Catholicisme traditionaliste — Wikipédia

Messe selon la forme tridentine du rite romain célébrée en l'église San Simeone Piccolo de Venise.

Le catholicisme traditionaliste (ou traditionalisme) est un courant religieux du catholicisme né en réaction au concile Vatican II. Outre le rejet de la réforme liturgique, les principaux sujets d'opposition doctrinale sont la liberté religieuse, l'œcuménisme et la collégialité.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Messe selon le rite tridentin[modifier | modifier le code]

Autel prêt pour la messe selon la forme tridentine du rite romain.

Les revendications des catholiques traditionalistes sont avant tout liturgiques. Ces derniers sont attachés à la forme du rite romain issue du concile de Trente (1545-1563), connue aussi sous les noms de « messe tridentine » ou de « messe de saint Pie V » par opposition à la messe de Paul VI issue du concile Vatican II[1].

Pie X en 1903.

Origine[modifier | modifier le code]

Marcel Lefebvre en 1981.

La crise traditionaliste, née du concile Vatican II dans les années 1970, aboutit en 1988 à l'excommunication de Marcel Lefebvre après la consécration illicite de quatre évêques issus de la Fraternité Saint-Pie-X : Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Alfonso de Galarreta et Richard Williamson. Afin de normaliser ses relations avec la frange traditionaliste opposée à ces sacres, le pape Jean-Paul II crée en 1988 la Commission pontificale Ecclesia Dei.

En 2007, par le motu proprio Summorum Pontificum, Benoît XVI libéralise l'usage de la forme tridentine du rite romain. En 2009, il lève l'excommunication des quatre évêques sacrés par Lefebvre en 1988.

Principaux courants du traditionalisme[modifier | modifier le code]

Le traditionalisme peut être divisé en plusieurs courants ayant chacun ses caractéristiques. Il y a d'abord les instituts et communautés traditionalistes anciennement Ecclesia Dei, directement rattachés au Saint-Siège, qui acceptent le concile Vatican II.

Ensuite, vient la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X dont les membres rejettent les textes de Vatican II touchant à la liberté religieuse, à l'œcuménisme et à la collégialité. Une scission donne naissance en 2012 à l'Union sacerdotale Marcel-Lefebvre, fondée par Richard Williamson, hostile à tout rapprochement avec le Saint-Siège.

Enfin, le dernier courant est composé des sédévacantistes qui refusent le Concile Vatican II et l'autorité romaine.

Instituts Ecclesia Dei[modifier | modifier le code]

Les principaux instituts sont :

En plus de ces communautés dépendant directement de Rome, d'autres congrégations de droit diocésain, c'est-à-dire relevant de l'autorité d'un évêque, pratiquent l'ancienne liturgie.

Congrégations religieuses[modifier | modifier le code]

Plusieurs congrégations religieuses ont obtenu une autorisation particulière d'utiliser la forme tridentine au lendemain de Vatican II ou ont continué d'elles-mêmes de l'utiliser jusqu'à l'indult Quattuor abhinc annos du 3 octobre 1984 du pape Jean-Paul II.

Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et les communautés affiliées[modifier | modifier le code]

Sédévacantistes[modifier | modifier le code]

Les sédévacantistes rejettent la validité du clergé ordonné après les réformes de 1969, ainsi que l'autorité des papes depuis 1963, de Paul VI à François avec lesquels ils ne sont pas en union. Ces papes seraient, selon eux, chefs d'une nouvelle Église[4].

Mouvements laïcs[modifier | modifier le code]

De fait, les traditionalistes français comptent parmi leurs rangs de nombreux royalistes[5] ou proches de l'extrême-droite[6].

Des années 1950 aux années 1990, une des revues les plus marquantes dans ce milieu a été Itinéraires, du maurrassien Jean Madiran. Y ont collaboré la plupart des intellectuels catholiques traditionalistes comme l'économiste Louis Salleron, qui dénonça la « nouvelle messe », ou le romancier Michel de Saint-Pierre, qui fonda l'association Credo en 1975[7]. On peut citer aussi le Comité français pour l'unité de l'Église et les Silencieux de l'Église de Pierre Debray, autre maurrassien, à partir de 1969[8].

Una Voce[modifier | modifier le code]

En France, les laïcs fondent en 1964 l'association Una Voce afin de défendre la messe traditionnelle, le chant grégorien et le latin dans la liturgie catholique romaine. Une organisation internationale voit le jour en 1967, lorsque des sociétés nationales fondent la Fédération Internationale Una Voce, qui regroupe aujourd'hui des associations établies dans plus de quarante pays. La Société pour la messe en latin en Angleterre et au Pays de Galles créée en 1965 au Royaume-Uni fait partie de cette fédération internationale.

Civitas[modifier | modifier le code]

Héritier de la Cité catholique de Jean Ousset, Civitas, aussi connu sous le nom de France Jeunesse Civitas ou Institut Civitas, est un institut social et politique français qui se définit lui-même comme un « lobby catholique traditionaliste »[9]. Cet institut est réputé proche des catholiques intégristes et de l'extrême droite[10],[11]. Il est très fortement lié à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X[12].

Implantations géographiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Messe de "saint Pie V", messe de Paul VI », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) « Monks of Norcia - About », sur EN - Monastero di San Benedetto in Monte (consulté le )
  3. (en-US) « Oasisjesus – Sacerdote » (consulté le )
  4. Pierre Ancery, « Les «sédévacantistes», des catholiques qui ne reconnaissent pas le pape », Slate.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Alexandre Reynes, Les droites nationalistes en France: une approche anthropologique et mythocritique des groupes et des imaginaires politiques, éd. Presses universitaires du Septentrion,
  6. Jean-Paul Gautier, La Restauration nationale : un mouvement royaliste sous la Ve république, éd. Syllepse, , p. 10
  7. « La nouvelle association Credo projette de rassembler des catholiques traditionalistes de diverses tendances », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. Marcel Albert, L'Église catholique en France sous la IVe et la Ve République, Les éditions du Cerf, , p. 156-157
  9. Lucile Sourdès, « Civitas, le lobby catho qui flirte avec l'extrême droite », Rue89,‎ (lire en ligne).
  10. « L'institut Civitas va porter plainte contre les Femen », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Violences de l'extrême droite : les appels à la dissolution de Civitas se multiplient », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Civitas, l’institut qui rêvait de rechristianiser la France », Slate.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Thibaud Chalmin, Une affaire d’Église : les débuts de l'occupation de Saint-Nicolas-du-Chardonnet (27 février - 4 juillet 1977), mémoire de Maîtrise sous la direction de Jean-Marie Mayeur, Université Paris Sorbonne-Paris IV, (lire en ligne).
  • Émile Poulat, Intégrisme et catholicisme intégral, Casterman, .
  • Émile Poulat, Une Église ébranlée (1939-1978), Casterman, .
  • Jean-Pierre Rissoan, Traditionalisme et révolution : les poussées d'extrémisme des origines à nos jours, Lyon, Aléas, .
  • Grégoire Celier et Olivier Pichon, Benoît XVI et les traditionalistes, Entrelacs,
  • Nicolas Senèze, La Crise intégriste, Paris, Bayard, .
  • Olivier Landron, À la droite du Christ: les catholiques traditionnels en France depuis le concile Vatican II, 1965-2015, les Éditions du Cerf, (ISBN 978-2-204-10383-1).
  • Yves Chiron, Histoire des traditionalistes, Paris, Tallandier, , 640 p. (ISBN 979-1021039407).

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • À la droite du Vatican, les traditionalistes, film documentaire de Grégory Laville, France, 2009, 55'

Banques de données, dictionnaires et encyclopédies[modifier | modifier le code]