Charles d'Albert — Wikipédia

Charles d'Albert
Image illustrative de l’article Charles d'Albert
Portrait probable du duc de Luynes par Pourbus.

Titre Marquis d'Albert
Seigneur de Luynes
Autres titres Duc de Luynes (1619)
Grade militaire Connétable de France
Faits d'armes Siège de Montauban
Distinctions Pair de France (1619)
Chevalier du Saint-Esprit
Autres fonctions Gouverneur de la ville et du château d'Amboise
Capitaine du château des Tuileries
Conseiller d'État
Grand Fauconnier de France
Garde des sceaux de France
Biographie
Dynastie Famille d'Albert
Naissance
à Pont-Saint-Esprit
Décès (à 43 ans)
à Longueville
Père Honoré d'Albert
Mère Anne de Rodulf
Conjoint Marie de Rohan (1600–1679)
Enfants Louis-Charles d'Albert de Luynes (1620–1699)

Blason de Charles d'Albert

Charles d’Albert, marquis d'Albert, premier duc de Luynes, né le à Pont-Saint-Esprit, mort le à Longueville, est un homme d'État français, pair et connétable de France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines familiales[modifier | modifier le code]

Charles d'Albert serait issu de la famille Alberti, originaire de Florence. Cette famille aurait quitté la Toscane durant les troubles du XIVe siècle pour s'établir dans le Comtat Venaissin avant de se mettre au service de la France sous le règne de Charles VII[1], mais cette origine ne fait toutefois pas consensus.

Fils d'Anne de Rodulf et d'Honoré d'Albert (mort le ), seigneur de Luynes en Provence, qui était au service de son parrain Henri IV. Une autre source le tient pour fils du capitaine Luynes et met en doute la véracité des titres de ses ancêtres[2]. Charles d'Albert fut d'abord page du Béarnais. Son frère Honoré (1581–1649), premier duc de Chaulnes, fut gouverneur de Picardie et maréchal de France (1619), et défendit sa province avec succès en 1625 et 1635.

Favori de Louis XIII[modifier | modifier le code]

Il devient favori de Louis XIII grâce à leur passion commune pour la chasse. Le roi le fait alors conseiller d'État, gentilhomme ordinaire de la chambre, gouverneur de la ville et du château d'Amboise en Touraine et capitaine du château des Tuileries. Le , il acquit la charge importante de grand fauconnier de France.

En 1617, Charles d'Albert reçoit la capitainerie de la Bastille en remplacement du maréchal François de Bassompierre, mais cède sa place dans le courant de la même année au maréchal de Vitry.

En 1617, il intrigua contre Marie de Médicis et participa avec d'autres proches de Louis XIII à l'exécution de Concino Concini par Vitry, capitaine des gardes du roi. On sait par plusieurs mémorialistes que Luynes avait déconseillé au roi d'exécuter Concini et avait même proposé la médiation de l'évêque de Carcassonne.

À la suite de cet assassinat qui marque le début du règne personnel de Louis XIII, Luynes se voit attribuer une partie des biens de Concini et de son épouse, Léonora Galigaï, notamment le château de Lésigny et le marquisat d'Ancre. En 1620, il obtint du roi que la ville d'Ancre, en Picardie, dont le maréchal d'Ancre était le seigneur, changeât de nom et prît le nom d’Albert. En 1619, il acquiert le comté de Maillé en Touraine : Maillé prend alors son nom, Luynes, et est érigé immédiatement en duché-pairie.

Il reçut ensuite les titres de duc et pair, premier gentilhomme de la Chambre et connétable de France. Le choix de Luynes pour assumer la connétablie est motivé par le refus du duc de Lesdiguières d'abjurer sa foi protestante pour obtenir cette promotion. Ce dernier est nommé maréchal général des armées, ce qui lui donne en réalité les pouvoirs de connétable, charge qu'il occupa après la mort de Luynes.

Mariages princiers[modifier | modifier le code]

Le duc de Luynes joue par la suite un rôle discutable dans la conduite de la politique étrangère de la France dans la mesure où la plupart des mémorialistes ne lui attribuent pas une voix prépondérante au Conseil du Roi. Louis XIII ayant rappelé la plupart des conseillers de Henri IV au Conseil où on les surnommait « les barbons » en raison de leur âge, on pouvait s'attendre à la reprise de la politique d'affrontement avec l'Espagne. Pourtant, la tendance est, à l'époque, à un rapprochement entre puissances catholiques. Luynes joue essentiellement un rôle dans la politique matrimoniale du roi en conseillant de marier la seconde sœur du roi, Christine de France, avec Victor-Amédée Ier de Savoie et prépare l'union de la troisième avec le prince de Galles.

La réconciliation entre Louis XIII et Marie de Médicis[modifier | modifier le code]

Portrait de Charles d'Albert duc de Luynes.

En , lorsque Marie de Médicis s'échappe du château de Blois, il conseille au roi de rappeler Richelieu pour inciter la reine-mère à négocier. Il ne s'agit pas d'une reculade de la part du roi dont l'armée était à quelques lieues d'Angoulême, résidence de la reine-mère quand Richelieu arriva, mais d'une volonté de réconciliation de la part de Louis XIII.

La réconciliation officielle a lieu le par le traité d'Angoulême. En de la même année, la libération du prince de Condé, précédemment emprisonné par la Régente irrite celle-ci et l'incite à tenir sa cour à Angers plutôt que de revenir à Paris. Dans le même temps, Luynes mécontente les protestants en ne s'opposant pas au retour des jésuites à Paris.

En , se forme, autour de Marie de Médicis, une faction de grand seigneurs opposés au retour en grâce de Condé. C'est la seconde guerre entre la mère et le fils. De la Normandie au Languedoc, tous les grands seigneurs arment leurs places fortes au nom de la reine-mère.

Luynes, soutenu par les anciens conseillers de Henri IV prône alors la négociation, et le prince Henri II de Bourbon-Condé, l'affrontement. Le , Louis XIII prend le parti de la guerre. Entre le et le , le roi mène lui-même l'armée royale, il reprend Rouen le , Caen le et écrase l'armée de la reine-mère aux Ponts-de-Cé le . Luynes, qui ne participe à aucun de ces affrontements, favorise à nouveau la réconciliation entre la mère et le fils et consolide ses liens avec Richelieu en mariant son neveu, de Combalet, à la nièce de celui-ci, Mademoiselle de Vignerot de Pontcourlay, future duchesse d'Aiguillon.

Connétable de France[modifier | modifier le code]

Joseph-Nicolas Robert-Fleury, vue d'artiste de Charles d'Albert, duc de Luynes, 1834, château de Versailles.

Il accompagne ensuite Louis XIII en Béarn et en Navarre, où le jeune roi fait restituer ses biens au clergé catholique et remplace le conseil souverain de Béarn par le parlement de Pau, le .

Entre et , une assemblée protestante réunie à La Rochelle refuse de reconnaître la réunion du Béarn à la Couronne, divise la France protestante en huit circonscriptions militaires et autorise les gouverneurs protestants à utiliser le fruit des impôts royaux pour lever des troupes pour leur propre compte. Luynes conseille à nouveau le compromis et notamment la suspension des édits de lèse-majesté contre l'assemblée de La Rochelle mais son influence diminue à cette époque au profit de celle du prince de Condé.

Charles d'Albert, 1er duc de Luynes.

Louis XIII élève le duc de Luynes à la charge de connétable de France le [3]. Il entre en campagne le , le , il met le siège devant Saint-Jean-d'Angély, qui tombe le . Le [4], lors de la mort du garde des Sceaux, le président Du Vair, le roi lui attribue ce poste à titre provisoire, ce qui lui vaut une remarque méprisante du Prince de Condé : « si on veut distinguer le temps, Monsieur de Luynes est propre à toutes les charges, bon connétable en temps de paix et bon Garde des Sceaux en temps de guerre. »

Le , l'armée royale commence le siège de Montauban. Pour la première fois, Luynes se voit confier une tâche militaire, celle d'investir la Ville nouvelle. Or, il ne le fait pas, ce qui permet, le , l'entrée d'une armée de secours dans Montauban. Luynes tente une négociation séparée avec le duc de Rohan, s'attirant les foudres du roi qui l'accuse d'avoir négocié avec ce dernier à son insu.

Dans une dépêche, le diplomate vénitien Piruli conclut « le roi est plein de courage et de résolution ; mais le connétable est fatigué et plein de doutes. »

Mort[modifier | modifier le code]

La position de Luynes devient très fragile quand la reine-mère qui est restée à Paris s'entoure de grands féodaux hostiles au connétable. Le , Louis XIII ordonne de lever le siège de Montauban mais reste dans la région pour en terminer la pacification. Le , Luynes investit une petite place forte, Monheurt, mais il meurt à Longueville le d'une « fièvre pourprée » (probablement la scarlatine). Son corps fut transporté à Maillé, qu'il avait fait ériger en duché-pairie sous le nom de « Luynes »[5]. Il fut inhumé dans la chapelle du château et sa sépulture fut profanée à la Révolution[6].

Critique de son action[modifier | modifier le code]

Luynes est considéré comme un piètre administrateur mais cette vision est peut-être due au fait que les principaux écrits de l'époque sont de Richelieu qui avait bien des raisons de haïr Luynes et de le rabaisser devant la postérité. Aussi garde-t-on de lui l'image d'un homme qui n'a fait que suivre les vues politiques de la majorité des anciens ministres d'Henri IV (Villeroy, Brulart de Sillery) qui témoignaient de sentiments pro-espagnols.

Sa rapide ascension dans les hautes sphères de l'État lui fit beaucoup d'ennemis qui voyaient en lui un second Concini.

Famille, mariage et descendance[modifier | modifier le code]

Sa naissance est « fort médiocre » comme on disait en son temps. Il devint gentilhomme ordinaire de la chambre du roi[2].

Il avait deux frères et au moins deux sœurs :

Charles épousa le , à Paris, la fille aînée d'Hercule de Rohan, duc de Montbazon, Marie de Rohan (1600–1679). Trois enfants naîtront de ce mariage :

  • une fille née en 1618 et morte en 1631 ;
  • Louis-Charles d'Albert, duc de Luynes (1620–1690) ;
  • Anne-Marie (1622-1646).

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Sur un portrait de l'époque.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Gustave Chaix d’Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, t. Ier. A-Att., Évreux, , 20 vol. ; in-8° (lire en ligne sur Gallica).
  2. a et b Louis Monmerqué, Hippolyte de Châteaugiron & Jules-Antoine Taschereau (éds.), Les Historiettes de Tallemant Des Réaux : mémoires pour servir à l’histoire du XVIIe siècle, t. 1, Paris, Alphonse Levasseur, , 427 p., 6 vol. ; 21 cm (lire en ligne sur Gallica), p. 241.
  3. Frédéric Schoell, Cours d'histoire des États européens depuis le bouleversement de l'Empire, t. 27, Paris, A. Pihan Delaforest & Gide Fils, , 401 p. (lire en ligne), p. 123.
  4. Les chanceliers et gardes des sceaux sous Louis XIII.
  5. « Luynes », sur monumentshistoriques (consulté le )
  6. Marie-Christine Pénin, « Tombes sépultures dans les cimetières et autres lieux », sur tombes-sepultures.com (consulté le )
  7. Henri Jougla de Morenas, Grand armorial de France, tome 1, page 138.
  8. Source : Armorial de J.B. RIETSTAP - et ses Compléments.

Sources[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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