Camerounais anglophones — Wikipédia

Carte des langues officielles des régions du Cameroun et des pays voisins.

Les Camerounais anglophones sont les citoyens du Cameroun qui parlent l'anglais. Ils vivent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays[1]. Minoritaires, ils représentent 21% de la population en 1976, ils sont 20% en 1987 et 17% en 2005[2],[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Période coloniale[modifier | modifier le code]

L'introduction de l'anglais au Cameroun remonte à l’établissement par les Britanniques de comptoirs d’esclaves sur les berges du fleuve Wouri au XVIe siècle et se propage au XVIIe siècle par l’œuvre de missionnaires britanniques qui, après avoir appris certaines langues camerounaises, créent des écoles dans lesquelles ils commencent à enseigner la lecture et l’écriture.

Après le départ des Allemands du Cameroun en 1918, ayant perdu leur empire colonial après leur défaite lors de la Première Guerre mondiale, le Royaume-Uni et la France se voient attribuer le territoire camerounais sous leurs administrations par mandat de la Société des Nations. C’est ainsi que le Royaume-Uni établit sa culture et sa langue dans la partie du Cameroun qu'il administre[4].

Période post-coloniale[modifier | modifier le code]

À l'indépendance du Cameroun français en 1960, sous le nom de République du Cameroun, la langue officielle du pays est le français[5]. L'anglais fait son entrée comme seconde langue officielle après le rattachement d'une partie du Cameroun britannique, le Cameroun méridional, en 1961 à l'issue d'un référendum, pour former une République fédérale[6], un évènement connu commé étant la réunification du Cameroun.

Représentation politique[modifier | modifier le code]

Le Front social démocrate, le plus grand parti politique d'opposition au parlement, est fondé et dirigé par un Camerounais anglophone, John Fru Ndi. Les mouvements séparatistes, notamment le Conseil national du Cameroun méridional (CNCM) et l'Organisation des peuples du Cameroun méridional (OPCM), appellent à l'indépendance des régions anglophones vis-à-vis du Cameroun à la suite du démantèlement le de la République fédérale du Cameroun, formée en 1961 et la marginalisation qu'elle aurait créé de la minorité anglophone par la majorité francophone et ses dirigeants politiques. En mars 2017, un seul des 36 ministres du gouvernement qui contrôlent les budgets ministériels est un Camerounais anglophone[7].

Manifestations de 2016-2017 et réponse du gouvernement[modifier | modifier le code]

En octobre 2016, après qu'une loi n'ait pas été traduite en anglais, des avocats camerounais anglophones entament une manifestation à Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest contre le gouvernement pour ne pas avoir respecté la constitution d'une nation bilingue[8]. Ils sont rejoints par des citoyens ordinaires et des enseignants, protestant contre les personnes nommées par le pouvoir central avec des compétences en anglais médiocres[8]. En décembre, les forces de sécurité dispersent des manifestants et au moins deux d'entre eux sont tués et d'autres blessés[8].

Les manifestants sont également accusés de violence par les autorités, cependant, la répression ravive les appels à l'indépendance[8]. Divers manifestants sont arrêtés, dont Felix Agbor Balla, le président du Consortium de la société civile anglophone du Cameroun (CSCAC), et Fontem Neba, le secrétaire général du mouvement[8]. Celui-ci est déclaré illégal par le gouvernement et« tout autre groupe lié ayant des objectifs similaires » est interdit[8]. Amnesty International réclame la libération de Felix Agbor Balla et de Fontem Neba[8]

Le gouvernement central coupe Internet dans les régions anglophones à la mi-janvier et le rétablit en avril 2017, à la suite d'une demande des Nations unies[9]. L'ONG Internet sans frontières estime que la coupure d'Internet a couté à l'économie camerounaise près de 3 millions d'euros sois 3,2 millions de dollars américains[9]

En septembre 2017, les manifestations et la réponse du gouvernement à celles-ci dégénèrent en un conflit armé.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Compendium of Language Management in Canada (CLMC) | Université d'Ottawa », sur Compendium of Language Management in Canada (CLMC) (consulté le )
  2. « Confidences sur la préparation du 4e recensement général de la population du Cameroun », sur newsducamer.com via Wikiwix (consulté le ).
  3. « Portail de données du Cameroun, Analyse de donnees », sur africadata.org via Wikiwix (consulté le ).
  4. www.camerwebdesign.com, « origines de la langue Anglaise au Cameroun. », sur Visiocare Academy (consulté le )
  5. Constituion 1960, Cameroun, (lire en ligne Accès libre)
  6. « République fédérale du Cameroun de 1961, Digithèque MJP » Accès libre, Digithèque MJP
  7. (en-US) Denis Foretia, « Opinion | Cameroon continues its oppression of English speakers », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
  8. a b c d e f et g (en-US) Francois Essomba et Dionne Searcey, « A Bilingual Cameroon Teeters After English Speakers Protest Treatment », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  9. a et b (en-GB) « Cameroon restores internet to English-speaking regions », sur Deutsche Welle - DW.COM (www.dw.com), (consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]