Bataille de Białystok–Minsk — Wikipédia

Bataille de Białystok–Minsk
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Avancée allemande entre le 22 juin et le 1er septembre 1941
Informations générales
Date
Lieu Biélorussie, est de la Pologne
Issue Victoire allemande décisive
Belligérants
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand Drapeau de l'URSS Union soviétique
Commandants
Drapeau de l'Allemagne Fedor Von Bock Dmitri Pavlov
Forces en présence
750 000 hommes 675 000 hommes
Pertes
12 157 tués ou blessés
101 chars
276 avions[1]
417 790 hommes[2]
  • 341 073 tués ou capturés[3]
  • 76 717 blessés
4 799 chars
9 427 canons[2]
1 669 avions[4]

Seconde Guerre mondiale

Batailles

La bataille de Białystok–Minsk fut une opération stratégique allemande conduite par le groupe d'armées Centre durant l'offensive sur la frontière soviétique au tout début de l'opération Barbarossa. Elle se déroula du au . Son but, qui était d'encercler les forces de l'Armée rouge autour de Minsk, fut un succès. Toutes les tentatives russes de contre-attaques et de percées se soldèrent par des échecs. Ainsi, la Wehrmacht put faire plusieurs dizaines de milliers de prisonniers soviétiques[5] et put avancer dans l'Union soviétique si rapidement que certains pensèrent que l'Allemagne avait déjà gagné la guerre contre la Russie.

Prélude[modifier | modifier le code]

Commandée par le Generalfeldmarschall Fedor von Bock, le groupe d'armée Centre reçoit l'ordre d'attaquer la Russie via l'axe Białystok - Minsk - Smolensk à partir de la Pologne jusqu'à Moscou. Ce groupe d'armées est constitué de la 9e et de la 4e armée. Ses forces blindées comprennent le Panzergruppe 3, commandé par Hoth, et le Panzergruppe 2, commandé par Guderian. Au total, ces deux armées comptent 33 divisions d'infanterie, 9 divisions blindées, 6 divisions motorisées et une division de cavalerie. De plus, le groupe d'armées Centre peut appeler la Luftflotte 2 en renfort aérien.

En face, le front de l'Ouest, commandé par le général Dmitri Pavlov, incluait la 3e armée, la 4e armée et la 10e armée qui sont postées le long de la frontière. Au total, l'armée soviétique de l'Ouest comprend 25 divisions de cavalerie, 13 divisions blindées et 7 divisions motorisées.

La disposition de l'Armée rouge en Biélorussie est fondée sur l'idée d'une réponse agressive à une attaque allemande, afin de repousser le front en Pologne. Cependant, cette tactique souffre d'une faiblesse sur les flancs, notamment à cause du tracé de la ligne de démarcation entre les pays décidée en 1939. C'est l'Oberkommando des Heeres qui profitera le mieux de la situation, en encerclant simultanément les forces du front de l'Ouest avec d'autres fronts soviétiques autour de Białystok et de Navahroudak, à l'ouest de Minsk.

Ordres de bataille[modifier | modifier le code]

Soviétiques[modifier | modifier le code]

Allemands[modifier | modifier le code]

Tanks[modifier | modifier le code]

Corps d'armée allemand Divisions allemandes Nombre de tanks[6] Tanks avec des canons de 37 mm
(incl. Panzerkampfwagen 38(t) et Panzer III)
Tanks avec des canons de 50 mm ou plus
(incl. Panzer III et Panzer IV)
XXXIX. Armeekorps mot[5] 7e, 20e 494 288 61
LVII Panzer Corps[5] 12e, 19e 448 219 60
XXXXVII Panzer Corps[5] 17e, 18e 420 99 187
XXXXVI Panzer Corps[5] 10e 182 0 125
XXIV Panzer Corps[5] 3e, 4e 392 60 207
Total   1936[5] 666 640
Corps d'armée soviétique Divisions soviétiques Nombre de tanks T-34 et KV
11e corps mécanisé[5] 29e, 33e, 204e 414 20
6e corps mécanisés[5] 4e, 7e, 29e 1131 452[7]
13e corps mécanisé[5] 25e, 31e, 208e 282 0
14e corps mécanisé[5] 22e, 30e, 205e 518 0
7e corps mécanisé[5] 14e, 18e, 1re 959 103
5e corps mécanisé[5] 13e, 17e, (109e non incl.) 861 17
17e corps mécanisé[5] (pas complètement formé) 63 N/A
20e corps mécanisé[5] (pas complètement formé) 94 N/A
(indépendant) 57e division[5] 200 0
Total   4522[5] 592

L'opération[modifier | modifier le code]

Bataille de Białystok–Minsk du au .

L'Armée rouge avance vers les Allemands en territoire polonais occupé à Białystok. Au-delà de Białystok, Minsk est un nœud ferroviaire stratégique et une position défensive clé protégeant les principales communications routières et ferroviaires avec Moscou.

Dans le nord, le Panzergruppe 3 passe à l'attaque, coupant la 11e armée du front de l'Ouest, et traverse le Niémen. Le Panzergruppe 2 traverse le Bug et pénètre de 60 km en territoire soviétique le . L'objectif des deux Panzergruppen est de se rejoindre à l'est de Minsk et de couper toute retraite à l'Armée rouge. Les 9e et 4e armées allemandes participent à l'encerclement en pénétrant dans le saillant soviétique autour de Białystok. Le 23 juin, la 10e armée soviétique tente une contre-attaque en suivant les plans d'avant-guerre, mais ne réussit pas à atteindre ses objectifs. Le 24 juin, le général Dmitri Pavlov ordonne au général Ivan Boldine de mener les 6e, 11e et 6e Corps d'armées mécanisées dans une contre-attaque vers Hrodna afin d'éviter l'encerclement des unités de l'Armée rouge proches de Białystok. Cette contre-attaque échoue avec de lourdes pertes, mais elle permet à certaines unités d'éviter l'encerclement et de battre en retraite vers Minsk.

Dans la soirée du 25 juin, un groupe de Panzers coupe l'Armée rouge entre Slonim et Vawkavysk, et force Pavlov à ordonner le retrait de toutes les troupes derrière la rivière Chtchara afin d'éviter l'encerclement. La plupart des formations ne peuvent plus rompre le contact avec les Allemands, et en raison de la perte de carburant et de transports, l'armée doit se retirer à pied. Ce retrait ouvre des espaces libres au sud de Minsk.

Soldats allemands au centre de Minsk en 1941.

Le 27 juin, soit cinq jours après le début de l'invasion, le Panzergruppe 2 de Guderian et le Panzergruppe 3 de Hoth arrivent à l'est de Minsk. Ils ont alors avancé de 321 km en Union soviétique, près d'un tiers de la distance de Moscou. Le 28 juin, les 9e et 4e armées allemandes encerclent les troupes soviétiques à Białystok en deux poches : une petite poche contenant Białystok et une plus grande poche contenant Navahroudak. Après 17 jours, les Soviétiques ont perdu 420 000 soldats sur un total de 625 000. Le 26 juin, Minsk, la capitale de la Biélorussie, tombe sous le joug de la Wehrmacht.

Une seconde contre-attaque soviétique du 20e corps mécanisé et du 4e corps aéroporté échoue également à briser l'encerclement, et le 30 juin la poche est complètement fermée.

Les Soviétiques perdent les 3e, 13e et 10e armées et une partie de la 4e armée, au total environ 20 divisions, tandis que le reste de la 4e armée se replie vers la rivière Bérézina. La Luftwaffe détruit 1669 avions soviétiques, mais en perd 276 et 208 autres sont endommagés.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Les troupes soviétiques, prises aux pièges dans deux poches gigantesques, n'ont pas cessé de se battre, causant de lourdes pertes à l'armée allemande. 250 000 soldats sont parvenus à s'échapper, car l'infanterie allemande manquait cruellement de transports motorisés. Environ 290 000 soldats soviétiques sont capturés et 1 500 canons et 2 500 tanks sont détruits.

D'après l'institut polonais de la mémoire nationale, lors de leur retraite, les troupes soviétiques ont commis de nombreux crimes contre les habitants de Białystok et de ses alentours, comme des familles entières exécutées par des pelotons d'exécution[8].

L'avancée rapide de la Wehrmacht vers l'Est permet à l'Allemagne d'atteindre Smolensk, ville à partir de laquelle une attaque sur Moscou peut être envisagée. Cette avancée donne également l'impression à l'Oberkommando der Wehrmacht que la guerre contre l'Union soviétique était déjà gagnée. Hitler reproche néanmoins aux généraux des divisions blindées d'avoir laissé des trous dans les lignes.

Le général Pavlov et son état-major sont rappelés à Moscou, où ils sont accusés d'avoir intentionnellement désorganisé les troupes et battu en retraite sans combattre. Ils sont exécutés par le NKVD au motif de lâcheté et de manquement à leur devoir, et leurs familles sont punies. Ils seront réhabilités en 1956. La seule exception est l'officier des opérations de Pavlov, le général Ivan Boldine, qui avait été rapidement séparé du reste de l'armée à cause de la percée allemande des premiers jours et contraint de battre en retraite vers les lignes soviétiques avec un millier de soldats.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Gregory Liedtke, Enduring the Whirlwind: The German Army and the Russo-German War 1941-1943, Helion and Company, (ISBN 978-1910777756).
  2. a et b Glantz 1995, p. 293
  3. Bergstrom 2007, p. 28: Cites Krivosheyev, Grif sekretnosti snyat. Poterivooruzhyonnykh sil SSSR v voynakh, boyevykh deystviyakh i voyennykh konfliktakh, p. 162.
  4. Bergstrom 2007, p. 28: Cites Pshenyanik, Sovtskie Voenno-vozdushnye sily v bor'be snemetsko fashistskoy aviatssiey v letne-osenney kampanii 1941, p. 94.
  5. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r (pl) Mark Sołonin (trad. Tomasz Lisiecki), 22 czerwca 1941 czyli Jak zaczęła się Wielka Wojna ojczyźniana, Poznań, Poloogne, Dom Wydawniczy Rebis, , 1re éd. (ISBN 978-8-375-10130-0), p. 528–529 (la seule traduction en anglais du travail de Solonin semble être, en juin 2011, (en) « ces chapitres consultables en ligne »)
  6. Nombre total de tanks allemands incluant les tanks de commandement ainsi que les vieux Panzer I et Panzer II
  7. Au premier juin, il y avait 114 KV et 238 T-34 mais 100 T-34 supplémentaires arrivèrent d'ici le 22 juin 1941 (Solonin 2007, p. 99–100).
  8. « Enquêtes sur les meurtres de polonais à Białystok et ses alentours en juin 1941 »