Système de Ponzi — Wikipédia

Un système de Ponzi, chaîne de Ponzi, fraude de Ponzi ou pyramide de Ponzi est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Si l'escroquerie n'est pas découverte auparavant, la fraude apparaît au grand jour au moment où le système s'écroule, c'est-à-dire quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients[1]. Son nom rappelle Charles Ponzi qui est devenu célèbre après avoir mis en place une opération fondée sur ce principe à Boston dans les années 1920.

Descriptif[modifier | modifier le code]

Présentation[modifier | modifier le code]

Le créateur du système propose un investissement à un taux très attractif. Le taux promis lui permet d'attirer toujours plus de clients, au fur et à mesure que sa réputation s'accroit. La croissance du nombre d'investisseurs lui permet effectivement de rémunérer les premiers investisseurs et de rembourser les quelques clients qui souhaitent retirer leurs fonds, aussi longtemps que ceux-ci ne sont pas trop nombreux. Lorsque les nouveaux arrivants deviennent plus rares, le fonds commence à perdre de l'argent. L'instigateur peut alors s'enfuir avec l'argent restant et les investisseurs qui n'ont pas retiré leur argent perdent leur mise[2].

Modèle mathématique[modifier | modifier le code]

Le mathématicien Marc Artzrouni modélise les systèmes de Ponzi en utilisant des équations différentielles linéaires du premier ordre[3].

Soit un fonds avec un dépôt initial au temps , un flux de capitaux entrant de , un taux de rendement promis et un taux de rendement effectif . Si alors le fonds est légal et possède un taux de profit de . Si par contre , alors le fonds promet plus d'argent qu'il ne peut en obtenir. Dans ce cas, est appelé le taux de Ponzi.

Il faut aussi modéliser les retraits faits par les investisseurs. Pour ce faire, nous définissons un taux de retrait constant , appliqué à tout temps sur le capital accumulé promis. Le retrait au temps vaut donc . Il faut aussi ajouter les retraits des investisseurs qui sont arrivés entre le temps et le temps , à savoir ceux qui ont investi au temps . Le retrait pour ces investisseurs est donc de . En intégrant ces retraits entre et et en ajoutant les retraits des investisseurs initiaux, nous obtenons :

Si est la valeur du fonds au temps , alors est obtenu en ajoutant à l'intérêt nominal , le flux de capitaux entrant et en soustrayant les retraits . Nous obtenons donc , ce qui conduit à l'équation différentielle linéaire .

Historique[modifier | modifier le code]

Un des premiers systèmes de Ponzi est mis en place par Adele Spitzeder au Royaume de Bavière entre 1869 et 1872[4].

Charles Ponzi en 1920.

Charles Ponzi utilisa ce système en 1919 à Boston, ce qui fit de lui, personne anonyme, un millionnaire en six mois. Les profits étaient censés provenir d'une spéculation sur les coupons-réponse internationaux, avec un rendement de 50 % en 90 jours. Environ 40 000 personnes investirent 15 millions de dollars, dont seulement un tiers leur fut redistribué[5].

Cas célèbres[modifier | modifier le code]

  • L'affaire Hanau en France en 1928.
  • L'affaire Stavisky en France en 1934.
  • L'affaire RR Crypto en France en 2021.
  • Les affaires André Charbonneau et Vincent Lacroix au Québec en 2008.
  • Dans les années 1990, en Russie, Sergei Mavrodi, son frère Vyacheslav Mavrodi, et Olga Melnikova fondent le fonds MMM (en), qui fonctionne sur un schéma pyramidal et fera perdre, selon les estimations, jusqu'à 10 milliards de dollars investis par 5 à 40 millions de personnes[6],[7],[8].
  • La crise économique albanaise.
  • Bernie Cornfeld (1927-1995).
  • L'homme d'affaires américain Bernard Madoff, président-fondateur d'une société d'investissement et très actif dans le NASD et le NASDAQ, a créé un système de Ponzi qui a fonctionné pendant 48 ans, de 1960 à la crise bancaire et financière de l'automne 2008[9]. C'était un gérant de hedge fund qui promettait des retours sur investissements relativement élevés, de l'ordre de 8 à 12 % par an. Ce qui sortait le plus de l'ordinaire avec les performances qu'affichaient ses fonds était l'absence de rendements négatifs sur de très longues périodes et une volatilité (l'équivalent du risque de l'investissement) très faible. Autre indice alarmant, à la clôture de chaque exercice, Madoff déclarait être liquide, c'est-à-dire détenir tous ses avoirs en liquidités, et ainsi ne publia jamais de relevés indiquant la quelconque possession de titres financiers. Enfin, les titres sur lesquels il disait investir, notamment des options sur indices, n'étaient pas assez liquides pour « absorber » les volumes qu'un fonds de la taille de celui de Madoff aurait engendrés. L'utilisation de modèles mathématiques financiers, des clients réputés et des postes élevés dans l'administration l'assuraient d'un prestige important. Lorsque de nombreux clients souhaitèrent retirer leurs avoirs de sa société d'investissement lors de la crise financière de 2008, ils se rendirent compte que les caisses étaient vides et qu'ils avaient perdu tout leur argent. Avant son arrestation, Bernard Madoff gérait officiellement 17 milliards de dollars.
  • Fin , Allen Stanford, un financier « milliardaire » texan[10] à la tête du Stanford Financial Group est soupçonné d'avoir monté une escroquerie bancaire pour un montant de 7 milliards de dollars[11]. La Stanford International Bank (SIB), l'un des établissements au cœur du dispositif, a été nationalisée le par le gouvernement d'Antigua-et-Barbuda (Antilles). L'opération, qui a duré plus de vingt années et basée en partie sur un système de Ponzi[12], a fait autour de 30 000 victimes[11]. La société est mise sous séquestre et plusieurs responsables sont condamnés à des peines de prison, dont Stanford lui-même - pour fraude et association de malfaiteurs - pour une durée de 110 ans[13], qu'il purge en Floride depuis 2012[12].
  • Adel Dridi : (arabe : عادل الدريدي) est un homme d'affaires tunisien et président-directeur général de la société Yosr développement Adel Dridi est arrêté pendant quelques jours, puis relaché le à la suite d'une enquête judiciaire ouverte à la demande de la Banque centrale de Tunisie et dont Yosr développement fait l'objet depuis le début de l'année 2013. Le , Adel Dridi disparaît, en laissant à leurs sorts 50 000 clients qui ont versé des sommes d'argent en vue d'obtenir un gain rapide. Yosr développement a en effet promis à ses clients, en adoptant le système de Ponzi, des bénéfices rapides et alléchants en retour de leurs investissements. Le montant de l'arnaque est estimé à 100 millions de dinars tunisiens. Malgré l'interdiction de quitter le pays, Dridi se rend à Tabarka, moyennant une autorisation spéciale, où il aurait gagné la frontière algérienne en emportant avec lui l'argent de ses victimes. Finalement, le porte-parole officiel du ministère tunisien de l'Intérieur annonce l'arrestation de Dridi le au niveau de la ville de Sousse. Il est condamné le 12 août par la chambre correctionnelle au tribunal de première instance de Tunis à 32 ans de prison ferme.
  • Ruja Ignatova avec OneCoin.

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

Des escroqueries de ce type se retrouvent dans divers films et romans :

De pareilles escroqueries apparaissent également dans de nombreux épisodes de séries télévisées.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Ponzi Schemes », sur U.S. Securities and Exchange Commission.
  2. (en) Stephen Deason, Shivaram Rajgopal et Gregory B. Waymire, « Who Gets Swindled in Ponzi Schemes? », sur Social Science Research Network, .
  3. Marc Artzrouni, The mathematics of Ponzi schemes
  4. (en) Robert F. Mulligan, « Adele Spitzeder, the Queen of Confidence Tricksters », American Institute for Economic Research, (consulté le ).
  5. Présentation du Ponzi scheme par l'US Securities and Exchange Commission
  6. Le Madoff russe va-t-il encore frapper ?, Hugo Natowicz, La Russie d’Aujourd’hui, 11 janvier 2011.
  7. (en)Sergei Mavrodi Convicted of Fraud in MMM Trial, St Petersburg Time, 27 avril 2007.
  8. MMM Corporation, Peter Symes (en), février 2003
  9. (en) personnel de rédaction, « Ponzi squared », The Economist,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Jon Hotten, The Meaning of Cricket : or How to Waste Your Life on an Inconsequential Sport, Random House, , 240 p. (ISBN 978-1-4735-2239-8, lire en ligne), p. 181
  11. a et b Jean-François Gayraud, Grande Fraude (La) : Crime, subprimes et crises financières, Odile Jacob, , 272 p. (ISBN 978-2-7381-8585-3, lire en ligne), p. 142-143
  12. a et b (en) H. Kent Baker et Vesa Puttonen, Investment Traps Exposed : Navigating Investor Mistakes and Behavioral Biases, Emerald Group Publishing, (ISBN 978-1-78714-721-8, lire en ligne), p. 178
  13. (en) Nicholas Ryder, The Financial Crisis and White Collar Crime : The Perfect Storm?, Edward Elgar Publishing, , 360 p. (ISBN 978-1-78100-100-4, lire en ligne), p. 87
  14. Maya Forbes, Wallace Wolodarsky et Vanessa Bayer, The Polka King, (lire en ligne).
  15. « L'hôtel de verre », sur Éditions Alto (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]