Claire Auzias — Wikipédia

Claire Auzias
Claire Auzias en dédicace à la Comédie du Livre de Montpellier en 2011.
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Libertarisme civile (en), féminismeVoir et modifier les données sur Wikidata
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Claire Auzias, née le à Lyon, est une universitaire et historienne française[3], féministe et libertaire.

Après s'être consacrée à l'étude des mouvements libertaires à Lyon, elle étudie particulièrement l'histoire des peuples roms.

Biographie[modifier | modifier le code]

Engagements de jeunesse[modifier | modifier le code]

À 17 ans, elle participe à la fondation du Comité d'action lycéen, CAL 69[n 1], et prend part à Lyon aux événements de Mai 68 au sein du mouvement du 22 Mars[4] créé à l’initiative d'un groupe de jeunes gens (libertaires et ex-JCR) proches de Françoise Routhier[5].

Elle s'engage ensuite dans le mouvement féministe.

Enseignement et recherche[modifier | modifier le code]

En 1980, elle soutient une thèse de doctorat en histoire à l'Université Lyon-II sur la mémoire orale des mouvements libertaires à Lyon avant la Seconde Guerre mondiale[6].

Dans les années 1980, elle enseigne l'histoire et la sociologie des femmes à l'université de Lyon avant de se tourner vers l'histoire moderne des Roms, tout d'abord dans les pays de l'Europe de l'Est (dans les années 1990), puis dans l'ensemble de l'Europe (dans les années 200)[7].

Thèmes de recherche[modifier | modifier le code]

Les principaux thèmes de recherche de Claire Auzias concernent l'anarchisme et les Roms.

Elle s'est intéressée notamment au mouvement anarchiste entre les deux guerres mondiales (avec Mémoires libertaires - Lyon 1919-1939, 1993), à la première grève d'ouvrières en 1869 et à l'engagement social de Louise Michel (avec Louise Michel : une anarchiste hétérogène, 1999), d'Emma Goldman (avec Emma Goldman, une tragédie de l’émancipation féministe, 2000) et de Jacob Law[7].

Un groupe de Roms à Asperg, en Allemagne, rassemblés par les autorités du Reich pour être déportés, le .

Entre 1938 et 1946, on estime que 500 000 Roms ont été exterminés par les nazis et leurs alliés. Dans son ouvrage Samudaripen, le génocide des Tsiganes[8], elle apporte des éclaircissements sur ce génocide si peu documenté.

Appel du 22 mars[modifier | modifier le code]

Si Claire Auzias se définit comme anarchiste individualiste, elle reconnaît l’intérêt du « vrai anarcho-syndicalisme » qui se suffit à lui-même et qui assume toutes les tâches de l’anarchisme. En 2001, elle est parmi les signataires de l’Appel du 22 mars à l’unité du mouvement libertaire[9].

Activités d'édition[modifier | modifier le code]

En 2004 à Marseille, elle est parmi les fondateurs des éditions Égrégores[10],[11], « La mémoire est notre point de départ et notre priorité »[12].

Elle est membre du comité de rédaction de la revue Chimères, fondée par Deleuze et Guattari (Éditions érès, Paris)[13],[14].

Polémique[modifier | modifier le code]

En août 2018, Yves Bichet publie Trois enfants du tumulte au Mercure de France. Dans ce roman, situé dans l'après-Mai 68 à Lyon, l'auteur met en scène un « personnage de fiction » nommé Claire Auzias, caricaturée en « héroïne un peu niaise de la déglingue de l’après-mai ». En septembre 2018, Claire Auzias publie une « Lettre ouverte à mon prédateur littéraire »[15],[16].

Accueil critique[modifier | modifier le code]

Dans Mémoires libertaires, Lyon, 1919-1939, Claire Auzias se concentre presque entièrement sur les activités anarchistes à Lyon. S'entretenant avec 18 anarchistes, hommes et femmes, actifs dans cette ville dans l'entre-deux-guerres, elle restitue le tableau d'un véritable mode de vie anarchiste : les militants lyonnais faisaient penser parfois moins à un mouvement politique de masse qu'à un groupe d'amis, leurs souvenirs mettant l'accent tant sur la sociabilité que sur l'idéologie[17].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Mémoires libertaires - Lyon 1919-1939, L'Harmattan, 1993, notice.
  • Les Tsiganes. Le Destin sauvage des Roms de l’Est, Éditions Michalon, 1995, notice éditeur.
  • Les poètes de grand chemin, voyages avec les Roms des Balkans, Éditions Michalon, 1998, notice éditeur.
  • Samudaripen, le génocide des Tsiganes, L'Esprit frappeur, 2000[20].
    • Samudaripen : le génocide des Tsiganes, 3e édition revue et augmentée, L’Esprit frappeur, 2022, 296 pages.
  • Les Funambules de l’histoire - Les Tziganes entre préhistoire et modernité , Éditions de La Digitale, 2002, notice.
  • La Bartambule, K'A, 2003[21].
  • Les aventures extraordinaires de Laplume et Goudron, travailleurs de la nuit, Éditions libertaires, 2007, (BNF 41112072).
  • Chœur de femmes tsiganes, avec des photographies d'Eric Rosset, Éditions Egrégores, 2009, notice & notice.
  • (es) Gitanas, hablan las mujeres gitanas, Pepita de calabeza éditeur, Espagne, 2011.
  • Tsiganes en terre d'Israël, (sous la direction de), coédition Éditions Indigène et Égrégores, 2013, notice.

Ouvrages collectifs[modifier | modifier le code]

  • Avec Françoise Kempf, Les Tsiganes ou Le destin sauvage des Roms de l'Est suivi de Le statut des Roms en Europe, Éditions Michalon, 1995.
  • Collectif, dir. Claire Auzias, ill. de Golo, Un Paris révolutionnaire, émeutes, subversions, colère, L’Esprit frappeur / Éditions Dagorno, 2001, 384 p. (ISBN 2-910019-78-0)[21] . Deuxième édition revue et augmentée, Les Editions libertaires, 2019, 416 p. (ISBN 978-2-900886-08-3)
  • Collectif, Crimes de masse au XXe siècle : génocides, crimes contre l'humanité, Chaire lyonnaise des droits de l'homme, Aléas, 2008, notice.

Éditrice[modifier | modifier le code]

Rapport[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

  • Du bon usage d'un non-droit, Nouvelles Questions féministes, no 14-15, 1986, p. 92-116, [lire en ligne].
  • Les Roms dans la guerre de l'ex-Yougoslavie, Ethnie vs polis, Chimères, no 25, 1995, [lire en ligne].
  • Mémoires libertaires, Lyon 1919-1939, Annales, Histoire, Sciences Sociales, vol. 50, no 6, 1995, p. 1297-1300[25].

Bibliographie et sources[modifier | modifier le code]

  • Françoise Battagliola, Claire Auzias, Mémoires libertaires, Lyon, 1919-1939, Genèses, 16, 1994, "Territoires urbains contestés", p. 163, lire en ligne.
  • Anne-Sophie Hojlo, Roms de France : 50 ans de marginalisation, L'Obs, 27 octobre 2011[26].

Vidéo[modifier | modifier le code]

  • Claire Auzias interview : le génocide des Tziganes, TéléLiberté, 25 novembre 2009, voir en ligne.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Claire Auzias témoigne sur la participation « mineure » des lycéens mineurs aux « événements » en relativisant le mythe. Elle s’entretient avec son amie de l’époque, Claire S., avec qui elle a fondé le Comité d’action lycéen CAL 69. Ce comité est créé en regroupant les énergies et les influences d’anarchistes, le groupe Bakounine, noir et rouge, et de dissidents de la JCR (Jeunesse communiste révolutionnaire) dans la mouvance réunie à La Borde autour de Félix Guattari. - Claire Auzias, Dossier 68 mai mineur, pour en finir avec le mythe, IRL journal d’expressions libertaires, n°77-78, printemps-été 1988, pp. 8-26, [lire en ligne].
  2. « Le 16 août 1972, Claire Auzias épouse Didier Gélineau à la prison Saint-Paul de Lyon, où il est détenu. Il y décède le 24 février 1973. »
  3. « Gélina Calamita, son premier livre, aujourd’hui introuvable, est dans les fulgurances graves et tragiques d’une poésie dont les portes battent sur les chaos d’une vie arrachée à elle-même par l’ignominie du monde qui nous est imposé. », Marie-Dominique Massoni, « La Bartambule » de Claire Auzias, Le Monde libertaire, 6 novembre 2003, [lire en ligne].
  4. « Pour finir, et afin de donner un aperçu de la qualité des textes et de la tenue des réflexions, j’extrairai de la contribution de Claire Auzias, « Qu’est-ce qu’une culture libertaire ? Comment se transmet-elle » (p. 383-395) un court passage : « La culture libertaire, c’est l’ensemble de la vie des libertaires, leurs productions en toutes choses, leurs rêves, leurs chansons et journaux et maisons d’édition et revues, c’est leurs grèves comme leurs casses des vitrines marchandes sur le campus, c’est leurs réunions et meetings, leurs choix privés comme publics ou leurs non-choix, c’est leurs manières de conjuguer en un mot leur volonté d’émancipation avec la réalité du monde environnant, leurs rapports entre eux et avec les autres ; la culture libertaire, c’est la vie des libertaires. » (p. 387) », Alain L’Huissier, « La Culture libertaire » Collectif, Le Monde libertaire, 4 mai 1997, [lire en ligne].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « http://hdl.handle.net/10622/ARCH00248 » (consulté le )
  2. « http://bu.univ-angers.fr/sites/default/files/inventaire_auzias.pdf »
  3. Anne-Sophie Hojlo, Roms de France : 50 ans de marginalisation, L'Obs, 27 octobre 2011, [lire en ligne].
  4. Nathalie Garrido, « Les Trimards de Mai-68 casse le cliché du mauvais garçon », Le Progrès,‎ (lire en ligne).
  5. Mimmo Pucciarelli, Claire l'enragée ! entretien avec Claire Auzias, Éditions Atelier de création libertaire, 2006, p. 45-53.
  6. Sudoc : notice.
  7. a et b (en) Dr Claire Auzias. Researcher associate at Socius.
  8. « Samudaripen, le génocide des Tsiganes », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : Claire Auzias.
  10. « Égrégores », sur sudoc.abes.fr.
  11. Claire, « Égrégores, des hermétistes sur la Canebière », Le Monde libertaire, 3 juin 2004, [lire en ligne].
  12. « Une Association pour la mémoire rebelle », Le Monde libertaire, 25 décembre 2003, [lire en ligne].
  13. « Comité de rédaction | CHIMERES », sur revue-chimeres.fr (consulté le ).
  14. « éditions érès - Chimères », sur www.editions-eres.com (consulté le ).
  15. Yves Bichet, Trois enfants du tumulte, Mercure de France, 2018, extraits en ligne.
  16. Freddy Gomez,Claire Auzias, Lettre ouverte à mon prédateur littéraire, A Contretemps, bulletin de critique bibliographique, 17 septembre 2018, lire en ligne.
  17. (en) Richard David Sonn, Sex, Violence, and the Avant-garde: Anarchism in Interwar France, Penn State Press, 2010, 259 pages, p. 6 : « As her title indicates, she focuses almost entirely on anarchist activity in the city of Lyon, and her study is based on, and enriched by, oral interviews with eighteen anarchists, men and women, active in London between the wars. [...] Auzias conveys a fuller sense of anarchism as a way of life. [...] Her Lyonnais anarchists admit that by their time anarchism sometimes resembled a group of friends more than a mass political movement, but their recollections underscore the importance of sociability as well as ideology. »
  18. Passevant, Christiane, « Claire Auzias, La compagnie des Roms. Récit de voyages parmi les livres, les bidonvilles et les êtres humains, Lyon, Atelier de création libertaire, 1994 », L'Homme et la société, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 115, no 1,‎ , p. 147–148 (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Louise Michel », Le Monde, .
  20. Entretien de TéléLiberté sur le génocide voir en ligne.
  21. a et b Marie-Dominique Massoni, « La Bartambule » de Claire Auzias, Le Monde libertaire, 6 novembre 2003, [lire en ligne].
  22. http://acontretemps.org/spip.php?article649
  23. Mathieu Léonard, Les dames de la grève, CQFD, n°149, décembre 2016, [lire en ligne].
  24. Jean-Pierre Barou, « Camus, ce libertaire qu’on voudrait ignorer », sur Libération, .
  25. Lequin, Yves, « Claire Auzias, Mémoires libertaires, Lyon 1919-1939 », Annales, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 50, no 6,‎ , p. 1297–1300 (lire en ligne, consulté le ).
  26. [lire en ligne].