Bataille de Bab El Oued — Wikipédia

La bataille de Bab El Oued, appelée parfois siège de Bab El Oued est un épisode de guerre civile durant la guerre d'Algérie (1954-1962). Il a opposé le l'OAS à l'armée française dans Bab El Oued, alors quartier européen et populaire d'Alger, et un blocus du quartier par l'armée française a été mis en place jusqu'au .

Contexte[modifier | modifier le code]

Proclamation de cessez-le-feu bilatéral[modifier | modifier le code]

Rejetant le cessez-le-feu entre l'armée française et le FLN qui est proclamé le par le président de la République française Charles de Gaulle, l'OAS se retranche dans le quartier de Bab-El-Oued pour s'opposer par les armes au processus d'indépendance défini aux accords d'Évian.

Déclaration de guerre de l'OAS (19 mars)[modifier | modifier le code]

À la suite de l'annonce du cessez-le-feu, le général Raoul Salan, chef de l'Organisation armée secrète (OAS), s'adresse par le biais d'une allocution radiodiffusée aux anti-indépendantistes d'Algérie qu'il invite à la rébellion contre l'État français :

« Ici Radio-France, la voix de l'Algérie française. Français, Françaises, un cessez-le feu qui livre à l'ennemi des terres françaises vient d'être consenti. Il s'agit là d'un crime contre l'Histoire de notre nation. Je donne l'ordre à nos combattants de harceler toutes les positions ennemies dans les grandes villes d'Algérie[1],[2],[3]. »

Dans Le Monde du , Jean Lacouture rapporte qu'un tract énonce qu'à compter de minuit, le , officiers, sous-officiers et soldats de l'armée française en Algérie sont considérés par l'OAS comme des troupes au service d'un gouvernement étranger[4],[2]

Le , 18 gendarmes mobiles sont tués dans une embuscade, et le , 7 appelés du contingent qui avaient refusé de livrer leurs armes à l'OAS sont abattus. L'affrontement entre l'armée française et l'OAS devient inévitable.

Blocus de Bab El Oued (du 23 mars au 6 avril)[modifier | modifier le code]

La journée du 23 mars[modifier | modifier le code]

« Paix tendue en Algérie après le cessez-le feu », Bab El Oued, 22 mars 1962

La bataille s'engage dans la journée du entre les commandos Delta de l'OAS et la Gendarmerie mobile. Les chars de l'Armée de Terre prennent position dans le quartier en état de siège. Les automitrailleuses M8 Greyhound en contrôlent les entrées et sorties tandis que les T-6 (voire des T-28F Fennec) de l'armée de l’Air mitraillent des bâtiments et immeubles tenus par l'OAS.

Le Conducteur de Flottille Surcouf (D621) photographié en 1970.

Afin de réduire la sédition du quartier de Bab-el-Oued, il aurait été envisagé d’utiliser, à l'occasion de leur passage à Alger, le lundi 26 mars, les escorteurs d'escadre[réf. nécessaire] Surcouf et Maillé-Brézé. Les deux escorteurs concernés passeront effectivement quelques heures au mouillage au cap Matifou situé à l'est de la baie d'Alger, à une dizaine de kilomètres de Bab-El-Oued.

À la fin de la journée, les commandos de l'OAS parviennent à s'échapper du quartier assiégé, un colonel de l'armée ayant retardé à l'extrême l'ordre qui lui était donné de boucler son secteur[5]. Le bilan de la journée est de 15 morts et 77 blessés parmi les forces de l'ordre, et 20 morts et 60 blessés environ parmi les insurgés[6],[7],[8].

Le blocus du quartier[modifier | modifier le code]

Dans les deux semaines qui suivent, un blocus du quartier est mis en place par l'armée, ainsi qu'un couvre-feu. La population dispose d'une heure par jour pour se ravitailler. Des perquisitions massives et brutales sont menées (7000 appartements visités, 3000 arrestations, près de 700 revolvers et fusils saisis)[5].

À la suite du blocus de Bab El Oued par l'armée, l'OAS lance un appel à manifester massivement le 26 mars à destination de la population européenne d'Alger, dans le but de forcer le blocus. Cette manifestation se termine tragiquement par une fusillade rue d'Isly qui fait 62 morts.

La bataille de Bab El Oued dans les arts et la culture[modifier | modifier le code]

Documentaire
Roman

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. De Gaulle ou l'Éternel défi Volume 20 de Histoire immédiate, Jean Lacouture, Roland Mehl, Jean Labib, Seuil, 1988, p. 316
  2. a et b La Guerre d'Algérie, documentaire d'Yves Courrière et Philippe Monnier, Reggane Films, 1972.
  3. Salan devant l'opinion, Fabrice Laroche, Éditions Saint-Just, 1963, p. 124
  4. Le 22 mars 1962, un des responsables du service d’ordre avait montré à l’envoyé spécial du journal Le Monde, Alain Jacob, un tract de l'OAS proclamant que les forces françaises devaient dorénavant être considérées comme des troupes étrangères d’occupation.
  5. a et b Yves Courrière, La guerre d'Algérie, t. 4, les feux du désespoir
  6. Benjamin Stora, Les mots de la guerre d'Algérie, Toulouse, Presses universitaires du Mirail-Toulouse, coll. « Mots de », , 127 p. (ISBN 978-2-858-16777-7, lire en ligne), p. 93
  7. La France contemporaine, t. 9, La guerre d'Algérie, 1958-1962, J. Tallandier, (ISBN 2-235-00675-2), p. 424
  8. Anne-Marie Duranton-Crabol, L'OAS, la peur et la violence, Bruxelles, A. Versaille, , 190 p. (ISBN 978-2-87495-174-9), p. 132

Annexes[modifier | modifier le code]

Archives audiovisuelles INA[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]