Charles de La Fosse — Wikipédia

Charles de La Fosse
Portrait par André Bouys, 1688
Naissance
Décès
(à 80 ans)
Paris, Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Lieux de travail
Influencé par

Charles de La Fosse, né le à Paris, où il est mort le , est un peintre français.

Il est considéré comme l'un des peintres français les plus importants vers 1700, avec Antoine Coypel et Jean Jouvenet, assurant la transition entre les XVIIe et XVIIIe siècles, entre l'art de Charles Le Brun et celui d'Antoine Watteau.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

L'Élève de Charles Le Brun[modifier | modifier le code]

Il naît à Paris dans une famille d'orfèvres. Fils d’un joaillier qui lui donna le goût pour la peinture, après un premier apprentissage chez François Chauveau, il entre en apprentissage dans l'atelier de Charles Le Brun en 1654-1655. Il y reste trois ans et se familiarise avec les règles imposées par le grand décor, en travaillant sur les chantiers du séminaire de Saint-Sulpice et de l'Hôtel Lambert[1]. Il fut influencé par son clacissisme et devint l’un de ses disciples les plus connus. Les progrès rapides du jeune La Fosse furent tels que Le Brun, en grand observateur, découvrit bientôt, par la singularité de ses premiers essais, ce qu’il deviendrait un jour et présagea dans quelle partie de la peinture il devait paraître avec plus de succès.

Le voyage en Italie (Rome et Venise) (1658-1664)[modifier | modifier le code]

Il part faire son voyage en Italie, probablement en 1658 et Charles Le Brun, avec l'aide de Colbert, lui fit obtenir une pension de Louis XIV pour y poursuivre ses études. Il passe deux ans à Rome et y étudie surtout Raphaël et les Antiques. Il passe ensuite trois ans à Venise ce qui est peu courant à l'époque. Il se passionne pour les grands peintres vénitiens du XVIe siècle, les œuvres du Giorgione, du Titien, des Bassano, de Véronèse, du Le Tintoret et du Corrège, dont il chercha à découvrir les grands principes et les effets qu’ils ont su répandre dans leurs ouvrages. À la vue de leurs œuvres, La Fosse se fit une méthode de couleur et de clair-obscur qu’il mit ensuite en pratique dans toutes ses productions.

Renommée[modifier | modifier le code]

Hercule entre la Volupté et la Vertu, Nevers, musée de la faïence et des beaux-arts. Peint pour le Grand Dauphin à Meudon.

Le Retour en France en 1664[modifier | modifier le code]

Ayant appris la peinture à fresque, il revint en France avec une technique presque inconnue jusqu’à lui et il se tourna vers un langage baroque privilégiant les trouvailles chromatiques. Il travaille dans l'équipe de peintres de Charles Le Brun et participa en 1666-1667 à différents chantiers aux Palais des Tuileries. Il fit une rapide fortune et marqua cette époque comme un des peintres les mieux doués de son pays. La Fosse, dont le genre de talent semblait devoir appartenir à l’école vénitienne ou flamande, est celui des artistes du XVIIe siècle, qui, le premier, ait deviné les secrets de l’effet et de la couleur.

Il obtint des commandes prestigieuses et en 1673, l’Académie de peinture le reçut parmi ses membres pour son tableau de l’Enlèvement de Proserpine. En 1674 il en est nommé professeur et directeur en 1699. Les commandes royales s'enchaînent et on peut suivre son parcours à travers les Grands Appartements de Versailles jusqu'en 1680, et grâce aux nombreux décors privés dont on garde la trace dans les archives[1].

Séjour à Londres (1689-1691)[modifier | modifier le code]

La renommée ayant porté le nom de La Fosse au-delà des frontières, celui-ci visita Londres, où il fut appelé par un amateur distingué, Lord Montaigu, ancien ambassadeur en France, pour y décorer son palais, Montagu House, situé à Bloomsbury, avec James Parmentier. Il passa plus de deux ans en compagnie des décorateurs Jacques Rousseau (1630-1693) et Monnoyer. Charles II en fut si émerveillé qu’il offrit de grands avantages à La Fosse s’il voulait se fixer en Angleterre.

Chez Jules Hardouin-Mansart en 1692[modifier | modifier le code]

Mais Charles Le Brun étant mort en 1690, Jules Hardouin-Mansart, qui venait d’achever le dôme de l' Hôtel des Invalides et était devenu le directeur des travaux ordonnés par Louis XIV, rappela La Fosse auprès de lui en 1692, le logea dans sa maison, et lui demanda des esquisses pour la décoration des Invalides. Voulant encore ajouter à la magnificence de ce monument, La Fosse peignit à fresque l’intérieur du dôme de 1702 à 1706. En 1702 il devient recteur de l'Académie sous la direction d'Antoine Coysevox, mais Mansart mourut à son tour en 1708, et La Fosse dut partager avec les frères Bon et Louis Boullogne, et avec Jean Jouvenet, les peintures de l’hôtel des Invalides.

Il eut comme élève François Marot qui, selon Pierre-Jean Mariette, était également son neveu[2].

Chez Pierre Crozat (1706-1716)[modifier | modifier le code]

Schéma du plafond peint par Charles de La Fosse sur le thème de Phaéton, au château de Montmorency
Vue de l'Hôtel Crozat depuis le bout du parterre, vers 1710. C'est le logement de La Fosse les 10 dernières années de sa vie.

À la mort de Mansart en 1708, La Fosse s’était retiré depuis 2 ans, chez le célèbre collectionneur et financier Pierre Crozat, qui voulut le loger toute sa vie dans son hôtel, rue de Richelieu, à Paris, dans l'Hôtel Crozat (dit plus tard Hôtel de Choiseul). Il y peignit un plafond qu’il termina en 1707. « L’on ne sauroit assez admirer, dit Germain Brice, avec quel art il a su tirer avantage de la place qu’il avoit à peindre ; son ciel est peint avec tant de vérité et d’harmonie que la voûte semble effectivement percée en cet endroit-là. ». Chez Crozat, Charles de La Fosse travaille avec le jeune Watteau, dont les paysages s'inspirent fortement du maître. Le marchand Gersaint raconte qu'il a généreusement parrainé Watteau pendant les deux dernières années de sa vie[1]. La Fosse peint le plafond du château de Montmorency, bâti par Crozat, sur le thème de Phaéton.

À la mort de La Fosse chez Crozat en 1716, sa veuve continua d’occuper l’appartement de l’attique qu’il habitait. Son neveu était le poète tragique Antoine de La Fosse et son beau-frère le paysagiste Jean-Baptiste Forest.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Décors[modifier | modifier le code]

Schéma du salon central de la Folie Titon, peint par Charles de La Fosse sur le thème du Soleil levant, vers 1673-1675.

Peignant indifféremment à l’huile et à fresque, il pourrait, « sans son défaut de proportion dans les figures, la dureté des draperies et l’emphatique de ses compositions, compter comme un maître dans l’art ». Ce peintre était né spécialement pour les grandes machines ; c’est dans les dômes, dans les plafonds, que brillent surtout ses talents et sa capacité à percer les voûtes et y transporter le soleil dans tout son éclat. De La Fosse est celui de tous les peintres de l’école française qui a le plus de ressemblance avec Véronèse, dont il rappelle le goût dans ses grandes ordonnances.

Retour d'Italie en 1664[modifier | modifier le code]

La Résurrection de la fille de Jaïre (vers 1680), église Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy.

Décor du château de Choisy (1682-1686), commandé par la duchesse de Montpensier

À Londres de 1689 à 1691[modifier | modifier le code]

Il décore le salon et le grand escalier de Montagu House, avec James Parmentier en compagnie des décorateurs Jacques Rousseau (1630-1693) et Monnoyer. Il peint deux plafonds, l’Apothéose d’Isis et l’Assemblée des Dieux.

Versailles et les résidences princières[modifier | modifier le code]

Il commence le chantier de Versailles dès 1674 et il y travaillera jusqu'en 1710.

  • Salon d'Apollon (vers 1672) : Le Lever du Soleil, esquisse préparatoire, huile sur toile, diamètre : 99 cm, musée des Beaux-Arts de Rouen[6]
  • Salle de Diane : l’Arrivée de Jason à Colchos et Alexandre chassant aux lions (plafonds)
  • Salle du trône (plafonds) : Auguste faisant construire le port de Misène ; Vespasien dirigeant les travaux du Colisée ; Coriolan fléchi par les larmes de Véturie sa mère ; Alexandre rendant à Parus ses États ; au centre, Apollon environné des Saisons et des figures allégoriques de la France, de la Magnanimité et de la Magnificence.

La fin des travaux des Grands Appartements en 1680 avec Le Sacrifice d'Iphigénie (dessus de cheminée de la salle de Diane) révèle un écart du style de Le Brun et son adoption définitive des leçons de Rubens. De cette époque date le début de la « querelle du coloris ».

Le Triomphe de Pandore, modello pour le château de Meudon, collection particulière.

L'Église royale des Invalides (1702 à 1706)[modifier | modifier le code]

Les fresques de l’intérieur du dôme des Invalides furent son ouvrage capital. Il représente Saint Louis déposant sa couronne et son épée entre les maint de Jésus-Christ, assis au milieu d’une gloire et accompagné de la Vierge, et peint quatre pendentifs représentant les évangélistes avec leurs attributs et entourés d’anges (huile sur toile, Diam. 199 cm)[1]. Noël Cochin a gravé d’après lui ces peintures, en 22 planches. En 1771, Doyen restaura ces peintures fort endommagées par le temps.

Autres décors[modifier | modifier le code]

Il peignit dans la galerie de l'Hôtel Crozat un plafond représentant la Naissance de Minerve, terminé en 1707. Ce plafond fut transposé sur toile en 1786, lors de la démolition de l’hôtel de Crozat, devenu l’hôtel de Choiseul, rue de Richelieu.

Il prépare un décor constitué d'un ensemble de cinq tableaux relatant l'enseignement du Christ, pour l'église des Oratoriens à Rouen, aujourd'hui détruite[10]. Le Musée des Beaux-Arts de Rouen en conserve une esquisse Jésus parmi les docteurs (vers 1707), huile sur toile, 30 × 49 cm[11].

De 1709 à 1715 il réalise des tableaux pour la cathédrale Notre-Dame de Paris. En 1715 il réalise L'Adoration des mages (huile sur toile, 447 × 427 cm). C'est un des six tableaux illustrant la vie de la Vierge, commandés par le chanoine Antoine de La Porte, avec l'assentiment du roi Louis XIV pour la décoration du chœur. Il est aujourd'hui conservé au Musée du Louvre[12].

Tableaux[modifier | modifier le code]

Acis et Galatée (1699-1704), Madrid, musée du Prado.
Vénus demandant à Vulcain des armes pour Enée (1690-1699), musée des beaux-arts de Nantes.

Les peintures de Charles de La Fosse sont conservées, pour la grande majorité, dans les musées français et étrangers du monde entier, outre les fresques peintes sur les lieux, comme aux Invalides ou Versailles. Le Nationalmuseum de Stockholm conserve de La Fosse plusieurs œuvres[13]. Seules quelques peintures sont encore conservées dans des collections particulières.

Dans ses dernières années, La Fosse s'inspire fortement de Rembrandt, comme dans le tableau Suzanne au bain qui lui est attribué :

Dessins[modifier | modifier le code]

  • Orléans, musée des Beaux-Arts :
    • Portrait d’un magistrat assis, pierre noire, sanguine, rehauts de craie blanche sur papier chamois, 41,3 x 25,6 cm[25].
    • La Sainte Famille avec sainte Élisabeth et saint Jean, vers 1700, pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier beige, 17,9 x 19,8 cm[26].
  • Paris, Beaux-arts de Paris :
    • « Ha pauvre charpentier », sanguine, plume et encre brune, lavis d'encre de Chine. H. 0,167 ; L. 0,120 m[27]. Cette feuille fait vraiment office de curiosité parmi les dessins de la collection des Beaux-arts de Paris tant par son sujet, que par sa technique et son style. Charles de la Fosse, qui signe ce dessin (entre 1711 et 1716), représente un homme de condition très modeste assis à même le sol. C'est à la plume qu'il trace les traits de cette figure populaire avec une grande spontanéité. Ce sujet pourrait être une référence à un passage de l'ouvrage publié en 1711, Le Diable babillard ou indiscret, roman picaresque du XVIIIe siècle[28].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Valérie Bougault, « Charles de La Fosse, le maître des Lodernes : l’oeil de Clémentine Gustin-Gomez », Connaissance des Arts, no 648,‎ , p. 68-73
  2. Dominique Brême, « Fiche 315 A », L’Objet d’Art, no 315,‎ , p. 83
  3. Chapelle des Gonfalons, Lyon en 1755
  4. Mariage de la Vierge, Louvre
  5. Présentation au Temple, Toulouse
  6. Lever du Soleil, Rouen
  7. Moïse sauvé, Louvre (atlas)
  8. Revue Objet d'art 2001
  9. Automne, Dijon
  10. Oratoriens, Rouen (histoire)
  11. Jésus et les Docteurs, Rouen (joconde)
  12. Adoration des mages, Louvre
  13. Oeuvres conservées au National museum de Stockholm (Suède).
  14. Duc de Richelieu, Tours (musée)
  15. Noli me tangere, Ermitage
  16. Christ dans le désert, Ermitage
  17. Repos de Diane, Rennes
  18. Vénus et Enée, Brest (image)
  19. Renaissance du Musée de Brest, acquisitions récentes : [exposition], Musée du Louvre, Aile de Flore, Département des Peintures, 25 octobre 1974-27 janvier 1975, Paris, , 80 p.
  20. Vénus et Vulcain, Nantes (Rkd)
  21. Acis et Galatée, Prado
  22. Jésus donnant les clefs, Lille (image rmn)
  23. Déification d’Énée, Nantes (Image rmn)
  24. Suzanne, Montauban (joconde)
  25. Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN 9 788836 651320), n°23
  26. Dominique Brême et Mehdi Korchane, Dessins français du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Le Trait et l’Ombre, Orléans, musée des Beaux-Arts, (ISBN 9 788836 651320), n°24
  27. « "Ha pauvre charpentier", Charles de la Fosse », sur Cat'zArts
  28. Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, De Poussin à Fragonard : hommage à Mathias Polakovits, Carnets d’études 26, Beaux-arts de Paris éditions, 2013, p. 78-81, Cat. 14.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]