Royaume des Burgondes — Wikipédia

Royaume des Burgondes
Burgondie

411534

Description de cette image, également commentée ci-après
Royaume burgonde au Ve siècle.
Informations générales
Statut Monarchie
Capitale Worms (411–437)
Genève (443)
Lyon (501)
Langue(s) burgonde, latin
Religion christianisme nicéen
arianisme (minorité burgonde)
Superficie
Superficie (443) 16 000 km²
• 476 115 000 km²
Histoire et événements
437 Prise de Worms par les Huns
532 Bataille d'Autun
534 Conquête du royaume par les francs
Rois burgondes
411 – 437 Gondicaire
524 – 534 Godomar III

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le royaume des Burgondes, ou Burgondie (en allemand Burgund), est un royaume barbare créé par le peuple burgonde après son installation sur les bords du lac Léman, en Sapaudie, au Ve siècle. Son souverain le plus glorieux, Gondebaud, gouverna alors un territoire qui s'étend de Langres à Cavaillon et du Rhin à la Loire.

Pendant les six siècles qui suivent l'installation de ce peuple, les remous de l’histoire font naître successivement différentes entités géopolitiques aux limites territoriales toujours changeantes qui prennent le nom de Bourgogne.

Limites géographiques[modifier | modifier le code]

La Burgondie incluait:

Historique[modifier | modifier le code]

Le royaume de Worms[modifier | modifier le code]

Profitant de la faiblesse de l'Empire romain d'Occident, les Burgondes, à la suite des Vandales, franchissent le Rhin à Mogontiacum (Mayence) en 406 et s'introduisent en Gaule. Gondicaire est généralement considéré comme le fondateur, en 411 ou 413, du premier royaume burgonde avec le statut de fédéré, établi sur la rive gauche du Rhin, avec Worms/Alzey comme capitale. Il lutte tour à tour contre les Romains, les Suèves, les Alamans et les Huns[1].

Après vingt ans d'établissement autour de Worms, les Burgondes rompent le traité qui les lie à Rome et s'étendent en Germanie supérieure vers Strasbourg et Spire. Ils sont attaqués sur la rive droite du Rhin. Gondicaire est tué lors d'une bataille livrée contre des mercenaires huns à la solde du général en chef romain Aetius en 437[2]. La bataille de Worms/Alzey est évoquée dans la légende des Nibelungen, où Gondicaire est l'époux de Brunehilde sous le nom de Gunther (ou Gunnar).

Cette sévère défaite sonne la fin du royaume burgonde de Worms.

La naissance de la Burgondie[modifier | modifier le code]

Les Burgondes obtiennent l'autorisation des autorités de l'Empire pour migrer en Sapaudie (région de Genève), sur les bords du lac Léman et devenir fédérés de l'armée romaine en 443. Ils y édifient leur propre royaume sur les bords du lac Léman[3], le royaume des Burgondes (regnum Burgondionum), que l’on peut considérer comme le premier royaume de Bourgogne, dont le nom est issu du peuple burgonde.

La position des Burgondes face au pouvoir romain est alors ambivalente, les souverains veillant constamment sur leur légitimité. Contrairement à de nombreux autres confédérés germaniques, les Burgondes respectent scrupuleusement les obligations imposées par leur statut de fédérés et luttent à de nombreuses reprises contre les envahisseurs. Des troupes burgondes aux ordres d’Aetius combattent les Huns puis prennent part à l’offensive contre les Suèves au milieu du Ve siècle. En 457, après la mort d’Aetius, les Burgondes exploitent la situation trouble en Gaule pour envahir la région autour de Lyon. L’année suivante, ils assiègent cette ville qui tombe en leur pouvoir à une date incertaine, vers 461 ou 469, et sert de résidence à partir de cette date aux rois des Burgondes. En Auvergne, ils combattent à nouveau aux côtés des Romains, contre les Wisigoths. Dans les années 470 et 480, ils partent en guerre contre les Alamans[4]. Éduqué à la cour impériale de Ravenne et magister militum de la Gaule, Gondebaud est élevé au rang de patrice des Romains en 472 et exerce véritablement le pouvoir dans les régions qu'il contrôle, de la Méditerranée au sud au lac de Constance au nord.

L'apogée[modifier | modifier le code]

Le processus de romanisation des Burgondes s’accélère. Le roi autorise le conubium, c’est-à-dire les mariages entre Burgondes et Romains des provinces. L’étonnante faculté d’adaptation des Burgondes entraîne la perte de tout sentiment d’identité et l'assimilation rapide aux peuples parmi lesquels ils vivaient. L’aristocratie gallo-romaine qui coexistait sans peine avec les Burgondes y voit une garantie de maintien de l’ordre établi lui permettant peut-être de reprendre possession de ses terres[5]. À la suite de la déposition de l’empereur Romulus Augustule en 476, le roi des Burgondes exerce directement sur son territoire les pouvoirs de l’empereur d’Occident[6]. Toutefois, afin de légitimer sa bonne foi romaine, il demande à l’empereur d’Orient de le confirmer dans son rang de magister militum. Un trait marquant de la royauté burgonde est la dévolution d'apanages à des membres de la famille royale sans que la souveraineté soit pour autant divisée ; aux côtés de Lyon, Genève et Vienne deviennent ainsi des résidences royales[7]. Cette cohabitation des éléments romains et germaniques se concrétise dans la « loi Gombette » (de Gondebaud) ou « Loi des Burgondes ». Promulguée au début du VIe siècle par le roi Gondebaud, puis complétée par ses successeurs, elle fixe les usages à respecter par les sujets burgondes du royaume. Une seconde loi ou « Loi romaine des Burgondes » fixe le droit des sujets gallo-romains du royaume. Prises dans leur ensemble ces deux lois démontrent le degré de cohabitation entre les libres romains et germaniques.

Dans le domaine religieux, qui dans d’autres royaumes revêt un aspect hautement politique, on n’observe aucune controverse entre ariens et catholiques même si les Burgondes sont ariens. La maison royale semble s’être orientée très tôt vers le catholicisme. De plus, il n’est pas certain que tous les rois burgondes aient été ariens, même si les hauts postes de l’Église étaient occupés dans le royaume par des ariens[8].

À son apogée, ce royaume occupe un espace considérable : il trouve ses limites, au nord à Langres, au midi jusqu'à Cavaillon, voire Marseille[Note 1]. À l’ouest il s'étend jusqu’à Nevers, et au nord-est jusque sur les bords du lac de Constance.

Déclin et disparition[modifier | modifier le code]

Après la mort du roi Gondebaud, son fils Sigismond est proclamé roi. Battu par les Francs mérovingiens, il est livré et mis à mort par Clodomir. Son frère Godomar III, proclamé roi par l'aristocratie burgonde, réussit néanmoins à repousser les Francs à la bataille de Vézeronce en 524, dans laquelle Clodomir trouve la mort. Les Francs doivent attendre dix ans pour s’emparer du royaume qu’ils divisent entre eux. Malgré l'effondrement de la dynastie burgonde et la victoire définitive des successeurs de Clovis, la cohésion entre les deux ethnies burgonde et gallo-romaine, née des actions pacificatrices et unificatrices des rois burgondes fait naître un particularisme qui perdure. Les Mérovingiens intègrent le Royaume burgonde aux différents royaumes mérovingiens mais lui conservent son individualité. Le nouveau royaume de Bourgogne apparaît toujours comme une entité géopolitique, au même titre que la Neustrie et l'Austrasie.

Son existence est éphémère : de 444 à 534. Les visées franques de Clovis Ier, en 500 ou 501, sont poursuivies par ses fils, Clodomir, roi d'Orléans, lors de plusieurs campagnes militaires qui se déroulent entre 532 et 534 ; Childebert, roi de Paris, et Clotaire, roi de Soissons, finissent par mettre un terme au Royaume burgonde.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Marseille a été occupée par les Burgondes de Gondebaud contre Alaric II, roi des Wisigoths. Joseph Calmette, Les grands ducs de Bourgogne, , p. 15 et r. p. 349.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Daniel Cunin, Isabelle Rosselin et Normandie roto impr.), Les téméraires : quand la Bourgogne défiait l'Europe, Flammarion, (ISBN 978-2-08-150982-5 et 2-08-150982-2, OCLC 1202698818, lire en ligne)
  2. Gundicarium Burgundionum regem Aêtius bello subegit pacemque ei reddidit supplicanti, quem non multo post Hunni deleverunt. (Cassiodore, Chron., ad. a. 435.)
  3. Kaiser (2004), p. 38 et sq.
  4. Kaiser (2004), p. 49 et sq.
  5. Kaiser (2004), p. 29 et sq. ; Postel (2004), p. 116-118.
  6. Postel (2004), p. 116 et sq. Sur le processus d’établissement, voir Kaiser (2004), p. 82 et sq.
  7. Kaiser (2004), p. 115 et sq.
  8. Kaiser (2004), p. 152-157.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • René Poupardin :
    • Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855–933), É. Bouillon, 1901.
    • Le royaume de Bourgogne (888–1038) : étude sur les origines du royaume d'Arles, Librairie Honoré Champion, Paris, 1907 (lire en ligne).
  • Honoré Bouche, Histoire de Provence.
  • Frédéric Charles Jean Gingins de la Sarraz, Mémoires pour servir à l'histoire des royaumes de Provence et de Bourgogne jurane, Lausanne, 1851.
  • E.-F. Grasset, « Notice sur les chartes impériales du royaume d'Arles, existant aux archives départementales des Bouches-du-Rhône », parue dans : Répertoire des travaux de la société de statistique de Marseille.
  • François Demotz :
    • L’An 888. Le Royaume de Bourgogne. Une puissance européenne au bord du Léman, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Le savoir suisse », , 142 p., chap. 83.
    • La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens, Lausanne, Société d'histoire de la Suisse romande, 2008.
  • Bertrand Schnerb, L'État bourguignon 1363–1477, Éditions Perrin, 1999.
  • Paul Bonenfant :
    • Philippe le Bon : sa politique, son action, De Boeck Université, 1996, 476 p. (ISBN 2804121151).
    • « La persistance des souvenirs lotharingiens », Bulletin de l'Institut Historique Belge de Rome, fascicule XXVII, 1952, pp. 53–64.
    • « Les projets d'érection des Pays-Bas en royaume du XVe au XVIIIe siècle », Revue de l'Université de Bruxelles, tome XLI, 1935-1936, pp. 151–169.
  • Chaume (Abbé), « Le sentiment national bourguignon de Gondebaud à Charles le Téméraire », in : Mémoires de l'Académie de Dijon, 1922, pp. 195–308.
  • Yves Cazaux, L'idée de Bourgogne, fondement de la politique du duc Charles, « 10e rencontre du Centre Européen d'Études Burgondo-médianes », Fribourg, 1967, Actes publiés en 1968, pp. 85–91.
  • Académie royale de Belgique, « État bourguignon et Lotharingie », in : Bulletin de la classe des lettres et des sciences morales et politiques, 5e série, tome XLI, 1955, pp. 266–282.
  • Katalin Escher, Les Burgondes Ier – VIe siècle après J.-C., Paris, Errance, 2021.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]