Christian Bonnet (homme politique) — Wikipédia

Christian Bonnet
Illustration.
Christian Bonnet en 1977.
Fonctions
Sénateur français

(17 ans, 11 mois et 27 jours)
Élection 25 septembre 1983
Réélection 27 septembre 1992
Circonscription Morbihan
Groupe politique UREI (1983-1993)
RI (1993-2001)
Député français

(2 ans, 5 mois et 16 jours)
Élection 21 juin 1981
Circonscription 2e du Morbihan
Législature VIIe (Cinquième République)
Groupe politique UDF
Prédécesseur Aimé Kergueris
Successeur Aimé Kergueris

(13 ans, 6 mois et 27 jours)
Élection 30 novembre 1958
Réélection 25 novembre 1962
12 mars 1967
30 juin 1968
Circonscription 2e du Morbihan
Législature Ire, IIe, IIIe et IVe (Cinquième République)
Groupe politique MRP (1958-1962)
CD (1962-1967)
RI (1967-1972)
Prédécesseur Quatrième République
Successeur Yvonne Stéphan

(2 ans, 10 mois et 16 jours)
Élection 2 janvier 1956
Circonscription Morbihan
Législature IIIe (Quatrième République)
Groupe politique MRP
Ministre de l'Intérieur

(4 ans, 1 mois et 22 jours)
Président Valéry Giscard d'Estaing
Premier ministre Raymond Barre
Gouvernement Barre II et III
Prédécesseur Michel Poniatowski
Successeur Gaston Defferre
Ministre de l'Agriculture

(2 ans, 10 mois et 2 jours)
Président Valéry Giscard d'Estaing
Premier ministre Jacques Chirac
Raymond Barre
Gouvernement Chirac I
Barre I
Prédécesseur Raymond Marcellin
Successeur Pierre Méhaignerie
Secrétaire d'État au Logement

(1 an, 10 mois et 21 jours)
Président Georges Pompidou
Alain Poher (intérim)
Premier ministre Pierre Messmer
Ministre Olivier Guichard
Gouvernement Messmer I, II et III
Prédécesseur Robert-André Vivien
Successeur Jacques Barrot
Maire de Carnac

(32 ans et 14 jours)
Prédécesseur Léon Lorec
Successeur Olivier Buquen
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Paris 12e (France)
Date de décès (à 98 ans)
Lieu de décès Vannes (France)
Nationalité Française
Parti politique MRP (1956-1962)
CD (1962-1967)
FNRI (1967-1978)
UDF (1978-2002)
Diplômé de École libre des sciences politiques
Profession Homme d’affaires

Signature de Christian Bonnet

Christian Bonnet, né le à Paris et mort le à Vannes, est un homme politique français.

Longtemps député du Morbihan et maire de Carnac, il est membre du gouvernement sans interruption de 1972 à 1981, notamment comme ministre de l'Intérieur à partir de 1977. Il est ensuite sénateur jusqu'en 2001.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Christian Bonnet naît le à Paris. Il est le fils aîné de Pierre Bonnet et de Suzanne Delebecque et a deux frères : Didier Bonnet et Jean-Claude Bonnet, ancien maire de Feux (Cher). Son grand-père, Charles Bonnet, est l’époux de Claire Vaillant de Guélis, qui a un lien de parenté avec la famille du marquis de Louvois, ministre de Louis XIV[1].

Il effectue ses études secondaires au collège Stanislas[2]. ll étudie le droit à la faculté de droit de l'université de Paris, et obtient une licence de droit ainsi qu'un DES en droit public et en droit privé[3]. Il étudie aussi à l’École libre des sciences politiques, où il rencontre sa femme[4]. Il est titulaire d'un doctorat en droit[5].

Après ses études, il s'installe en 1947 à Auray avec son épouse[6], et devient directeur d'une conserverie de sardines (Delory) à Quiberon, puis d'une usine de légumes à Gourin.

Christian Bonnet a six enfants. Son fils Éric se suicide en , alors qu'il se trouve au séminaire français de Rome[7].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Implantation dans le Morbihan[modifier | modifier le code]

Deux ans après son élection comme député (MRP) du Morbihan, en 1956, il est élu conseiller général dans le canton de Belle-Île. Il est élu maire de Carnac en 1964 à la suite du décès du maire, Léon Lorec[8].

Parlementaire actif, secrétaire général du groupe des républicains indépendants à l'Assemblée nationale, il est rapporteur du budget de la marine marchande[9]. Il préside la commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations de 1971 à 1972, jusqu'à son entrée au gouvernement.

Secrétaire d'État au Logement[modifier | modifier le code]

Proche de Georges Pompidou[10], Christian Bonnet devient secrétaire d’État au Logement en 1972. Sa fonction est rattachée à Olivier Guichard, ministre de l'Équipement, du Logement et de l'Aménagement du territoire. Il impose de nouvelles normes d'isolation de logement, en obligeant toutes les chaufferies collectives à être dotées de régulateurs de chauffage[11].

Ministre de l'Agriculture[modifier | modifier le code]

Il devient ministre de l’Agriculture de 1974, dans le gouvernement de Jacques Chirac. Précédent ministre de l'Agriculture devenu Premier ministre, Jacques Chirac décide de faire des politiques agricoles son domaine réservé. Alors que Christian Bonnet apparaît en retrait par rapport au chef du gouvernement, Le Monde indique que « la plupart des décisions prises en matière agricole par le gouvernement Chirac devraient en effet être mises au compte de [Jacques Chirac] »[12].

Christian Bonnet est confronté en parallèle à une conjoncture agricole compliquée : augmentation du prix des matières premières, conditions atmosphériques difficiles (sécheresse de 1976 en Europe), concurrence des produits italiens, espagnols et grecs sur les productions méridionales.

Ministre de l'Intérieur[modifier | modifier le code]

Il est nommé ministre de l'Intérieur le , à la suite du retrait de Michel Poniatowski. Alors sous-préfet, le futur secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, est membre de son cabinet[13].

Son action est notamment marquée par l'affaire Boulin, puis l'arrestation de Jacques Mesrine[14]. Il précise alors aux forces de police qu'il « ne veut pas qu'un seul policier soit blessé par cet individu »[15], qui est finalement tué par la police. Il est également ministre lors de l'attentat de la rue Copernic[16], qui est le premier attentat à la bombe contre une synagogue et le premier attentat antisémite en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Son passage au gouvernement est aussi marqué par la prise d'otages par des nationalistes corses de l'hôtel Fesch, à Ajaccio, en 1980, celle-ci se soldant par trois morts, un CRS et deux passants tués par accident par les CRS. Christian Bonnet demande par la suite au gouvernement Rocard de mener une politique d'une « rigueur féroce »[17] face aux menaces contre l'État de droit en Corse. En 1991, il dénonce, dans une tribune au Monde, le fait qu’« en Corse, les lois sont ostensiblement violées, et [que] le pouvoir se tait »[18].

Il esquisse la première loi de décentralisation en 1978, prélude des lois Defferre, inspirée du rapport Guichard et du rapport Aubert. Le projet de loi sur le développement des responsabilités locales est adopté en première lecture par le Sénat le , mais ne vient pas en discussion devant l’Assemblée nationale, abandonné par la majorité socialiste l’ayant emporté aux élections de 1981. Son projet de loi comprenait notamment la libre coopération intercommunale, en opposition avec le rapport Guichard, très critiqué par les maires en raison du caractère obligatoire de cette coopération. L'allégement de la tutelle de l'État, remplacée par un contrôle de légalité a posteriori, et le renforcement du rôle du département, faisaient aussi partie de ce projet de loi[19].

Fin de carrière au Sénat[modifier | modifier le code]

Christian Bonnet redevient député à l’issue des élections législatives de 1981, avant d’être élu sénateur en 1983. Il dépose en un amendement visant à amnistier les commandos anti-IVG dits « pacifiques » ; sa proposition est rapidement rejetée par la commission mixte paritaire[20].

Il est rapporteur pour la commission des Lois du Sénat lors de l'examen de la loi de 1998 relative à la nationalité, qui prévoit notamment l'automaticité de l'acquisition de la nationalité française pour les enfants nés en France de parents étrangers[21]. Il dénonce le risque que l'immigration « altère l'identité de la nation » et évoque une « immigration d'allocataires »[22].

Membre de l’UDF, il est fortement impliqué sur les questions institutionnelles. Il s'oppose notamment à l'inversion du calendrier électoral en 2001, en tant que rapporteur de cette proposition de loi pour le Sénat[23].

Il quitte la mairie de Carnac en 1996, le conseil général du Morbihan en 2001 et le Sénat la même année. Il s'engage alors dans le milieu associatif auprès de la Société nationale de sauvetage en mer et du Secours catholique[24].

Intimidations et attaques médiatiques sur Coluche[modifier | modifier le code]

Les approches amicales pour le décourager n'ayant pas abouti, des méthodes plus radicales et illégales auraient alors été employées. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Christian Bonnet, donne l'ordre aux Renseignements généraux (RG) au sein du Groupe Direction, dépendant de Bonnet et de Valéry Giscard d'Estaing, d'espionner et de rechercher tous faits pouvant discréditer Coluche (archivés dans le dossier numéro 817 706).

L'Express reçoit des informations qu'il publie le , où l'on apprend que Coluche a été condamné à 3 000 francs d'amende pour outrages à agent de la force publique.

Les choses commencent à mal tourner : le journal Minute exhume un procès-verbal relatant un larcin de Coluche à l'âge de 19 ans.

Aussi, une consigne aurait été passée sur les trois chaînes de télévision française et le réseau de Radio France dont les directeurs sont tous nommés par l'exécutif : Coluche n'a pas droit de cité alors même qu'au Gymnase, le public le rappelle sur l'air de « Coluche président ».

Le lancement de sa campagne a cependant été couvert par le journal télévisé, où une interview de Coluche par Daniel Grandclément lui donne la parole pendant 5 minutes 30 le . Foulard vert et blouson de cuir beige, il répond à des questions sans complaisance ni animosité.

Il reçoit une menace de mort signée du groupe Honneur de la Police fustigeant son rôle dans Inspecteur la Bavure

Mort et obsèques[modifier | modifier le code]

Christian Bonnet meurt de vieillesse le , dans une maison de retraite de Vannes[25],[26]. En raison de la crise liée à la pandémie de Covid-19, ses obsèques sont célébrées dans la plus stricte intimité[27].

Détail des mandats et fonctions[modifier | modifier le code]

  • Député du Morbihan de 1956 et 1972 puis de 1981 à 1983.
  • Conseiller général du Morbihan (élu dans le canton de Belle-Île) de 1958 à 2001.
  • Maire de Carnac de 1964 à 1996.
  • Secrétaire d’État au Logement du au .
  • Ministre de l’Agriculture du au .
  • Ministre de l’Intérieur du au .
  • Sénateur du Morbihan du au .

Décoration[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Marie-Odile Mergnac, Histoire familiale des hommes politiques français, Archives & culture, , 254 p. (ISBN 978-2911665127).
  2. « Christian, Charles, Auguste Bonnet - Base de données des députés français depuis 1789 - Assemblée nationale », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le )
  3. Cooperation agricole, Centre national de la cooperation agricole., (lire en ligne)
  4. « Christian Bonnet, ancien ministre de l’intérieur, est mort », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Arnaud de Maurepas, Hervé Robert et Pierre Thibault, Les Grands Hommes d'État de l'histoire de France, Larousse (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-03-592126-0, lire en ligne)
  6. Edouard Pflimlin, « Christian Bonnet, ancien ministre de l’intérieur, est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. L'Écho républicain, , « Suicide du fils du ministre de l'Intérieur. Un des fils de Christian Bonnet, ministre de l'intérieur, s'est suicidé hier, dans la chambre qu'il occupait au séminaire français de Rome, indique-t-on de source policière, à Rome. »
  8. « À Carnac (Morbihan) M. Christian Bonnet entre au conseil municipal », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. « M. Christian Bonnet », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  10. André Laurens, « La répartition des tâches favorise les hommes de confiance de M. Pompidou », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  11. « Le gouvernement va imposer des normes pour l'isolation des logements annonce M. Bonnet », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. Alain Giraudo, « M. Bonnet : longtemps à l'ombre de M. Chirac », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  13. « L'hommage de Claude Guéant à Christian Bonnet », Valeurs Actuelles,‎ (lire en ligne)
  14. « Christian Bonnet et Mesrine : « Aucun regret » », sur ouest-france.fr (consulté le ).
  15. « Christian Bonnet s'explique », Le Figaro,‎ , p. 9
  16. « Terrorisme en France : L'attentat de la rue Copernic », sur ina.fr, (consulté le ).
  17. « Ancien ministre de l'intérieur de M. Giscard d'Estaing M. Christian Bonnet demande une "rigueur féroce" en Corse », Le Monde,‎ , p. 9
  18. « Point de vue - Un naufrage programmé ?, Christian Bonnet », Le Monde,‎ , p. 5
  19. Pierre Gévart, Comprendre les enjeux de la décentralisation, Paris, L'Etudiant, , 167 p., p. 17
  20. Renaud Dely, « Pas d'amnistie pour les anti-IVG Les auteurs de publicité pour l'avortement en sont aussi exclus. », Libération,‎ (p. 9)
  21. « Les batailles du Sénat », Le Figaro,‎ , p. 5
  22. Clarisse Fabre et Jean-Baptiste de Montvalon, « Christian Bonnet, sénateur UDF, dénonce un risque d'altérer l' "identité de la nation" », Le Monde,‎ , p. 6
  23. Clarisse Fabre, « Le Sénat engage une course de lenteur sur l'inversion du calendrier », Le Monde,‎ , p. 8
  24. « Carnac. Christian Bonnet tire sa révérence à la politique », Le Télégramme,‎ (lire en ligne)
  25. « L’ancien ministre de l’intérieur Christian Bonnet est mort », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  26. W.P, avec AFP, « Décès : L’ancien ministre de l’Intérieur Christian Bonnet s’est éteint à 98 ans », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  27. « Avis de décès - Monsieur Christian Bonnet », sur ouest-france.fr, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]