Collège royal et militaire de Thiron-Gardais — Wikipédia

Collège royal et militaire de Thiron-Gardais
Henri de Bourbon-Verneuil, fondateur en 1630 du collège royal de Thiron.
Présentation
Type
Collège (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fondation
Fermeture
Propriétaires
Site web
Localisation
Adresse
12, rue de l’Abbaye 28480 Thiron-GardaisVoir et modifier les données sur Wikidata
Thiron-Gardais
royaume de France
Coordonnées
Carte

Le collège royal et militaire de Thiron-Gardais est fondé en 1630 à Thiron-Gardais, dans l'actuel département français d'Eure-et-Loir, par l'abbé de la Sainte-Trinité de Tiron, Henri de Bourbon-Verneuil, fils naturel d'Henri IV et de sa favorite Henriette d’Entragues. Il est nommé abbé commendataire de Tiron en 1606, à l’âge de 5 ans[1].

D'abord collège royal, l'établissement devient en 1776 l'une des douze écoles royales militaires en remplacement de celle de Paris. Ces créations font partie de celles voulues par Claude-Louis-Robert, comte de Saint-Germain, secrétaire d'État à la Guerre sous Louis XVI.

Historique[modifier | modifier le code]

Fondation et abbés de Tiron[modifier | modifier le code]

Claude-Louis-Robert, comte de Saint-Germain, secrétaire d’État à la guerre de Louis XVI.
Claude-Louis de Saint-Germain, secrétaire d’État à la guerre de Louis XVI.

En dépit de la réforme de la congrégation de Saint-Maur en 1618, l'abbaye de Tiron périclite. Les fidèles bien moins généreux que jadis, les libéralités des princes moins évidentes, amènent Henri de Bourbon-Verneuil à fonder en 1630, dans cette immense abbaye, un collège. Pour ce faire, il fait appel aux bénédictins Mauristes, qui viennent s’installer à Tiron en 1629 et y installent leur premier collège, probablement en 1630. Les bâtiments sont d'abord très modestes et un projet grandiose, établi par Dom Pinet en 1651, n'aboutit pas.

Après la retraite du duc de Bourbon, qui démissionna à 69 ans pour se marier, Jean II Casimir Vasa, roi de Pologne (1670-1672), et Philippe de Lorraine d’Harcourt (1672-1702) ne s’occupèrent guère de l’abbaye ni du collège :

L’abbé Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre (1703-1743) fit installer des boiseries et des stalles pour l’avant-chœur où se tenaient les élèves (chœur actuel), grâce à un don d'Élisabeth-Charlotte de Bavière, duchesse d’Orléans née princesse Palatine, dont il était l’aumônier. Elles furent sculptées par Baptiste Mauté, menuisier des bâtiments du Roi, et posées en 1740 par Damour et Pradnel, de Paris, et Dufresne, d’Argentan[2],[G99 1]. Baptiste Mauté réalisa également à cette date la chaire à prêcher[3], ainsi que le banc d’œuvre[4].

Se succèdent ensuite :

Probablement lors de la transformation du collège en école royale militaire en 1776, les transepts sont murés et affectés au chapitre (transept nord) et transformés en cuisine, réfectoire et logements pour les élèves (transept sud).

Le Père Prieur, qui est en même temps directeur de l’école, s’installe dans les bureaux de l’officialité, devenu par la suite le presbytère[Note 1], à l'entrée de l’église.

En 1782, le titre d'abbé est supprimé et la mense abbatiale annuelle est rattachée à la cure de Saint-Louis de Versailles[5].

Les élèves[modifier | modifier le code]

Le collège royal militaire.
Le collège royal militaire et son jardin, septembre 2013
Logo monument historique Inscrit MH (1962, 2001).

En 1776, le collège de Tiron devient une école royale militaire et l'on y reçoit les élèves ordinaires – internes ou externes – et les élèves du roi. Ces derniers, âgés de 7 à 15 ans, au nombre de 50 à 60, souvent boursiers, portent un uniforme spécial et sont logés à part. Tous les élèves reçoivent cependant le même enseignement, depuis la classe de septième et même la huitième[G99 2] jusqu’à la rhétorique inclusivement. On leur apprend en outre la danse, la musique et le dessin, sans oublier le greffage et la conduite des arbres fruitiers. Seul l'enseignement de l'escrime relève des apprentissages militaires.

Le nombre des élèves dépassa plusieurs centaines, venant de tous les points de la France, même des colonies et de l’étranger[Note 2]. Napoléon Bonaparte obtient, le , une bourse pour le collège de Tiron, son dossier précisant cependant qu'« il ne pourra être reçu que lorsqu'il aura fait des preuves de noblesse »[G99 3], mais son père réussit à le faire envoyer à l’école de Brienne, dont l’accès lui était plus facile et où l’enseignement y était plus scientifique.

Les cours sont professés soit par des moines, soit par des maîtres laïcs[Note 3].

La pension s’élève à 250 livres, 350 livres si le monastère se charge de l’entretien des vêtements et chaussures, ou 400 livres nettes de tout supplément. L’année scolaire se déroule du 1er octobre au 10 ou . Les prix consistent en ouvrage [Note 4] ou en arbres fruitiers. À leur distribution, les élèves jouent de petites pièces, souvent accompagnées de ballets, dont le texte est conservé pour un certain nombre d’entre elles.

Élèves notables[modifier | modifier le code]

État à la Révolution[modifier | modifier le code]

Description[modifier | modifier le code]

Extrait du plan de l'abbaye de Thiron-Gardais à la Révolution (les numéros entre parenthèses utilisés dans cette description renvoient à ce plan).
Extrait du plan de l'abbaye de Thiron-Gardais à la Révolution (les numéros entre parenthèses utilisés dans cette description renvoient à ce plan).

Le collège est constitué de deux quadrilatères : l’un adossé à l’église, formant le collège proprement-dit ; l’autre situé entre le premier et la route de Gardais, limitant la basse-cour, souvent appelée depuis la « grande cour ».

La première cour du collège (53)[Note 5], avec un puits au milieu, s’ouvrait au bout du transept sud de l’église (38), aménagé au rez-de-chaussée en cuisine et réfectoires, avec caves en dessous.

Toute cette aile s’est effondrée en 1801, ainsi que la tour (52), qui renfermait un escalier permettant aux élèves venant par un passage couvert de l’étude, située au-dessus des classes (40), de gagner les 1er, 2e et 3e étages, où se trouvaient leurs réfectoires et leurs chambrettes. La demeure du Père Économe (51), qui se trouvait au bout des classes subsiste encore, avec un ange sculpté au-dessus de la porte.

Au niveau des caves, s’ouvrait l’escalier du clocher et de la galerie intérieure du chœur. Un autre, partant du rez-de-chaussée, menait à un passage couvert adossé au clocher, permettant de gagner la galerie extérieure des basses-voûtes et, dans l’épaisseur de la muraille, la galerie extérieure du chœur. On en voit encore les restes.

Au-dessous de l’étude se trouvaient cinq classes (40), dont les portes présentaient des frontons triangulaires peints. La rhétorique (41), située au levant, dépassait un peu l’alignement de cette aile. Chaque classe était éclairée par quatre fenêtres, sauf celle la plus à l’ouest – probablement la classe de sixième – qui n’en avait que deux. Les murs étaient peints à la chaux et ornés d’une large frise à rinceaux, comme on peut le constater. Au-dessus de la rhétorique était l’infirmerie des élèves ; à la suite (42), la salle de danse au rez-de-chaussée et celle d’escrime au premier.

Les deux autres côtés du rectangle étaient occupés par le logement des professeurs civils (39), au rez-de-chaussée ainsi qu’au premier, par les dortoirs et chambrettes des élèves au deuxième. Plusieurs pièces existent encore sans remaniements et on peut y voir les noms que les élèves ont gravés sur les murs avec la pointe de leur couteau.

La basse-cour comprenait, le long de la route de Gardais, des remises avec greniers au premier (45), aménagés aujourd’hui en habitations. En retour d’équerre se trouvaient : à l’est, le logement des domestiques chargés de la basse-cour (44) et à l’ouest le bûcher (48), qui existe encore. Subsistent également : la boulangerie, qui fonctionne toujours, et le cellier (49), contigus à la demeure du Père Économe, ainsi que le logement des tailleurs (43), qui leur faisait vis-à-vis.

Au moment de la Révolution, le cordonnier faisait office de portier de jour et était logé à l’est du portail d’honneur (46), tandis que le perruquier, alors portier de nuit, habitait de l’autre côté (47). Ces deux petits pavillons ont été fortement modifiés. La basse-cour (50) renfermait, dit-on, de nombreuses races de poules, des paons, des pintades, des faisans, des canards et des dindons.

La cour de récréation des élèves (54) s’étendait derrière le collège et la basse-cour, traversée d'ouest en est par deux avenues, l’une d’ormes, l’autre de peupliers. Elle était répartie en petits carrés où chaque élève pouvait cultiver des fleurs, conduire des arbres fruitiers, élever des lapins ou entretenir des oiseaux.

Le jardin du collège (55) s’étendait jusqu’au cimetière des pestiférés et des non-catholiques (74).

Le développement de Thiron[modifier | modifier le code]

Chapelle de la Croix Saint-Jacques.
Chapelle de la Croix Saint-Jacques.

La paroisse de Gardais est fondée depuis 544, Thiron n’existant pas encore. Gardais est chef-lieu jusqu'en 1774 et Thiron en dépendait pour le spirituel. Le bourg de Thiron doit son existence à son abbaye et contrairement à ce qui se produit souvent, ce n’est pas le pays qui a donné son nom à la rivière qui le traverse, mais la « Thironne » qui a donné le sien au pays.

À l'occasion des Rogations, le curé de Gardais était autorisé à dire la messe au maître autel de l'église abbatiale. En 1762, l'abbé de Thiron s'y opposa. Le litige est porté devant l'évêque de Chartres, Pierre Augustin Bernardin de Rosset de Rocozels de Fleury : en contrepartie, il donne au curé de Gardais l'autorisation d'édifier une chapelle appelée « Croix St Jacques ».

Le bourg de Tiron ne comprend à la Révolution que quelques maisons, où logent les employés de l’abbaye et du collège, ainsi que de nombreuses auberges pour les parents qui viennent amener ou voir leurs enfants. En 1801, la paroisse de Gardais est supprimée et réunie à Thiron. L'église est abattue peu après. Dans une résidence secondaire on peut retrouver des vestiges de l'escalier du clocher.

Au milieu de la place de Thiron, il existait une halle (68), disparue en 1849, autour de laquelle se tenait un marché le mardi.

Parmi les maisons subsistantes de cette époque autour de la place du Marché actuelle, on peut citer[G99 4] :

  • Rue de l'Étang :
    • La maison de Chédieu, ancien élève du collège et l’un des premiers maires de Thiron-Gardais (62) ;
    • Au n° 1, l'auberge du Cheval-Blanc (63).
  • Place du Marché :
    • Au n° 2, l'auberge de l’Écu-de-France ou de la Fleur-de-Lys (64), au n° 6 l'auberge de la Croix-Blanche (65) ;
    • Au n° 18, la maison de Gillot (69), ancien élève ;
    • Les maisons d'Arsène Vincent (66), qui sculpta la reconstitution de l’abbaye exposée au bas de l’église, de Debray (67), dont la femme personnifia la Déesse de la Raison dans le chœur de l’église le et de Chevallier (70), où le général Desclozeaux fut retrouvé mort le [réf. nécessaire].
  • Rue du Commerce :
    • Au n° 2, l'auberge du Soleil-d’Or (73) ;
    • Au n° 10, en retrait, la maison de Durand (71), jardinier de l’abbaye, qui sauva la Vierge de la Chapelle de congrégation des élèves du collège ;
    • La maison des demoiselles Filastre (72), où dom Leguay s’était retiré et où il exerça par intérim le ministère paroissial, tout en remplissant les fonctions d’adjoint de 1815 à 1821.

Propriétaires après la Révolution[modifier | modifier le code]

L'église est fermée en 1792, le collège en 1793[1].

  • Le 9 messidor an IV ()[6], le site est racheté par Étienne Taullé, ancien élève et professeur du collège, qui en fait une carrière de pierres de construction pour le village, provoquant l'effondrement du chœur[7] ;
  • Le 13 juillet 1797, Jacques Ollivier Desclozeaux, général de brigade, rachète le collège;
  • Le 16 avril 1803, Jean-Charles Bisson, procureur fiscal des moines devenu notaire à Thiron, le rachète pour son beau-frère Jacques-André Gallot. La famille Gallot le conserve jusqu'en 1906.
  • En 1906, au décès de Marie-Aurélie Guillaumin, veuve de, Théophile Arsène Gallot, il passe par héritage à la famille Guilaumin.
  • En 2005, le conseil départemental d'Eure-et-Loir rachète le collège à Marie-Amélie Lombaerde, fille du botaniste André Guillaumin ;
  • En 2012, le collège est acquis par Stéphane Bern, qui l'ouvre au public en 2016 après une restauration complète du site par l'architecte du patrimoine Guillaume Trouvé.

Le musée[modifier | modifier le code]

Portait de Louis XVI.
Portait de Louis XVI.
L'uniforme des élèves du roi.
L'uniforme des élèves du roi.

Le musée est situé dans l'ancien bâtiment des classes et de l'étude (40).

Il abrite une maquette détaillée de l'abbaye et du collège au XVIIe siècle. De nombreux panonceaux informatifs détaillent également l'histoire du collège dans toutes ses dimensions. De même, des reconstitutions retraçant la vie quotidienne des élèves sont présentées : uniforme des élèves du roi, salle de classe...

Peintures[modifier | modifier le code]

Plusieurs huiles sur toile sont exposées :

  • Portrait d'Henri de Bourbon-Verneuil de Pierre Mignard (1612-1695), huile sur toile, rentoilée, provenance : château de Sully-sur-Loire (voir ci-dessus) ;
  • Portait de Jean-Casimir II Vasa, huile sur toile, école polonaise, XVIIIe siècle, ovale (voir ci-dessus) ;
  • Portrait de Louis XVI, atelier d'Antoine-François Callet (1741-1823), huile sur toile, ovale (voir ci-contre) ;
  • Portrait du comte de Saint-Germain, M. Bourgeois, école française du XVIIIe siècle, ovale (voir ci-dessus) ;
  • Jean Alexis de Prat se perdant avec son fils dans les bois de Thiron, ex-voto, huile sur toile, anonyme.

Le jardin[modifier | modifier le code]

Le jardin a été restauré par Louis Benech. Parmi les arbres remarquables figurent notamment :

Un salon de thé, situé dans l'orangerie et ouvert en terrasse sur le jardin, est à la disposition des visiteurs.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. En cours de réhabilitation en logement et cabinet médical.
  2. Parmi les noms qui ont été conservés et dont certains sont encore gravés sur les murs, on peut citer : d’Auroy, Bichette, de Chabot, de Carvoisin, Fergon, Filastre, des Feugerets, de la Ferrière, Ganne, Gillot, de Launay, de Lusignan, de Mauny, de Mondesir, Petey, de Prat, Robert, de Tarragon, Taulé, de Touzalin, de Valleuil.
  3. En 1790, le personnel enseignant se composait de dom Huet, prieur et directeur de l’école ; dom Deramme, sous-directeur ; dom Poulain, préfet ; don Leguay, économe ; dom Mullet, dom Gressier, professeur d’anglais ; dom Hatelle, dom Dauphin, dom Lemoine, professeurs ; MM. Le Gros, professeur de dessin ; Delorme, professeur de français ; Jean et François Bertel et Costaz, professeurs de mathématiques, Ulrich, professeur d’allemand, Bordeau, maître d’écriture ; Palâtre, maître d’escrime ; Gannot, maître de danse ; Jean-Louis Taulé, maître de violon, et son frère Étienne, également maître de musique ; Vivier, régent.
  4. Par exemple, le « Traité de civilité », donné à d’Auroy, élève de sixième, le .
  5. Les numéros entre parenthèses utilisés dans cette description renvoient au plan ci-contre.

Références[modifier | modifier le code]

  1. p. 84.
  2. p. 83.
  3. p. 86.
  4. p. 94 et 97.
  • Autres références
  1. a et b Association du collège royal et militaire de Thiron-Gardais, « L’Histoire », sur collegeroyal-thirongardais.com (consulté le ).
  2. « Lambris de revêtement, stalles, parquet », notice no PM28000651, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  3. « Chaire à prêcher », notice no PM28000642, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  4. « Banc d’œuvre », notice no PM28000784, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  5. Cartel du portrait de Jean-Casimir II Vasa.
  6. Archives départementales d'Eure-et-Loir, 1Q 2653.
  7. Fiche d'information du musée du collège.
  8. « Séquoia du Collège Royal et Militaire », sur arbres.org (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Guillaumin, Thiron, son abbaye, son collège militaire, 1929, rééd. 1984 ;
  • Youri Carbonnier, « L'abbaye et le collège de Tiron au XVIIe siècle, état et projets au début de l'époque mauriste », dans Cahiers percherons, 1999-2, p. 1-18.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :