Bataille de Saint-Jean-de-Monts — Wikipédia

Bataille de Saint-Jean-de-Monts

Informations générales
Date -
Lieu Saint-Jean-de-Monts, Saint-Hilaire-de-Riez, Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Sion-sur-l'Océan
Issue Victoire vendéenne
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Drapeau de la Grande-Bretagne. Grande-Bretagne
Commandants
François Valentin François Athanase Charette de La Contrie
Forces en présence

1 300 à 1 400 hommes[1]

4 000 à 12 000 hommes[2]


1 navire de ligne[3]
2 frégates[3]
3 cotres[3]
2 chasse-marées[3]
Pertes

~ 50 morts au moins[2]
~ 30 à 40 blessés au moins[2]

~ 60 morts au moins[2]
~ 120 blessés au moins[2]
(selon les républicains)


1 mort[2]

Guerre de Vendée

Batailles

Coordonnées 46° 45′ 30,4″ nord, 2° 01′ 28,5″ ouest
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Bataille de Saint-Jean-de-Monts
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Bataille de Saint-Jean-de-Monts

La bataille de Saint-Jean-de-Monts se déroule du au , lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des Vendéens qui repoussent les garnisons de Saint-Jean-de-Monts, Saint-Hilaire-de-Riez, Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Sion-sur-l'Océan, ce qui leur permet d’accueillir un débarquement d'armes et de poudre de la part des Britanniques.

Prélude[modifier | modifier le code]

À l'été 1795, peut-être le 26 juillet[3], le général vendéen François Athanase Charette de La Contrie met ses troupes en état d'alerte à son quartier-général de Belleville après avoir été prévenu autour du 20 juillet[4] par le marquis de Rivière, aide de camp du comte d'Artois, de la venue prochaine de secours anglais[5]. Rivière lui remet également le brevet de Lieutenant Général et le cordon rouge de Saint-Louis[5]. Début août, une partie de la flotte britannique stationnée devant Quiberon fait voile en direction de la Vendée[5].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Combat de la nuit du 9 au 10 août[modifier | modifier le code]

Le premier débarquement se déroule dans la nuit du 9 au 10 août[2]. Sur la côte, au nord de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, des signaux de reconnaissance sont adressés aux sept ou huit bâtiments qui croisent au large depuis quelques jours[2]. La flottille britannique présente est alors constituée d'un vaisseau de ligne, de deux frégates, de trois cotres et de quelques chasse-marées[3]. Des chaloupes sont mises à la mer près de Sion-sur-l'Océan[2]. Les patriotes de Saint-Hilaire-de-Riez alertent alors Billon, le commandant de Saint-Gilles[2]. Celui-ci envoie une trentaine d'hommes de son poste et de celui de Saint-Jean-de-Monts sur le lieu du débarquement[2]. Les quelques cavaliers vendéens prennent alors la fuite et les émigrés rembarquent[2]. Six hommes sont tués lors de cette première escarmouche, dont un matelot anglais et Louis François Lefebvre, le capitaine du Dauphin[2]. Les républicains capturent six paires de bœufs avec des voitures vides, six chevaux, des havresacs et une valise contenant cinquante paquets de cartouches[2].

Combat du Bec, le 10 août[modifier | modifier le code]

Cependant le lendemain, 2 000 Vendéens menés par François Pajot, Jean Savin, Hyacinthe Hervouët de La Robrie et Dabbaye se massent sur la plage de la Pège, entre Saint-Jean-de-Monts et Saint-Gilles-Croix-de-Vie, après être passés par les maisons de Couderie et de La Fradinière, Les Granges d'Orouet et L'Épine[2]. À dix heures du matin, le débarquement commence[2]. À midi, les Vendéens reçoivent encore 2 000 hommes en renfort[2]. À Saint-Gilles, les républicains mobilisent les quelques troupes disponibles dans les postes des environs et tentent une attaque à 5 heures du soir avec 360 hommes du 110e régiment d'infanterie commandés par le chef de bataillon Valentin[2].

Le combat s'engage au lieu-dit Le Bec[2]. Une forte fusillade oppose les combattants des deux camps, mais les patriotes sont trop inférieurs en nombre et se retrouvent également sous le feu d'un navire anglais qui longe la côte[2]. Ils finissent par battre en retraite et sont poursuivis jusqu'à Sion[2].

Les républicains fortifient alors leurs positions à Sion et reçoivent bientôt 250 hommes en renfort[2]. Épuisés de fatigue et à court de munitions, ils renoncent cependant à lancer une nouvelle attaque[2].

Pendant ce temps, Charette, à la tête de 3 000 hommes à pied et de 300 à 400 cavaliers, prend position au bourg de Soullans afin de bloquer la garnison de Challans[2]. Celle-ci est alors constituée de deux bataillons[6] commandés par le général Simon Canuel, qui n'ose faire une sortie[2]. Le 11 août, à 4 heures du matin, Charette écrit à Naigle, le commandant de la frégate l'Artois[A 1].

Combat du 12 août[modifier | modifier le code]

Le 11 août, en fin d'après-midi, les républicains reçoivent le renfort de 250 hommes commandés par le capitaine Genet qui entrent à Saint-Gilles puis qui prennent position à Sion[2]. Dans la nuit du 11 au 12, 150 hommes du bataillon des chasseurs de Cassel arrivent à leur tour sur place[2]. D'après le capitaine Genet, les forces républicaines s'élèvent alors à environ un millier d'hommes[6],[A 2].

Le 12 août, au lever du jour, les républicains reprennent l'offensive[2]. Cependant ils sont toujours en nette infériorité numérique, le chef de bataillon Valentin estime alors que les forces vendéennes sont passées à 12 000 hommes depuis la dernière action[2]. Afin d'éviter un enveloppement, le commandant républicain ordonne rapidement la retraite et les troupes reprennent position à Saint-Gilles, Saint-Hilaire-de-Riez et Sion[2]. Les patriotes s'attendent à être attaqués mais les Vendéens ne font aucune tentative sur ces trois localités[2].

Fin du débarquement[modifier | modifier le code]

Pendant deux jours, quinze chaloupes et deux chasse-marées font des aller-retours entre les navires et la côte[2]. Le débarquement s'achève le 12 août, à 2 heures de l'après-midi[2]. Au total, les Vendéens reçoivent 1 200 à 6 000 fusils, 40 milliers de poudre, 3 000 sabres, 300 paires de pistolets, 700 gargousses, 250 uniformes et deux pièces d'artillerie[8],[9]. Sept à dix-huit émigrés viennent également se joindre à l'armée vendéenne, dont Suzannet, La Voûte, La Jaille et peut-être Bascher, Grandmaison et Dupin la Rivière[10]. Charette monte à bord d'une des frégates où 50 000 livres en or lui sont remis[2]. D'après certains auteurs royalistes du XIXe siècle, comme Gallet, Bittard des Portes et l'abbé Deniau, les Vendéens remettent du blé au Britanniques en échange des armes et des munitions[2],[8]. Cependant pour l'historien Lionel Dumarcet ces affirmations sont douteuses : les rapports républicains, notamment celui très détaillé du capitaine Genet, ne font aucune mention d'un tel convoyage[2]. Genet évoque seulement la remise de bœufs à l'escadre anglaise[2].

Les Vendéens chargent leurs armes et leurs munitions sur des charrettes, dont le nombre varie selon les sources[8]. Dans une lettre écrite le 15 août aux administrateurs du département, le général en chef de l'Armée de l'Ouest Jean-Baptiste-Camille de Canclaux évoque 60 à 150 voitures selon les rapports[8]. Les Vendéens regagnent ensuite Belleville avec leur convoi[8].

D'après Le Bouvier-Desmortiers et Lucas de La Championnière[A 3], un incendie se déclare pendant la nuit dans un hangar voisin des stocks de poudre et manque de peu de s'y propager[8]. Le lendemain, Charette fait distribuer les armes à ses combattants qui sont ensuite autorisés à regagner leurs foyers pour s'occuper de la moisson[8].

Pertes[modifier | modifier le code]

Les pertes républicaines dans le combat du Bec du 10 août sont de 50 hommes, dont un capitaine, et de 30 à 40 blessés, dont deux sous-lieutenants et un capitaine[2],[12],[A 4]. Les pertes vendéennes sont quant à elles évaluées par les républicains à une « soixantaine d'hommes et le double de blessés »[2]. Les pertes du combat du 12 août ne sont pas connues.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « J'ai l'honneur de vous prévenir que j'occupe depuis hier une position tellement avantageuse aux approches de Chalans, que je tiens à la fois en échec ce même poste de Chalans, celui de Saint-Gilles et celui des Sables. Je suis trois fois plus fort que ces trois postes réunis les seuls qui pourraient contrarier nos projets et notre opération. [...] Il est extrêmement important que je conserve ma position actuelle la seule qui puisse faciliter votre arrivage ay marais. [...] Rien ne peut dans ce moment s'opposer à l'exécution de ce projet combiné[2],[7]. »

    — Lettre de François Athanase Charette de La Contrie à Naigle, le 11 août 1795.

  2. « Toutes les forces de cette place consistent en 13 ou 1 400 hommes y compris les renforts que vous avez envoyé et les postes repliés ; nous n'avons l'espoir que de 1 000 hommes pour nous opposer au débarquement de l'ennemi[1]. »

    — Lettre du capitaine Genet à Desclozeaux, commandant aux Sables-d'Olonne

  3. « Les Anglais avaient encore sur leurs vaisseaux quelques munitions qu'ils n'avaient pu débarquer à Quiberon. On fit savoir à M. Charette de les venir prendre et nous nous rendîmes à cet effet dans les plaines de Soullans. De là le général envoya quelques divisions du côté de Saint-Jean-de-Monts qui firent effectuer le débarquement moyennant une petite déroute qu'ils donnèrent à un détachement sorti de Saint-Gilles. Pendant ce temps là nous étions restés en bataille devant les troupes qui gardaient Challans ; elles n'étaient pas en force de sortir. Nous n'eûmes d'autres événement qu'une petite escarmouche de cavalerie dans le bourg de Soullans. Le troisième jour, nous emmenâmes sur les charrettes du pays tout ce qui avait été débarqué, qui consistait dans 40,000 livres de poudre, deux pièces de canon de huit, des uniformes rouges, quelques chemises, bas et souliers et le tout fut conduit à Belleville.

    Ces moyens de défense pensèrent nous devenir bien funeste ; la nuit, le feu prit au hangar qui renfermait le foin, il y en avait au moins 40 charrettes et la poudre était logée dans une maison voisine ; heureusement que le vent prit une direction contraire et il n'arriva d'autre accident que la perte du foin[11]. »

    — Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière

  4. « Hier 10, le commandant de la place de Saint-Gilles, le citoyen Billoud, informé qu'il devait s'effectuer un mouvement de la part des bâtiments anglais mouillés depuis quelques jours en face de la baie de la Pèche, m'ordonna de me porter dans cette partie avec un détachement de cent hommes de mon régiment. J'aperçus bientôt une colonne de Vendéens qui dirigeait sa marche vers le rivage.

    Vers midi, nous vîmes charger des effets sur des chaloupes : l'ennemi était fort d'environ deux mille cinq cents hommes. Je reçus un renfort de soixante chasseurs du deuxième bataillon, puis la force de l'ennemi augmentant beaucoup, je fis inviter le commandant à me faire passer le plus de forces possible.

    J'aperçus un pavillon blanc sur le bord de la mer, avec de la fumée ; un coup de canon fut tiré des vaisseaux anglais, c'était le signal du débarquement. Une colonne ennemie, composée d'infanterie et de cavalerie, se prolongea depuis le rivage jusque sur les hauteurs dans la campagne.

    Vers les cinq heures, le citoyen Valentin, chef du premier bataillon du cent-dixième, arrive avec deux cents hommes. L'ennemi, fort de quatre mille hommes au moins, fut attaqué; mais, réduits à trois cent soixante soldats, nous fûmes forcés de nous replier l'espace d'une lieue, après un combat opiniâtre dans lequel nous avons perdu cinquante hommes, dont un capitaine, et autant de blessés.

    Le commandant de la place nous a envoyé un renfort de deux cent cinquante chasseurs de Cassel qu'il venait de recevoir, en nous ordonnant de nous tenir en présence de l'ennemi.

    Ce matin nous avons tenté une nouvelle attaque, mais l'ennemi se trouvant encore renforcé et pouvant se porter sur Saint-Gilles, nous avons pensé qu'il n'y avait pas d'autre parti à prendre que d'y rentrer[13]. »

    — Rapport du capitaine Bournonville.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Dumarcet 1998, p. 460.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak al am et an Dumarcet 1998, p. 450-453.
  3. a b c d e et f Dumarcet 1998, p. 454.
  4. Gabory 2009, p. 491
  5. a b et c Dumarcet 1998, p. 448.
  6. a et b Dumarcet 1998, p. 457.
  7. 1 J 1995 - [François-Athanase de Charette, chef insurgé.]
  8. a b c d e f et g Dumarcet 1998, p. 453-454.
  9. Gabory 2009, p. 1291
  10. Dumarcet 1998, p. 455.
  11. Lucas de La Championnière 1994, p. 121.
  12. Chassin, t. II, 1899, p. 2-5.
  13. Savary, t. V, 1827, p. 309-310.

Bibliographie[modifier | modifier le code]