Charles-Joseph de Ligne — Wikipédia

Charles-Joseph de Ligne
Image illustrative de l’article Charles-Joseph de Ligne
Charles-Joseph, prince de Ligne par Josef Grassi (Wallace Collection).

Titre 7e Prince de Ligne
(1766-1814)
Autres titres Prince d'Amblise et d'Épinoy
Prédécesseur Claude Lamoral II de Ligne
Successeur Eugène Ier de Ligne
Grade militaire Feld-maréchal
Années de service 1755 - 1814
Conflits Guerre de Sept Ans
Distinctions Chevalier de la Toison d'or
Ordre militaire de Marie-Thérèse
Ordre de la Couronne de fer
Biographie
Dynastie Maison de Ligne
Nom de naissance Charles-Joseph Lamoral de Ligne
Naissance
Bruxelles,
Drapeau des Pays-Bas autrichiens Pays-Bas autrichiens,
Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Décès (à 79 ans)
Vienne,
Drapeau de l'Autriche Empire d'Autriche
Père Claude Lamoral II de Ligne
Mère Élisabeth Alexandrine zu Salm
Conjoint Maria Franziska von und zu Liechtenstein
Liaisons « Mademoiselle Adélaïde »
Enfants Marie-Christine (1757-1830)
Charles (1759-1792)
François Léopold (1764-1771)
Louis Eugène (1766-1813)
Adalbert Xavier (1767-1771)
Euphémie Christine (1773-1834)
Flore (1775-1849)

Charles-Joseph Lamoral, 7e prince de Ligne, né à Bruxelles le et mort à Vienne le , est un maréchal de l'armée du Saint-Empire, diplomate au service de l'Empereur et homme de lettres des Pays-Bas autrichiens.

Fréquentant les plus grandes cours d'Europe, il fut bon militaire mais aussi un grand séducteur. Considéré comme un des trois grands mémorialistes du XVIIIe siècle avec Giacomo Casanova et Giuseppe Gorani, il fut admiré de Goethe, Lord Byron, Barbey d'Aurevilly, Paul Valéry et Paul Morand.

Biographie[modifier | modifier le code]

Charles-Joseph, à l'âge de 10 ans, œuvre anonyme du XVIIIe siècle.

Fils de Claude-Lamoral II, 6e prince de Ligne, et de la princesse Élisabeth de Salm, il a pour parrain et marraine l'empereur Charles VI et son épouse l'impératrice Élisabeth-Christine de Brunswick-Wolfenbüttel.

Il perd sa mère à l'âge de 4 ans. Jusqu'en 1755, Étienne de La Porte est son gouverneur, à qui il rendra hommage dans un de ses livres : « Formant mon âme en même temps que mon esprit, il acquit d'autant plus de droits à ma reconnaissance que je crois que si je valais quelque chose, ce serait à lui que je le devrais. »

À l'âge de 15 ans, il rédige son premier ouvrage, Discours sur la profession des armes. En 1751, son père le conduit à Vienne et le présente à l'empereur François Ier et à l'impératrice Marie-Thérèse, qui le fait chambellan.

Le , il épouse à Vienne la princesse Françoise-Marie-Xavière de Liechtenstein. Entré au service de l'Autriche la même année, il accomplit, en qualité d'officier, de vaillantes campagnes durant la guerre de Sept Ans. Il prend part, entre autres, aux batailles de Kolin, de Breslau, de Leuthen et de Hochkirch.

Nommé colonel à la bataille de Kunersdorf, il est envoyé à Versailles pour annoncer la victoire autrichienne de Maxen.

Il est nommé grand bailli du Hainaut en 1791. Entré en diplomatie, sa sympathie pour les rebelles belges lui en ferme la porte. Lors de l'annexion par la France, en 1792, ses biens sont confisqués. Il ne reverra plus son château de Belœil mis sous séquestre, et s'installe définitivement à Vienne en 1792.

Il est alors un homme âgé au seuil de la vieillesse (58 ans) et vit assez pauvrement, ne s'occupant plus que d'art et de science. Catherine II, pour améliorer sa situation, le fait feld-maréchal russe et lui donne une terre en Crimée.

Le , à la suite de la confiscation de ses biens lors de l'annexion française, il reçoit une compensation par le recès de la Diète d’Empire[1]. À l'article 11 de la résolution, il est écrit que : « pour la perte de Fagnolle, le prince de Ligne obtient l'abbaye d'Edelstetten (en) comme comté ». Il obtint également un siège au conseil impérial (Reichsfürstenrat), au banc des comtes de Souabe, le siège CXXVI (no 126). Le , deux ans avant la dissolution du Saint-Empire, il vend Edelstetten au prince Esterhazy de Galantha.

Le crépuscule de sa vie se déroule au moment du congrès de Vienne, dont il devient le « maître des plaisirs ». « C'est une chose étrange qu'on voit ici, pour la première fois, le plaisir conquiert la paix », dit-il à son ami et alter ego, le prince de Talleyrand. Auteur du célèbre « Le congrès danse beaucoup, mais il ne marche pas », il annonce sa propre mort (dans sa 79e année) par : « Il manque encore une chose au Congrès : l'enterrement d'un feldmarschall, je vais m'en occuper. »

Il a fréquenté Giacomo Casanova dont il devint l'ami intime, Wieland, Germaine de Staël et a correspondu avec Rousseau, Voltaire[2], Goethe, Frédéric II et la tsarine Catherine II (avec qui il a été en correspondance permanente).

Charles-Joseph de Ligne fut membre de la loge bruxelloise L’Heureuse Rencontre. En 1785 fut fondée la loge Ligne équitable du régiment de Ligne, dont il fut le vénérable maître[3],[4]. Ses funérailles ont lieu en l'église des Écossais à Vienne (en) et il est ensuite inhumé dans la capitale autrichienne.

Lignée familiale[modifier | modifier le code]

Fils de Claude Lamoral II (5 juillet 1685 - 7 août 1766), 6e prince de Ligne et du Saint-Empire, prince d'Amblise et d'Épinoy, grand d'Espagne, marquis de Roubaix, etc., gouverneur du duché de Limbourg, chevalier de la Toison d'or (1721, brevet no 657), conseiller d'État, et de la princesse Elisabeth Alexandrina zu Salm (22 juillet 1704 - 27 décembre 1739, Bruxelles), Charles-Joseph épouse le 6 août 1755 Maria Franziska (27 novembre 1739 - 17 mai 1821), fille de Emanuel Joseph Johann (3 février 1698, Vienne - 15 janvier 1771, Vienne), prince von und zu Liechtenstein, grand-maître de la Cour. Ensemble, ils eurent :

  1. Marie-Christine (1757-1830), dame de la Croix-Étoilée, mariée le 31 janvier 1775 à Bruxelles, avec Johann Nepomuk (17 décembre 1753, Vienne - 3 janvier 1826, Vienne, 2e prince von Clary-Aldringen, dont postérité ;
  2. Charles Joseph Antoine Lamoral Ghislain de Ligne.
    Charles Joseph Antoine Lamoral Ghislain[5] (25 novembre 1759 - tué le 14 septembre 1792, Combat de La Croix-aux-Bois), colonel, chevalier de l'Ordre militaire de Marie-Thérèse, commandeur de l’Ordre impérial et militaire de Saint-Georges, marié, le 29 juillet 1779 à L'Abbaye-aux-Bois (Paris), avec la princesse Helena Apolonia Massalska (9 février 1763 - 30 octobre 1815 - château de Saint-Ouen, inhumée le 2 novembre au cimetière du Père-Lachaise), dont :
    1. Sidonie (10 décembre 1786 - 14 mai 1828), mariée, le 8 septembre 1807 à Teplitz, avec le comte Franciszek Potocki (1788-1853) (pl) (2 juillet 1788 - 15 janvier 1853), de la famille Potocki, aide de camp du maréchal Davout, dont postérité ;
    2. d'une relation adultère avec « Mademoiselle Fleury » (Marie-Anne-Florence Bernardy-Nones) (28 décembre 1766, Anvers - 23 février 1818, Orly), il eut une fille légitimée en 1810, (Fanny-)Christine - celle que l'on nomme "Titine" dans les chroniques familiales - (4 janvier 1788 - 19 mai 1867), mariée le 6 octobre 1811 avec Maurice O'Donnell von Tyrconell (en) (18 mars 1780 - 1er décembre 1843), comte O'Donnell von Tyrconell, dont postérité ;
  3. François Léopold (1764-1771) ;
  4. Louis-Eugène (12 mai 1766, Bruxelles - 10 mai 1813, Bruxelles), marié, le 27 avril 1803 au château de Belœil, avec Louise van der Noot de Duras (15 septembre 1785, Bruxelles - 4 mars 1863, Paris, remariée au comte Charles d'Oultremont), dont :
    1. Eugène (7 pluviôse an XII, Bruxelles - 20 mai 1880, Bruxelles), 8e prince de Ligne « et du Saint-Empire », prince d'Amblise et d'Épinoy ;
    2. Jules Louis (1806-1811) ;
    3. Octavie (1808-1810) ;
  5. Adalbert Xavier (1767-1771) ;
  6. Euphémie Christine (1773-1834), mariée le 11 septembre 1798 avec János, comte Pálffy de Erdőd (6 avril 1775-1821) ;
  7. Flore (1775-1849), mariée en 1812 avec Raban, baron Spiegel (1775-1836) ;

L'un de ses descendants directs est le prince Antoine de Ligne.

Il avait eu également de ses relations extra-conjugales deux filles, la première (1770-1770) née d'Angélique D'Hannetaire (1749-1822), la seconde, Adèle (1809-1810), née de « Mademoiselle Adélaïde ».

Titres[modifier | modifier le code]

Charles-Joseph de Ligne au Parc d'Egmont à Bruxelles.

Fonctions héréditaires[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Hommage et honneurs[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Charles-Joseph de Ligne
Description de l'image Charles-Joseph de Ligne (1735-1814).jpg.
Alias
le Prince rose (en allemand : der rosarote Prinz)[6]
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture français
Genres

Ses œuvres complètes comptent 34 volumes, dont :

  • Lettres à Eugénie sur les spectacles (1774)
  • Céphalide, ou les Autres mariages samnites, comédie en musique (1777)
  • Préjugés et Fantaisies militaires (1780)
  • Colette et Lucas, comédie en musique (1781)
  • Coup d'œil sur Belœil (1781)
  • Fantaisies militaires (1783)
  • L'Amant ridicule, proverbe en prose (1787)
  • Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires (1795-1811)
  • Mémoires sur les Juifs (1795-1811)
  • Les Embarras, pièce en un acte (manuscrit)
  • Mes Écarts ou Ma Tête en liberté (1797 à 1811), (dir. Maxence Caron), Paris, Les Belles Lettres, coll. "Classiques favoris", 368 p., 2016 (ISBN 978-2251446226).
  • Contes immoraux[7] (1801)
  • Fragments de l'histoire de ma vie, manuscrit publié chez Plon par Félicien Leuridant, 2 tomes, Paris, 1928.
  • Fragment sur Casanova, Paris, Allia, , 80 p. (ISBN 2-911188-81-0, lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Références et sources[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Genealogisches Handbuch des Adels, Fürstliche Häuser XIV. "Ligne". C.A. Starke Verlag, 1991 (ISBN 978-3-7980-0700-0), p. 495-500.
  2. Basil Guy, « Le Prince de Ligne et Voltaire ou (d'après l'air célèbre des Noces de Figaro) « se vuol ballare, signor Voltaire » ? », Cahiers de l'AIEF, vol. 54, no 1,‎ , p. 103–113 (DOI 10.3406/caief.2002.1451, lire en ligne, consulté le ).
  3. Eugen Lennhoff, Oskar Posner, Dieter A. Binder: Internationales Freimaurer Lexikon. 5. Auflage 2006, Herbig Verlag (ISBN 978-3-7766-2478-6), p. 517.
  4. « Paul Delsemme : Le prince de Ligne franc-maçon », sur bon-a-tirer.com (consulté le ).
  5. « www.swisscastles.ch », Château d'Oron : La vie d'une princesse (suite) (consulté le )
  6. Il était surnommé « le prince rose » (en allemand : « der rosarote Prinz »), en raison de son amour pour cette couleur : ses calèches, sa livrée, son papier à lettres et sa maison de la Mölker Bastei (de) à Vienne, étaient en rose ; Source : « www.histoire-empire.org », Le Congrès de Vienne (consulté le )
  7. Réédition, texte établi et annoté par Manuel Couvreur, présentation de Roland Mortier, Desjonquères, 1995, 208 p. (ISBN 978-2-904227-85-1)

Sources bibliographiques[modifier | modifier le code]

  • Hector Marie Auguste de Backer, Iconographie du Prince Charles-Joseph de Ligne, Bruxelles, Veuve Monnom, 1920.
  • Abel Bonnard, Le Prince de Ligne, Liège, Dynamo, 1965.
  • Sophie Deroisin, Le Prince de Ligne, Bruxelles, La Renaissance du livre 1965.
  • Victor Du Bled, Le Prince de Ligne et ses contemporains Paris, C. Lévy, 1890.
  • Louis Dumont-Wilden, La Vie de Charles-Joseph de Ligne, prince de l’Europe française, Paris, Plon 1927.
  • O. P. Gilbert, Vie du feld-maréchal prince de Ligne : histoires sur l’histoire Paris, C. Aveline, 1922.
  • Pierre Grenaud, Le charmant Prince de Ligne : prince de l'Europe, Paris, France, L'Harmattan, coll. « Biographie XVIIIe », , 263 p. (ISBN 978-2-7384-8050-7, lire en ligne).
  • Franz Hellens, Le Prince de Ligne, écrivain libre Liège, Pierre Aelberts, 1962.
  • Janine Lambotte, Le prince de Ligne ou la dernière mémoire, Bruxelles, Ed. Labor u.a, , 212 p. (ISBN 978-2-8040-0546-7).
  • Félicien Leuridant, Une éducation de prince au XVIIIe siècle, Charles-Joseph de Ligne, Paris, E. Champion, 1923.
  • Philip Mansel, Le Charmeur de l’Europe : Charles-Joseph de Ligne (1735-1814) , Paris, Stock, 1992 (ISBN 2234023548).
  • Paul Morand, Les plus belles pages du Prince de Ligne, Paris, Mercure de France, 339 p., 1963.
  • Marthe Oulié, Le Prince de Ligne ; un grand seigneur cosmopolite au XVIIIe siècle, Paris, Hachette 1926.
  • Claude Pasteur, Le Prince de Ligne : l’enchanteur de l’Europe, Paris, Librairie académique Perrin, 1980 (ISBN 226200188X).
  • Nicolas Joseph Peetermans, Le Prince de Ligne; ou, Un écrivain grand seigneur à la fin du XVIIIe siècle, Liége, Renard, 1857.
  • Raymond Quinot, Charles-Joseph de Ligne, prince wallon et européen, Gilly, Institut Jules Destrée pour la défense et l’illustration de la Wallonie, 1973.
  • Frédéric Auguste Ferdinand Thomas de Reiffenberg, Le Feld-maréchal prince Charles-Joseph de Ligne, Bruxelles, Hayez, 1845.
  • Joseph Schulsinger, Un Précurseur du sionisme au XVIIIe siècle : le Prince de Ligne, Paris, Librairie internationale de langue française, 1936.
  • Maurice Wilmotte, Le Prince de Ligne et la France Bordeaux, 1916.
  • Louis Wittmer, Le Prince de Ligne, Jean de Muller, Frédéric de Gentz, et l’Autriche. Paris, [s.n.], 1925 ; Lévy, 1890.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]