Bataille de Pavie (1525) — Wikipédia

Bataille de Pavie
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille de Pavie par Ruprecht Heller.
Informations générales
Date
Lieu Pavie, Lombardie
Issue Victoire espagnole
Belligérants
Drapeau du Royaume de France Royaume de France Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Drapeau de la Monarchie espagnole Monarchie espagnole
Commandants
François Ier (c)
Robert de La Marck Reddition
Anne de Montmorency Reddition
Henri II de Navarre Reddition
François de Lorraine
Richard de la Pole
Jacques de la Palice
Louis de la Tremoille
Guillaume Gouffier de Bonnivet
Charles IV d'Alençon
Michel-Antoine de Saluces
Charles de Lannoy
Fernando de Ávalos
Georg von Frundsberg
Charles de Bourbon
Antonio de Leyva
Alfonso de Ávalos
César Hercolani
Fernando de Andrade (es)
Forces en présence
17 000 fantassins
6 500 cavaliers
53 canons
19 000 fantassins
4 000 cavaliers
17 canons
Pertes
8 000 morts, blessés ou prisonniers[1] 1500 morts ou blessés[1]

Sixième guerre d'Italie

Coordonnées 45° 11′ 51″ nord, 9° 09′ 54″ est
Géolocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Bataille de Pavie

La quatrième bataille de Pavie qui se déroule le devant Pavie en Lombardie, oppose les troupes de Charles Quint à celles de François Ier, chacun à la tête de leurs armées. Charles Quint remporte la bataille et François Ier est capturé et fait prisonnier. Cet événement décisif de la sixième guerre d'Italie (1521-1526) marque la défaite des rois de France dans leur tentative de domination du Nord de l’Italie.

Situation[modifier | modifier le code]

La péninsule avant le début des guerres d'Italie.

À la suite de l'échec des troupes impériales de Charles Quint en Provence en 1523, le roi de France, François Ier, suit les conseils de l'amiral Guillaume de Bonnivet qui veut reprendre le Milanais alors même que la France est isolée diplomatiquement. À l'inverse, ses conseillers, experts en stratégie militaire, comme La Trémoille et le maréchal de La Palice, conseillent au roi d'attendre avant de se lancer dans la conquête du duché de Milan.

Fin , Milan tombe aux mains des Français qui décident alors de poursuivre sur Pavie, l'ancienne capitale de Lombardie, dont le siège commence le . Pendant le siège, les hommes du roi de France occupent et pillent les nombreux monastères et villages situés hors des murs de Pavie[2]. Fin , des renforts impériaux commandés par un noble de Bruxelles, Charles de Lannoy, premier conseiller de Charles Quint, se présentent devant Pavie et chaque camp se retranche pendant près de trois semaines.

Forces en présence[modifier | modifier le code]

À l'image du chef de l'armée impériale, le Français Charles III de Bourbon, ancien connétable de France passé au service de Charles Quint, les armées n'ont pas d'unités nationales : on parle français, espagnol, allemand et italien dans les deux camps. Il n'y a pas d'uniformes et l'historien Jean-Marie Le Gall parle d'« armées composites » et de « mosaïques ethniques »[3]. François Ier peut compter sur sa cavalerie lourde, des chevaliers français accompagnés chacun de plusieurs archers montés. Son infanterie est majoritairement composée de mercenaires : principalement des piquiers suisses, mais aussi des lansquenets allemands et flamands des « bandes noires ».

L'armée impériale s'appuie essentiellement sur son infanterie composée d'Espagnols et de lansquenets allemands.

Les opposants ont recruté parmi les Italiens : des chevau-légers et des fantassins de toutes sortes, les arquebusiers étant réputés.

Les effectifs des deux armées sont difficiles à chiffrer, surtout parce que les sources contemporaines divergent[4]. Au début de la campagne, le rapport de forces est favorable aux Français ; cela devient plus confus cinq mois plus tard.

Selon l'ambassadeur de Charles Quint à Gênes, Lope de Soria, les troupes royales ont été affaiblies par l'occupation de l'Italie : les escarmouches ont décimé ses rangs et bon nombre de soldats ont été dispersés pour tenir les villes et les points stratégiques. L'hiver a encouragé les désertions. Comme leur engagement de trois mois est arrivé à son terme, plusieurs milliers de Suisses et de Grisons sont rentrés chez eux le [5].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du au , les Impériaux ouvrent une brèche dans l'enceinte française et surprennent les assiégeants. Ils sont dirigés par Charles de Lannoy, Antonio de Leiva et, dans une moindre mesure, par l'ancien connétable Charles de Bourbon. Ce dernier s'était illustré aux côtés de François Ier lors de la bataille de Marignan en 1515, mais sa disgrâce, arrangée par Guillaume Gouffier seigneur de Bonnivet, l'avait fait changer de camp. Face au danger, le même Bonnivet s'indigne à l'idée d'une retraite, proposée par les généraux les plus expérimentés ; il veut épargner au roi la honte d'une fuite. Il fait dans le conseil une harangue que Brantôme a consignée[6] et emporte la décision du roi. Constatant ensuite les déplorables effets de son conseil et l'inutilité de ses efforts pour arracher son maître aux périls environnants, Bonnivet se précipite au milieu des bataillons ennemis et est tué. Charles de Bourbon, voyant les restes sanglants de son adversaire, se serait écrié, en détournant les yeux : « Ah ! Malheureux ! Tu es cause de la perte de la France et de moi-même ! »[6].

Conséquences de la défaite française[modifier | modifier le code]

Charles Quint visitant François Ier, par Richard Parkes Bonington.

La déroute est totale. Les Français perdent environ 10 000 hommes (dont 5 000 sont des mercenaires suisses)[7]. Une grande partie des cadres de l'armée, dont Bonnivet, La Palice et le grand écuyer de France Galeazzo Sanseverino sont tués dans la bataille. Clément Marot y est blessé au bras[réf. nécessaire].

Plusieurs soldats sont crédités de la capture de François Ier, en particulier le gentilhomme basque Juan de Urbieta auquel le roi se fait connaître, le français De la Mothe qui est proche du connétable de Bourbon, le vice-roi de Naples Charles de Lannoy[8]. Mais également le comtois Jean d'Andelot, premier écuyer de Charles Quint, qui sera blessé à la joue par le roi de France au cours de l’événement[9]. Un chevalier italien, César Hercolani, de la ville de Forlì, sera surnommé le vainqueur de Pavie. François Ier est le troisième souverain français à être capturé sur un champ de bataille[10].

Le prisonnier royal est embarqué à Villefranche, près de Nice, pour l'Espagne, où il est détenu par Charles Quint pendant un an en attendant le versement d'une rançon par la France et la signature d'un traité (traité de Madrid, ) l'engageant à céder ou restituer le duché de Bourgogne et le comté de Charolais, à abandonner la revendication de l'Artois et de la Flandre, enfin à renoncer à ses prétentions sur la péninsule italienne. Libéré, il laisse son épée à Charles Quint, mais ses deux fils ainés[11] âgés de 7 et 6 ans restent détenus en Espagne. Ils sont relâchés en 1530 contre le versement de la rançon.

François Ier reste « obnubilé par le Milanais », pour lequel il entre encore deux fois en guerre[12].

Mot de la fin[modifier | modifier le code]

Le billet du roi, transmis au lendemain de la terrible défaite, à sa mère, la duchesse d'Angoulême, devenue régente du royaume, a été réduit pour la postérité à quelques mots bien frappés mais ne correspondant pas à la réalité :

« Tout est perdu, fors l'honneur. »

Le véritable texte du billet était le suivant[13] :

« Madame, pour vous faire savoir comment se porte le reste de mon infortune, de toutes choses ne m'est demeuré que l'honneur et la vie qui est sauve. »

Représentation dans l'art[modifier | modifier le code]

Une version romancée de la bataille de Pavie est présentée dans le livre 1523-1526 : Le cataclysme par le Chroniqueur de la Tour[14].

Jean Giono a également raconté cet épisode dans son livre Le désastre de Pavie, 24 février 1525[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Spencer Tucker, Battles that Changed History: An Encyclopedia of World Conflict, ABC-CLIO, , 163 p. (ISBN 978-1-59884-429-0, lire en ligne)
  2. (en) Fabio Romanoni, Il Libro dei Censi (1315) del Monastero di San Pietro in Verzolo di Pavia (lire en ligne)
  3. Le Gall 2015, p. 98.
  4. Le Gall 2015, p. 103-106.
  5. Le Gall 2015, p. 104.
  6. a et b D'après Pierre de Brantôme, Vie des hommes illustres et grands capitaines français, « Livre III ».
  7. Certaines sources donnent même des nombres très supérieurs. Cf. FirstName Bouquet, Histoire de la Suisse, Paris, Presses universitaires de France, (ISBN 9782130472964), p. 50.
  8. Le Gall 2015, p. 95.
  9. Nicole Tournier et Daniel Ronfort, Adieu l'Encrine: 4 variations sur un thème collectif, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-25473-1, lire en ligne)
  10. Le premier est Saint Louis à la bataille de Fariskur ; et le deuxième, Jean le Bon à la bataille de Poitiers (1356). Le quatrième sera Napoléon III à la bataille de Sedan.
  11. François de France et Henri, le futur roi de France.
  12. Ferrand 2014, p. 86.
  13. Donné dans l'Encyclopédie des mots historiques, 2 volumes édités par Historama (Paris, 1970).
  14. Le Chroniqueur de la Tour, 1523-1526 : Le cataclysme, BoD, , 582 p. (ISBN 978-2-322-21056-5)
  15. Jean Giono, Le désastre de Pavie, 24 février 1525, Paris, Gallimard, , 364 p. (ISBN 9782070449262)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Sources primaires[modifier | modifier le code]

  • Brantôme, Vie des hommes illustres et grands capitaines français, J. Sambix le jeune, (réimpr. 1699 en 6 vol., 1722 en 4 vol.).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]