Cervidae — Wikipédia

Les cervidés (Cervidae, du latin cervus « cerf », apparenté au grec κεραός / keraos, « cornu ») forment une famille de mammifères ruminants présentant un nombre pair de doigts. Elle comprend notamment les cerfs, les chevreuils, les rennes, les élans et les daims, ainsi que des espèces moins connues comme les pudus ou les hydropotes.

Terminologie[modifier | modifier le code]

  • Le mot « faon » peut désigner le jeune de différentes espèces, notamment celui du cerf, du chevreuil, du daim, du renne.
  • Le hère est un jeune cerf de six mois à un an, qui ne porte pas encore de bois.
  • Le daguet est un jeune cerf qui porte ses premiers bois.
  • Le brocard est le mâle de plus d'un an chez le chevreuil.
  • Pour certaines espèces, la femelle porte un nom spécifique :

Principales caractéristiques[modifier | modifier le code]

Deux cervidae, en Grèce. Mars 2017.

La particularité des cervidés est de porter des bois, des organes osseux caducs présents sur la tête des mâles. Il existe toutefois quelques exceptions :

  • chez les rennes, les deux sexes portent des bois ;
  • chez certaines espèces, les bois sont absents (Hydropotes inermis), ou à l'état de vestiges (genres Pudu et Mazama).
Trophée d'un cerf élaphe quatorze cors (château de Tanlay, Yonne).

Les bois des cervidés forment un trophée (terme cynégétique employé aussi bien pour la parure sur l'animal vivant, que dans le sens plus connu de trophée de chasse). Ils muent chaque année ; le produit de la mue (les bois morts délaissés) s'appelle la « mue »[1].

Les cervidés constituent les derniers grands ruminants sauvages des régions tempérées. À travers le monde, il en existe quarante-quatre espèces réparties en dix-sept genres.

Les cervidés les plus fréquents dans les forêts d'Europe sont le cerf élaphe (Cervus elaphus), le chevreuil (Capreolus capreolus) et le daim (Dama dama). En Scandinavie, s'y ajoutent le renne (Rangifer tarandus) et l'élan (Alces alces), également présent en Europe centrale. D'autres espèces ont été acclimatées en Europe et peuvent s'y rencontrer occasionnellement, comme le cerf sika (Cervus nippon).

Ils sont nettement divisés en deux ensembles phylogénétiquement cohérents : l'un, paléarctique et indomalaise : cervidés européens ; l'autre, néarctique et néotropicale : cervidés américains. Trois espèces seulement échappent à la règle, avec une répartition holarctique : le cerf élaphe, ou wapiti, en Amérique, le renne, ou caribou et l'élan, ou orignal.

La taille des cervidés varie de celle d'un lièvre pour le pudu à celle d'un grand cheval pour l'élan.

Systématique[modifier | modifier le code]

Listes des espèces[modifier | modifier le code]

Ils sont divisés en deux sous-familles :

Phylogénie externe[modifier | modifier le code]

Phylogénie des familles des Cétartiodactyles actuels (Cétacés non développés)[2],[3],[4] :

Cetartiodactyla 
 Tylopoda 

Camelidae (Chameaux, lamas…)



 Artiofabula 
 Suina 

Suidae (Porcins)



Tayassuidae (Pécaris)



 Cetruminantia 
Cetancodonta 

Cetacea (Baleines, dauphins ...)



Hippopotamidae (Hippopotames)



 Ruminantia

Tragulidae (Chevrotains)


 Pecora 


Antilocapridae (Antilocapres)



Giraffidae (Girafes, okapi...)





Cervidae (Cerfs, rennes...)


 Bovoidea 

Bovidae (Bovins, Caprins et antilopes)



Moschidae (Cerfs porte-musc)









Phylogénie interne[modifier | modifier le code]

Systématique interne des cervidés selon Heckeberg 2020 (ADNmt et ADN nucléaire combinés)[5]

Cervidae 
Cervinae 
 Cervini 


 Axis



 Rucervus






 Cervus




 Elaphurus



 Panolia






 Dama



 Megaloceros (†)





 Muntiacini 

 Muntiacus



 Elaphodus




Capreolinae 



 Odocoileini 
 Blastocerina 




 Ozotoceros (y compris „Hippocamelus“ antisensis)



 Hippocamelus




 Mazama (M. gouazoubira, M. chunyi)




 Blastocerus




 „Mazama“ nemorivaga



 Pudu



 Odocoileina 


 Mazama (M. americana, M. jucunda, M. nana, M. temana)




 Odocoileus



 Mazama pandora





 Mazama (M. americana, M. rufina, M. bricenii)





 „Pudu“ mephistophiles



 Rangiferini 

 Rangifer



 Alceini 

 Alces



 Capreolini 

 Capreolus



 Hydropotes





Un cladogramme purement mitochondrial montre les différences suivantes :

  • la position de l'orignal est basale dans les capreolinae,
  • la position du pudu du nord (Pudu mephistophiles) est basale dans les blastocerina.

Maladie[modifier | modifier le code]

Le cerf et les humains[modifier | modifier le code]

Iconographie[modifier | modifier le code]

Lucas Cranach l'Ancien, Paradis, Vienne
  • Les cervidés figurent parmi les animaux les plus représentés du bestiaire pariétal paléolithique[9].
  • Dans l'iconographie antique, la biche figure aux côtés d'Artémis ou de Diane chasseresse, le cerf, dans les scènes de chasse et les représentations d'Actéon. La peau des Cervidés, appelée nébride, est un attribut du culte de Dionysos.
  • Dans l'iconographie chrétienne, le cerf est un symbole du Christ[10] de Julien l'Hospitalier[10]. Un cerf crucifère accompagne les représentations de saint Hubert, patron des chasseurs[10] ou de saint Eustache. Le cerf est présent dans certaines représentations du paradis terrestre, et celles de l'entrée des animaux dans l'arche de Noé.
  • Dans l'art profane, le cerf figure dans les scènes de chasse. Avec le loup et le chien, il représente la mélancolie dans les représentations des tempéraments ou des humeurs[11].

Divers[modifier | modifier le code]

Malgré l’orthographe du mot en français, le terme « cerf-volant » n’a probablement pas de lien avec le « cerf », mais signifierait « serpent volant » (ancien français serp-volante)[12].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Photos de mues de chevreuil sur Le Solitaire Ardennais, forum de la chasse en Wallonie.
  2. (en) Samantha A Price, Olaf R P Bininda-Emonds et John L Gittleman, « A complete phylogeny of the whales, dolphins and even-toed hoofed mammals (Cetartiodactyla) », Biological Reviews, Wiley, vol. 80, no 3,‎ , p. 445-73 (ISSN 1464-7931, PMID 16094808, DOI 10.1017/S1464793105006743, lire en ligne Accès libre [PDF])Voir et modifier les données sur Wikidata
  3. (en) Michelle Spaulding, Maureen A O'Leary et John Gatesy, « Relationships of Cetacea (Artiodactyla) among mammals: increased taxon sampling alters interpretations of key fossils and character evolution », PLOS One, PLoS, vol. 4, no 9,‎ , e7062 (ISSN 1932-6203, OCLC 228234657, PMID 19774069, PMCID 2740860, DOI 10.1371/JOURNAL.PONE.0007062)Voir et modifier les données sur Wikidata
  4. (fr + en) Alexandre Hassanin, Frédéric Delsuc, Anne Ropiquet, Catrin Hammer, Bettine Jansen van Vuuren, Conrad Matthee, Manuel Ruiz-Garcia, François Catzeflis, Veronika Areskoug, Trung Thanh Nguyen et Arnaud Couloux, « Pattern and timing of diversification of Cetartiodactyla (Mammalia, Laurasiatheria), as revealed by a comprehensive analysis of mitochondrial genomes », Comptes Rendus. Biologies, Académie des sciences, vol. 335, no 1,‎ , p. 32-50 (ISSN 1768-3238, OCLC 49200702, PMID 22226162, DOI 10.1016/J.CRVI.2011.11.002)Voir et modifier les données sur Wikidata
  5. Nicola S. Heckeberg: The systematics of the Cervidae: a total evidence approach. In: PeerJ. Band 8, 2020, S. e8114, doi:10.7717/peerj.8114.
  6. [Rand et al. 2004] (en) Peter W. Rand, Charles Lubelczyk, Mary S Holman, Eleanor H Lacombe et Robert P Smith Jr, « Abundance of Ixodes scapularis (Acari: Ixodidae) after the complete removal of deer from an isolated offshore island, endemic for Lyme disease », Journal of Medical Entomolohy, vol. 41, no 4,‎ , p. 779–784 (résumé).
  7. [Gilbert et al. 2012] (en) L. Gilbert, A. Marm Kilpatrick, Marc Mangel et Christopher C Wilmers, « The effect of deer management on the abundance of Ixodes ricinus in Scotland », Ecol. Appl., no 22,‎ , p. 658–667.
  8. [Levi et al. 2012] Taal Levi, « Deer, predators, and the emergence of Lyme disease », Proceedings of the National Academy of Sciences U.S.A. (PNAS), no 109,‎ , p. 10942–10947 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté le ).
  9. Voir l'article « Grotte de Lascaux ».
  10. a b et c [Duchet-Suchaux 1990] Gaston Duchet-Suchaux et Michel Pastoureau, La Bible et les saints, guide iconographique (dictionnaire), Flammarion, (1re éd. 1944), 319 p. (présentation en ligne).
  11. [Chardon 2005] François-René Chardon, « La Mélancolie: génie et folie en occident. Tableaux d'une humeur » (article annonçant l'exposition au Grand Palais, 13 oct. 2005 - 7 mai 2006), Hypnose & thérapies brèves,‎ , p. 78-79 (lire en ligne [PDF] sur revue-hypnose-therapies-breves.com, consulté le ).
  12. Voir l’entrée « Cerf-volant ».

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Cervidés peints par Gustave Courbet.

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Article connexe[modifier | modifier le code]

Références taxonomiques[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Pike-Tay 1991] Anne Pike-Tay, « L'analyse du cément dentaire chez les cerfs : l'application en préhistoire », Paléo, no 3,‎ , p. 149-166 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Heckeberg 2020] (en) Nicola S. Heckeberg, « The systematics of the Cervidae: A total evidence approach », Peer Journal, nos 1–3,‎ (lire en ligne [sur researchgate.net]).

Liens externes[modifier | modifier le code]