Charlie Bauer — Wikipédia

Charlie Bauer
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Biographie
Naissance
Décès
(à 68 ans)
Montargis (Loiret, France)
Nom de naissance
Charles Henri Bauer[1]
Nationalité
Formation
Doctorat en anthropologie sociale
Licence de psychologie
Licence de philosophie[3]
Activités

Charlie Bauer, né le à Marseille et mort le à Montargis dans le Loiret, est un militant révolutionnaire d'extrême gauche.

Ancien complice de Jacques Mesrine, il a été détenu 25 ans en prison, dont neuf dans les quartiers de haute sécurité (QHS).

Biographie[modifier | modifier le code]

Charlie Bauer naît dans le quartier de l'Estaque à Marseille, fils d’ouvriers juifs, communistes et résistants[4].

Enfance et Adolescence[modifier | modifier le code]

Adhérent des Jeunesses communistes, il rompt avec celles-ci au moment du vote par le PCF de crédits militaires pour la guerre d'Algérie. Il soutient dès lors le Front de libération nationale, pendant la guerre d’Algérie, pour lequel il vole des armes, et détourne des conteneurs sur le port de Marseille[5].

Prison[modifier | modifier le code]

Arrêté à l'âge de 19 ans (la majorité est alors à 21 ans), il est condamné à plusieurs reprises pour des vols, qu’il considère comme une « pratique politique »[6]. En bande organisée et armée[7], il dévalise trains et magasins de luxe afin de redistribuer les marchandises[8].

Arrêté en 1962, la dernière année de la guerre d'Algérie, il est torturé à l'électricité par des policiers [réf. nécessaire] puis reste 15 ans en prison.

Tentative d'évasion de la prison de Clairvaux en 1971[modifier | modifier le code]

Il tente de s'évader de la prison de Clairvaux, en 1971, par les égouts. Les surveillants inondent les sous-sols pour l'en empêcher. Les évadés manquent de se noyer et doivent passer sous une haie de matraques avant de regagner leurs cellules.

Il devient un défenseur acharné des droits des prisonniers, contre les QHS, pour l'accès à la télévision dans les cellules puis bénéficie d'une libération conditionnelle en février 1977.

Libération conditionnelle en février 1977[modifier | modifier le code]

En septembre 1976, il est transféré à la prison de la Santé, où il rencontre brièvement Pierre Goldman qui s'apprête à en sortir et donne des cours dans différentes disciplines aux détenus. Il bénéficie d'une libération conditionnelle en février 1977 et se voit hébergé par Pierre Goldman les premiers jours. "Quand je suis sorti en 1977, on a nourri le projet de monter un groupe d'intervention antifasciste", racontera-t-il, mais "sans lendemain" car Goldman est rapidement pris par la création d'un club de jazz à la Chapelle des Lombards[9]. Bauer s'est ainsi engagé dans un groupe antifasciste de réfugiés politiques d'Amérique latine[10], en compagnie de Pierre Goldman [11].

Alors qu'il préparait un livre qui sortira en 2006, le commissaire Lucien Aimé-Blanc accusera en janvier 2010 le même Goldman, via une déclaration rapportée quatre ans plus tard par Fred Guilledoux dans La Provence le 29 janvier 2010, d'avoir en 1979 tenté de s'être attaqué aux groupes antibasques montés par la police espagnole, en tentant de "monter un groupe armé pour contrer ces anti-ETA"[9], aboutissant à ce que "des truands marseillais l'ont alors tué avec Maïone", ce que Lucien Aimé-Blanc affirmait en 2010 au journaliste de La Provence "avoir pu vérifier"[9].

Soupçonné de complicité avec Mesrine[modifier | modifier le code]

Sur la base d'informations de policer erronées, reprises par la presse, il est considéré comme le complice de Jacques Mesrine, traqué par toutes les polices[12],[13], dans deux affaires l'enlèvement du milliardaire Lelièvre, et la tentative de meurtre du journaliste de Minute Jacques Tillier. Il sera acquitté dans les deux.

Le complice de Jacques Mesrine dans l'enlèvement d'Henri Lelièvre en 1979 ne sera découvert qu'après la mort de ce dernier, malgré de nombreux indices. Il s'agit de Michel Schayewski, 35 ans, recherché par la police comme membres du "gang à Nénesse", spécialisé dans le racket, le proxénétisme et les attaques à main armée au sud de la région parisienne[14], propriétaire d'une grande maison, près Amboise, où Mesrine et sa compagne sont "rapidement invités pour le week-end" et où les deux hommes préparent un vol puis le rapt d'Henri Lelièvre[15]. Le 1er décembre 1981, Le Monde révèle que la police aurait retrouvé, près de Blois (Loir-et-Cher) la maison où il fut séquestré en juin 1979, au hameau du Breuil, occupée jusqu'à sa retraite par un cultivateur. La maison a été louée via le syndicat d'initiative de Blois, à trente kilomètres seulement d'Amboise, par un homme "très grand et plutôt blond", au nom de son " frère malade "[16]. Un mois et demi après Michel Schayewski est arrêté le 10 janvier 1980 par la BRI à Nice[14], avec dans son automobile 500000 francs en coupures de 500 francs et un colt 357 magnum[14]. Il sera condamné le 17 décembre 1981 à 20 ans de réclusion criminelle, avec Philippe Roubat, pour plusieurs hold-up avec prise d'otages[17] puis le 30 avril 1982 comme "complice de Jacques Mesrine dans le rapt et la séquestration" d'Henri Lelièvre, à quinze années de réclusion criminelle, suivant en cela très exactement les réquisitions de l'avocat général[18]. Michel Schayewski a avoué l'ensemble des faits, y compris le tir de sept balles de 22 long rifle sur une voiture de policiers sur une voiture de police qui surveillait la première remise de rançon[19]. L'affaire a inspiré un film sorti en 1995[20].

Dès le mois de juin, deux garagistes, Fernand Martin-Dumagny et son frère Dominique, avaient dépannées les femmes de Schayewski et Mesrine, embourbées en pleine forêt toute une nuit dans leur Lada. Ensuite, « le grand blond » comme appelé par les gens du village, venait au garage "presque tous les jours" pour s'enquérir de la réparation[21]. C'est seulement une semaine après la mort de Mesrine[21] le 2 novembre 1979, que la police s'intéresse à ce garage: elle a entendu parler d'un moteur d'un Renault 30 vait servi à un hold-up en région parisienne. Le moteur est toujours dans ce garage près du lieu du rapt et les kidnappeurs avaient même chargés les garagistes de le revendre ![22] Pour gagner du temps les policiers, sans d'abord se dévoiler, proposent même de l'acheter[21]. La police s'intéresse à cette nouvelle piste seulement en novembre, car Bauer, arrêté le jour de la mort de Mesrine, a rapidement démontré son innocence. Il avait a été mis sur écoute six semaines avant, acceptant une invitation de Mesrine au restaurant, une autre pour acheter des meubles et des billets dont les billets attestent qu'ils viennent de la rançon, qu'on retrouvera chez lui, mais dont le nombre n'a jamais été précisé[23]. Henri Lelièvre a entre-temps versé 500 000 francs en octobre à un émissaire de Mesrine. Ayant vu la photo de Mesrine dans Détective, il a le même mois crû reconnaître Charlie Bauer lors de l'enquête de police, mais n'en est plus sûr au procès[24].

Bauer sera aussi finalement blanchi après avoir été aussi, un temps, soupçonné d'avoir séquestré le 10 septembre 1979, avec le même Jacques Mesrine, Jacques Tillier, journaliste de l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute, qui sera retrouvé nu et à moitié mort[12], même s'ils neutralisent Mesrine deux jours après[12].

Charlie Bauer a passé vingt-cinq ans de sa vie en prison, dont neuf en Quartier de haute sécurité. Il tentera de s'évader huit fois[25]. Il passe par Paris, Marseille et Lisieux où il rencontre sa femme, Renée, professeur de philosophie[26].

Lors de son séjour en prison, il passe deux licences universitaires, en psychologie et en philosophie, et un doctorat d’anthropologie sociale[27]. Farouche opposant des prisons et des QHS, Charlie Bauer deviendra un défenseur acharné des droits des prisonniers, en luttant notamment pour qu’ils aient droit à la télévision dans les cellules et puissent avoir accès aux livres et aux journaux.

Auteur[modifier | modifier le code]

Deux ans après sa libération en 1988, Charlie Bauer rédige une autobiographie, Fractures d'une vie, qui se vend à 150 000 exemplaires[28]. En 1990, il prépare un ouvrage sur Marseille avec Robert Doisneau qui décède durant ce projet[29].

Acteur[modifier | modifier le code]

Charlie Bauer est conseiller technique sur le film L'Ennemi public no 1 de la saga Jacques Mesrine en 2008. Son personnage est interprété par Gérard Lanvin. Toutefois, les critiques soulignent que Charlie Bauer a une trentaine d'années dans les années 1970, alors que Gerard Lanvin a cinquante-huit ans lors du tournage. Il tient un rôle dans le film Lumière noire de Med Hondo en 1996 et un autre dans l'adaptation théâtrale de récits de la Kolyma de Varlam Chalamov[30].

Mort[modifier | modifier le code]

Charlie Bauer est mort le d'une crise cardiaque à Montargis dans le Loiret[26].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Charlie Bauer est le père de Sarah Illioucha Bauer.

Ses idées ont été qualifiées d'anarcho-communisme[11].

Publications[modifier | modifier le code]

Audio[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Moteur de recherche des décès », sur matchid.io (consulté le ).
  2. « enseignant en philosophie spécialisé dans le marxisme » http://www.lexpress.fr/actualite/societe/charlie-bauer-est-mort_1019130.htm
  3. Patricia Tourancheau, « Camarade n°1 », Libération,‎ (lire en ligne).
  4. « Charlie Bauer, la mort du dernier révolutionnaire », sur parismatch.com, (consulté le )
  5. « Charlie Bauer : Révolution, Infraction, Prison », sur parismatch.com, (consulté le )
  6. Charlie Bauer complice de Mesrine et révolutionnaire
  7. La dernière fracture d’une vie avec, dans les rôles principaux, Charlie Bauer et David Cameron, Dan Kaminski, La Revue Nouvelle, octobre 2011
  8. « pillant des boutiques de luxe pour distribuer le butin dans les quartiers populaires »
  9. a b et c Article de Fred Guilledoux dans La Provence le [1]
  10. [2]
  11. a et b « Camarade n°1 », sur Libération (consulté le )
  12. a b et c 14 AOÛT 2011 PAR G.MORÉAS "Charlie Bauer : vie et mort d’un truand" [3]
  13. « Charlie Bauer : Révolution, Infraction, Prison », sur parismatch.com, (consulté le )
  14. a b et c Article le 10 janvier 1980 dans Le Monde [4]
  15. Livre "Ma vie avec Mesrine", de Sylvie Jeanjacquot cité par Brice Henry le 11 mai 2017 sur Vice [5]
  16. "La police aurait retrouvé la maison où M. Lelièvre a été séquestré", le 1er décembre 1979 dans Le Monde [6]
  17. Article le 19 décembre 1981 dans Le Monde [7]
  18. "Les assises de Paris ont rendu un arrêt relativement modéré" dans Le Monde du 30 avril 1982 [8]
  19. "Les aveux de '" dans Le Monde du 23 avril 1982 [9]
  20. [10]
  21. a b et c "En cavale avec Jacques Mesrine" par Brice Henry le 11 mai 2017 sur Vice [11]
  22. "Juillet 1979, la fin du calvaire pour Henri Lelièvre, otage de Mesrine en Loir-et-Cher", dans la Nouvelle République, le 23/06/2019[12]
  23. "Charlie Bauer, la mort d'un insurgé", JDD le 08/08/2011 [13]
  24. Article Par PIERRE GEORGES le 26 avril 1982 dans Le Monde [14][15]
  25. « Charlie Bauer : fractures d'une vie | Octobre », sur Là-bas si j'y suis, (consulté le )
  26. a et b Le Petit Bleu, « Charlie Bauer terrassé par une crise cardiaque », La Dépêche,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  27. Arcane-17.com
  28. Revue de presse autour de la réédition de Fractures d’une vie, sur le site Atheles.org.
  29. Marseille l'hebdo, 21 février 2007
  30. Télérama, 2 janvier 2006

Filmographie[modifier | modifier le code]

Sur Charlie Bauer[modifier | modifier le code]

  • Rouge Bandit, court métrage réalisé par Fred Nicolas
  • Charlie Bauer Marathonien de l'espoir

Avec Charlie Bauer[modifier | modifier le code]

  • Wild War - Graffiti Clashs From Paris : Vol. 1

Avec le personnage de Charlie Bauer[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]