Benedetto Croce — Wikipédia

Benedetto Croce
Illustration.
Fonctions
Ministre de l'Instruction publique

(1 an et 18 jours)
Monarque Victor-Emmanuel III d'Italie
Président du Conseil Giovanni Giolitti
Prédécesseur Andrea Torre
Successeur Orso Mario Corbino
Ministre sans portefeuille

(1 mois et 25 jours)
Monarque Victor-Emmanuel III d'Italie
Président du Conseil Pietro Badoglio
Ministre sans portefeuille

(1 mois et 9 jours)
Monarque Victor-Emmanuel III d'Italie
Président du Conseil Ivanoe Bonomi
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Pescasseroli, Italie
Date de décès (à 86 ans)
Lieu de décès Naples, Italie
Nationalité Drapeau de l'Italie Italien
Parti politique Parti libéral
Profession philosophe
historien
écrivain

Benedetto Croce Écouter, né le à Pescasseroli dans la province de L'Aquila et mort le à Naples, est un philosophe, historien, écrivain et homme politique italien, fondateur du Parti libéral italien.

Biographie[modifier | modifier le code]

Continuateur de la pensée de Hegel, influencé par Antonio Labriola, mais proche également de Giambattista Vico et de Wilhelm von Humboldt, Croce a, dans un premier temps, soutenu le gouvernement fasciste italien de Mussolini arrivé au pouvoir en 1922[1]. Il semble que ce soit l’assassinat par le Parti fasciste et les Chemises noires du socialiste Giacomo Matteotti en juin 1924 qui a provoqué un revirement dans le soutien de Croce à Mussolini. Il s'oppose dès lors au fascisme[2], et, de fait, à l'engagement de son ancien collaborateur Giovanni Gentile. Il rédige en 1925 le Manifeste des intellectuels antifascistes, en réponse au Manifeste des intellectuels fascistes de Gentile, publié peu auparavant. Son opposition opiniâtre au naturalisme et au scientisme positiviste l'amène très tôt à condamner la pensée raciale et les différentes formes du racisme. Les thèmes principaux de son œuvre sont l'esthétique et la philosophie de l'histoire (dite aussi historicisme). Il rapprocha l'esthétique de la philosophie du langage et le néo-hégélianisme.

En politique, Benedetto Croce est ministre de l'Instruction publique en 1920-1921 dans le cabinet du libéral Giovanni Giolitti, ministre sans portefeuille des gouvernements du Comité de libération nationale, en 1944, et, devenu président du Parti libéral italien par lui fondé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il est élu à l'Assemblée constituante de la République italienne ( - ).

Benedetto Croce était membre étranger de l'Académie roumaine et membre de l'Académie des Lyncéens.

Point de vue sur l’histoire, l’évolution des sociétés et de l’Europe[modifier | modifier le code]

Croce considère que concevoir l’histoire comme une science «est une farce». Pour lui, au contraire, «l’histoire est toujours contemporaine», i.e. on relit toujours l’histoire à l’aune du temps présent[3].

Néanmoins, à la suite d’Hegel, il concevait l’histoire comme un « progrès dans la conscience de la liberté », tout en rejetant l’idée d’Hegel selon laquelle l’histoire dans son ensemble se développe selon la loi de la dialectique. Croce épousait l'idée selon laquelle l'histoire se rapproche plutôt d’une forme de condensation d’événements, d’interprétation narrative. Croce est un des pères de l'historiographie narrative. Dans son histoire de l’Europe du XIXe siècle, il crée un monument à sa conception de la liberté, influencé par le Risorgimento italien, une « religion de la liberté » laïque. Croce est un des premiers défenseurs de l'idée européenne. Il voit les histoires nationales comme ancrées dans l’histoire des mouvements de liberté occidentaux plus globaux[4]. Cependant, il restait méfiant à l’égard «du peuple« et de la démocratie égalitaire. Il est culturellement aristocratique.

Croce vu par Antonio Gramsci[modifier | modifier le code]

Le philosophe et homme politique Antonio Gramsci a écrit ses célèbres Cahiers de prison durant sa détention. Ces cahiers sont au nombre de 29. Le cahier no 10, écrit de 1932 à 1935, est entièrement consacré à « La philosophie de Benedetto Croce » (titre du cahier).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages de Benedetto Croce[modifier | modifier le code]

Benedetto Croce a écrit de nombreux ouvrages et essais, en philosophie, historiographie, histoire, littérature, etc. Quelques œuvres ont été traduites et publiées en français.

  • Benedetto Croce, Essais d'esthétique : textes choisis, trad. et présentés par Gilles A. Tiberghien, Paris, Gallimard, 1991 (Collection Tel, 184) (ISBN 2-07-072297-X) (Contient La critique et l'historiographie artistique et littéraire et L'Histoire de l'esthétique, p. 72-75 et 75-83).
  • Benedetto Croce, 1994, Histoire de l'Europe au XIXe siècle, Folio Essais, 464 p. (trad. H. Bédarida)
  • Benedetto Croce, 1981, Matérialisme Historique et Economie marxiste. Essais critiques. Trad. A. Bonnet, 1901, Slatkin
  • Benedetto Croce, Carlo Rosselli, Piero Gobetti, Luigi Einaudi, Manifeste des Intellectuels antifascistes, 1925.
  • Benedetto Croce, Théorie et histoire de l'historiographie (Titre de l'original : Teoria e storia della storiografia), Trad. de l'italien par Alain Dufour, Genève, Librairie Droz, 1968.

Ouvrages et articles sur Benedetto Croce[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Denis Mack Smith, "Benedetto Croce: History and Politics", Journal of Contemporary History Vol 8(1) Jan 1973 pg 47
  2. Marc Lazar, L'Italie Contemporaine : de 1945 à nos jours, Paris, Fayard, , 533 p. (ISBN 978-2-213-63328-2), p. 71
  3. Marc Ferro, « L’histoire est toujours contemporaine », Transcontinentales. Sociétés, idéologies, système mondial, no 6,‎ , p. 95–105 (ISSN 1950-1684, DOI 10.4000/transcontinentales.631, lire en ligne, consulté le )
  4. Galasso, G., Benedetto Croce et l’histoire d’Europe. Dans M. Cherkaoui, Histoire et théorie des sciences sociales, Genève, Librairie Droz, , p. 57-64

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bases de données et dictionnaires[modifier | modifier le code]