Commémorations à l'occasion du 70e anniversaire du débarquement de Normandie — Wikipédia

Commémorations à l'occasion du 70e anniversaire du débarquement de Normandie
Discours de Barack Obama devant un parterre de vétérans à Colleville-sur-Mer, le 6 juin 2014.
Discours de Barack Obama devant un parterre de vétérans à Colleville-sur-Mer, le 6 juin 2014.

Autre(s) nom(s) D-Day 70
Type Commémoration
Date
Lié à Débarquement de Normandie

Plusieurs commémorations sont organisées le à l'occasion du 70e anniversaire du débarquement de Normandie, dit Jour J ()[1], qui marque le début de la libération de la France lors de la Seconde Guerre mondiale.

Historique des commémorations[modifier | modifier le code]

70e anniversaire de la Libération de la France
70e anniversaire de la Bataille de Normandie

La première commémoration du débarquement a lieu en 1945, à Arromanches, en présence de l'ambassadeur britannique Duff Cooper et de sa femme, Diana Cooper, et de soldats anglais[2]. Depuis, chaque année, des commémorations ont lieu le 6 juin pour célébrer le débarquement et le début de la libération de l'Europe de l'Ouest.

Jusque dans les années 1980, les commémorations du débarquement sont essentiellement militaires : les chefs d'État ne sont pas représentés. Leur mise en place après la guerre doit beaucoup à Raymond Triboulet, député du Calvados et plusieurs fois ministre des Anciens combattants. Aucun président américain ne vient sur les places normandes avant Ronald Reagan (excepté Jimmy Carter en 1978, mais à titre privé). Ce phénomène commémoratif assez récent tient en particulier aux réticences du général de Gaulle à célébrer une opération militaire anglo-américaine, dont les Français avaient été en grande partie exclus (il refuse par exemple de s'y rendre en 1964 pour le 20e anniversaire). Mais dans le contexte de guerre froide, afin de montrer aux Soviétiques que la Seconde Guerre mondiale n'avait pas uniquement été gagnée à l'est mais aussi à l'ouest, le bloc occidental décide de médiatiser davantage ce cérémonial. Le tournant est dû à François Mitterrand qui, en 1984, transforme la cérémonie militaire d'alors en cérémonie politique où sont invités les chefs d'État. L'historien Olivier Wieviorka note ainsi : « dorénavant, les commémorations ne sont plus axées sur l'idée de victoire, mais sur l'idée de paix, de réconciliation et de construction européenne ». Cela va de pair avec une américanisation de l'évènement, qui se manifeste avec l'emprunt à l'anglais américain du terme « vétéran ». Après la chute de l'URSS, d'autres nations se joignent aux commémorations, comme en 2004 l'Allemagne (avec le chancelier Gerhard Schröder) et la Russie[3].

Participants[modifier | modifier le code]

Chefs d'État et de gouvernement[modifier | modifier le code]

Photo officielle des chefs d’État présents aux cérémonies.
Rencontre de Vladimir Poutine et de François Hollande.

Les 24 chefs d'État, chefs de gouvernement et monarques invités aux cérémonies :

Autres personnalités[modifier | modifier le code]

Le duc et la duchesse de Cambridge, à Arromanches-les-Bains.

Vétérans[modifier | modifier le code]

Environ 1 800 vétérans étaient attendus pour les cérémonies officielles[4],[5], dont 300 vétérans américains ayant participé au débarquement[6]. Parmi eux, le français Léon Gautier et l'allemand Johannes Börner ou encore le français Hubert Faure.

Le vétéran britannique Bernard Jordan défraya la chronique en « s'échappant » de sa maison de retraite dans le Sussex pour assister aux cérémonies en Normandie[7],[8]. Un film britannique, The Great Escaper (en), tourné en 2022, est tiré de cette histoire avec Michael Caine reprenant le rôle de Bernard Jordan[9].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Vingt-six cérémonies officielles sont organisées[10].

Cérémonie nationale française[modifier | modifier le code]

La cérémonie nationale d'hommage aux civils victimes de la bataille de Normandie a lieu à h devant le Mémorial de Caen, présidée par le président de la République française François Hollande, en présence de 1 000 invités.

Cérémonie franco-américaine[modifier | modifier le code]

Visite du cimetière américain de Colleville-sur-Mer après la cérémonie.

La cérémonie franco-américaine a lieu à 10 h 30 au cimetière américain de Colleville-sur-Mer en présence du président de la République française François Hollande et du président des États-Unis Barack Obama. 10 000 personnes étaient attendues.

Cérémonie franco-britannique[modifier | modifier le code]

Cérémonie au cimetière militaire britannique de Bayeux.

La cérémonie franco-britannique a lieu à la cathédrale (h 15 à 10 h) puis au cimetière (11 h 15 à 12 h) de Bayeux en présence notamment de la reine Élisabeth II, son mari le prince Philip, leur fils le prince Charles, le Premier ministre David Cameron et le Premier ministre français Manuel Valls. Plus de 1 200 invités ont été conviés parmi lesquels Tony Abbott et Jerry Mateparae.

Déjeuner des chefs de délégation, des vétérans et des élus[modifier | modifier le code]

Le déjeuner des chefs de délégation, des vétérans et des élus a lieu à 12 h 15 au château de Bénouville. Le déjeuner réunit 38 invités en table d'honneur. 42 autres invités, dont 14 vétérans, déjeunent dans le salon d'honneur[11].

Ce déjeuner permet à Vladimir Poutine de rencontrer, d'une part le président élu de l'Ukraine Petro Porochenko, d'autre part le président des États-Unis Barack Obama. La rencontre entre le président russe et le président ukrainien est la première depuis l'élection de ce dernier le , et a pu être réalisée sous les auspices du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel. Les deux présidents « se sont prononcés pour la cessation au plus vite de l'effusion de sang dans le sud-est de l'Ukraine[12] », alors que depuis fin l'Est de l'Ukraine est le théâtre d'un soulèvement pro-russe. L'attitude du président russe dans le cadre de ce soulèvement a également conduit le président américain à cesser toute relation avec son homologue russe ; la rencontre en Normandie de MM. Obama et Poutine a donc été un signe de détente.

Cérémonie internationale[modifier | modifier le code]

La cérémonie internationale a lieu à 14 h 30 sur la plage Riva-Bella à Ouistreham.

Le site de la cérémonie occupe une surface équivalente à quinze terrains de football. 8 000 invités ont été conviés et répartis dans quatre tribunes : une tribune officielle de 2 000 places, une tribune pour les journalistes de 1 000 places et deux tribunes de 2 500 places chacune comportant 300 places pour les vétérans et accompagnateurs ainsi que 2 000 places pour la Normandie (enfants des écoles, monde combattant, génération des adolescents de la guerre).

Imaginée par la société Magic Garden, et chorégraphiée par Delphine Caron, chorégraphe normande, et Armando Menicacci, chorégraphe italien, le spectacle de la cérémonie[13] retrace en quatre actes les événements dans leur chronologie : L’Europe occupée, Le Jour le plus long, Le Long chemin de la Victoire, et Les Chemins de la Paix et la construction. Près de 500 bénévoles artistiques, originaires pour la plupart de Normandie, et 150 enfants des écoles de Ouistreham y participent.

Cérémonie franco-polonaise[modifier | modifier le code]

La cérémonie franco-polonaise a lieu à 18 h 30, avec une heure et demie de retard, au cimetière polonais d'Urville en présence du président de la République française François Hollande et du président de la République de Pologne Bronisław Komorowski[14]. 500 invités ont été conviés.

Cérémonie franco-canadienne[modifier | modifier le code]

La cérémonie franco-canadienne a lieu à 19 h au Centre Juno Beach à Courseulles-sur-Mer, en présence du Prince Charles et du Premier ministre canadien Stephen Harper. Annoncé dans un premier temps, le Premier ministre français Manuel Valls ne se rend finalement pas sur place. La France est représentée par la secrétaire d'État au numérique, Axelle Lemaire, native d'Ottawa[15].

Environ 4 000 personnes assistent à la cérémonie[16], dont une centaine de vétérans, et un millier de jeunes Canadiens.

Cérémonie franco-danoise[modifier | modifier le code]

La cérémonie franco-danoise a lieu sur la plage Utah Beach à Sainte-Marie-du-Mont en présence de Margrethe II, reine du Danemark et du ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve[17].

Cérémonie franco-norvégienne[modifier | modifier le code]

La cérémonie franco-norvégienne a lieu à Hermanville-sur-Mer, place du Cuirassé-Courbet devant le monument norvégien « Le Matelot », en présence du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, de la Première ministre de Norvège, Erna Solberg et du roi de Norvège Harald V.

Le vétéran norvégien Monrad Mosberg, dernier survivant du Svenner, est également présent, ainsi que six autres vétérans norvégiens, dont deux pilotes de chasse[18].

Cérémonie franco-néerlandaise[modifier | modifier le code]

Discours de Rutte à Arromanches-les-Bains.

La cérémonie franco-néerlandaise a lieu à Arromanches-les-Bains en présence du secrétaire d’État français aux Anciens combattants et à la Mémoire, Kader Arif, du roi et de la reine des Pays-Bas, Willem-Alexander et Máxima, et du Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

Cérémonie franco-belge[modifier | modifier le code]

La cérémonie franco-belge a lieu sur le pont des Belges à Trouville-sur-Mer en présence du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Sécurité[modifier | modifier le code]

Un arrêté préfectoral instaure une zone de circulation régulée (ZCR)[19]. Celle-ci concerne 145 communes le matin du 6 juin, s’étendant de Ouistreham jusqu'au département de la Manche. L'après-midi, ce sont encore 94 communes qui sont concernées jusqu'à 18 h. Seuls les riverains, leurs proches, ainsi que les professionnels travaillant dans le ZCR sont admis à y circuler[20].

En mer, plusieurs secteurs sont interdits devant les sites de cérémonie, des zones de mouillage pour les bateaux officiels qu'on ne doit pas approcher à moins de 300 m sont mises en place, ainsi qu'une vitesse limitée à 15 nœuds au sud de la baie de Seine. Une soixantaine de gendarmes sont mobilisés au large, appuyés par le patrouilleur côtier Le Géranium. Plusieurs bâtiments de la Marine nationale sont présents plus au large[21].

Pour assurer la sécurité des célébrations, près de 12 000 personnels de sécurité sont mobilisés par le gouvernement français, dont 5 500 gendarmes, 3 500 militaires, 2 000 policiers et 1 000 pompiers. À ceux-ci s'ajoutent du personnel de différents pays[22].

Entre le 5 et le 8 juin, 140 personnes sont prises en charge par les services de secours, dont 13 vétérans, 33 enfants et 65 ressortissants étrangers. Aucun incident notable n'a perturbé le déroulement des manifestations[16].

Retransmission[modifier | modifier le code]

Survol de Sainte-Mère-Église par un Hercules C-130H du 165th Airlift Wing.

La retransmission de l'événement est confiée aux groupes TF1 et France Télévision. La retransmission internationale s'effectue via quatre agences internationales : Associated Press, Reuters, Agence France-Presse et ENEX.

Selon certaines sources, TF1 et France Télévision auraient demandé 200 000 euros à ces dernières pour les droits de retransmission en direct, provoquant l'indignation de certains groupes de presse y voyant une « commercialisation choquante »[23]. Cependant, cette information est démentie par un communiqué commun de TF1 et de France Télévision qui indique que seuls les médias nationaux doivent une participation liée aux frais techniques, s'élevant à 80 000 euros[24],[25].

Les chiffres d'audience des deux chaînes au terme de la journée sont élevés. TF1 réunit 5 millions de téléspectateurs pour son journal de 13 h, et 2,5 millions lors de l'émission spéciale en direct d'Ouistreham. France 2 comptabilise 16 millions de téléspectateurs sur l'ensemble de la journée et l'ensemble de ses programmes, dont 2,9 millions lors du journal de 13 h, et 4,3 millions lors du documentaire « 6 Juin 44, la lumière de l'aube »[26].

Dans le monde, près d'un milliard de télespectateurs suivent la retransmission de la commémoration de Ouistreham[27].

Événements et manifestations[modifier | modifier le code]

En dehors des cérémonies officielles du 6 juin, près de 400 manifestations sont prévues, principalement entre juin et septembre[4].

Impact touristique[modifier | modifier le code]

Près de 8 millions de touristes sont attendus en Normandie en 2014, principalement grâce aux commémorations[28]. Finalement, 6 millions de personnes se rendent sur les plages du débarquement allié, dont 44 % d’étrangers[29].

Le Mémorial de Caen annonce une fréquentation en hausse de 20 % sur les cinq premiers mois de l'année[30]. Pour faire face à l'arrivée des visiteurs, notamment hors des horaires d'ouverture des offices de tourisme, un numéro vert est mis en place[31].

Entre le 5 et le 7 juin, la préfecture estime à 800 000 le nombre de visiteurs, incluant les vétérans. De nombreuses manifestations rassemblent des dizaines de milliers de personnes, dont l'embrasement de la côte le 5 juin au soir, avec près de 100 000 spectateurs sur l'ensemble de la zone de débarquement. La Patrouille de France le 7 juin aurait rassemblé 50 000 personnes[16]. À Sainte-Mère-Église, les autorités et les organisateurs estiment entre 120 000[32] et 300 000 le nombre de visiteurs pour les manifestations organisées la journée, dont le lâcher de parachutistes[33].

Conséquence, de nombreux axes routiers sont paralysés par des « bouchons » : une dizaine de kilomètres autour du cimetière américain de Colleville-sur-Mer, jusqu'à 20 kilomètres sur la RN13 à 13 h, en direction de Sainte-Mère-Église. Ne pouvant faire face à l'affluence, le cimetière américain ferme ses portes plus tôt que prévu. La préfecture de la Manche a demandé aux automobilistes de ne plus se rendre dans la zone de La Fière, où avait lieu les parachutages[33].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Célébration du 70e anniversaire de la libération de la France, Élysée, dossier de presse
  2. Anniversaire du débarquement à Arromanches, INA, images du 15/06/1945
  3. « Olivier Wieviorka : "La mémoire du Débarquement est devenue universelle" », Le Figaro, 30/05/2014
  4. a et b D-Day : la foule avant l'heure pour le 70e anniversaire du Débarquement en Normandie, France Bleu, 30/05/2014
  5. 70e D-Day - Le dispositif de sécurité, la visite du ministre de l'intérieur en images, Liberté Le Bonhomme Libre, 30/05/2014
  6. Normandie : 300 combattants US attendus, Le Figaro, 12/02/2014
  7. « Le vétéran anglais a fugué de sa maison de retraite ! », Ouest France,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Bernard Jordan, le vétéran fugueur du Débarquement, est décédé à 90 ans », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Charles Martin, « Michael Caine a-t-il joué dans son dernier film ? "Je suis en quelque sorte à la retraite" », Première,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Dossier de presse du 70e anniversaire : cérémonies, évènements, témoignages, ministère de l'Intérieur, 04/06/2014
  11. 70e D-Day - Une ambiance "intime" au déjeuner des chefs d'État
  12. « Poutine et Porochenko appellent à la fin de « l'effusion de sang » en Ukraine », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. https://www.youtube.com/watch?v=ZOQAdHyafx8&index=13&list=PL433E868A4C3C7A7A
  14. 70e : à Urville, une cérémonie franco-polonaise rondement menée
  15. Courseulles-sur-Mer: le prince Charles rend hommage aux Canadiens
  16. a b et c lamanchelibre.fr, 08/06/2014 - Bilan du 70e : la population du Calvados a doublé pendant 3 jours
  17. « Utah : les liens forts entre la France et le Danemark », La Manche Libre, site internet, 6 juin 2014 ; « Margrethe II du Danemark à Utah Beach », Ouest-France, 7 juin 2014.
  18. 70e D-Day - Monrad Mosberg, 96 ans, dernier marin survivant du Svenner.
  19. Arrêté préfectoral portant réglementation temporaire de la circulation et du stationnement dans le département du Calvados, en et hors agglomérations, à l’occasion des cérémonies commémoratives du 70e anniversaire du Débarquement et de la bataille de Normandie, préfecture du Calvados, 31/05/2014
  20. Espace dédié : déplacements et circulation, site officiel du 70e anniversaire de débarquement de Normandie
  21. 70e D-Day - Des gendarmes et la Marine déployés en mer, Ouest-France, 30/05/2014
  22. 70e D-Day - Sécurité du 6 juin : 12 000 personnes mobilisées, Ouest-France, 30/05/2014
  23. 70e anniversaire du Débarquement : polémique sur la retransmission télé, L'Express, 30/05/2014
  24. 70e anniversaire du débarquement : TF1 et France 2 se justifient, Télé-Loisirs.fr, 30/05/2014
  25. 70e anniversaire du Débarquement : TF1 et France 2 démentent fermement la commercialisation des images, Ozap.com, 30/05/2014
  26. 70e D Day. Gros succès d'audience pour France 2 et TF1
  27. Francis Gaugain, « Records absolus de fréquentation touristique en Normandie pour le 70e anniversaire du D-Day », sur francebleu.fr,
  28. Débarquement : la Normandie mise sur le tourisme de commémoration, BFM TV, 31/05/2014
  29. Marie-Line Vitu, « Sur les pas du débarquement », sur ccas.fr, .
  30. Débarquement : en Normandie, les touristes font leur 70e avant l'heure, La Dépêche, 29/05/2014
  31. 70e D-Day - La Région lance un numéro vert, Ouest-France, 28/05/2014
  32. 70e D-Day - La foule se déplace de La Fière vers Sainte-Mère-Église.
  33. a et b Trop de monde, le cimetière de Colleville-sur-Mer ferme !, La Manche Libre, 08/06/2014

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]