Bataille de Jargeau — Wikipédia

La bataille de Jargeau est un combat de la guerre de Cent Ans qui eut lieu dans l'ancienne province de l'Orléanais le entre les armées française et anglaise.

Cette bataille s'inscrit dans la campagne de la vallée de la Loire (1428-1429) qui comporta cinq combats :

1. le siège d'Orléans ( - ) ;
2. la bataille de Jargeau ( - ) ;
3. la bataille de Meung-sur-Loire () ;
4. la bataille de Beaugency ( - ) ;
5. la bataille de Patay ().

Contexte[modifier | modifier le code]

Batailles et opérations majeures en France entre 1415 et 1453.

Cette bataille s'inscrit dans le dessein qu'a voulu Jeanne d'Arc, alors en route pour Reims où le dauphin Charles, futur Charles VII, doit être sacré. Jeanne d'Arc veut « une route libre et sûre » dira-t-elle. C'est dans cette logique qu'elle va donc s'employer, encore portée par sa victoire à Orléans (), à chasser définitivement les troupes anglaises encore en place dans la vallée de la Loire.

À une quinzaine de kilomètres de la cité libérée, il subsiste alors toujours une partie des troupes anglaises, défaite lors de la bataille du 8 mai 1429. Cette armée, commandée par le comte de Suffolk a élu retraite dans la petite bourgade de Jargeau et s'apprête à recevoir le duc de Bedford accompagné de renforts.

La bataille[modifier | modifier le code]

L'armée française voit à sa tête le duc Jean d'Alençon, fidèle compagnon de Jeanne d'Arc. Alors que celui-ci tablait sur la présence de près de 2 000 hommes pour la bataille, il est bientôt rejoint par les compagnies de Jean de Dunois et Florent d'Illiers, alors capitaine de Châteaudun. Il se retrouve ainsi doté d'une force militaire deux fois plus importante qu'à son origine.

Jeanne d'Arc pousse les capitaines à la marche sur Jargeau, voyant leur hésitation face à la probable présence de nombreux Anglais réfugiés à cet endroit. L'armée royale, se met alors en route vers la petite cité, dans l'idée de s'arrêter pour la nuit aux portes de la ville. Cependant, l'armée anglaise vint à la rencontre des troupes françaises les contraignant au combat. Le duc d'Alençon relate ainsi cet instant : « Ce que voyant, Jeanne, prenant son étendard, alla à l'attaque, exhortant les soldats qu'ils eussent bon courage et ils firent tant que, cette nuit-là, les soldats du roi furent logés dans les faubourgs de Jargeau. Je crois que Dieu conduisait cette affaire, car cette nuit, il n'y eut pour ainsi dire pas de garde, de sorte que si les Anglais étaient sortis de la ville, les soldats du roi eussent été en grand péril. »

Le lendemain 12 juin, la bataille s'engage de nouveau, et Jeanne d'Arc insuffle la volonté de Dieu aux troupes françaises, leur assurant la victoire : « Agissez et Dieu agira ». Peu après le début de la bataille, Jeanne d'Arc monte aux remparts en brandissant son étendard. Cependant, une pierre vient la frapper à la tête et provoque sa chute, mais portée par sa détermination elle se relève et exhorte ses compagnons. En plein combat, le comte de Suffolk demande à être entendu afin d'obtenir une trêve[1], mais l'heure des demandes est trop tardive et dans un irrésistible élan, les Français s'emparent de Jargeau puis se lancent à la poursuite des Anglais. Alors que le comte de Suffolk est fait prisonnier, ses troupes se replient en désordre sur Meung-sur-Loire et Beaugency. Ces dernières places tomberont quelques jours après.

Le , au cœur de la plaine de Beauce, Jeanne d'Arc disposera ses troupes en ordre de bataille et remportera une nouvelle victoire à Patay.

Œuvres inspirées par la bataille de Jargeau[modifier | modifier le code]

Statue représentant Jeanne d'Arc blessée à la bataille de Jargeau, sur la place du Martroi à Jargeau.

Une œuvre intitulée Prise de Jargeau, 15 juin 1429 est conservée au musée de la marine de Loire de Châteauneuf-sur-Loire. L'estampe, signée d'Aligny, Chavane et Gavard, fut commandée par Louis-Philippe Ier pour le musée historique de Versailles en 1838 et représente la prise de place de Jargeau sur un pont en bois à l'entrée de la ville de Jargeau avec Jeanne d'Arc à cheval[2].

La bataille de Jargeau a également inspiré l'écrivain Alexandre Dumas qui, dans son œuvre Jehanne la Pucelle[3] publiée en 1842, relate le déroulement de la bataille et notamment la capture du Comte de Suffolk par un simple écuyer du nom de Guillaume Renault qui sera alors fait chevalier par le comte anglais, honteux d'avoir été pris par un gentilhomme.

Dans l'église Saint-Étienne de Jargeau[4], plusieurs œuvres s'inspirent du passage Jeanne d'Arc à Jargeau. Une fresque d'Octave Denis Victor Guillonnet (1952), ainsi qu'une céramique de Jeanne Champillou (1962)[5] la représente dans l'une des chapelles. Une estampe, datée de 1917, signée Bénard Agricol, la représente au siège de Jargeau[6].

Sur la place du Martroi à Jargeau, une statue de bronze datant de 1895, représente Jeanne d'Arc blessée au siège de Jargeau. L'œuvre a été réalisée par le sculpteur Alfred-Désiré Lanson[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. D'après Edgar Trevor Williams, Christine Stephanie Nicholls, The Dictionary of national biography, Oxford University Press, (ISBN 0-19-865207-0, lire en ligne), « William de la Pole », p. 1178.
  2. « Galerie historique de Versailles. / Prise de Jargeau. / Juin 1429 (titre inscrit) », notice no M0280000189, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  3. Alexandre Dumas, Jehanne la Pucelle, Lévy, (lire en ligne).
  4. « Église Saint-Étienne de Jargeau », notice no IA00013501, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  5. « Relief : sainte Jeanne-d'Arc », notice no IM45001761, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  6. « Estampe : Jeanne d'Arc au siège de Jargeau », notice no IM45000017, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  7. « Statue de Jeanne d'Arc blessée au siège de Jargeau », notice no IA00013500, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Annexes[modifier | modifier le code]

Sources primaires imprimées[modifier | modifier le code]

  • Léon Dumuys, « Documents relatifs au siège d'Orléans et la délivrance de Beaugency et de Jargeau (1428-1429) », Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans, t. 9, no 132,‎ , p. 32-37 (lire en ligne).
  • Amicie de Foulques de Villaret, « Campagnes des Anglais dans l'Orléanais, la Beauce chartraine et le Gâtinais (1421-1428). L'armée sous Warwick et Suffolk au siège de Montargis. Campagnes de Jeanne d'Arc sur la Loire postérieures au siège d'Orléans », Mémoires de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans, Herluison, t. 23,‎ (présentation en ligne, lire en ligne).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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