Bataille de Kairouan — Wikipédia

Bataille de Kairouan

Informations générales
Date
Lieu Kairouan
Issue Victoire des tribus arabes tunisiennes
Belligérants
Mérinides Banu Sulaym et Hilaliens de Tunisie
Commandants
Abû al-Hasan ben `Utman Ahmed ibn Abû Debbous Hamza ibn Abû Leil

La bataille de Kairouan est une bataille ayant eu lieu près de Kairouan le . Elle oppose le sultan mérinide du Maroc, Abû al-Hasan ben `Utman, à des tribus arabes tunisiennes révoltées contre son autorité. Elle se traduit par la défaite du sultan mérinide[1],[2].

Contexte[modifier | modifier le code]

Après la mort du souverain hafside Abu Yahya Abu Bakr al-Mutawakkil, en octobre 1346, une guerre de succession oppose ses deux fils jusqu'à la victoire d'Abû Hafs `Umar ben Abî Bakr et l'assassinat de son frère Abou Abbas ben Abî Bakr. Leur beau-frère et sultan mérinide Abû al-Hasan ben `Utman se pose en arbitre et pénètre en Tunisie par l'ouest[3]. Abû Hafs s'enfuit à Gabès. Rattrapé, il est tué par les cavaliers mérinides. Abû al-Hasan ben `Utman pénètre à Tunis[3] le sans avoir à assiéger la ville. Tout le Maghreb est sous l'autorité mérinide mais la paix est de courte durée[3].

Des tribus tunisiennes, refusant de reconnaître l'autorité du sultan mérinide, se rassemblent près de Kairouan au début de l'année 1348. Elles placent à leur tête Ibn Debbous, un petit tailleur de Tozeur descendant des sultans almohades, anciens suzerains des Hafsides et des Mérinides.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Avant la bataille, le sultan mérinide est très confiant dans la victoire de ses troupes expérimentées[4] face à des troupes arabes certes supérieures en nombre mais mal équipées et non expérimentées. Il est pourtant défait en raison de la défection de ses vassaux zianides.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Après la bataille, les Mérinides perdent immédiatement la Tunisie investie par les tribus locales puis par la dynastie des Hafsides. Le souverain mérinide se réfugie dans une forteresse assiégée par les tribus arabes mais parvient à s'échapper. En Algérie, Abu Inan Faris, fils du sultan vaincu, profite de la défaite de son père pour s'autoproclamer souverain à Tlemcen mais, craignant que le pouvoir lui échappe au Maroc, décide de se rendre à Fès pour recevoir l'allégeance des tribus locales et s'autoproclame souverain.

Abû al-Hasan ben `Utman et ses soldats fuient la Tunisie par la mer mais leur bateau fait naufrage, en raison d'une tempête, devant les côtes algériennes[5]. Cependant, le souverain ainsi qu'une poignée de ses soldats survivent à l'accident[5]. Le souverain commence alors à organiser son armée et essaie à nouveau d'enlever Tlemcen aux Zianides mais est battu par ces derniers et doit se replier vers le Sahara. Finalement, il décide de rentrer au Maroc et conteste le règne de son fils, leurs troupes respectives s'affrontant près de l'oued Oum Errabiâ et la bataille se soldant par la victoire des troupes du fils. Le père abandonne alors ses prétentions au trône[5] et se réfugie auprès de la tribu berbère Hintata vivant dans le Haut Atlas.

Le sultan Abu Inan Faris réussit finalement à stabiliser son royaume et parvient, en 1357, à reconquérir les actuelles Algérie et Tunisie. Sa mort prématurée (tué par l'un de ses vizirs) entraîne des troubles importants[5] et les deux provinces conquises retrouvent à cette occasion leur indépendance. Après la mort du sultan Abu Inan Faris, le Maroc connaît une période sombre de son histoire[6], qui durera près de deux siècles. La dynastie hafside est rétablie à Tunis.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Gustave Wolfrom, Le Maroc, ce qu'il faut en connaître : ouvrage suivi d'un compte rendu de la conférence d'Algésiras, Paris, Augustin Challamel, , 298 p., p. 20.
  2. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord : Tunisie, Algérie, Maroc, t. 2, Paris, Payot, (lire en ligne), p. 181.
  3. a b et c Abraham Lahnite (préf. Jean Martin), Le Souss géographique, historique et humain : La Politique berbère du protectorat français au Maroc (1912-1956), t. 2, Paris, L'Harmattan, coll. « Histoire et perspectives méditerranéennes », , 402 p. (ISBN 978-2-296-54980-7, lire en ligne), p. 257.
  4. Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) : depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1830), t. 2, Paris, Ernest Leroux, , 627 p. (lire en ligne), p. 294.
  5. a b c et d Clément Huart, Histoire des Arabes, Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, , 511 p. (lire en ligne), p. 208.
  6. Huart 1913, p. 209.