Bataille de Montcornet — Wikipédia

Bataille de Montcornet
Description de cette image, également commentée ci-après
Monument en mémoire de la bataille. Le char AMX-13 sur le mémorial est un char français construit à partir des années 1950.
Informations générales
Date
Lieu Montcornet, France
Issue Victoire allemande
Belligérants
Drapeau de la France France Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Charles de Gaulle Friedrich Kirchner
Ferdinand Schaal
Forces en présence
éléments de la 4e division cuirassée :
345e CACC (D2)
2 cies 46e BCC (B1bis)
24e BCC (R35)
1 cie 2e BCC (R35)
éléments de la 1re Panzerdivision puis de la 10e Panzerdivision, chasseurs et bombardiers en piqué de la Luftwaffe
Pertes
14 tués
9 disparus
6 blessés
23 chars hors de combat
~10 tués

Seconde Guerre mondiale,
Bataille de France

Batailles




Percées de la Meuse et rupture du front belge :


Tentatives de contre-attaques alliées :


Défense des ports de la Manche et rembarquement britannique à Dunkerque :


Effondrement de la Ligne Weygand, avancée allemande sur la Seine et évacuation des troupes alliées :


Front italien et percée allemande dans le Sud :
Coordonnées 49° 41′ 47″ nord, 4° 01′ 05″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bataille de Montcornet
Géolocalisation sur la carte : Aisne
(Voir situation sur carte : Aisne)
Bataille de Montcornet

La bataille de Montcornet est un épisode de la bataille de France lors de la Seconde Guerre mondiale qui s'est déroulé le à Montcornet dans l'Aisne entre des unités de la Wehrmacht et de l'Armée française. C'est une des tentatives de contre-attaques de l'armée française, devenue célèbre parce qu'elle était commandée par le colonel Charles de Gaulle qui prend initialement plusieurs points stratégiques, mais qui se solde par un repli, sur ordre, de la 4e division française cuirassée qui doit se retirer avec 23 chars détruits, tandis que la 10e Panzerdivision poursuit son avancée sans aucune perte matérielle.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Carte de l'avancée allemande du au .

Le , le Troisième Reich lance une grande offensive sur les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France dans ce qui sera appelé la bataille de France. Après la percée de Sedan le , les troupes françaises sont en pleine débâcle.

Le colonel Charles de Gaulle qui avait été désigné, le [1] pour commander, par intérim, la nouvelle 4e division cuirassée, reçoit l'ordre d'en prendre le commandement le [1] et rassemble, à partir du , les unités dispersées entre la Normandie, la Champagne, le Loiret et les Vosges[2]. Cette unité est tout juste en cours de formation (environ 5 000 hommes, 85 chars qui ne sont pas équipés de radios), elle est incomplète, elle manque d'appuis aériens, de batteries antichars et antiaériennes, de moyens de communication, de transports de troupe et de carburant, de munitions et son armement est incomplet[2].

La mission confiée à de Gaulle, le , par le général Doumenc[1], est de « barrer la route de Paris en établissant un front défensif sur l'Aisne et l'Ailette[2] », afin de permettre à la 6e armée du général Touchon de s'y déployer.

Le 16 mai, les éléments rapides du 3e régiment d'automitrailleuses de la 3e division légère de cavalerie sont déployés face au nord-est autour de Dizy-le-Gros et le long de la Serre dont les ponts de Montcornet et Rozoy-sur-Serre sont déjà tenus par les Allemands. Vers 16 h, une centaine de chars allemands arrivent à Dizy-le-Gros du sud par la route de Reims et prennent à revers le 3e RAM. Après un combat sans armes lourdes, les survivants des trois escadrons engagés se replient dans la nuit sur Sissonne.

Avec la 4e DCR, de Gaulle décide d'exécuter une contre-attaque vers Montcornet, dans l'Aisne, le [2]. Ce village revêt une importance stratégique majeure (située sur l'axe routier entre Reims, Laon et Saint-Quentin et étant un point de passage pour la logistique allemande de la 1re Panzerdivision notamment)[2].

Pour mener cette attaque, de Gaulle dispose de 14 chars moyens D2 de la 345e compagnie autonome de chars de combat du capitaine Idée et de 22 chars lourds B1 bis des compagnies 1 et 2 du 46e bataillon de chars de combat sur l'axe Liesse-Montcornet. La manœuvre est couverte à l'est sur l'axe Sissonne-Lislet par des chars légers R35, 15 appartenant à la 2e compagnie du 2e bataillon de chars de combat et 34 au 24e bataillon de char de combat soit la totalité du bataillon à l'exception d'une section de la 3e compagnie[3].

Le 16 en fin d'après-midi, cette section de la 3e compagnie du 24e BCC établit l'avant-poste de la division au pont de Chivres où dans la soirée elle surprend et détruit une colonne de trois auto-mitrailleuses allemandes, puis deux side-cars.

Déroulement de la bataille[modifier | modifier le code]

Carte de l'avancée allemande du au .

Le , entre h et h 30, les éléments de la 4e division cuirassée se mettent en route. L'aile gauche part de la lisière du bois de Samoussy au sud-est de Gizy à 7 km en retrait du pont de Chivres, l'aile droite part de La Maison Bleue à 6 km en retrait de Sissonne.

La colonne de gauche avance lentement, les Allemands ayant miné la route dans une zone marécageuse près de Liesse. Six chars B1 bis sont embourbés. Au lever du jour, un convoi allemand fourvoyé débouche et se fait détruire devant les avant-postes français laissant sur le terrain une automitrailleuse, dix-huit camions, deux canons de 105 mm, vingt-trois morts et trente-trois prisonniers[2],[4]. Des embuscades anti-chars sont dressées par les Allemands dans les villages traversés par la route obligeant les chars français à gaspiller leur carburant dans des manœuvres imprévues[5]. Les éléments de pointe atteignent Clermont-les-Fermes, mais font demi-tour à 11 h pour rejoindre le reste de la colonne en attente de ravitaillement près de Bucy-lès-Pierrepont[3].

La colonne de droite de la division progresse rapidement par Sissonne, Sainte-Preuve, la ferme de Saint-Acquaire, La-Ville-aux-Bois avec pour objectifs les ponts de Lislet et de Montcornet. Après être entrés dans les villages et avoir atteint les ponts, vers midi, les chars R35 du 24e BCC sont pris à partie par des canons antichar Pak-37 à courte distance. Deux chars de la première compagnie sont détruits à Montcornet et deux chars de la deuxième compagnie à Lislet. Trois autres chars sont perdus durant les combats. Dans l'impossibilité de vaincre et pour éviter la panne d'essence, le bataillon se replie vers 15 h et se regroupe à Boncourt[3]. La deuxième compagnie du 2e BCC qui assure le flanc droit de la division perd deux chars lors d'une contre-attaque blindée allemande.

À 15 h, le plein de carburant effectué, les chars D2 de la 345e CACC repartent en avant. Ils réduisent plusieurs poches de résistance à Clermont-les-Fermes et arrivent sur les hauteurs de Montcornet, d'où ils peuvent tirer sur les camions et motocyclistes allemands roulant sur les routes de Marle à Montcornet et de Montcornet à Lislet[5] tout en repoussant les contre-attaques de quelques panzers allemands juste sortis de réparation. À la même heure, l'infanterie du 4e bataillon de chasseurs portés est à pied d'œuvre pour nettoyer les poches de résistance à Chivres et le long du canal de la Souche[4].

C'est seulement à 16 h, les moyens de ravitaillement faisant défaut[2], que les B1 bis peuvent repartir. Au vu des événements, l'objectif n'est plus que d'effectuer un court bombardement sur Montcornet. Seuls dix chars sont disponibles. Débordant Clermont par la droite, et ne disposant pas de carte d'état-major, ils arrivent devant La-Ville-aux-Bois qu'ils confondent avec Montcornet[5].

Les chars français sont sous le feu de quatre canons de 88 mm de DCA que les Allemands ont déployés comme canons anti-chars vers le sud en réaction aux premières attaques françaises[2],[4],[6]. Deux chars D2 sont mis en flamme par les 88 mm. Le char B1 bis Berry-au-Bac du commandant Bescond, chef du 46e bataillon tombe en panne. Vers 18h15, deux chars B1 bis, qui avaient amorcé le repli, sont détruits par un 88 mm. Le commandant Bescond trouve la mort avec sept autres hommes dans le char Sampiero Corso[7],[4].

Vers 18 h 30, une attaque de stukas sur les chars français en repli détruit un D2 et 2 B1 bis[6]. Au point de ralliement à Bucy-les-Pierrepont, vers 21 h, un B1 bis contre-attaque une infiltration d'éléments légers allemands et tombe en panne d'essence. Isolé, il est abandonné au lever du jour[8].

Bilan de la bataille de Montcornet[modifier | modifier le code]

Les pertes du côté français sont de quatorze tués, neuf disparus et six blessés ; 23 chars français sur les 85 engagés sont mis hors de combat lors de la bataille, les Allemands ne perdent aucun char, mais environ 100 hommes[4].

Un des enseignements de cette défaite, pour l'armée française, est qu'une grande unité motorisée blindée ne peut obtenir de résultats sans le soutien de l'aviation, la protection de la DCA et l'accompagnement d'unités d'infanterie spécialisées[2].

L'unique succès de la bataille de Montcornet est moral. Cette bataille est l'une des rares de la campagne de France où les Français sont parvenus à repousser les troupes allemandes pendant quelques heures[9]. Cependant, il ne s'agit pas du seul engagement de blindés (voir les batailles de Hannut, de Flavion et de Stonne).

Suites de la bataille[modifier | modifier le code]

Le lendemain et pendant la journée suivante[1], de Gaulle renouvelle son attaque, grâce à un renfort d'artillerie, à l'arrivée de nouveaux chars et au réapprovisionnement en essence de sa division, avec pour objectif Crécy-sur-Serre, afin d'essayer de couper l'avance des Allemands sur l'Oise[2]. Les Allemands, qui ont protégé leur flanc sud, ripostent de nouveau au canon de 88 et avec les stukas en piqué, tandis que leur infanterie vient à bout des chasseurs français retranchés à Chambry[2]. Le général Georges donne l'ordre de ne pas poursuivre cette bataille, le déploiement de la 6e armée étant accompli. Après encore une journée de combats, le [1], la 4e division cuirassée passe alors l'Aisne vers le sud, gagne Fismes et se prépare à de nouveaux combats[2]. La bataille de Crécy-sur-Serre n'a abouti à rien.

L'engagement suivant du colonel de Gaulle a lieu à la bataille d'Abbeville sous les ordres du général Weygand.

Souvenir et commémoration[modifier | modifier le code]

Mémorial du char Sampiero Corso à La Ville-aux-Bois-lès-Dizy.

En 1941 à La Ville-aux-Bois-lès-Dizy, l'équipage du Sampiero Corso est enterré sous un tertre à côté de la carcasse du B1 bis. Après guerre, une stèle, couronnée par le tourelleau du char, est érigée en mémoire des 8 soldats, morts pour la France.

Dans le cimetière de La Ville-aux-Bois-lès-Dizy, un monument aux morts est dédié aux militaires français tués le 17 mai 1940. Un canon de char est posé à côté du monument.

À Montcornet un monument en mémoire de la bataille est couronné par un char AMX-13.

Le 17 mai 2020, à l'occasion du 80e anniversaire de la bataille, le président de la République Emmanuel Macron rend hommage aux combattants de la bataille de France et de la bataille de Montcornet en se rendant devant le monument du 3e RAM à Dizy-le-Gros et en prononçant un discours au mémorial Sampiero Corso à La Ville-aux-Bois-lès-Dizy[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Éric Roussel, Charles de Gaulle, Paris, Gallimard, , 1032 p. (ISBN 978-2-07-075241-6), p. 79-81.
  2. a b c d e f g h i j k et l Pierre Miquel, La Seconde Guerre mondiale, Paris, éd. Fayard, 1986 (ISBN 2-7242-3370-0) ; rééd. Club France Loisirs, 1987, p. 107-109.
  3. a b et c « Montcornet, une victoire en trompe-l’oeil », sur lefigaro.fr,
  4. a b c d et e La bataille de Montcornet - 17 mai 1940 - Mythe et réalité, veterans.fr, consulté le 8 mars 2012.
  5. a b et c Laurent Tirone, « Les Fiascos militaires de la Seconde Guerre mondiale »
  6. a et b Dominique Lormier, « Comme des lions Mai-juin 1940: Le Sacrifice héroïque de l'armée française »
  7. « Jean Yves Marie BESCOND », sur Memorialgenweb.org, (consulté le ).
  8. « Athos n° 406 46e BCC 1ère compagnie », sur chars-francais.net,
  9. Jacques de Saint-Victor, « Le véritable succès de la bataille de Montcornet fut moral », sur lefigaro.fr,
  10. « Dans l'Aisne, Macron célèbre de Gaulle et son "esprit de résistance" », sur lunion.fr,

Bibliographie et filmographie[modifier | modifier le code]