Baie des Veys — Wikipédia

Baie des Veys
Géographie humaine
Pays côtiers Drapeau de la France France
Subdivisions
territoriales
Normandie
Géographie physique
Type Baie
 Site Ramsar (1991, Marais du Cotentin et du Bessin, Baie des Veys)
Localisation Manche (océan Atlantique)
Coordonnées 49° 22′ 40″ nord, 1° 08′ 11″ ouest
Superficie 62,02 km2
Géolocalisation sur la carte : France
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Baie des Veys
Géolocalisation sur la carte : Normandie
(Voir situation sur carte : Normandie)
Baie des Veys

La baie des Veys (du nom des anciens passages à gué : le Grand Vey et le Petit Vey), située à la limite du Cotentin et du Bessin, est un large estuaire où se jettent les quatre fleuves qui irriguent le parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin : la Douve et la Taute, près de Carentan, la Vire et l'Aure à Isigny-sur-Mer.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Les Veys représente le pluriel du mot vey (anciennement wei, vei) « gué », forme dialectale normande correspondant au français gué, d'où le sens global de « les gués »[1].

Ce mot est issu (comme gué, cf. le traitement phonétique w- > g- en français central) du vieux bas francique *wad̄ « endroit guéable » restitué d'après le vieux haut allemand wat « id. » et le moyen néerlandais wat « id. ». Il correspond au latin vadum (d'où sont issus le roumain vad, le portugais vau et l'espagnol vado)[2]. En normand, il a dû être renforcé par l'ancien norrois vað de même sens, comme en témoigne par exemple le toponyme Esteinvei (1320), ancien lieu-dit de Fresville (Manche)[1], précédé du vieux norrois steinn « pierre »[1], d'où le sens global de « gué de la pierre ». On trouve également d'autres composés comme Hémévez (Manche, Haimevez vers 1180) « le gué du Ham » ; Vehebert (1175), Weherbert (XIIIe siècle) aujourd'hui Guéhébert (Manche)[1].

Présentation[modifier | modifier le code]

Elle marque la limite entre le pays du Cotentin et le pays du Bessin.

De faible profondeur, à marée haute, les bateaux doivent suivre soigneusement deux chenaux balisés qui mènent l'un à Carentan, l'autre à Isigny-sur-Mer. Ces deux ports virent s'éteindre un cabotage voué au transport de marchandises (importation de bois du Nord et exportation de beurre) dans les années 1960.

À marée basse, c'est un désert de sable de 7 km2.

La baie des Veys à l'embouchure de la Taute.

Avant les aménagements et la poldérisation du XIXe siècle, les Veys se distinguaient entre le « Grand Vey » et le « Petit Vey ».

Le grand Vey formait la plus grande partie septentrionale de l'estuaire entre les côtes de Sainte-Marie-du-Mont, Brévands et de Géfosse-Fontenay. Ce gué comportait à marée basse un grand nombre de bancs de sable ainsi que le tracé de la voie romaine allant d'Alauna (Valognes) à Augustodurum (Bayeux), sur huit kilomètres[3]. On passait quatre gués principaux (en fait plusieurs bras des mêmes fleuves, la Taute et la Vire), d'ouest en est, visibles sur la carte de Cassini[4] :

  • le gué de Carentan ;
  • le gué de Brévands ;
  • le gué de Vire ;
  • le gué d'Isigny [5].

Les bancs principaux étaient (du nord au sud)[6],[7] :

  • le banc du Nord ;
  • les Rouelles ;
  • le banc de Fer ;
  • le banc Ferraillon ;
  • le banc de l'Islette ;
  • le banc de la Madeleine ;
  • le banc du Camp.

Le petit Vey n'était que l'embouchure de la Vire, se jetant dans le grand Vey. Une chaussée ancienne le traversait également entre Isigny-sur-Mer et Carentan.

Patrimoine naturel[modifier | modifier le code]

Le site est en zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique de type I, sous le no 250006494 [8].

La baie des Veys a été désignée site Ramsar le [9].

Activités[modifier | modifier le code]

La baie des Veys est le bassin de culture des huîtres d'Isigny et d'Utah Beach (10 000 tonnes par an pour 30 000 tonnes d'huîtres normandes).

On y pratique, non seulement la pêche à pied des coques, à titre amateur ou professionnel, mais aussi la chasse au gibier d'eau sur le rivage ou au gabion.

Histoire[modifier | modifier le code]

En 1046, le jeune duc Guillaume de Normandie, âgé de dix-huit ans, échappe à une tentative d'assassinat à Valognes, commanditée par plusieurs seigneurs du Cotentin. Il s'échappe en « passant de nuit avec grande peur et grande contrariété les gués de Vire [le Grand et le Petit Vey] » raconte Wace[10]. Cette fuite du futur Conquérant à travers la baie, relatée par les chroniqueurs qui servent la propagande normande en usant de l'art rhétorique de l'amplification, comme une chevauchée seul et sans escorte, forge en partie le mythe de Guillaume, jeune homme courageux, bâtard et solitaire[11].

C'est soit au gué Saint-Clément dans la baie des Veys ou à Angoville-au-Plain au lieu-dit Pont-Perrat ou à La Feuillie, que Geoffroy d'Harcourt dit le « boîteux », allié puis rival des rois de France et d'Angleterre pendant la guerre de Cent Ans, qu'en 1356, encerclé par le roi de France, Jean Le Bon, il se battit jusqu'à la mort[12].

Réchauffement climatique[modifier | modifier le code]

La région autour de la baie des Veys est tout particulièrement menacée par la montée des eaux liée au réchauffement climatique[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d François de Beaurepaire, Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, Éd. Picard, Paris, 1986, p. 112-137-233.
  2. Site du CNRTL : étymologie de gué [1]
  3. Morière 1858 étude Normannia, p. 501.
  4. « Géoportail », sur www.geoportail.gouv.fr (consulté le ).
  5. Morière 1858 étude Normannia, p. 499.
  6. Carte de l'ancien diocèse de Coutances, 1689 en ligne (B.n.F. / Gallica).
  7. Morière 1858 étude Normannia, p. 510.
  8. « ZNIEFF 250006494 - Baie des Veys », sur Inventaire national du patrimoine naturel (consulté le ).
  9. (en) « Marais du Cotentin et du Bessin, Baie des Veys », sur Service d’information sur les Sites Ramsar (consulté le ).
  10. René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 367.
  11. Philippe Maurice, Guillaume le Conquérant, Flammarion, , p. 60.
  12. Gautier 2014, p. 52.
  13. « Plus de 100 000 résidents, logements et emplois concernés par le risque de submersion marine en Normandie » [PDF], sur INSEE, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]