antarctique dont elles sont les territoires sud-américains les plus proches.

L'arbitrage[modifier | modifier le code]

Le , Salvador Allende et le général Alejandro Lanusse, présidents respectifs du Chili et de l'Argentine, conviennent de soumettre l'issue du différend territorial à la décision d'une Cour d'arbitrage organisée sous les auspices de la couronne britannique[1]. La Cour est composée de cinq juges : Hardy C. Dillard (en) (États-Unis), Gerald Fitzmaurice (Royaume-Uni), André Gros (France), Charles D. Onyeama (en) (Nigeria), et Sture Petrén (de) (Suède).

Le , la sentence rendue par la reine d'Angleterre[2] décide que les îles et les territoires adjacents appartiennent au Chili.

Les manœuvres militaires[modifier | modifier le code]

Positions d'attaque des forces argentines durant l'Opération Soberanía contre le Chili le 22 décembre 1978.
Champ de mines mis en place par l'armée chilienne près de Punta Arenas dans le cas où les Argentins seraient parvenus à envahir le Chili. Photographie prise en 2005.

Mais la junte argentine dénonce le l'arbitrage international et fixe aux 21 et l'opération Soberanía (littéralement « opération Souveraineté »), qui prévoit d'envahir les îles et le territoire chilien. Les Argentins planifient l'invasion tandis que les Chiliens déploient leur armée le long des frontières, qui sont minées, et dynamitent des passages à travers les montagnes. Le , le Chili place sa flotte dans les îles disputées.

In extremis, le jour de début de l'opération, le pape Jean-Paul II annonce qu'il envoie le cardinal Antonio Samorè dans les deux capitales[3],[4]. Le cardinal Sebastiano Baggio, alors préfet de la Congrégation pour les évêques, est envoyé en tant que médiateur par le Chili[5]. Par ailleurs, une sévère tempête gêne les manœuvres argentines. Six heures avant le débarquement l'opération est annulée. On ignore encore aujourd'hui si les forces terrestres argentines ont pénétré le territoire chilien avant l'annulation des opérations.

Le règlement[modifier | modifier le code]

Terre de Feu et passage de Drake avec en rouge la délimitation de la frontière et des zones économiques définies par le traité

Malgré la médiation du Vatican par l'envoyé du pape Jean-Paul II[6], le cardinal Antonio Samorè [7], les tensions ont continué jusqu'à la défaite argentine lors de la guerre des Malouines (1982), le Chili de Pinochet étant alors le seul État sud-américain à soutenir les Britanniques. L'aventure argentine conduit à la défaite de la junte militaire et à l'avènement d'un gouvernement démocratique en . Le , l'Argentine et le Chili signèrent le Tratado de Paz y Amistad (« traité de paix et d'amitié ») au Vatican, qui attribua les îles au Chili mais une grande partie des droits maritimes à l'Argentine. Le traité incluait aussi une délimitation du détroit de Magellan.

Le président argentin Raúl Alfonsín organisa un référendum, approuvé par 82 % des électeurs[8]. Le traité fut ratifié par l'Argentine le et par le Chili le .

Par la suite, toutes les autres disputes territoriales entre les deux pays trouvèrent une solution négociée.

En hommage à la médiation d'Antonio Samorè, une des principales voies traversant les Andes pour relier le Chili et l'Argentine fut renommée la Paso Cardenal Antonio Samorè.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Accord d'arbitrage de 1971
  2. L'affaire du canal de Beagle (sentence rendue par la Reine d'Angleterre le 22 avril 1977) : Jacqueline de la Rochère, Annuaire français de droit international, 1977, vol. 23, no 23, p. 408-435
  3. (en) « LATIN AMERICA: War Averted », Time,
  4. (es) « Beagle: historia secreta de la guerra que no fue » in le journal argentin "la Nación" le 12 août 1996, "Base de Datos SER en el 2000" : « Finalmente se [la junta argentina] aceptó detener la cuenta regresiva, dar marcha atrás y esperar la llegada del enviado papal… »
  5. Jullien, Claude-François, « Théologie de la libération et Realpolitik » in Politique étrangère no 4, 1984, 49e année p. 893-905.
  6. Carl Bernstein, Marco Politi et al. (trad. de l'anglais par Frank Straschitz), Sa Sainteté : Jean-Paul II et l'histoire cachée de notre époque [« His Holiness John Paul II and the Hidden History of our Time »], Paris, Plon, , 474 p. (ISBN 978-2-259-18101-3), p. 170-171
  7. La médiation du Saint-Siège dans le différend entre l'Argentine et le Chili sur la zone australe : Alain Brouillet, Annuaire français de droit international, 1979, vol. 25, no 25, p. 47-73
  8. (en) « Beagle Channel Treaty Approved in Argentina », The New York Times,

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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