Chloé Delaume — Wikipédia

Chloé Delaume
Chloé Delaume en 2010.
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Nathalie DalainVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Chloé DelaumeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Œuvres principales
Le Cri du sablier, Le Cœur synthétique, Mes bien chères soeurs (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Chloé Delaume, née Nathalie Dalain à Versailles[1] le , est une écrivaine française. Elle est également éditrice et, de manière plus ponctuelle, performeuse, musicienne et chanteuse. Son œuvre littéraire, pour l'essentiel autobiographique, est centrée sur la pratique de la littérature expérimentale et la problématique de l'autofiction.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et études[modifier | modifier le code]

Née en 1973 d'une mère française et d'un père libanais, Chloé Delaume passe une partie de son enfance à Beyrouth, où la guerre civile commencée en 1975 finit par détruire sa maison. En 1983 se déroule à Paris un drame qui hantera toute son œuvre : alors qu'elle n'a que dix ans, son père tue sa mère devant ses yeux puis se suicide[2].

Elle va ensuite vivre chez ses grands-parents puis chez son oncle et sa tante. Voulant devenir professeure comme sa mère, elle s'inscrit à la faculté de Nanterre en Lettres modernes jusqu’à la maîtrise[3] et entame un mémoire inachevé sur La Pataphysique chez Boris Vian[4].

Déçue par le système universitaire, elle quitte la faculté et se met à écrire en se prostituant dans des bars à hôtesses[5].

Carrière littéraire[modifier | modifier le code]

De 1998 à 2001, elle travaille comme critique littéraire au Matricule des Anges sous son vrai nom, tout en commençant à publier des textes en revues [6].

Entre 1999 et 2002, elle fait partie du noyau dur[7] de la revue littéraire EvidenZ[8] fondée par Mehdi Belhaj Kacem (son mari jusqu'en 2002). Elle publie trois textes dans la revue, pour la première fois sous le nom de Chloé Delaume. Le prénom « Chloé » a été emprunté à l'héroïne du roman L'Écume des jours de Boris Vian et le patronyme « Delaume » provient de l'ouvrage d'Antonin Artaud, L'Arve et l'Aume : « il y a mort de l'identité civile parce que je ne l'ai pas choisie. Un beau matin je me suis dit “ça suffit, ma vie ne me convient pas, qui je suis ne me convient pas, je vais être autre” et j'ai pris cette décision[9]. » Elle quitte la revue après le deuxième et dernier numéro.

Elle publie son premier roman, Les Mouflettes d'Atropos, en 2000, chez Farrago[10].

De septembre à décembre 2001, elle est résidente au CipM[11][source insuffisante] où elle écrit Monologue pour épluchures d’Atrides, publié en 2003 aux éditions du CipM/Spectres familiers.

Automne 2001, elle remporte le prix Décembre pour son roman, Le Cri du sablier[12].

Entre janvier 2005 et juin 2007, elle gère le forum de l'émission Arrêt sur images, présenté par Daniel Schneidermann sur France 5[13] et rend compte des critiques et remarques qui y sont écrites une fois par mois sur le plateau de l'émission. Chloé Delaume est alors surnommée « la forumancière »[réf. nécessaire]. Durant cette période, elle écrit et publie J’habite dans la télévision, qu’elle déclinera en performances.

En 2008, elle participe à la création de la revue de littérature contemporaine Tina[14], aux éditions è®e.

En 2010, elle est nommée Chevalière des Arts et des Lettres[15].

La même année, elle lance la manifestation « À vous de lire » dont elle est la marraine avec Frédéric Mitterrand[16].

Fin 2010, Chloé Delaume devient directrice d'une collection intitulée « Extraction[17] » aux éditions Joca Seria. Elle souhaite alors éditer principalement de la littérature expérimentale. Elle y publiera onze titres.

D' à , elle est pensionnaire à la Villa Médicis[18] où elle fait des recherches sur Messaline et interroge magie et politique à travers des performances.

Entre le et le , elle tient une chronique hebdomadaire intitulée « Bienvenue à Normaland », sur le site Arrêt sur images[19].

En 2017, elle développe le cycle Liberté-Parité-Sororité avec le programme de résidence d’écrivains de la Région Île de France, à la librairie Violette and Co, tout en menant des ateliers d’écriture au Palais de la Femme[20].

En 2019, elle entre au comité de lecture du pôle littérature des éditions du Seuil. La même année, elle intègre le jury du Prix Décembre.

En 2020, elle est lauréate du Prix Médicis pour son roman Le Cœur synthétique.

En 2021, elle tient durant six mois la chronique Au lance-flammes du magazine Causette.

En 2021, elle dirige l’ouvrage collectif Sororité publié par Points Féminisme, auquel participent quatorze autrices telles que Lydie Salvayre, Lola Lafon, Ovidie, Camille Froidevaux-Metterie ou encore Alice Coffin.

De 2021 à 2023, elle organise un dimanche par mois La petite veillée, une soirée lecture dans le café féministe Chez Mona, à Paris. Elle y invite de nouvelles voix, et met en avant la poésie[réf. nécessaire].

En 2023, elle est la marraine de la Villa Valmont, maison des écritures et des paysages, qui ouvre ses portes en avril.

Engagement[modifier | modifier le code]

En mai 2022, elle rejoint le parlement de la Nupes[21].

Chloé Delaume signe la tribune publiée dans l'édition du 19 janvier 2024 du quotidien Libération qui s'oppose au parrainage de l'édition 2024 du Printemps des poètes par l'écrivain Sylvain Tesson[22].

Famille et vie privée[modifier | modifier le code]

Chloé Delaume est la nièce de Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré en France depuis 1984 et condamné en 1987 à la réclusion à perpétuité pour des actes terroristes[23].

Elle épouse, en 1999, le philosophe Mehdi Belhaj Kacem[24] dont elle se sépare en 2002. Elle se remarie en 2006 avec Thomas Scotto d'Abusco[25]. En 2013, elle divorce.

Elle a partagé quelque temps sa vie avec Daniel Schneidermann, dont elle s'est séparée depuis. Ils ont écrit ensemble Où le sang nous appelle, publié en 2013[26].

Écriture[modifier | modifier le code]

Chloé Delaume a écrit de nombreux romans, qui témoignent d'une recherche poétique et formelle originale. Son œuvre est avant tout expérimentale[27].

L'autofiction, la technologie et le numérique[28], le « bio-pouvoir », le jeu et les enjeux de la littérature sont des thématiques récurrentes dans son œuvre[29], teintée dès ses débuts de féminisme[30].

Elle définit elle-même son entreprise littéraire comme une « politique de révolution du Je » dont la volonté interne serait de « refuser les fables qui saturent le réel, les fictions collectives, familiales, culturelles, religieuses, institutionnelles, sociales, économiques, politiques et médiatiques. » (La Règle du Je)

Son travail est très influencé par celui de l'Oulipo et de Raymond Queneau en particulier, des pataphysiciens. Elle revendique de multiples sources d'inspirations allant de Pierre Guyotat à Christine Angot en passant par Marguerite Duras.

Outre son œuvre littéraire, elle compose, en compagnie de Julien Locquet, des textes qu'elle interprète sur les albums du groupe Dorine Muraille. Cette collaboration donne également naissance à des performances multimédia.

Elle participe aussi à l'écriture de pièces radiophoniques pour France Culture, par exemple Transhumances en 2006.

Son choc littéraire, le moment où, dit-elle, elle est « entrée en littérature », a été la lecture de L'Écume des jours de Boris Vian. Elle a écrit un essai sur l'apport de Boris Vian sur son œuvre, Les juins ont tous la même peau, titre emprunté au roman de Vian Les morts ont tous la même peau.

Le Cri du sablier, paru chez Farrago, lui vaut le prix Décembre en 2001. Il peut être considéré comme le deuxième volet d'une trilogie autofictive entamée avec Les Mouflettes d'Atropos et clôturée par La Vanité des somnambules.

En 2004, dans Certainement pas, elle s'inspire du jeu de Cluedo comme tissu narratif. En 2007, elle publie un livre-jeu, La nuit je suis Buffy Summers, se fondant sur l'univers de la série télé Buffy contre les vampires.

La même année, à la suite d'une commande des éditions Naïve, elle consacre un bref roman[31] au groupe de rock français Indochine, dont elle est fan ; en 2009, à l'occasion de la sortie du nouvel album de ce groupe, elle signe les paroles d'une de leurs chansons, Les aubes sont mortes.

Dans ma maison sous terre, publié en 2009, pousse l'aspect performatif de son œuvre à son paroxysme : le roman se fait arme et n'a d'autre prétention que de provoquer la mort de la grand-mère de Chloé Delaume[32],[33].

En 2012, elle publie Une femme avec personne dedans (Seuil).

En 2013, elle publie, avec Daniel Schneidermann Où le sang nous appelle (Seuil), roman consacré à Georges Ibrahim Abdallah qui est à la fois son oncle et le chef présumé des Fractions armées révolutionnaires libanaises, condamné à perpétuité au cours d'un procès tenu en France en 1987 où il est accusé de l'assassinat de diplomates israélien et américains, procès en son temps couvert par Schneidermann, alors journaliste au Monde[34].

En 2015, elle expérimente l'écriture numérique et publie, avec l’illustrateur Franck Dion, Alienare, un livre hybride entre texte, film et musique, et déclare à Rue89 : « avec l’hybridité, on peut soudain toucher à quelque chose qui est une forme d’art total[35]. »

En 2016, elle publie Les Sorcières de la République, une dystopie loufoque où la révolution féministe échoue à cause de la rivalité entre femmes[36].

Elle poursuit sa réflexion sur la sororité en publiant en 2019 Mes bien chères sœurs, faisant le choix formel de la lettre ouverte.

En 2020, elle se penche sur la question de l’invisibilisation de la femme de bientôt 50 ans et son obsolescence sur le marché de l’amour. Elle publie Le Cœur synthétique, une parodie de comédie romantique, qui obtient le Prix Médicis.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans et récits[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

Textes et nouvelles[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • La Contribution, court métrage, 2014 - produit par Manufactura

Musique[modifier | modifier le code]

  • Les fabuleuses mésaventures d'une héroïne contemporaine, album, 2020 - Dokidoki / Atypeek Diffusion
  • Chanson Du Haut, avec Jean-Luc Le Ténia, sur l'album Automne, 2009 - autoproduction[37].

Adaptations[modifier | modifier le code]

  • 2005 : Les Mouflettes d'Atropos, mise en scène d'Hélène Poitevin sur une chorégraphie de B. Altieri, Paris[38]
  • 2006 : Transhumances, pièce radiophonique, France Culture
  • 2009 : Eden matin midi et soir, mise en scène de Hauke Lanz, La Ménagerie de verre, Paris
  • 2011 : Veuillez laisser ce corps dans l'état où vous l'avez trouvé en entrant, d'après Les Mouflettes d'Atropos, Le Cri du sablier et La Vanité des somnambules, Compagnie Lever du Jour, Théâtre du Grand Rond, Toulouse[39]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Lieu de naissance indiqué sur le site de l'artiste en page « bio ».
  2. « Chloé Delaume », Evene.fr, consulté le 16 janvier 2012.
  3. Chloé Delaume. « Les représentants de qualité ? Marguerite Duras, Christine Angot… », L'Internaute, 8 avril 2010.
  4. Biographie, Chloédelaume.net, consulté le 16 janvier 2012.
  5. « 24 h dans la vie de Chloé Delaume », sur fabriquedesens.net (consulté le ).
  6. « Nathalie Dalain - Le Matricule des Anges », sur lmda.net (consulté le )
  7. Chloé Delaume, « Prostituationnisme », EvidenZ, no 1.
  8. EvidenZ no 1, LeLibraire.com, 2000.
  9. [vidéo] Bibliothèque Médicis, Personnages, 3 février 2012.
  10. Les mouflettes d'Atropos de Chloé Delaume : Les monologues du vagin dévasté…, Buzz littéraire, 23 septembre 2011.
  11. « Monologues pour épluchures d'atride », Chloédelaume.net, consulté le 16 janvier 2012.
  12. Le Cri du sablier de Chloé Delaume : tempête de sable paternelle, Buzz littéraire, 6 octobre 2007.
  13. Chloé Delaume, Prixdécembre.com, consulté le 17 janvier 2012.
  14. Avec Éric Arlix, Hugues Jallon, Dominiq Jenvrey, Emily King, Jean-Charles Massera, Émilie Notéris, Jean Perrier, Guy Tournaye.
    Tina, editions-ere.net, 27 août 2008.
  15. « Nominations dans l'ordre des Arts et des Lettres », sur culture.gouv.fr,
  16. Article dans Livres Hebdo - annonce sur le site du Ministère de la Culture - Discours de F. Mitterrand, culture.gouv.fr
  17. Fiche de la collection dans le catalogue de la BnF
  18. Chloé Delaume, villamedici.it, consulté le 3 août 2012.
  19. Chez Normaland, arretsurimages.net, consulté le 12 février 2020.
  20. « Chloé Delaume à la librairie Violette and Co (Paris XI) », sur remue.net
  21. Mathieu Dejean, « La Nupes resserre ses liens dans un « parlement » élargi » Accès payant, sur Mediapart, (consulté le )
  22. « Le choix de Sylvain Tesson pour parrainer le Printemps des poètes contesté par plus de 600 signataires d’une tribune », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. Voir sur liberation.fr.
  24. Emmanuel Poncet, « M. le messie », Libération, 13 juin 2005.
  25. Où le sang nous appelle, Evene.fr, consulté le 20 juin 2013.
  26. Voir sur humanite.fr.
  27. Un livre qui n'a pas de synopsis c'est problématique pour les journalistes (Chloé Delaume), Buzz littéraire, 23 septembre 2011.
  28. Camille Tenneson, Chloé Delaume: « Le numérique est une ouverture sur la littérature », Le Nouvel Observateur, 24 mars 2009.
  29. Cf. Fabrice Thumerel, « Chloé Delaume ou l’alteregographie », sur le site libr-critique.com.
  30. Virginie Sauzon, « Le rire comme enjeu féministe : une lecture de l’humour dans Les mouflettes d’Atropos de Chloé Delaume et Baise-moi de Virginie Despentes », sur ResearchGate,
  31. Chloé Delaume, La Dernière Fille avant la guerre, éditions Naïve, coll. « Sessions 2007 », 2007 (ISBN 978-2-35021-099-5).
  32. Éric Loret, « "La haine s'étiole." Chloé Delaume assassine sa grand-mère », Libération, 15 janvier 2009.
  33. C.T., « Chloé Delaume, d'entre les morts », Le Nouvel Observateur, 14 mars 2009.
  34. Voir sur salon-litteraire.com.
  35. « Alienare, un livre-film qui se lit comme une appli », article de Claire Richard, publié le 8 novembre 2015 sur le site de Rue89.
  36. Sylvie Braibant, « Les Sorcières de la République, exquises vengeresses de Chloé Delaume », sur tv5monde.com,
  37. disponible sur le site officiel de Jean-Luc Le Ténia : www.teniadiary.fr
  38. Fiche du spectacle.
  39. Article sur la pièce sur La Dépêche.fr.
  40. Le Figaro, « Le prix Médicis 2020 dévoile la première sélection de son jury », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  41. Ilana Moryoussef, « Le Prix Médicis 2020 est décerné à Chloé Delaume, découvrez le palmarès complet », sur franceinter.fr, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

Interview[modifier | modifier le code]

  • « Le soi est une fiction : Chloé Delaume s'entretient avec Barbara Havercroft », Revue critique de fixxion française contemporaine, no 4,‎ (ISSN 2033-7019, lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]