Christophe Thretius — Wikipédia

Christophe Thretius
Biographie
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Krzysztof Trecy
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Maître

Christophe Thretius, aussi écrit Krzysztof Trecy, Krzysztof Trecius, Krzysztof Thretzy (Trecjusz, Tretko), Christophorus Trecius en latin, est un humaniste protestant réformé polonais, né vers 1530, et mort en 1591.

Biographie[modifier | modifier le code]

Christophe Thretius naît vers 1530 à proximité de Cracovie. Il est aidé dans sa jeunesse par Jarosz Łaski, frère de Jan Łaski. Trecy fréquente d'abord l'école locale de Kieżmark, dans la région alors polonaise de Spisz où il apprend des rudiments de latin et d'allemand. Après la mort de Jarosz Łaski il s'installe à Cracovie[1]. Il étudie à l'université Jagellon en 1547.

En 1556, Christophe Thretius est précepteur du jeune polonais Stanislas Prädborius Koniecpolski à l'université de Wittenberg, en 1556. Il va ensuite à Strasbourg et visite l'école alors célèbre de Jean Sturm. Il retourne en Pologne via Bâle et Zurich où il rencontre des théologiens réformés suisses et devient leur disciple[réf. souhaitée].

Le , dans un appel « aux nobles et révérends maîtres polonais qui professent de purs enseignements évangéliques » Calvin écrit : « Je n'ai pas besoin d'exposer combien est nuisible le fléau de la discorde. Après tout, vous savez que la pérennité de l'Église ne réside pas seulement dans l'unité de la religion mais aussi dans un accord fraternel ...Nous devrions nous rencontrer et prendre en compte avec empressement toute circonstance qui pourrait nous amener à un accord »[réf. souhaitée].

Le , Christophe Thretius est chargé par le synode de Książ (Xions) de l'Église de Petite-Pologne et Francesco Lismanini[2] d'apporter à Zurich et Genève des documents concernant la théorie de Francesco Stancaro selon laquelle le Christ n'est médiateur que par sa nature humaine pour obtenir une confirmation de l'avis de théologiens suisses et de Calvin. Calvin confirme par écrit la condamnation de la thèse de Stancaro le [3]. Thretius arrive à Zurich avec deux jeunes nobles polonais, Stanislas et André Cikowski, fils du châtelain de Biecz, recommandés par Lismanini, et leur pédagogue Laurentius Zemlinius. Heinrich Bullinger recommande Thretius à Jean Calvin, dans une lettre datée de Zurich, le . Il poursuit alors sa formation en Suisse sous la direction de Bullinger avant de revenir en Pologne pour y enseigner la doctrine protestante réformée[4]. Thretius accompagne Théodore de Bèze au colloque de Poissy avant de revenir à Genève en . Il séjourne à Genève jusqu'en 1564 où il se lie d'amitié avec Charles de Jonvillier. Il étudie la théologie sous la direction de Calvin. Le , Thetius quitte Zurich pour l'Allemagne. Il se rend à la foire de Francfort pour y acheter des livres des Pères de l'Église afin d'étayer les thèses orthodoxes. Le , Thretius écrit à Théodore de Bèze installé maintenant à Genève pour lui donner des nouvelles de Pologne et demander à Calvin et à Bèze de continuer à écrire aux seigneurs polonais à suite[pas clair] de la Brevis admonitio et l' Epistola envoyées à l'église polonaise. Il l'informe sur les antitrinitaires Gian Paolo Alciati parti en Hongrie, Giovanni Valentino Gentile, en Valachie. Il lui fait parvenir un texte de Grzegorz Paweł (Gregorius Pauli) de Brzeziny[5].

Il quitte Genève pour la Pologne à la mi-[6]. Le , s'ouvre la diète à Parczew. Le roi Sigismond II Auguste adopte les décrets du concile de Trente[7] et accorde en la liberté religieuse aux nobles mais un édit expulse du territoire polonais tous les non-catholiques étrangers.

À son retour en Pologne, Thretius fonde en 1564 un gymnase protestant à Cracovie donnant un enseignement des humanités et religieux. Jean Thenaud y est professeur. Christophe Thretius donne des cours de théologie dans la dernière classe[8]. Il participe à la diète tenue le à Piotrkow (Petrikau). Elle est suivie d'un colloque réunissant à Bełżyce les délégués des diverses tendance de l'Église polonaise pour une tentative de résoudre la crise qui déchire l'Église réformée de Pologne. Ce colloque est un échec et conduit la division de l'Église entre les calvinistes de l' Ecclesia major et les antitrinitaires de l' Ecclesia minor. Il écrit une lettre à Théodore de Bèze le apportée par Jean Thenaud pour l'informer de la situation de l'Église polonaise et pour lui demander de réfuter les thèses de Gentile et Horus[9]. Dans une lettre écrite à Théodore de Bèze, datée du , perdue, il lui dénonce les erreurs de Pierre Statorius. Bèze lui répond le 1er novembre[10]. Dans sa lettre du , Thretius informe Théodore de Bèze de l'état de l'église polonaise divisée et l'informe qu'il a fait imprimer la lettre de Bèze au prince Radziwill pour encourager le roi à promulguer un édit bannissant les antitrinitaires, les anabaptiste et autres hérétiques, et lui fait part de ses inquiétudes sur la situation de la Pologne dans la guerre de Livonie[11]. En 1566, le roi donne un édit condamnant ceux qui rebaptisent après la diète de Lublin de 1566[12].

En 1569, Tretius accompagne le gouverneur de Myszków à la diète de Lublin où le roi annonce que les questions de religions doivent être traitées par la diète. L'Église de Petite-Pologne n'a pas formulé de déclaration de foi. Christophe Thretius a alors entrepris la traduction en polonais de la deuxième Confession de foi helvétique (en latin Confessio Helvetica Posterior). En 1570 se déroule le synode de Sandomierz. Le , les réformés calvinistes, luthériens et frères tchèques adhérent à la même profession de foi dite du synode de Sandomierz. La Confession de Sandomierz est alors donnée au roi[13],[14].

En 1572, au moment de la préparation de l'élection qui permetttra à Henri de Valois de devenir roi de Pologne, des relations s'établissent avec les huguenots français après le massacre de la Saint-Barthélemy. Jean Thenaud et Christophe Thretius vont s'engager contre cette élection. Pour contrer cette opposition, la cour de France envoie le diplomate Schomberg auprès des protestants allemands pour les rassurer et leur demander d'appuyer la candidature d'Henri de Valois auprès des nobles polonais protestants. Jean de Monluc est envoyé comme ambassadeur en Pologne pour négocier. Thretius obtient le soutien de Firlej, palatin de Cracovie, mais Pierre Zborowski, seigneur calviniste de la Petite-Pologne continue à soutenir la candidature d'Henri de Valois. Le , les plénipotentiaires français signent à Płock une convention en neuf articles au profit de la confession calviniste appelée Postulata polonica. Henri de Valois est élu le . Pour lui permettre d'aller en Pologne, le siège de La Rochelle est levé[15]. Le 1574, Henri de Valois est couronné roi de Pologne.

En , Thretius est en Saxe. Bien que Theodor Wotschke écrive qu'il[Qui ?] ne connaissait pas le but de ce voyage, il peut être rattaché[Interprétation personnelle ?] aux événements de Saxe qui ont résulté de la volonté d'une union des luthériens allemands pour revenir à la pure doctrine de Luther qui aurait été déviée par les philippistes proches des calvinistes de la Saxe électorale et entraîne le bannissement des crypto-calvinistes de la Saxe ducale[16][source insuffisante]. Thretius est aussi à Heidelberg pour voir comment aider les calvinistes saxons. Il y rencontre Théodore de Bèze et discute avec lui de la situation politique en Pologne après la fuite d'Henri de Valois en juin pour revenir en France. Il y a peut-être des discussions sur une possible candidature de Guillaume d'Orange au trône de Pologne, ce qui expliquerait la présence de Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde à Cracovie[17]. Il est à Strasbourg puis à Zurich à la fin [18]. Théodore de Bèze écrit à Thretius mi- (lettre 1072 de la Correspondance, tome XV) pour lui décrire l'état de la France. En il est de nouveau à Genève où il demeure jusqu'au . Il s'est alors entretenu avec Théodore de Bèze de la situation politique. C'est son dernier séjour à Genève. En 1576, il fait un nouveau voyage en Allemagne, mais après Bâle, fatigué, il préfère continuer son voyage en voiture vers Strasbourg[19], Heidelberg et Nuremberg avant de revenir à Cracovie[20].

Christophe Thretius est délégué par l'Église polonaise à l'assemblée de Francfort qui s'est tenue le 27 et .

Thretius écrit de Breslau à Théodore de Bèze le qui lui répond de Genève le [21]. Il est secrétaire royal, anobli en 1580[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Henrik Barycz, Voyageurs et étudiants polonais à l'époque de Calvin, dansÉchanges entre la Pologne et la Suisse du XIVe au XIXe siècle. Choses-Hommes-ldées, Librairie Droz, Genève, 1964, p. 87, (ISBN 978-2-600-03949-9).
  2. Francesco Lismanini, provincial des franciscains, délégué de son Ordre en Pologne, s'est établi en Suisse en 1554 où a abjuré la foi catholique pour adopter le protestantisme réformé.
  3. Rodolphe Peter, Jean-François Gilmont, Les œuvres de Jean Calvin publiées au XVIe siècle, II - Écrits théologiques, littéraires et juridiques 1555-1564, Librairie Droz, Genève, 1994, p. 811, (ISBN 978-2-600-00013-0) (aperçu)
  4. Théodore de Bèze, Correspondance, tome III, 1559-1561, p. 99 (aperçu)
  5. Théodore de Bèer, Correspondance, tome IV, 1562-1563, p. 204 (aperçu)
  6. Henrik Barycz, Voyageurs et étudiants polonais à l'époque de Calvin, dans Échanges entre la Pologne et la Suisse du XIVe au XIXe siècle. Choses-Hommes-ldées, Librairie Droz, Genève, 1964, (ISBN 978-2-600-03949-9)
  7. (pl) Piotr Aleksandrowicz, « Przyjęcie przez króla i senat uchwał Soboru Trydenckeigo w Parczewie w 1564 r. », dans Prawo Kanoniczne : kwartalnik prawno-historyczny, 1966, tome 9, no 3-4, p. 363-381 (lire en ligne)
  8. Échanges entre la Pologne et la Suisse du XIVe au XIXe siècle, p. 91.
  9. Théodore de Bèze, Correspondance, tome VI, 1565, p. 78 (aperçu)
  10. Théodore de Bèze, Correspondance, tome VI, 1565, p. 188
  11. Théodore de Bèze, Correspondance, tome VII, 1566, p. 177 (aperçu)
  12. Histoire ecclésiastique pour servir de continuation à celle de Monsieur l'abbé Fleury depuis l'an 1562 jusqu'en 1574, Chez G. Le Roy, Caen, 1781, tome 23, p. 273 (lire en ligne)
  13. Jerzy Lehmann Konfesja, Sandomierska na tleinnych konfesji w Polsce XVI Wieku, Warszawa, 1937, p. 108–115
  14. Darius Petkunas, The Consensus of Sandomierz : An Early Attempt to Create a Unified Protestant Church in 16th Century Poland and Lithuania, dans Concordia Theological Quarterly, volume 73, 2009, p. 317–346 (lire en ligne)
  15. Wacław Sobieski, La Pologne et les huguenots au lendemain de la St. Barthélémy.
  16. Sous la direction de Jean-Marie Mayeur, Charles Pietri, André Vauchez, Marc Venard, Histoire du christianisme des origines à nos jours, Desclée, 1992, tome VIII, Le temps des confessions (1530-1620/30), p. 23, (ISBN 2-7189-0574-3) (aperçu)
  17. Échanges entre la Pologne et la Suisse du XIVe au XIXe siècle, p. 94.
  18. Théodore Bèze, Correspondance, tome XV, p. 212 (aperçu)
  19. (pl) Jerzy Samuel Bandtkie, Historya drukarn w krolestwie polskiem i Wielkiem Xięstwie Litewskiem, Drukarni Jósefa Mateckiego, Krakowie, 1826, volume 3, p. 211-212 (lire en ligne)
  20. Échanges entre la Pologne et la Suisse du XIVe au XIXe siècle, p. 95.
  21. Théodore Bèze, Correspondance, tome XX, p. 212 (aperçu)
  22. (pl) Piotr Guzowski, « Pierwszy polski indeks ksiąg zakazanych » : Trecy Krzysztof (Christophorus Trecius), dans Studia Podlaskie, Białystok, 2002, tom 12, p. 198 (lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Résumé de, Wacław Sobieski, « Polska a hugonoci po Nocy św. Bartłomieja (La Pologne et les huguenots au lendemain de la St. Barthélémy) », dans Bulletin international de l'Académie des Sciences de Cracovie, classe de philologie, classe d'histoire et de philosophie, Imprimerie de l'Université, Cracovie, 1909 (lire en ligne)
  • (de) Theodor Wotschke, « Christoph Thretius. Ein Beitrag zur Geschichte des Kampfes der reformierten Kirche gegen den Antitrinitarismus in Polen », dans Altpreussische Monatsschrift, Königsberg, 1907, volume 44, p. 1-42, 151-210 (lire en ligne)
  • (de) Theodor Wotschke, Der briefwechsel der Schweizer mit den Polen, Éditions M. Hensius Nachfolger, Leipzig, 1908 (lire en ligne)
  • Stanisław Kot, « Le rayonnement de Strasbourg en Pologne à l'époque de l'Humanisme », dans Revue des Études Slaves, 1951, no 27, p. 184-200 (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]