Château de Gruyères — Wikipédia

Château de Gruyères
Image illustrative de l’article Château de Gruyères
Le château de Gruyères, dans le canton de Fribourg
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction 1270-1282
Fin construction 1476
Propriétaire initial Comtes de Gruyère
Destination initiale Lieu d'habitat du seigneur
Propriétaire actuel État de Fribourg
Destination actuelle Musée
Protection Bien culturel suisse d'importance nationale
Coordonnées 46° 35′ 05″ nord, 7° 05′ 02″ est
Pays Drapeau de la Suisse Suisse
Région historique Comté de Gruyère
Canton Drapeau du canton de Fribourg Fribourg
District Gruyère
Commune Gruyères
Géolocalisation sur la carte : Suisse
(Voir situation sur carte : Suisse)
Château de Gruyères
Site web http://www.chateau-gruyeres.ch

Le château de Gruyères est un château situé dans la ville suisse de Gruyères dans le canton de Fribourg. C'est le deuxième château le plus visité de Suisse après le château de Chillon. Ouvert au public depuis 1938, il propose des expositions temporaires en plus de la visite des salles et du jardin.

Situation géographique[modifier | modifier le code]

Le château de Gruyères est situé à l’entrée de la vallée de l’Intyamon, sur un verrou glaciaire, d’où il domine la vallée moyenne de la Sarine des Préalpes fribourgeoises. Le château a été implanté sur une colline haute de 115 mètres par rapport à la plaine environnante, ce qui lui conférait une position stratégique importante. En effet, durant le Moyen Âge, la vallée de la Sarine offrait un accès vers le Valais par les cols des Mosses, menant au Chablais vaudois et du Sanetsch menant directement au Valais central.

Le château contrôlait l’accès à la vallée de l’Intyamon et permettait de surveiller les alentours. De la colline, le regard porte en effet jusqu’à Bulle au nord, à Charmey dans la vallée dans la Jogne à l’est et à Grandvillard au sud. Au Moyen Âge, durant la période comtale, le château pouvait communiquer visuellement avec les châteaux de la Tour-de-Trême et de Montsalvens (ce dernier est aujourd'hui en ruine).

Architecture[modifier | modifier le code]

Le château de Gruyères est construit d'après le plan très répandu du carré savoyard[1]. On retrouve le même plan de construction au château de Bulle ou à Chillon.

Esplanade[modifier | modifier le code]

C'est dans la seconde partie du XVe siècle que cet espace fut aménagé, période de la réalisation des fortifications du site due à François Ier de Gruyère entre 1433 et 1475, puis par son fils Louis de Gruyère, comte entre 1475 et 1492.

La construction circulaire au centre est un puits réalisé en 1752, sur l'emplacement des anciens fossés. Au couchant, se trouvent les fondations d'un temple gallo-romain. Au XIIe siècle la muraille du château traversait d'Est en Ouest à quelques mètres de la chapelle pour rejoindre les vestiges du temple antique.

De chaque côté de la porte d'accès à la cour intérieure, furent placés les boucliers en bronze de Mars (1997) et de Vénus (1999), œuvre de Patrick Woodroffe.

Chapelle[modifier | modifier le code]

Au XIIIe siècle l'existence d'un lieu de culte est attesté au château. L'actuelle chapelle Saint-Jean-Baptiste est intégrée dans l'espace de l'esplanade de la fortification. Elle fut aménagée en 1480 par le comte Louis, comme l'indique l'inscription au-dessus du portail : « 1480 Loys Conte D[e] G[ruiere] ». Les vitraux de l'abside, sont de la même époque. Ils sortent des ateliers Bolaz de Vevey et montrent Saint-Jean baptisant le Christ, et La Vierge de Pitié. Les deux rondels présentent les armoiries et lers effigies du comte Louis et de son épouse Claude de Seyssel. On peut encore voir sur le mur et la voûte, des fragments de peintures du Christ en Majesté, entouré des douze Apôtres.

Placé sur l'autel, le retable de l'empereur Charles Quint, daté de 1530. Les sculptures en bois, la Piéta et Marie-Madeleine sont de la seconde moitié du XVe siècle.

Orangerie[modifier | modifier le code]

Cour intérieure[modifier | modifier le code]

On y accédait depuis l'esplanade par un pont-levis dont les vestiges sont encore visibles. Le corps de logis fut réaménagé entièrement à la fin du XVe siècle. L'escalier en colimaçon fut construit sous le comte Louis, permettant l'accès depuis la cour à tous les niveaux du château. Au premier et second restent des fragments de peinture murale : Crucifixion avec inscription CrVX MVnDum LVXit (La croix illumina le monde, ce chronogramme correspond à la date MDCLXXVVVV=1685) La tour d'escalier porte les armes de Gruyères-Seyssel. Les galeries en bois des premier et deuxième niveaux qui courent à l'Ouest, au Nord et à l'Est du bâtiment furent construites en 1586-1587. On peut voir des scènes de chasse avec le comte de Gruyère à cheval et la Belle Luce en bergère, par Francis Furet, réalisées vers 1900.

Bancs en bois, aux armes de Gruyères, Bovy et Balland réalisés en 1904.

Rez-de-chaussée[modifier | modifier le code]

Salle voûtée[modifier | modifier le code]

Lieu d'expositions temporaires

Ancien arsenal[modifier | modifier le code]

Utilisé aujourd'hui, pour les expositions temporaires.

Salle des gardes[modifier | modifier le code]

Sol dallé en galets, cheminée monumentale, lavabo et garde-manger.

Cuisines[modifier | modifier le code]

Grande cheminée avec âtre, crémaillère, marmites et broche mécanique. Fourneau en dalle de molasse. Four à pain.

1er étage[modifier | modifier le code]

Corridor I[modifier | modifier le code]

Les peintures murales réalisées vers 1530, proviennent du château Englisberg d'Uberstorf dans le Canton de Fribourg. Elles représentent des scènes de l'Histoire romaine de Tite-Live. Dans la vitrine est exposée la fameuse main coupée, provenant d'une momie égyptienne et ayant donné lieu à de nombreuses légendes sur son origine.

Salle de Bourgogne[modifier | modifier le code]

Dans cette pièce sont exposées trois chapes de l'ordre de la Toison d'or, faisant partie du butin des Confédérés lors de la bataille de Morat le contre Charles le Téméraire. Sur celles-ci, en velours noirs, sont cousus les écussons brodés de Bourgogne, ainsi que les emblèmes personnels de son père Philippe le Bon. Ce sont des chapes de deuil qui servirent aux cérémonies anniversaires de la mort du duc quelques jours avant cette bataille. Un gravure de Martin Martini de 1609, restitue la bataille.

Salle des baillis[modifier | modifier le code]

C'est dans cette salle que les baillis se réunissent de 1555 à 1798. Elle fut décoré entre 1685 et 1686 par des peintures murales de maître Cuen, à la demande du bailli Jean-Jacques-Joseph d'Alt et de son épouse Marie-Elisabeth de Diesbach. Composé de feuilles d'acanthe. La frise est ornée d'un bestiaire avec la grue héraldique. On retrouve les armes de la ville de Fribourg, flanquées de celles du trésorier Kanisius Saler et du secrétaire Nicolas von der Weid dans l'embrasure de la fenêtre centrale. Dans celle de gauche des graffitis du XVIe siècle.

On peut y voir également une statue de saint Sébastien, invoqué contre la peste qui a sévi dans la région jusqu'en 1670. Taque et chenets en bronze en bronze à la cheminée, surmontée d'un blason sculpté aux armes de la Maison de Python, entouré de deux anges milieu du XVIIe siècle.

Le poêle en catelles est aux armes des von der Weid et Praroman (1767). Les vitraux héraldiques des baillis de Gruyères dont : Ulrich von Englisberg (1563) ; Pierre de Praroman et Elisabeth d'Affry (1580) ; Antoine Python (1653) ; Jean-Pierre Castella (1663) ; Jean-Jacques-Joseph d'Alt et Marie Elisabeth König (1699).

Mobilier des XVIe siècle et XVIIe siècle, portraits de François de Castella vers 1625 et celui de Jean-Jacques d'Alt vers 1704.

Salon Corot[modifier | modifier le code]

Dans ce salon sont regroupées des œuvres d'artistes, amis de Daniel Bovy (1812-1862) qui à partir de 1852 réalisèrent ici des peintures sur les lambris du XVIIIe siècle. Camille Corot y réalise quatre paysages en médaillon, laissant son nom à cette pièce. Barthélemy Menn en a peint deux autres et qu'un autre sera réalisé par Henri Saltzmann que retoucheront les deux premiers artistes. Les bouffons et les figures allégoriques féminines sont de Henri Baron. Les guirlandes, les fruits et les fleurs sont Francis Furet, À Leleux et son épouse Émilie. Dans l'embrasure de la fenêtre, deux médaillons en bronze, à gauche D. Bovy par Antoine Bovy, à droite John Bovy par Hugues Bovy. Le canapé et les fauteuils sont de style Louis XV et sur la commode un buste de Sissi, impératrice d'Autriche par Marcello nom d'artiste d'Adèle d'Affry, duchesse de Castiglione Colonna).

Salle des comtes[modifier | modifier le code]

Elle est consacrée aux derniers comtes de Gruyères.

  • Le grand dressoir gothique est aux armes de Jean Ier de Gruyère comte de 1500 à 1514 et de son épouse : Huguette de Menton.
  • Le dorsal daté de 1505, fut complété au XIXe siècle et le fauteuil est aux armes du comte Jean II de Gruyère, comte de 1514 à 1539 et celles de son épouse Marguerite de Vergy.
  • Le maître verrier évoque le comte Jean II dans les vitraux supérieurs de la fenêtre sud : à gauche le lys de France entouré du collier de l'Ordre de Saint-Michel, à droite la Croix de Savoie entourée du collier de l'Ordre suprême de la Très Sainte Annonciade (Savoie) de 1534. À la même fenêtre, dans le registre inférieur, figure à gauche, le vitrail de Michel de Gruyère, dernier comte (1539-1554), et à droite celui du sire de Challant, seigneur de Villarsel (von Willers) et gendre de Jean II, les deux sont datés de 1543.
  • À la fenêtre est, se trouve le vitrail de Pierre, curé de Gruyères et fils illégitime du comte Jean Ier (1568), au-dessus, un vitrail de la famille Castella XVIIe siècle.
  • Le lit à baldaquin est du XVe siècle avec des éléments plus tardifs.
  • Les deux dressoirs gothiques à plis de serviettes, celui de droite avec des rajouts de la Renaissance.
  • Dans l'embrasure de la fenêtre sud, un coffre en fer forgé vers 1730.
  • Les tapisseries flamandes (vers 1530) furent acquises par les frères Bovy. Elles représentent diverses scènes de l'Ancien Testament et furent réalisées d'après les modèles de Bernard Van Orley.

Salle des légendes[modifier | modifier le code]

Anciennement, chambre de la Belle Luce, la Salle des légendes, inaugurée en 2023, propose de se plonger dans l’univers des contes et légendes de la région, en son et en images.

Galerie I[modifier | modifier le code]

On découvre la trappe qui permettait à Daniel Bovy d'accéder au premier étage en chaise roulante (milieu du XIXe siècle). Boudoir, gravures et lithographies sur Gruyères. Service de table en faïence de Sarreguemines vers 1850 aux armes des comtes de Gruyères et ayant appartenu à la famille Bovy.

2e étage[modifier | modifier le code]

Corridor II[modifier | modifier le code]

Y sont exposés les portraits peints par Auguste Baud-Bovy (1848-1899)
Au-dessus de la porte latérale, le blason du comte Jean II de Gruyère et de sa seconde épouse Catherine de Monteynard, daté des environs de 1540.

On peut également y voir des porcelaines d'Europe et d'Asie orientale des XVIIIe siècle et XIXe siècle, provenant de la collection Bovy-Balland.

Salle d'art fantastique[modifier | modifier le code]

Depuis 1989, la salle abrite la collection du Centre d'Art fantastique, avec tableaux d'artistes contemporains (José Roosevelt, Gian Paolo Dulbecco, Vincent Amas, Patrick Woodroffe, Patrizia Comand, Milan Goldschmiedt, etc).

Salon de musique[modifier | modifier le code]

Salle Furet[modifier | modifier le code]

Salle de Chasse[modifier | modifier le code]

Le mobilier fribourgeois de cette pièce est du XVIe siècle et XVIIIe siècle.

Un tableau en trompe-l'œil avec attirail de l'oiseleur du peintre hollandais : Johannes Leemans (1633-1688)

Tableau de Ernest Dagonet (1856-1926), Cerf attaqué par les loups, 1904

Salle baroque[modifier | modifier le code]

Vitraux héraldiques ; Castella 1597 ; Techtermann-Python 1595 ; Tapisseries, verdure de Flandres fin XVIIe siècle. Commodes de Funk. Bacchus enfant, groupe sculpté en bronze vers 1770 par Clodion (Claude Michel). Médailles d'Antoine Bovy (1795-1877) et Hugues Bovy (1841-1893).

Salle des chevaliers[modifier | modifier le code]

Entre 1852 et 1862, des peintures murales furent réalisées par les peintres Henri Baron et Barthélemy Menn à partir des dessins préparatoires de Daniel Bovy (1812-1862) en vue de la restauration du bâtiment. Elle recouvre une frise avec les armoiries des baillis de Fribourg que l'on peut encore voir dans l'embrasure d'une fenêtre de cette pièce. Les peintures réalisées mêlent, l'histoire des comtes et la légende de la Gruyère. Qui dans un ordre chronologique représente :

Les meubles de la pièce, sont des copies d'anciens, réalisés au XIXe siècle par Auguste Ansermot. Le plateau de la table est posé sur ce qui était la table de communion de la Chartreuse de la Part-Dieu.

Manteau de cheminée deux cavaliers en armure présentent les armoiries du comte Louis et de son épouse Claude de Seyssel.

Galerie II[modifier | modifier le code]

Les cadrans solaires de 1559 sont antérieurs à la construction du toit de la galerie. Tour du prisonnier et panneaux lumineux de Patrick Woodroffe posés en l'an 2000.

Jardins et remparts[modifier | modifier le code]

De magnifiques jardins à la Française s'offrent à la vue du visiteurs des fenêtres du 1 étage en direction du Levant, ceint d'un chemin de ronde, flanqué de deux tours à chaque extrémités.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le nom Gruyères dérive vraisemblablement de la grue héraldique. Les origines de la maison comtale ne sont aujourd’hui encore pas connues, bien qu'étant une des plus importantes de la Suisse romande. Du XIe au XVIe siècle, vingt comtes sont attestés.

Michel, le dernier comte de Gruyères, dut affronter des difficultés financières et annonça la banqueroute en 1554. Les créanciers, les villes de Fribourg et de Berne, se partagèrent ses terres. Le château fut le siège des baillis fribourgeois (1555-1798), puis la résidence des préfets jusqu’en 1848. Mis en vente en 1849, il devint la propriété des familles Bovy et Balland, qui y séjournaient pendant l’été et s’occupaient de la restauration du site avec leurs amis artistes. Ils y fondent une communauté appelée « La Colonie », d'inspiration fouriériste. Parmi les artistes invités dans les années 1850-1860, on trouve Barthélemy Menn, Camille Corot, Gustave Courbet, et des membres de la famille Bovy, comme Auguste Baud-Bovy[2].

En 1938, l’État de Fribourg racheta le château et y fonda un musée. Depuis 1993, une fondation gère le site et s’occupe de la conservation et de la mise en valeur des bâtiments et de la collection. Depuis 1989 le château de Gruyères abrite une collection d'œuvres consacrées à l'art fantastique dont notamment le musée HR Giger[3].

Visites[modifier | modifier le code]

Le château se visite d’avril à octobre de 9 à 18 h et de novembre à mars de 10 à 16 h 30.

Galerie de photos[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Guide du château de Gruyères, Fondation du château de Gruyères, .
  • Daniel de Raemy et Gilles Bougarel, « La ville et le château au Moyen Age », Patrimoine fribourgeois, Service des biens culturels, no 16 « Le château de Gruyères »,‎ , p. 16-33
  • Hermann Schöpfer, « L'entretien du château sous l'Ancien Régime », Patrimoine fribourgeois, Service des biens culturels, no 16 « Le château de Gruyères »,‎ , p. 34-44
  • Catherine Waeber, « Le jardin du château de Gruyères », Patrimoine fribourgeois, Service des biens culturels, no 16 « Le château de Gruyères »,‎ , p. 45-51
  • Uta Bergmann, « Les vitraux du château de Gruyères », Patrimoine fribourgeois, Service des biens culturels, no 16 « Le château de Gruyères »,‎ , p. 52-60
  • Raoul Blanchard et Anita Petrovski, « La Salle des chevaliers », Patrimoine fribourgeois, Service des biens culturels, no 16 « Le château de Gruyères »,‎ , p. 61-71
  • Raoul Blanchard et Anita Petrovski, « Le Salon Corot », Patrimoine fribourgeois, Service des biens culturels, no 16 « Le château de Gruyères »,‎ , p. 72-80
  • Aloys Lauper, « L'invention du monument, de l'ancien Régime à nos jours », Patrimoine fribourgeois, Service des biens culturels, no 16 « Le château de Gruyères »,‎ , p. 81-98

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Château de Gruyères », sur Château de Gruyères (consulté le ).
  2. « Auguste Baud-Bovy », sur la base Sikart.
  3. http://www.hrgigermuseum.com/ , Museum HR Giger.