Centre de stockage de la Manche — Wikipédia

Le centre de stockage de la Manche (CSM) est le plus ancien centre français de stockage de déchets radioactifs. Il est situé sur la commune de la Hague (plus précisément commune associée de Digulleville), en bordure de l'usine de retraitement de la Hague.

Le CSM a été créé en 1969, puis il a reçu des colis de déchets jusqu'à arriver à saturation en 1994. D'après l'inventaire de l'ANDRA, les déchets stockés comprennent environ 1 469 265 colis[1], correspondant à 527 225 m3, issus en grande partie de la production électronucléaire (centrales nucléaires et installations de l'amont et de l'aval du cycle du combustible nucléaire).

Historique[modifier | modifier le code]

En 1967, le Commissariat à l'énergie atomique crée la société Infratome, société privée filiale des Mines de potasse d'Alsace. Après avoir pensé aux dunes de Biville, propriété de l'armée, la décision est prise d'installer le centre à l'est de l'usine de retraitement de la Hague, dans une zone humide appelé le « Haut Marais ». Aujourd'hui, une zone humide ne serait plus choisie pour abriter un centre de stockage [2],[Note 1].

Les élus locaux refusent de voir gérer le centre par un exploitant privé. Le CEA assure donc la maîtrise des installations de stockage jusqu'en 1991, date à laquelle l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA), qui était une entité du CEA depuis 1979, prend le centre en charge en tant qu'établissement public indépendant (créé par la loi du 30 décembre 1991).

Les premiers déchets accueillis en 1969 sont les déchets hospitaliers, en particulier le radium utilisé pour le traitement du cancer. Le stockage est d'abord en tranchées ordinaires, en pleine terre, puis est adopté le stockage de surface plus sûr et exploitable (des blocs de béton sont coulés autour des fûts, puis on les recouvre d'un film plastique et terre). On appelle le résultat de stockage de surface un tumulus.

En 1976 se produit un accident qui provoque une pollution des eaux souterraines et de surface par le tritium. Pendant plusieurs années auparavant, du plutonium, du radium, du thorium, et les déchets tritiés de l'ensemble du parc électronucléaire français ont été stockés dans 6 cases d'un ouvrage dénommé TB2. Les fuites seraient dues à un débordement en surface du réseau de drainage profond en raison d'une pluviosité importante et de dysfonctionnements de la pompe de relevage[3].

En 1984, des ouvrages de stockage sont restaurés (tranchées en pleine terre et tranchées à parois bétonnées) et les colis repris et reconditionnés en améliorant leur confinement.

En 1991 débute la construction de la couverture du centre, destinée à protéger les colis des infiltrations d'eau.

En 1994 est reçu le dernier colis, puis le stockage est fermé par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) afin de préparer le passage en phase de surveillance (prévue pour une durée de l'ordre de 300 ans).

En 2003, un décret autorise le passage du centre en phase de surveillance[4].

Observations[modifier | modifier le code]

En 1996, deux rapports officiels montrent que les études relatives à la sûreté du site sont positives. La commission d'évaluation du gouvernement estime toutefois que le site n'est pas banalisable à l’issue des 300 ans, et qu'il est nécessaire d'en garder la mémoire[5],[6],[7]. Cela nécessite une inscription au cadastre, qui assure une information administrative et qui permet de limiter l’utilisation du sol[8].

Selon un ex-salarié du Centre, la gestion du site laisserait à désirer :

« certains bidons défectueux et parfois stockés à même la terre devraient être reconditionnés, mais le projet a été abandonné en raison de son coût et de ses risques pour les travailleurs; les fûts sont protégés de la pluie par une couverture étanche qui commence déjà à se fissurer; les talus s'affaissent; les cours d'eau qui prennent leur source sur le site subissent des pollutions. »[9].

En 2006, le Réseau Sortir du nucléaire prétend aussi qu'il contiendrait plus de 100 kg de plutonium disséminé, 200 tonnes d'uranium, des produits chimiques et des métaux lourds[6],[10].

En 2013, une étude effectuée par l'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest et financée par le conseil général de la Manche et l'Autorité de sûreté nucléaire montre que les données de l'Andra seraient sous-évaluées[11]. Toujours selon cette association, on retrouverait des actinides dans le lit du ruisseau de Sainte-Hélène[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La localisation du centre de stockage de Drigg, menacé par la montée des océans, est elle aussi problématique à long terme

Références[modifier | modifier le code]

  1. Inventaire géographique des déchets radioactifs - édition 2006 ; Andra
  2. centre de stockage de la Manche site web sortir du nucléaire
  3. Gestion des déchets radioactifs : les leçons du Centre de Stockage de la Manche - ACRO 2009
  4. Décret n° 2003-30 du 10 janvier 2003 sur le site legifrance
  5. Hervé Morin, « Les déchets radioactifs de la Hague devront être protégés plus efficacement et beaucoup plus longtemps », sur Le Monde, .
  6. a et b rapport ACRO du 22 mai 2006 commandé par Greenpeace France : CSM_GP09.pdf Acro.eu
  7. Nucléaire : À La Hague, sous le gazon, 527.225 m³ de déchets radioactifs sur 20minutes.fr
  8. (en) « Memory provisions for the Manche Surface Repository » [PDF].
  9. Association de la Qualité de Vie à Ville-sur-Terre (la Q.V.) - Témoignage d'un ex-salarié travaillant sur le site
  10. Déchets nucléaires dans la Manche: la plainte de Greenpeace classée sans suite sur france3-regions.francetvinfo.fr
  11. Le Point.fr, « Soupçons de fuites dans un centre de déchets nucléaires », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  12. note-Plutonium-Hague.pdf site web acro.eu.org

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]