Bounty (stéréotype) — Wikipédia

Une barre de Bounty.

Bounty (prononcé [bun.ˈti] en français de France) est, en français, un stéréotype ou insulte raciale visant des Noirs dont le comportement et les représentations réelles ou supposées sont considérés comme ceux de Blancs. C'est une métaphore, un Bounty étant à l'origine une marque de barre chocolatée constituée d'une pâte de coco à l'intérieur et d'un nappage de chocolat au lait à l'extérieur, ce qui le rend « noir dehors et blanc dedans »[1].

Signification[modifier | modifier le code]

L'expression reprend une comparaison attestée au début du XXe siècle, « le radical est comme le radis, rouge dehors, blanc dedans[2] ». La couleur rouge étant celle du drapeau du mouvement ouvrier, le blanc, celui des royalistes. La comparaison a été ensuite utilisée pour d'autres partis.

Le Dictionnaire de la zone définit bounty comme « Noir parlant et agissant comme un blanc ou défendant la culture blanche contre sa propre culture. »[3]. L'Urban Dictionary répertorie également la forme bounty en anglais britannique en 2006 avec le même sens[4].

Synonymes et variantes[modifier | modifier le code]

Des biscuits Oreo.

Les termes de toubabs noirs, d'assimilé, de nègre à blancs et de noix de coco sont des synonymes possibles[5],[6],[7]. Bounty est opposé aux « vrais Noirs »[8]. Un bounty est associé à un paria ou à un traître[6],[8].

En anglais, un synonyme possible est « oreo », qui est également noir à l'extérieur et blanc à l'intérieur, par référence au nom d'une marque de biscuit fourré homonyme[9]. L'antonyme de bounty est wigger, un mot-valise constitué de white (blanc) et de nigger (nègre)[10], désignant un blanc s'appropriant des comportements culturels propres aux noirs.

Utilisation[modifier | modifier le code]

Langue française[modifier | modifier le code]

Bounty est une expression usuelle dans les Antilles françaises, en Guyane et en métropole où sont établies des populations antillaises[6]. Elle peut être utilisée comme insulte[6],[8],[11] ou bien être acceptée[12] voire revendiquée[13]. L'écrivain français d'origine camerounaise Gaston Kelman, qui se « [pose] en représentant d'une classe moyenne noire parfaitement occidentalisée », endosse également le concept[1].

Le terme est attesté dans une chanson du groupe Sniper, dans son album À toute épreuve[3].

En 2016, alors qu'elle est abordée dans le Dictionnaire de la zone qui s'est donné pour vocation de traiter « l'argot des banlieues », ni le Centre national de ressources textuelles et lexicales français ni la Banque de dépannage linguistique québécoise ne comptent la forme de bounty dans leur corpus[3],[14],[15].

Réalisé par Shyaka Kagamé, le film Bounty traite de l'assimilation des Suisses noirs d'origine africaine[16],[17].

Langue anglaise[modifier | modifier le code]

Le terme anglo-américain Oreo semble être un équivalent au terme Bounty, désignant également une personne noire qui est perçue comme agissant comme une personne blanche[18],[19],[20].

L'écrivaine afro-américaine Fran Ross (en) publie en 1974 son unique roman, Oreo (en), une œuvre satirique qui raconte l’histoire d'une jeune fille, fruit de l’union d’une mère noire et d’un père juif[21].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Ange-Dominique Bouzet, « Gaston Kelman. Au-delà du noir et du blanc », sur next.liberation.fr, (consulté le ).
  2. on ajoutait « creux souvent et jamais loin du beurre », « Échos », La Liberté,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  3. a b et c Cobra le Cynique, « Entrée bounty », sur dictionnairedelazone.fr (consulté le ).
  4. (en) Urban Dictionary, « Entrée bounty », sur urbandictionary.com, (consulté le ).
  5. Domi, « Racisme anti-blanc (2) : négation universitaire du phénomène », sur contrepoints.org, (consulté le ).
  6. a b c et d Tiblanc des Antilles, « Le racisme antiblanc aux Antilles et en Guyane est une réalité », sur rue89.nouvelobs.com, (consulté le ).
  7. Yvette Marin, Ville et immigration : revue sur l'espace humain et urbain, Presses universitaires de France-Comté, , 324 p. (ISBN 978-2-913322-15-8, lire en ligne), p.111
  8. a b et c Didier Arnaud, « Entre «vrai Noir» et «Bounty» », sur liberation.fr, (consulté le ).
  9. (en) Urban Dictionary, « Entrée oreo », sur urbandictionary.com, (consulté le ).
  10. (en) Urban Dictionary, « Entrée wigger », sur urbandictionnary.com, (consulté le ).
  11. Nicolas Delesalle, « A La Défense, les Indignés résistent au “vent du capitalisme” », sur telerama.fr, (consulté le ).
  12. Isabelle Regnier, « Cannes 2014 : Karidja Touré, bac pro, option ciné », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  13. Vincent Josephy, « Espoirs Match amical, ce mercredi (16 heures), à Wavre Belgique - Congo, une première historique », sur lesoir.be, (consulté le ).
  14. Centre national de ressources textuelles et lexicales, « Résultats de la requête bounty » (consulté le ).
  15. Office québécois de la langue française, « Résultats de la requête bounty », sur bdl.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le ).
  16. Julien de Weck, « La première génération de Suisses noirs portée à l’écran », 24 heures,‎ (ISSN 1424-4039, lire en ligne, consulté le )
  17. Milena Pellegrini, « Rencontre avec Shyaka Kagame | "Un Noir qui écoute du rock, ça paraît bizarre" - Le Billet - webzine culturel - musique cinéma internet », sur Le Billet - webzine culturel - musique cinéma internet, (consulté le )
  18. (en-US) Gayraud S. Wilmore, African American religious studies : an interdisciplinary anthology, Durham : Duke University Press, (ISBN 978-0-8223-0904-8 et 978-0-8223-0926-0, lire en ligne), p. 441
  19. (en) Irving J. Spitzberg et Virginia V. Thorndike, Creating Community on College Campuses: Beyond the Cultural Politics of Enjoyment, SUNY Press, (ISBN 978-0-7914-1005-9, lire en ligne), p. 35
  20. (en-US) Grace Lee Boggs, Living for change : an autobiography, Minneapolis : University of Minnesota Press, (ISBN 978-0-8166-2954-1 et 978-0-8166-2955-8, lire en ligne), p. 117
  21. Le Progrès, « Oreo , de Fran Ross », sur leprogres.fr, (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]