Bataille de Tylliria — Wikipédia

La bataille de Tylliria ou bataille de Kókkina[1] est une bataille entre la Garde nationale chypriote composée de Chypriotes grecs et des forces paramilitaires chypriotes turques autour de l'actuelle exclave de Kókkina, au nord-ouest de l'île de Chypre et face à la Turquie dans le Bassin Levantin.

Contexte[modifier | modifier le code]

L'île est indépendante depuis 1960 mais est régie par une Constitution influencée par les puissances étrangères signataires du traité de garantie et qui garantie un poids politique disproportionné à la minorité chypriote turque[2]. L'opposition des deux communautés chypriotes s'est accentué et en 1964, Chypre sombre dans une guerre civile[3], des opérations d'épuration ethnique sont commises par la partie grecque, provoquant des représailles du côté turc.

Déroulement[modifier | modifier le code]

À partir de la fin de 1963, les violences dégénèrent, renforcées par les sentiments nationalistes des deux communautés et l'influence et de leurs voisins : l'Énosis grecque et le Taksim turc. À la mi-1964, le gouvernement chypriote grec prend conscience que les Chypriotes turcs reçoivent des armes par la voie maritime dans la région de Tylliria.

La Grèce assure au commandant de la Garde nationale chypriote, le colonel Georges Grivas, lui-même envoyé par Athènes, de son soutien à une intervention militaire contre les forces paramilitaires. Le , la Garde nationale chypriote commence son attaque. Pendant deux jours, six canons de 25 livres, douze mortiers et deux patrouilleurs pilonnent la zone. Les incursions de la Garde nationale sont repoussées et les échanges de tir s'amenuisent.

Le , les forces aériennes turques interviennent pour briser le siège. Les deux patrouilleurs Phaéton et Arion sont pris pour cible dans la baie de Morphou, le premier prend feu, tuant sept membres d'équipage et en blessant plusieurs autres ; le second abat un jet turc et réussit à s'enfuir. Entre le 8 et le , l'aviation turque bombarde d'autres cibles dont des villages chypriotes grecs.

Le , l'offensive est stoppée, l'exclave de Kókkina est réduite d'environ 50 à 60 % de sa taille originale mais les défenses internes ont tenu et son débarcadère est toujours opérationnel.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Actuellement, Kókkina (en turc : turc : Erenköy) est une exclave auto-proclamée appartenant à la République turque de Chypre du Nord, reconnue seulement par la Turquie. C'est aujourd'hui une zone militaire dont l'accès est sous contrôle de la Force des Nations unies chargée du maintien de la paix à Chypre. Jusqu'il y a peu, elle n'était accessible que par la mer. Aujourd'hui, des Chypriotes turcs qui y résident - des militaires - y accèdent aussi par la route côtière sous escorte de la Force des Nations unies chargée du maintien de la paix à Chypre et en tenue civile.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Pierre Oberling, The road to Bellapais: the Turkish Cypriot Exodus to Northern Cyprus, Social Science Monographs, 1982, p.120.
  2. La Constitution garantit à la minorité chypriote turque un poids politique important (30 % des postes dans la fonction publique et 40 % dans la police) et un droit de véto sur les décisions du Parlement, en comparaison avec son poids démographique (18 % de la population à cette époque). Selon la partie grecque, ces quotas se révèlent si disproportionnés que, durant la période 1960-1962, le nouvel État chypriote eut certaines difficultés à les remplir, par manque de candidats Chypriotes turcs.
  3. Charalambos Petinos, Chypre - Turquie, L'Harmattan, mai 2011, 212 p. (ISBN 978-2296547162).