Choc pétrolier — Wikipédia

L'expression « choc pétrolier » fait référence aux conséquences sur l'économie mondiale d'une modification brutale de l'offre de pétrole (choc d'offre) combinant hausse du prix et augmentation de la consommation et/ou baisse de la production.

On distingue trois crises différentes apparues en 1973, 1979 et 2008. Le début des années 2000 a également vu une importante augmentation du prix du pétrole mais sans atteindre la brutalité et les conséquences des trois crises précitées et n'est donc pas considéré comme un « choc pétrolier » à proprement parler.

Les causes et conséquences de chacune de ces crises sont différentes, mais de nombreux spécialistes craignent une répétition de ces crises en raison de la dépendance accrue de l'économie mondiale au pétrole parallèlement à une diminution certaine des réserves naturelles de pétrole.

Historique des prix du pétrole de 1861 à 2007 en « dollar constant ».

Trois principaux chocs pétroliers[modifier | modifier le code]

Premier choc pétrolier (1973)[modifier | modifier le code]

On parle de « premier choc pétrolier » pour identifier l'augmentation massive du prix du pétrole due en particulier au fait que les États-Unis ont passé leur pic de production en 1971, cela suivi de l'abandon de Bretton Woods et d'une évaluation du dollar ajoutant à la pression haussière sur le baril (qui provoquera par ricochet l'instabilité monétaire des années 1975-1985) alors que l'embargo arabe lié à la guerre du Kippour d' jugule l'importation de brut.

Deuxième choc pétrolier (1979)[modifier | modifier le code]

Le deuxième choc pétrolier s'est produit en 1979. On parle de « second choc pétrolier » pour qualifier le second cycle de hausses des prix. Sous les effets conjugués de la Révolution iranienne, de la fuite du Shah, de la prise de pouvoir de l'Ayatollah Khomeini et de la guerre Iran-Irak, le prix du pétrole est multiplié par 2,7 (passant de 13 dollars à 30 dollars le baril) entre la mi-1978 et 1980, ce qui déclenche aux États-Unis la crise monétaire de 1980.

Troisième choc pétrolier (2008) ?[modifier | modifier le code]

Prix du pétrole « Brent » de 1988 à fin 2014.

Dans la première partie de l'année 2008, on constate à nouveau une envolée surprise des prix du pétrole, le baril atteignant 147 dollars pour ensuite replonger brutalement à la fin de 2008 et au début de 2009, atteignant un creux de 40 dollars avant de rebondir. Ce choc pétrolier fut essentiellement dû à une spéculation débridée, comme le montre, entre autres, l'étude de Masters Capital Management fin 2008[1].

Fin du pétrole bon marché[modifier | modifier le code]

Malgré les multiples alarmes de certains scientifiques et les prédictions de King Hubbert sur le pic pétrolier (peak oil) que beaucoup d'experts situaient dans les années 2010-2012, les États ne semblent pas vouloir vraiment préparer l'après-pétrole. Au début de 2010, c'est l'armée américaine[2] qui tire le signal d'alarme, suivie fin par un rapport encore plus alarmiste de l'armée allemande[3].

Ces prévisions ont été contredites par la baisse du prix du pétrole de 2014-2016[4].[à vérifier]

Crise énergétique de 2021-2022[modifier | modifier le code]

Le prix du baril de pétrole est supérieur à 100 dollars en [5].

Causes et conséquences[modifier | modifier le code]

Pic de production des États-Unis[modifier | modifier le code]

Courbes de production et d'importation des États-Unis.

Pour les historiens du marché du pétrole et les spécialistes de l'industrie, la raison du premier choc pétrolier est tout simplement le fait que les États-Unis, premier producteur de l'époque, ont passé leur pic de production en 1971 (avant l'abandon de Bretton-Woods)[6].

Situation économique générale avant les hausses[modifier | modifier le code]

Avant le choc pétrolier de 1973 le prix du pétrole est si bas que certains États (dont la France) favorisent le « tout pétrole » et la voiture en délaissant les transports en commun et les véhicules électriques[7].

Décisions des cartels pétroliers[modifier | modifier le code]

Effets de la hausse radicale des prix pétroliers[modifier | modifier le code]

À la suite de l'inflation du prix du carburant en 2008, le volume de carburant consommé en France a diminué entre et . Pour la première fois en trois décennies, la consommation a baissé d'une année sur l'autre. Cette chute sans précédent remet en doute pour la première fois de l'histoire le caractère inélastique de la demande de carburant.

Les États-Unis, premier pays consommateur de pétrole, enregistrent eux aussi pour la première fois une baisse significative de la consommation au début de l'été 2008[8]. En effet, la hausse du prix du brut jumelée aux faiblesses du dollar américain ont entrainé un doublement du prix du carburant pour les particuliers sur une période de moins d'un an.

C'est cette dernière annonce qui amorcera la chute du brut à partir d', avant d'être suivie par les effets de la Crise économique de 2007-2010.

Description économique du phénomène[modifier | modifier le code]

Toute variation brutale ne provoque pas nécessairement un choc : il faut que cette variation oblige les agents économiques à prendre des mesures immédiates, qui auront un impact sensible sur d'autres opérateurs et les forceront, à leur tour, à prendre d'autres décisions cruciales, qui en entraîneront d'autres à leur tour, etc. L'inélasticité de la demande de pétrole à court terme favorise cependant les chocs.

Ainsi, dans les pays importateurs, une forte hausse du prix du pétrole augmente les coûts de production de certaines entreprises, hausse à laquelle elles répondent si possible par une baisse de consommation, par une hausse de leurs prix de vente, ou en dernier lieu par des réductions d'activité et d'emploi. Tout cela se répercute dans toute l'économie, et au passage, certains opérateurs se retrouvent en difficulté, amplifiant les problèmes. À terme, l'économie retrouve un nouvel état d'équilibre, où la consommation de pétrole est inférieure.

À l'inverse, dans ces pays, une forte baisse des prix de même ampleur se traduit par une baisse des prix de revient, une hausse des profits, et éventuellement une hausse de l'activité et de l'emploi. Tout cela se fait à la satisfaction générale et s'étale dans le temps, ce qui ne provoque pas de choc. Mais les pays exportateurs subissent, eux, un choc (Contre-choc pétrolier) qui peut se répercuter dans toute la planète financière, avec des effets négatifs (mais limités) même dans les pays importateurs.

Les combustibles étant consommés d'une façon relativement régulière et répartie dans le monde, et la production des combustibles fossiles autres que le pétrole étant également relativement moins concentrée, ce sont les ajustements de la production du pétrole qui sont le phénomène initial.

La règle économique de l'offre et de la demande fait baisser les prix en période d'abondance et les fait monter en cas de restrictions. Les facteurs politiques (mécontentement de l'État, intervention politique du Kremlin dans les affaires pétrolières russes, etc.) sont très importants.

La hausse des prix pour une ressource énergétique possède une limite théorique : dès lors qu'il faut plus d'énergie pour aller chercher la ressource que celle-ci ne peut en fournir une fois extraite, aucun prix, quel qu'il soit, ne peut justifier son exploitation. Le pétrole peut, théoriquement toujours, dépasser cette limite, car même s'il est remplaçable en tant que source d'énergie, il reste pour le moment indispensable comme matière première de la pétrochimie.

Depuis la parabole du voyageur de Calais de Maurice Allais, lauréat du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, les économistes aiment à calculer le prix de renouvellement d'une ressource. Le seul moyen naturel de renouveler le pétrole consiste à chauffer sous pression et en présence d'eau des débris organiques pendant plusieurs millénaires. Sa synthèse a toutefois été réalisée durant la Seconde Guerre mondiale par les savants allemands. Le prix actuel du pétrole est très inférieur à son coût théorique de renouvellement ; l'essence synthétique reste encore plus chère que le pétrole.

Chronologies des principaux chocs pétroliers[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Study links oil prices to speculation - Los Angeles Times/AP, 11 septembre 2008
  2. « En 2012, les surplus de capacité de production de pétrole pourraient disparaître entièrement, et dès 2015, le déficit de production pourrait être proche de 10 millions de barils par jour. »Peak Oil : pourquoi le Pentagone est pessimiste - Blog de Matthieu Auzanneau, Le Monde, 13 novembre 2010 (extrait du rapport Joint operating environment 2008)
  3. « [il existe] une certaine probabilité pour que le Peak Oil se produise aux alentours de l'année 2010, et qu'il ait des conséquences sur la sécurité dans un délai de 15 à 30 ans »Peak Oil : rapport cinglant de l’armée allemande révélé par Der Spiegel - Blog de Matthieu Auzanneau, Le Monde, 2 septembre 2010 (extrait du rapport de la Bundeswehr de juillet 2010)
  4. « La chute du pétrole, c’est le sujet du siècle », letemps.ch, 4 janvier 2015
  5. « Les cours du pétrole terminent en hausse de plus de 6 % », sur La Presse, (consulté le )
  6. La face cachée du pétrole, documentaire de Patrick Barberis, d'après le livre éponyme d'Éric Laurent, Arte édition : Partie 1 et Partie 2 sur Dailymotion [vidéo]
  7. Tel les bennes à ordure électrique dans les grandes villes.
  8. (en)Driving shif into reverse, New-York Times du 2 mai 2010, consulté le 2 décembre 2017

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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