Christophe de Margerie — Wikipédia

Christophe de Margerie
Christophe de Margerie en 2008.
Fonctions
Président-directeur général de TotalEnergies
-
Directeur général et président du comité exécutif de Total
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Christophe Gabriel Jean-Marie Jacquin de MargerieVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
Big MoustacheVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Famille
Mère
Colette Taittinger (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Conjoint
Bernadette Prud'homme
Parentèle
Autres informations
A travaillé pour
TotalEnergies (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions

Christophe Rodocanachi-Jacquin de Margerie, dit Christophe de Margerie, est un chef d'entreprise français, né le à Mareuil-sur-Lay (Vendée) et mort le à Moscou.

Il effectue toute sa carrière au sein du groupe Total, dont il devient le directeur général en 2007 puis le président-directeur général en 2010. À l'issue d’un déplacement professionnel à Moscou, au moment de décoller de l'aéroport international de Vnoukovo en vue de rentrer à Paris, il est victime d’un accident d'avion dans lequel il meurt ainsi que les trois membres de l'équipage.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et formation[modifier | modifier le code]

Christophe Gabriel Jean Marie Rodocanachi-Jacquin de Margerie est le fils de Pierre Rodocanachi (1921-2010), ancien officier militaire, et de Colette Taittinger (née en 1928)[1]. Abandonné par son père, il est adopté à l’âge de onze ans par le deuxième mari de sa mère, Pierre-Alain Jacquin de Margerie[Note 1],[2]. Par sa mère, il est le petit-fils de Pierre Taittinger et le demi-frère de Victoire de Margerie.

Il fait ses études supérieures à l'École supérieure de commerce de Paris dont il sort diplômé en 1974[3].

Carrière[modifier | modifier le code]

Christophe de Margerie entre comme stagiaire chez la Compagnie française des pétroles (future Total) en 1974[3], à la direction financière. Il aime raconter qu'il a choisi Total « uniquement parce que c'était l'entreprise la plus proche de chez lui[4] ». En 1995, il est nommé au poste de directeur général de Total Moyen-Orient. Il entre ensuite au comité exécutif. Il est nommé en 1999 directeur général pour l'exploration et la production, et apparaît alors progressivement comme le dauphin naturel de Thierry Desmarest[5]. Le 13 février 2007, il est nommé directeur général de Total par le Conseil d'administration du groupe, Thierry Desmarest restant président de ce conseil sans mandat exécutif jusqu'au 21 mai 2010, date à laquelle Christophe de Margerie le remplace à cette fonction et devient PDG[6]. Son caractère jovial et sa moustache lui valent dans son entreprise le surnom de « Big moustache »[7].

En 2006, dans le volet français de l'affaire Pétrole contre nourriture, de Margerie est mis en examen le 19 octobre pour complicité d'abus de biens sociaux et complicité de corruption d'agents publics étrangers[8],[9]. Le tribunal correctionnel de Paris le relaxe le 8 juillet 2013[10].

En 2008, il figure parmi la dizaine de Français invités à la 56e édition de la conférence Bilderberg, qui se déroule du 5 au 8 juin au Westfields Marriott à Chantilly en Virginie aux États-Unis[11].

Le , il se joint à quinze autres patrons français[12] pour demander une augmentation de leurs impôts[13].

Christophe de Margerie défendait le principe de l'utilisation de la fracturation hydraulique pour l’exploration des gaz de schiste dans le sud de la France[14].

À sa mort, il est décrit comme « aussi puissant que le Quai d'Orsay » tant l'influence de Total, en raison de son poids économique et de ses rapports privilégiés avec le gouvernement français, est grande[15].

Il sera décoré, à titre posthume par le Président de la Russie, Vladimir Poutine, de la Médaille d'honneur « pour sa contribution au développement des liens économiques et culturels franco-russes », selon un décret du Kremlin signé par Vladimir Poutine[16]. Vladimir Poutine avait déploré la perte d'«un vrai ami» de la Russie et avait déclaré apprécier au plus haut point les qualités d'homme d'affaires de Margerie, son dévouement continu non seulement dans les relations franco-russes mais dans toutes les formes de coopération.»

Mort[modifier | modifier le code]

Le 20 octobre 2014 vers 23 h 57 (MSK)[17],[18], il meurt à Moscou dans l'accident du Falcon 50[19] immatriculé F-GLSA (opéré par Unijet) lors du décollage vers Paris alors que l'appareil a heurté un engin de déneigement [20] présent sur la piste. Tous les occupants de l'avion sont morts sur le coup (le pilote Yann Pican, l'hôtesse de bord Ruslana Vervelle et Christophe de Margerie), à l'exception du copilote Maxime Rassiat, mort au bout de plusieurs secondes, comme en témoignent les traces de suie retrouvées dans sa trachée, conséquence de l'incendie s'étant déclaré au moment de l'impact. Le bilan est de 4 morts ce soir-là, sur la piste de l'aéroport international de Vnoukovo.

Le , une cérémonie officielle est célébrée par Mgr Jérôme Beau à l'église Saint-Sulpice de Paris, en présence du président de la République François Hollande, du Premier ministre Manuel Valls, de l'émir du Qatar, la directrice du FMI Christine Lagarde et de nombreuses autres personnalités du monde politique, économique et artistique. Il est inhumé le 28 octobre 2014 au cimetière de Kairon (Saint-Pair-sur-Mer, Manche) dans l'intimité familiale[21].

D'après la journaliste Muriel Boselli, sa mort pourrait être due à l'action de ses opposants : « Christophe de Margerie a également beaucoup critiqué l'hégémonie du dollar dans le monde, notamment dans le secteur pétrolier [...]. Il a ouvertement évoqué l'idée d'acheter le pétrole dans une autre devise »[15],[22]. Celle-ci note aussi que la justice russe s’accommode des incohérences de l'enquête tandis que la justice française manque d'empressement pour lever les zones d'ombre de l'enquête russe[23].

Il laisse une veuve, née Bernadette Prud'homme, et trois enfants, Fabrice, Laëtitia et Diane.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Le , Christophe de Margerie est promu, à titre posthume, officier de la Légion d'honneur. Il avait été nommé chevalier en 2003[24].

Mandats sociaux[modifier | modifier le code]

Réseaux[modifier | modifier le code]

Popularité[modifier | modifier le code]

Le navire-citerne Christophe de Margerie.

Le , Christophe de Margerie est classé 12e patron du CAC 40, en matière de performances boursières (dividende), par Challenges[31].

Selon un sondage réalisé entre juillet et août 2014 par le cabinet Advent, sa cote de popularité est de 40 %. Selon le magazine Capital, où l'enquête est dévoilée, ce résultat est dû « à la fois [à] l'essence trop chère, [aux] dividendes colossaux qu'il verse à ses actionnaires et [à] la marée noire de l'Erika ». Le journal ajoute que l'homme « séduit tous ses interlocuteurs par sa jovialité et son franc-parler »[32].

À la suite de l'accident d'avion causant sa mort et celui de tout l'équipage, des journalistes de la presse française rendent hommage à un patron « original et sympathique »[33].

Le 3 juin 2017, un navire brise-glace de transport de gaz liquéfié (LNG) de l'entreprise russe Sovcomflot est baptisé en son honneur "Christophe de Margerie" par Vladimir Poutine[34],[35].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Muriel Boselli, L'Énigme Margerie. Enquête sur la vie et la mort du magnat du pétrole français, Robert Laffont, 2016

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « C'est lui, et lui seul, mon vrai père », confie-t-il[1].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Odile Benyahia-Kouider, « Christophe de Margerie, un patron hors norme », sur nouvelobs.com, L'Obs, (consulté le ).
  2. Jean-Marc Sylvestre, « Christophe de Margerie », sur jeanmarc-sylvestre.com, (consulté le ).
  3. a et b Matthieu Deprieck, « Christophe de Margerie, un grand patron qui parlait cash », sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).
  4. Challenges, no 218, 24 juin 2010, p. 48.
  5. Les Échos, 13 février 2007.
  6. Communiqué « Copie archivée » (version du sur Internet Archive) Total, 21 mai 2010.
  7. Jean-Michel Bezat et Dominique Gallois, « Mort de Christophe de Margerie, patron stratège et truculent de Total », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Le directeur général de Total mis en examen pour corruption et abus de biens sociaux », Le Monde, 22 mars 2007.
  9. « Christophe de Margerie, une carrière chez Total », Le Monde, 21 octobre 2014.
  10. Valérie de Senneville, « Pétrole contre nourriture : Total et Margerie relaxés », Les Échos, 9 septembre 2013.
  11. Éric Chol, « Secrets bien gardés à Bilderberg » « Copie archivée » (version du sur Internet Archive), L'Express, 19 juin 2008.
  12. Jean-Paul Agon, PDG de L'Oréal ; Liliane Bettencourt, actionnaire de L'Oréal ; Antoine Frérot, PDG de Veolia Environnement ; Denis Hennequin, PDG d’Accor ; Marc Ladreit de Lacharrière, président de Fimalac ; Maurice Lévy, PDG de Publicis ; Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale ; Claude Perdriel, président du conseil de surveillance de Le Nouvel Observateur ; Jean Peyrelevade, président de Leonardo & Co France ; Franck Riboud, PDG de Danone ; Stéphane Richard, PDG d’Orange ; Louis Schweitzer, président de Volvo et d’AstraZeneca ; Marc Simoncini, président de Meetic, fondateur de Jaïna Capital ; Jean-Cyril Spinetta, président d’Air France-KLM, président du conseil de surveillance d’Areva ; Philippe Varin, président du directoire de PSA Peugeot Citroën.
  13. « L'appel de très riches Français : "Taxez-nous !" », Le Nouvel Observateur, 23 juillet 2011.
  14. « Total se rapproche de ses records avec 12 milliards d'euros de bénéfices », Le Nouvel Observateur , 10 février 2012.
  15. a et b Alain Deneault, « Total, un gouvernement bis », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. Le Parisien, « Moscou : Christophe de Margerie décoré à titre posthume par Vladimir Poutine ».
  17. Service de presse, « Communiqué de presse de l'aéroport de Vnoukovo : D'un accident de la nuit du 20 au 21 octobre 2014 », sur corp.vnukovo.ru, (consulté le ).
  18. Communiqué de presse Total, « Total confirme le décès de son Président-Directeur Général, Christophe de Margerie », sur site institutionnel de Total, (consulté le ).
  19. B. Quenelle, correspondant à Moscou, « Total : mort du PDG, Christophe de Margerie, dans un accident d’avion », sur lesechos.fr, (consulté le ).
  20. Mort dans un crash du PDG de Total : la thèse de l'accident mise en doute https://fr.news.yahoo.com/mort-dans-crash-pdg-total-these-accident-mise-doute-183027540.html?vp=1
  21. « Hollande assiste aux obsèques de Christophe de Margerie », sur Le Figaro.
  22. « Accident ou attentat ? J'ai enquêté sur la vie et la mort de Christophe de Margerie », sur leplus.nouvelobs.com.
  23. Aude Mazoue, « Mort de Christophe de Margerie : le mystère reste Total », sur France 24, (consulté le )
  24. Décret du 24 octobre 2014 portant promotion, Légifrance.
  25. « Société CCM », sur verif.com.
  26. « Société CDM PATRIMONIAL », sur verif.com.
  27. LCI, aux abords de la cérémonie officielle d'hommage à Christophe de Margerie à l'église Saint-Sulpice, 27 octobre 2014, 9h40.
  28. « Brigitte Taittinger », sur verif.com.
  29. « Colette de Margerie », sur verif.com.
  30. Charles-Emmanuel Haquet, « Les réseaux de Christophe de Margerie », L'Express, 1er avril 2007.
  31. « Classement : les patrons les plus performants de 2013 (CAC 40) », Challenges, 18 décembre 2013.
  32. Gilles Tanguy, « Les patrons préférés des Français… et les mal-aimés », Capital, no 277,‎ , p. 38.
  33. Daniel Schneidermann, « Notre pote Christophe de Margerie (de Total) », sur rue89.nouvelobs.com Rue89, (consulté le ).
  34. « Réchauffement climatique : un méthanier franchit le passage Arctique Nord-Est », sur latribune.fr, (consulté le ).
  35. Rosa Moussaoui. La fébrilité des oligarques français du Kremlin. L'Humanité Magazine, 24 mars 2022, n°799, pp. 16-20.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]