Cinémathèque française — Wikipédia

Cinémathèque française
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Fondation
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Projection de films cinématographiques, projection de films cinématographiquesVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège
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Organisation
Fondateurs
Président
Président
Direction générale
Récompense
Musée de France (jusqu'au XXIe siècle)Voir et modifier les données sur Wikidata
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La Cinémathèque française est un organisme privé français (association loi de 1901)[a] cofondé en 1936 par Henri Langlois, et situé depuis 2005 au 51, rue de Bercy, un bâtiment construit en 1994 par Frank Gehry dans le 12e arrondissement de Paris. En France, elle est la deuxième plus ancienne cinémathèque après celle de Saint-Étienne qui a été créée en 1922.

Les missions de la Cinémathèque française sont la préservation, la restauration et la diffusion du patrimoine cinématographique[b]. Avec plus de 40 000 films et des milliers de documents et d'objets liés au cinéma, elle constitue une des plus grandes bases de données mondiales sur le septième art.

La Cinémathèque française est équipée pour la projection des formats argentiques (70 mm, 35 mm et 16 mm) et du numérique.

Son financement est assuré par une subvention du Centre national du cinéma et de l'image animée, des recettes de mécénat et des ressources propres (abonnements, billetterie, librairie, locations commerciales).

Histoire[modifier | modifier le code]

Plaque no 82 rue de Courcelles (8e arrondissement de Paris).

L'origine de la Cinémathèque remonte à 1935, lorsque Henri Langlois et Georges Franju qui, depuis des années, récupéraient et sauvaient de vieilles copies de films, créent un ciné-club intitulé le Cercle du cinéma « pour montrer et faire connaître les œuvres du passé »[1].

L'année suivante, le , avec le soutien moral et financier de Paul-Auguste Harlé, la Cinémathèque française est créée avec pour mission, sous la direction d'Henri Langlois, de conserver les films, de les restaurer, de les montrer et de donner aux générations nouvelles un enseignement cinématographique. En plus des films, la Cinémathèque se met à collecter tout ce qui a trait au cinéma : caméras, affiches, publications, costumes et même décors de films.

En 1937, Henri Langlois se lie d'amitié avec Lotte H. Eisner, historienne du cinéma, qui a fui les persécutions nazies. Après la guerre, elle devient conservatrice en chef de la Cinémathèque française, fonction qu'elle occupe jusqu'à sa retraite en 1975.

Le , une salle de projection de soixante places ainsi que le premier musée du cinéma d'Henri Langlois sont inaugurés sur trois étages au 7, avenue de Messine, dans le 8e arrondissement de Paris. C'est dans cette salle que se rencontrent notamment François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette, Éric Rohmer, Jean Douchet, et Suzanne Schiffman.

Le , la Cinémathèque déménage et s'installe dans une nouvelle salle (260 places) au 29, rue d'Ulm, dans le 5e arrondissement : cette salle Jules-Ferry réunit les cinéphiles parisiens découvrant, bien avant l'ère du cinéma à la demande, le patrimoine cinématographique mondial grâce à Henri Langlois qui projette sa collection au gré de ses humeurs, les films comme la série B américaine qui n'y passaient pas étant projetés dans le Nickel Odéon de Bertrand Tavernier[2]. Le , la Cinémathèque s'installe dans la salle du palais de Chaillot grâce aux crédits alloués par André Malraux, ministre de la Culture, et devient liée aux pouvoirs publics.

Palais de Chaillot.

En , sous la pression du ministère des Finances, Malraux exige des changements dans la gestion de la Cinémathèque française et renvoie Henri Langlois. Un comité de défense se constitue ; les cinéastes français (dont Abel Gance, François Truffaut, Alain Resnais, Georges Franju, Jean-Luc Godard, Chris Marker, Jacques Rivette, Alexandre Astruc, Claude Chabrol, Pierre Kast, Claude Berri, Jacques Doniol-Valcroze, Jean Eustache, André Cayatte, Éric Rohmer, Jean Rouch, Joris Ivens, Robert Bresson, les acteurs Jean-Pierre Léaud, Claude Jade, Françoise Rosay et Jean Marais) se mobilisent. Des cinéastes étrangers tels que Charlie Chaplin et Stanley Kubrick apportent leur soutien. Des manifestations de protestation sont organisées, et Henri Langlois est réintégré à la tête de la Cinémathèque le [3],[4].

Le , le premier grand musée de cinéma est inauguré place du Trocadéro[5],[6],[7]. Le , Henri Langlois reçoit un Oscar d'honneur, puis un César. Il meurt le .

Le 3 août 1980, des milliers de bobines de film sont anéanties par un incendie dans un des entrepôts utilisés par la Cinémathèque française sur plusieurs sites discrets en région parisienne et en Province, celui-ci au lieu-dit le Pontel, à Villiers-Saint-Frédéric, près de Rambouillet dans les Yvelines[8]. Même s'il existait dans d'autres dépôts des copies et des négatifs de la plupart des films détruits, ce qui limite le préjudice pour le patrimoine, est alors à l'époque soulignée la nécessité pour la Cinémathèque de disposer de plus de moyens pour conserver ses collections dans des conditions satisfaisantes[9].

La même année, on inaugure une salle de projection de la Cinémathèque française au Centre Pompidou. Le cinéaste Costa-Gavras est nommé président de la Cinémathèque en 1981. À partir de 1984 et jusqu'en 1996, Jack Lang, ministre de la Culture, lance le projet, repris par ses successeurs, d'installer une grande institution cinématographique au sein du palais de Tokyo, près du Trocadéro. La Cinémathèque est un temps transférée au palais de Tokyo. La Femis y est installée en 1988[10]. Jean Saint-Geours devient président de la cinémathèque en 1991. De grandes rétrospectives sont alors organisées, permettant aux cinéphiles d'apprécier l'œuvre d'un cinéaste dans son intégralité : Ingmar Bergman, Ernst Lubitsch, Fritz Lang, Robert Bresson. S'y ajoutent des programmations thématiques telles que le western.

Ancien logotype.
Logotype depuis 2016, inspiré du panneau Hollywood.

D' à , la Cinémathèque française occupe partiellement la salle du cinéma République[11],[12], au 18 rue du Faubourg du Temple dans le 11e arrondissement, où sont notamment diffusées des œuvres de série B et série Z, en double programmation, dans le cadre du cycle permanent intitulé « Cinéma bis »[c].

Le , un incendie embrase le toit du palais de Chaillot[13],[14]. Les œuvres du musée du Cinéma (en)[15],[16],[17], évacuées en une nuit, sont intactes mais la Cinémathèque française doit quitter Chaillot. La salle de projection est fermée pendant plus d'un an. Le de la même année, on inaugure la salle des Grands Boulevards[18]. Dans cette dernière salle, la Cinémathèque explore des « territoires » cinématographiques nouveaux, avec des films « à la marge », comme les séries B.

Le , ayant décidé l'abandon du projet de réaménagement du palais de Tokyo, Catherine Trautmann, ministre de la Culture, annonce sa décision d'installer la « Maison du cinéma » dans l'ancien American Center construit en 1994 par Frank Gehry, au 51, rue de Bercy, en bordure du parc de Bercy dans le 12e arrondissement. En , Jean-Charles Tacchella est élu à la présidence de la Cinémathèque. Le , Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture, annonce que la Cinémathèque française et la Bibliothèque du film (BiFi) seront les deux institutions qui cohabiteront, puis fusionneront, dans le bâtiment du 51, rue de Bercy sous l'appellation « Cinémathèque française ».

En 2003, le critique de cinéma Serge Toubiana présente son rapport « Toute la mémoire du monde »[d] et devient directeur général de la Cinémathèque en , poste qu'il occupe jusqu'en . De à , le producteur et réalisateur Claude Berri est président de la Cinémathèque, succédant à Jean-Charles Tacchella.

Le , les salles du palais de Chaillot et des Grands Boulevards sont fermées et le nouveau site de la Cinémathèque française, au 51 rue de Bercy, ouvre au public le .

Le , la Cinémathèque française fusionne avec la BiFi. À partir de , Claude Berri étant malade, elle est présidée par Costa-Gavras. En , le critique Frédéric Bonnaud succède à Serge Toubiana au poste de directeur général.

Conseil d'administration[modifier | modifier le code]

(composition issue du Conseil d'administration du [e])

Anciens présidents[modifier | modifier le code]

Collections[modifier | modifier le code]

L'entrée de la Cinémathèque française.

La cinémathèque conserve, au  :

  • 40 000 films anciens et modernes ;
  • 25 000 plaques de lanterne magique ;
  • 2 100 costumes et accessoires ;
  • 2 300 objets et éléments de décors ;
  • environ 6 000 appareils et leurs accessoires (caméras, projecteurs, etc.), incluant depuis 1997 ceux du Centre national du cinéma, étudiés et gérés depuis 2008 par le Conservatoire des techniques de la cinémathèque, dont 4 376 figurent dans son catalogue en ligne[f] ;

Au sein de la Bibliothèque du film et de son iconothèque :

  • 23 500 ouvrages ;
  • 500 revues spécialisées ;
  • 30 000 dossiers d'archives ;
  • 6 000 brevets d'invention ;
  • 12 000 films sur DVD, Blu-Ray ou VHS ;
  • 500 000 photographies ;
  • 65 000 photographies numérisées ;
  • 23 000 affiches, numérisées ;
  • 14 500 dessins, numérisés ;
  • 870 dossiers de matériels publicitaires, numérisés ;
  • 25 000 revues de presse, numérisées ;

600 pièces de ces collections sont présentées au musée du cinéma.

Expositions[modifier | modifier le code]

La cinémathèque est aussi connue pour accueillir des expositions sur des réalisateurs connus, en organisant des projections et conférences et en exposant les éléments importants de la carrière du cinéaste. Des films sont également mis à l'honneur[g].

Fréquentation[modifier | modifier le code]

Le nombre de visiteurs de la Cinémathèque a sensiblement augmenté après son déménagement en 2005 : 440 000 la première année (saison 2005-2006)[22]

En 2011, la Cinémathèque française a accueilli 518 000 visiteurs, ce qui constitue une hausse de 35 % par rapport à l'année 2010[23].

L'exposition consacrée au cinéaste Tim Burton organisée du au a accueilli 350 000 visiteurs. C'est une fréquentation record pour une exposition organisée à la Cinémathèque[ae].

En 2017, on note un rebond de fréquentation avec 380 000 entrées (+8 % par rapport à l'année précédente), un rajeunissement du public (22 % de moins de 26 ans) et un meilleur taux de remplissage (44 % contre 40 % en 2016)[24]

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Au cinéma[modifier | modifier le code]

En 1968, en pleine affaire de la Cinémathèque, François Truffaut introduit au début de Baisers volés un plan sur les grilles fermées de la salle du palais de Chaillot[3].

Le film de 2003 Innocents: The Dreamers, de Bernardo Bertolucci, s'ouvre sur la fermeture de la Cinémathèque en 1968 et l'affaire Langlois.

Celle-ci est également évoquée dans le court-métrage Cinéma (2019), de Jean-Max Causse.

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

En 1978, dans Je me souviens, Georges Perec écrit : « Je me souviens de la Cinémathèque de l'avenue de Messine », où elle a été installée jusqu'en 1955[25].

En 2016, dans Une Vie en liberté, Michel Mourlet raconte sa rencontre et ses démêlés avec Henri Langlois au début des années 1960[26].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jérémie Couston, « Exposition Henri Langlois : dix questions sur un monstre cinéphile », Télérama, .
  2. Anaïs Kien, documentaire « Trois fois par jour, rendez-vous au 29 », La Fabrique de l'histoire, 17 janvier 2012.
  3. a et b Frédéric Bonnaud, « L'affaire de la cinémathèque française de février 68 : tirez sur le ministre ! », Les Inrockuptibles, (version du sur Internet Archive).
  4. L'Affaire Henri Langlois – court métrage documentaire montrant les protestations contre André Malraux.
  5. Ouverture du Musée du Cinéma créé par Henri Langlois en 1972 (entretien filmé).
  6. Henri Langlois & la Cinémathèque Française (reportage TV).
  7. Ciudadano Langlois – extrait du film documentaire de long métrage par Edgardo Cozarinsky.
  8. JACQUES SICLIER., « Des milliers de films détruits dans les yvelines. un feu de pellicule », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  9. Le Monde, « Une mise au point de la cinémathèque », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  10. Ange-Dominique Bouzet, « Le palais de Tokyo, son et lumières », Libération,‎ .
  11. « Temple (Paris 11e) », sur sallesdecinemas.blogspot.com (consulté le )
  12. « C'étaient leurs dernières séances », sur salles-cinema.com, (consulté le ).
  13. Reportage TV sur l’incendie.
  14. Conséquences de l’incendie du Palais de Chaillot – actualités sur l’incendie, 23 juillet 1997.
  15. Ouverture du Musée du cinéma – interview filmée avec Henri Langlois.
  16. Le fantôme d'Henri Langlois : le secret perdu – moyen métrage de l’INA : portrait d'Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque de Paris et créateur du Musée du cinéma, 2004.
  17. François Albera, « Musée du cinéma : Esprit es-tu là ? », 1895, no 43,‎ , p. 87–100 (DOI 10.4000/1895.1602, lire en ligne).
  18. « Les grandes dates de la Cinémathèque française », Le Nouvel Observateur, .
  19. Biographie.
  20. Renoir sur ruedescollectionneurs.com.
  21. Pedro Almodóvar sur fresques.ina.fr/europe-des-cultures-fr.
  22. Violette Lazard, « La cinémathèque a attiré 440 000 visiteurs en une année », Le Parisien, (consulté le ).
  23. AFP, « À Paris, 13 sites culturels millionnaires en visiteurs », Libération, .
  24. « Rebond de la fréquentation en 2017 pour la Cinémathèque française », sur Écran Noir, (consulté le ).
  25. Roland Brasseur, Je me souviens encore mieux de Je me souviens : Notes pour Je me souviens de Georges Perec à l'usage des générations oublieuses et de celles qui n'ont jamais su, Bègles, Le Castor astral, , 3e éd., 359 p. (ISBN 2-85920-544-6), p. 41–42.
  26. Une Vie en liberté, Séguier, Paris, 2016 : chp. XV, p. 183 à 187.

Sur le site de la Cinémathèque :

  1. L’Association.
  2. Le musée de la cinémathèque.
  3. « Cinéma Bis », sur cinematheque.fr (consulté le ).
  4. Rapport sur cinematheque.fr.
  5. « L'association - La Cinémathèque française », sur cinematheque.fr (consulté le )
  6. Catalogue des appareils, site cinematheque.fr.
  7. La rétrospective des expositions sur le site de la Cinémathèque, consulté le 30 janvier 2015.
  8. Métropolis de Fritz Lang sur cinematheque.fr.
  9. Sacha Guitry : une vie d'artiste sur cinematheque.fr.
  10. Georges Méliès, magicien du cinéma sur cinematheque.fr.
  11. Dennis Hopper et le nouvel Hollywood sur cinematheque.fr.
  12. Jacques Tati : deux temps, trois mouvements sur inthemoodforcinema.com.
  13. Tournages : Paris, Berlin, Hollywood - 1910-1939 : les photographes de plateau sur cinematheque.fr.
  14. [1] sur cinematheque.fr.
  15. Tim Burton, l'exposition sur cinematheque.fr.
  16. Les Enfants du paradis de Marcel Carné sur cinematheque.fr.
  17. Le monde enchanté de Jacques Demy sur cinematheque.fr.
  18. Pasolini Roma sur cinematheque.fr.
  19. Le Musée imaginaire d'Henri Langlois sur cinematheque.fr.
  20. François Truffaut sur cinematheque.fr.
  21. Michelangelo Antonioni sur cinematheque.fr.
  22. Martin Scorsese sur cinematheque.fr.
  23. Gus Van Sant sur cinematheque.fr.
  24. De Méliès à la 3D sur cinematheque.fr.
  25. « Exposition - Derniers jours Mômes & Cie - La Cinémathèque française », sur cinematheque.fr (consulté le ).
  26. René Goscinny et le cinéma sur cinematheque.fr.
  27. Chris Marker, les 7 vies d'un cinéaste sur cinematheque.fr.
  28. Il était une fois Sergio Leone sur cinematheque.fr.
  29. Quand Fellini rêvait de Picasso sur cinematheque.fr.
  30. Vampires, de Dracula à Buffy sur cinematheque.fr.
  31. Serge Toubiana, « Fin de l'exposition Tim Burton », Blog de Serge Toubiana, sur cinematheque.fr, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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