Bigard (entreprise) — Wikipédia

Groupe Bigard
logo de Bigard (entreprise)

Création 9 avril 1970
Fondateurs Lucien Bigard
Personnages clés Jean-Paul Bigard
Matthieu Bigard - Responsable Marketing
Maxence Bigard - Responsable stratégie
Forme juridique Société anonyme à directoire et conseil de surveillance
Slogan « Fière de la tradition bouchère »
Siège social Zone industrielle de Kergostiou, 29300, Quimperlé, Bretagne
Drapeau de la France France
Direction Jean-Paul Bigard (depuis 2004)
Actionnaires Jean-Paul Bigard (président-directeur général) : 90 %
Activité Transformation et conservation de la viande de boucherie (APE 1011Z)
Produits viandes
Sociétés sœurs Alliance[Quoi ?]
Filiales Charal, Socopa Viandes, Tracoval
Effectif 13 521 en 2021
SIREN 776221467[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web bigard.fr

Chiffre d'affaires 1 484 623 400  en 2013[2] (comptes récents non disponibles)

6 800 000 000  en 2022 (estimation)[3]

Le groupe Bigard est une entreprise agroalimentaire française d'abattage de bétail et de transformation de la viande. Il opère également sous le nom de ses filiales, notamment Charal et Socopa.

Fondé par Lucien Bigard en 1968, le groupe comprend, en 2023, 60 sites industriels, dont 29 abattoirs. Il est, à 90 %, la propriété de son président-directeur général, Jean-Paul Bigard, fils du fondateur.

Historique[modifier | modifier le code]

Après avoir optimisé son organisation industrielle, fixant par exemple dans ses ateliers des « pauses pipi » à des heures imposées[4], Lucien Bigard met à profit les années 1990 et 2000 pour réaliser des acquisitions d'autres sociétés dans le secteur de la transformation de la viande : en 1995, Bigard acquiert le groupe Arcadie (sept sites de transformation en France), donnant naissance à un ensemble qui représente un chiffre d'affaires de 10,6 milliards de francs, et de 3 000 salariés environ ; en 1997, c'est l'entrée dans le capital du groupe Charal[5][4] ; en 2002, c'est l'acquisition de Codevia et Sodavy[6] ; en 2007, Bigard acquiert totalement le groupe Charal pour former un groupe, et réalisant plus de 2,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires[5].

En 2009, le groupe fait l'acquisition de 61 % du capital du groupe Socopa[7]. Il est contraint pour ne pas être en position dominante de revendre la marque Valtero à Monfort Viandes, après avoir tenté en fin d'année 2010 un transfert préalable de cette marque Valtero au profit de sa marque Socopa avec un logo relooké[8],[9]. Pour le non-respect des engagements qu'il avait pris auprès de l'Autorité de la concurrence, et pour avoir « par diverses pratiques, retiré tout intérêt à la marque Valtero », le groupe Bigard est condamné en 2012 à verser une amende de 1 million d'euros[7],[10].

En 2013, le groupe est sanctionné à hauteur de trois millions d'euros dans une affaire d'entente sur le marché du porc[10].

Désormais positionné en situation dominante, le groupe Bigard se montre de plus en plus inflexible sur ses prix d'achat aux éleveurs[11]. Le groupe emploie en 2014 17 000 salariés et représente 40% des parts de marché nationales en viande de bœuf. Fort de 61 implantations industrielles ou commerciales[12], Il tente également de mettre au point des accords illicites avec ses concurrents et est condamné pour ces faits[13]. En 2015, en pleine crise des éleveurs, il se lance dans un bras de fer avec le gouvernement qui veut imposer un prix minimum[14],[15].

En 2016, l'entreprise reprend pour un euro symbolique Copvial SA (abattoirs de Holtzheim en Alsace)[16]. La société avait été placée en liquidation judiciaire le 28 juin 2016[17].

Les comptes de l'entreprise ne sont pas déposés depuis 2017. Les principales entités du groupe réalisaient alors 4,2 milliards de chiffre d’affaires pour une centaine de millions d’euros de bénéfice net[10].

En janvier 2022, Bigard signe un contrat de partenariat jusqu'en 2025 avec le club de rugby du Racing 92. Bigard est très présent dans le partenariat sportif, notamment auprès des clubs de rugby français[18].

Organisation[modifier | modifier le code]

La société est organisée sous la forme d'une société anonyme à directoire et conseil de surveillance. Son président-directeur général est Jean-Paul Bigard, fils du fondateur, Lucien Bigard. Sa fortune personnelle est évaluée à 550 millions d'euros en 2019[19].

Ses fils, Matthieu et Maxence, sont cadres de l'entreprise, responsables, respectivement, du marketing et de la stratégie du groupe[10].

Le groupe est divisé en plusieurs filières, dédiées à l'approvisionnement et au commerce de différents types de viandes : viande bovine, viande de veau, viande porcine, viande ovine, produits élaborés et cuirs et coproduits.

Jean-Paul Bigard est également le président de Culture Viande, syndicat national des industriels de la viande[20].

Sites industriels[modifier | modifier le code]

Le siège de l'entreprise et principal site de transformation se situe à Quimperlé, usine historique du groupe[10].

La société possède 55 sites en France, dont 23 abattoirs (en 2010)[21], soit environ la moitié des abattoirs privés français[22]. En 2023, le groupe comprend 60 sites industriels, mais est passé à 28 abattoirs en France.

Abattoirs[modifier | modifier le code]

Parmi les abattoirs de la société se trouvent les cinq sites de sa filiale Charal, situés à Cholet, La Châtaigneraie, Égletons (qui est aussi un site fabriquant des produits surgelés)[23], Metz et Sablé-sur-Sarthe (porcs et bovins, 420 salariés)[24]. L'abattoir de Cholet abrite également le siège social de Charal.

Autres sites[modifier | modifier le code]

Parmi les sites de transformation de la société, se trouvent ceux de sa filiale Charal, comme l'usine de Nozay (180 salariés) qui fabrique des snacks (hamburgers, kebabs…) sur sept lignes de production[25], l'usine de Flers (500 salariés[26]) qui fabrique des produits carnés surgelés[27], et l'usine de Lisieux (100 salariés[26]).

Bigard dispose d'une usine à Vitry-le-François (200 employés) qui élabore des produits frais[26].

Sites fermés[modifier | modifier le code]

Usine d'Ailly-sur-Somme[modifier | modifier le code]

L'usine de découpe de viande d'Ailly-sur-Somme a été rachetée à Defial en 2008 et comptait à l'époque 350 salariés. Lors de la fermeture du site fin 2016, il n'y avait plus que 94 salariés. Le groupe Bigard a souhaité le fermer pour « manque de rentabilité ». Une décision qui a été contestée par les autorités, qui ont obligé le groupe à déposer un plan de sauvegarde de l'emploi[28],[29].

Controverses[modifier | modifier le code]

Incident en commission des Affaires économiques[modifier | modifier le code]

Le , Maxence Bigard, cadre de la société et fils du PDG Jean-Paul Bigard, refuse de répondre aux députés de l'Assemblée nationale lors d'une audition[30],[31]. Invité à participer à une audience devant la commission des Affaires économiques de l'Assemblée, dans le cadre des états généraux de l'alimentation, Maxence Bigard fait preuve d'une absence de réaction et d'un mutisme qui soulèvent un tollé chez les députés.

Lorsque la discussion aborde les problèmes du mal-être des salariés, des pratiques et de la rentabilité de la filière viande en France, le député de la Somme, François Ruffin cite un rapport remis au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la société[32], qui met en cause le comportement du management du groupe à l'égard des salariés de l'usine d'Ailly-sur-Somme, sans pour autant obtenir de réponse de la part de Maxence Bigard.

Même refus de répondre lorsqu'est pointée l'absence de dépôt de comptes annuels auprès du tribunal de commerce (obligation légale) de la part du groupe Bigard. Dominique Potier, du Parti socialiste, et Richard Ramos, du MoDem, témoignent également de leur agacement à propos des non-réponses du fils du président du groupe Bigard[33],[34],[35],[36],[37],[38].

Non-publication des comptes[modifier | modifier le code]

Alors qu'il aurait, selon le syndicat Force ouvrière, perçu 32 millions d’euros d’aides de l’État en crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et en allègements sur les bas salaires en 2014 ainsi que 26 millions d’euros en 2015, et bien que la loi Sapin 2 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique l'y oblige, le groupe Bigard refuse, entre 2013 et 2019, de publier ses comptes. Constatant que ni les parlementaires[39], ni le ministre de l’Agriculture[40] ne réussissent à contraindre le groupe à se conformer à la loi[41], l'association L214, la journaliste Inès Léraud, le lanceur d'alerte Pierre Hinard et l'association Lanceur d'alertes, dénonçant « une opacité financière », assignent le groupe et ses marques Charal et Socopa en justice[42].

Le 4 septembre, alors qu'il est convoqué le lendemain au tribunal de commerce de Quimper pour l'action en justice concernant les comptes des sociétés du groupe Bigard, le 10 septembre au tribunal de commerce d'Angers pour la société Charal et le 25 septembre au tribunal de commerce de Créteil pour la société financière Bigard, le groupe décide, sous la pression[43], de publier en partie ses éléments comptables sur Infogreffe pour la période de 2014 à 2017[42].

Crise du porc[modifier | modifier le code]

En 2015, Cooperl Arc Atlantique et le groupe Bigard, les deux producteurs de porcs les plus importants de France, refusent de participer au marché du porc breton. Ils considèrent que le prix de la viande de porc est trop élevé par rapport au prix dans d’autres pays européens comme l’Allemagne. Le prix, établi par l’État français à 1,40 euro le kilogramme afin de permettre aux agriculteurs d’avoir les moyens d’élever les cochons, est 38 centimes plus cher que le prix néerlandais[44].

Marques du groupe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Sirene, (base de données)Voir et modifier les données sur Wikidata
  2. « Bilan 2013 », sur societe.com (consulté le ).
  3. « Jean-Paul Bigard et sa famille » Accès payant, Les 500 plus grandes fortunes de France, sur challenges.fr, (consulté le )
  4. a et b Malingre 1995, Le Monde.
  5. a et b Cadoux 2007, LSA.
  6. Revellat 2001, La Dépêche du Midi.
  7. a et b Vallerey 2012, L'Usine nouvelle.
  8. F.C.-L. 2010, Linéaires.
  9. F.C.-L. 2011, Linéaires.
  10. a b c d et e Franck Bouaziz, « «Nous ne sommes pas là pour perdre de l’argent» : les méthodes du groupe Bigard, baron de la barbaque », sur Libération (consulté le )
  11. Rédaction du Monde et Reuters 2010, Le Monde.
  12. Anne de Loisy, Bon appétit ! : Quand l'industrie de la viande nous mène en barquette, Paris, Presses de la Cité, , 444 p. (ISBN 978-2-258-10211-8 et 2-258-10211-1)
  13. Girard 2013, Le Monde.
  14. Pouchard 2015, Le Monde.
  15. Rédaction de Challenges et AFP 2015, Challenges.
  16. Pierre France, « Comment Bigard a économisé 30 millions d’euros pour s’emparer des abattoirs alsaciens », Rue89 Strasbourg.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. « COPVIAL SA (HOLTZHEIM) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 389390600 », sur www.societe.com (consulté le )
  18. « Le Racing 92 signe un partenariat avec le Groupe Bigard », sur Sport Strtatégies (consulté le )
  19. « La fortune de Jean-Paul Bigard et sa famille - Les 500 plus grandes fortunes de France », sur Challenges (consulté le )
  20. Frédérique Le Gall, « Bigard. Le patron qui ne lâche rien », Le Telegramme,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. « Bigard, géant français mais petit européen », sur usinenouvelle.com,
  22. « Les abattoirs, un secteur concentré et dominé par le groupe Bigard », lesechos.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. Centre France, « Economie - Chez Charal à Egletons (Corrèze), il n'y a pas que le steak haché qui compte », www.lamontagne.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. « A Sablé-sur-Sarthe, la méthode Charal pour faire face à la pénurie de main d'oeuvre », France Bleu,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. « À Nozay, Charal met les bouchées doubles », Ouest-France.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  26. a b et c « Usines Charal de Flers et Lisieux : un nouveau directeur en juillet », Ouest-France.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. « Orne. Le steak haché surgelé Charal, un best-seller produit à Flers », Ouest-France.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. David Vandevoorde, « Bigard a volé nos clients », Le Courrier Picard, (consulté le )
  29. « Ailly-sur-Somme: le travail s’est arrêté vendredi à l’usine Bigard », Le Courrier Picard, (consulté le )
  30. « "On est dans 'Le Parrain' ou dans une commission ?" : le coup de colère de François Ruffin à l'Assemblée », Le Huffington Post,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  31. « Assemblée nationale. Clash entre les députés et le groupe Bigard », Ouest-France.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  32. « Ailly-sur-Somme. Le rapport accablant sur les conditions de travail chez Bigard », Le Courrier Picard, (consulté le ).
  33. « Assemblée nationale : "On est dans “Le Parrain” ou dans une commission ?", s’agace François Ruffin face au groupe Bigard », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  34. « La colère du député Ruffin face à un fils de PDG qui refuse de répondre à l'Assemblée », Marianne, 14 septembre 2017.
  35. « Quand le groupe Bigard provoque un tollé à l'Assemblée nationale », Challenges, (consulté le ).
  36. Matthieu Balu, « Le coup de colère de François Ruffin pendant l'audition de Maxence Bigard à l'Assemblée », Huffington Post, (consulté le )
  37. Jason Wiels et Kathia Gilder, « La colère des députés face aux réponses laconiques du groupe Bigard », La Chaîne parlementaire, (consulté le ).
  38. [[vidéo] Disponible sur YouTube Intervention de Maxence Bigard devant la Commission Parlementaire], (mov) [Production de télévision] () Paris : La Chaîne parlementaire. Consulté le ..
  39. « Bigard provoque la colère de députés », sur Le Télégramme, (consulté le ).
  40. « Bigard publie ses comptes sous la pression de L214 », sur Capital, (consulté le ).
  41. « Viande : sous pression, Bigard publie ses comptes », sur Les Échos, (consulté le ).
  42. a et b « Viande : L214 assigne Bigard en justice », sur Les Echos, (consulté le ).
  43. « Assigné en justice pour refus de publication de ses comptes, Bigard en dévoile une partie », sur L'Usine nouvelle, (consulté le ).
  44. « La Cooperl compte se retirer du Marché du porc breton », sur LaFranceAgricole (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources : articles de presse[modifier | modifier le code]

  • Virginie Malingre, « À Quimperlé, des « pauses pipi » à heures imposées », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • Guy Revellat, « Le 2 janvier 2002 : Sodavy et Codevia rejoindront le groupe Bigard », La Dépêche du Midi,‎ (lire en ligne).
  • Marie Cadoux, « Mariage de raison entre Bigard et Charal », LSA,‎ (lire en ligne).
  • Rédaction du Monde et Reuters, « Des producteurs de viande bovine bloquent neuf abattoirs », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • F.C.-L., « Bye-bye Valtero, re-bonjour Socopa », Linéaires,‎ (lire en ligne).
  • F.C.-L., « Bigard cède Valtero à Monfort Viandes », Linéaires,‎ (lire en ligne).
  • Elodie Vallerey, « Rachat de Socopa : Bigard condamné à 1 million d'euros d'amende », L’Usine nouvelle,‎ (lire en ligne).
  • Laurence Girard, « Des abatteurs de porcs condamnés à une amende de 4,57 millions d'euros », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • Rédaction, « Jean-Paul Bigard (Groupe Bigard) », Capital,‎ (lire en ligne).
  • Alexandre Pouchard, « Prix du porc : comprendre le rôle du marché de Plérin », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • Rédaction de Challenges et AFP, « Le marché du porc breton encore boycotté par Cooperl et Bigard », Challenges,‎ (lire en ligne).
  • Pierre France, « Comment Bigard a économisé 30 millions d’euros pour s’emparer des abattoirs alsaciens », Rue89 Strasbourg,‎ (lire en ligne).

Liens connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]