Colorama (Kodak) — Wikipédia

Les Coloramas constituent une série de 565 photographies publicitaires exposées par Kodak sur le balcon intérieur de la gare de Grand Central à New York entre mai 1950 et février 1990. Renouvelées toutes les 3 semaines, les photographies couleurs mettaient en scène les produits Kodak dans des contextes et des décors symboliques de la culture et du mode de vie américain.

Colorama
Le grand hall de Grand Central Terminal en 1986, avec en arrière-plan un Colorama
Le grand hall de Grand Central Terminal en 1986, avec en arrière-plan un Colorama
Type Exposition artistique
Pays États-Unis
Localisation Grand Central Terminal
Coordonnées 40° 45′ 10″ nord, 73° 58′ 35″ ouest
Date d'ouverture mai 1950
Date de clôture février 1990
Organisateur(s) Kodak

Géolocalisation sur la carte : New York
(Voir situation sur carte : New York)
Colorama
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
(Voir situation sur carte : États-Unis)
Colorama

Origine de la série[modifier | modifier le code]

Pour Kodak en 1950, les Coloramas sont la suite logique d'une stratégie marketing lancée 60 ans auparavant. Tirant profit de ses avancées technologiques, Kodak souhaite démocratiser la photographie amateur et à l'installer dans le quotidien des Américains. Kodak se sert notamment de la vitrine mondiale proposée par l'exposition universelle de 1939 à New York. La marque y expose un diaporama constitué d'images géantes (des Kodachromes agrandis pour former une image de 5 mètres sur 6,7 mètres) présentant les thèmes repris plus tard par les Coloramas. En 1948, faute de trouver un écrin capable d'héberger l'écran de 60 mètres de ce carrousel, il est définitivement installé à la George Eastman House, le plus ancien musée de photographie du monde installé dans la demeure de George Eastman, le fondateur de Eastman Kodak[1].

Pour le terminal de Grand Central, l'installation des Coloramas s’inscrit dans un contexte de baisse du trafic ferroviaire au profit de la voiture et des bus longue-distance. A la recherche de revenus additionnels, la gare décide de louer à Kodak une grande partie du balcon situé à l'est. De 93 000 dollars par an en 1950, ces revenus tirés de la location de l'espace s'élèvent à 500 000 dollars en 1989[2]. Kodak estime à 600 000 le nombre de personnes exposées chaque jour aux Coloramas, jusqu'à ce que la rénovation de la gare mette un terme à cette série[3].

Tous les clichés de la série sont depuis 2010, date des 60 ans des Coloramas, conservés dans les archives des collections de la George Eastman House[4].

Sujets et symbolique[modifier | modifier le code]

Affiche Colorama en 1950 dans le grand hall de Grand Central Terminal représentant une scène de la vie familiale
Représentation d'une scène de la vie familiale en 1950

Les Coloramas ont à leurs débuts décrit des scènes ou des paysages qu'un photographe amateur aurait pu lui-même capturer : paysages, scène de la vie familiale ou célébrations (Noël, Thanksgiving, vacances...). Au milieu de la scène, un appareil photo Kodak était souvent placé aux mains d'un ou d'une photographe. L'appareil avait pour fonction d'inspirer le spectateur du Colorama pour qu'il immortalise lui-même ses propres événements personnels[5].

Même si les Coloramas sont restées fidèles aux mêmes sujets et mises en scène au fil des décennies, les photographies ont été marquées par de subtiles ruptures. Ainsi le premier Colorama présentant des personnages principaux afro-américains date de 1969[6],[7], après la fin du mouvement afro-américain des droits civiques. Le programme Apollo, dont Kodak fut un partenaire technique [8],[9], fournit aux Coloramas deux clichés : l'un en 1967 avec la Terre vue de la Lune[10],[11], puis en 1969 les New-Yorkais découvrirent en exclusivité une photo du premier premier alunissage[11]. Enfin pour sa dernière apparition, le Colorama exposé entre novembre 1989 et février 1990 voit une pomme incrustée numériquement sur le panorama urbain de New York[11].

Prise de vue, développement et affichage[modifier | modifier le code]

A leurs débuts, les Coloramas étaient constituées d'une juxtaposition de trois photographies : une photographie centrale de 11 mètres présentant la scène principale, encadrée par deux autres de 3,5 mètres mettant souvent en avant un produit Kodak. Par la suite, les Coloramas ne furent plus constituées que d'un seul tirage, faisant d'elles les « plus grandes photographies du monde »[réf. nécessaire] avec 5,5 mètres de hauteur et 18 mètres de largeur [11].

Les clichés étaient des mises en scène qui, même en extérieur, nécessitaient parfois des lumières d'appoint afin de pouvoir exploiter les films Ektacolor (en) utilisés. Les appareils de prise de vue sont souvent des modèles destinés à utiliser des pellicules larges que Kodak a adaptés[5]. Les tirages sont agrandis puis mis à sécher dans la piscine désaffectée du centre de loisir des employés de Kodak[4] et enfin collés les uns avec les autres au moyen d'un film transparent[12].

Pour être visible de loin malgré la lumière qui régnait dans la gare, les Coloramas étaient éclairées par des lampes situées derrière le tirage, pour une puissance totale de 61 000 watts[12].

Photographes et artistes ayant contribué à la réalisation de Coloramas[modifier | modifier le code]

Pour réaliser les Coloramas, Kodak a convoqué à la fois des photographes employés directement par l'entreprise (Neil Montanus, Ralph Amdursky...) et des grands noms de la photographie américaine[5] :

Expositions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ariane Pollet, « The Cavalcade of Color », Études photographiques, no 30,‎ , p. 186-210 (ISBN 978-2-911-96130-4, ISSN 1270-9050, lire en ligne Accès libre, consulté le )
  2. (en) Christopher Gray, « The End of the Line for Grand Central's Big Picture », sur nytimes.com, New York Times, (consulté le )
  3. (en) « Milestones | Kodak », sur kodak.com (consulté le )
  4. a et b (en) Claire O'Neill, « Colorama! 'The World's Largest Photographs' Are Back », sur npr.org, (consulté le )
  5. a b et c Ville de Montpellier, Direction de la culture et du patrimoine et François Cheval, La vie en Kodak : colorama publicitaires des années 1950 à 1970, Montpellier, Éditions Hazan, , 143 p. (ISBN 978-2-7541-0818-8)
  6. Norman Kerr : Sterling Gardens, Tuxedo, New York (février 1969) — Colorama n° 319
  7. (en) James Estrin, « Kodak’s Idealized Colorama Returns », sur nytimes.com, New York Times, (consulté le )
  8. (en) Randy Gorbman, « Kodak retirees reminisce about working on the Apollo program », sur wxxinews.org, (consulté le )
  9. (en) « We Took You To The Moon », sur kodak.com (consulté le )
  10. Nasa : Earthrise from the Moon (janvier 1967) — Colorama n° 284
  11. a b c et d Alison Nordström et Peggy Roalf (trad. de l'anglais), Colorama, Les plus grandes photographies du monde made in America de Kodak et de la George Eastman House, Paris, Textuel, , 79 p. (ISBN 2-84597-129-X)
  12. a et b (de) Christoph Gunkel, « Kodaks XXL-Coloramas: Heile Welt auf 6 mal 18 Metern », sur spiegel.de, Das Spiegel, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gilles Mora et François Cheval, La Vie en Kodak : Colorama publicitaires des années 1950 à 1970, Montpellier, Éditions Hazan / Ville de Montpellier, Direction de la culture et du patrimoine, , 144 p. (ISBN 978-2-75410-818-8)
  • Alison Nordström et Peggy Roalf (trad. de l'anglais), Colorama, Les plus grandes photographies du monde made in America de Kodak et de la George Eastman House, Paris, Textuel, , 79 p. (ISBN 2-84597-129-X)
  • (en + fr + de) Colorama, teNeues, , 224 p. (ISBN 9783961710522)
  • (en) Diane S. Hope, « Memorializing Affluence in the Postwar Family: Kodak's Colorama in Grand Central Terminal (1950-1990) », Visual Rhetoric: A Reader in Communication and American Culture,‎

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]